Description

Hommages à Jean-Luc FICHES, Robert FERRAS et Claude ALBERGE

Hommage à l’ami disparu. Jean-Luc Fiches (1947-2012)

Hommage à l’ami disparu. Jean-Luc Fiches (1947-2012)

Jean-Luc Fiches (1947-2012)

Cher Jean-Luc,

Tes amis et tes pairs ont déjà dit l’essentiel de ce que tu étais et de ce que tu nous as donné. Permets-moi cependant d’écrire à mon tour tout ce que je dois à ton amitié.

J’avais 18 ans lorsque je t’ai rencontré en 1974. Évidemment, c’était à Ambrussum où j’effectuais l’un de mes premiers stages de fouilles, assouvissant une passion naissante pour l’archéologie. Les neuf ans d’âge qui nous séparaient m’apparaissaient alors infranchissables, tant tu maîtrisais les questions que je découvrais, tâtonnant avec mes camarades, Anne, Hugues et Jean-Claude que je venais de rencontrer sur le chantier et qui allaient devenir mes amis, pour la vie.

L’amitié, tu savais ce que c’est, et très vite l’ami surpassa le maître. Maître tu savais l’être, merveilleusement, mais c’est l’ami qui toujours nous parlait, un ami fidèle et combien discret. Cette discrétion, parfois poussée jusqu’à la réserve, donnait toute sa force à ton art de la nuance et de la conciliation ; tu savais montrer le chemin conduisant au bon choix. Pour autant, cela ne te privait pas de solides convictions que tu savais défendre avec une inflexible souplesse… Oui, tu savais allier les contraires ! Je me souviens d’une assemblée houleuse, quelques mois après notre rencontre. C’était à Sète lors d’une rencontre de la Fédération Archéologique de l’Hérault, dont tu étais l’un des fondateurs. Cette expérience de démocratie directe à la mode des années 1970, devenait une foire d’empoigne sous le regard effaré du jeune étudiant que j’étais. C’est alors, au bord de la rupture, que tu trouvas au coeur de la mêlée l’improbable synthèse, faisant retomber le chahut ! […]

Hommage à Robert Ferras (1935-2013)

Robert Ferras (1935-2013)

Hommage à Robert Ferras (1935-2013)

Robert Ferras, ancien professeur de Géographie à l’Université Paul Valéry, nous a quittés en cet automne 2013. Une figure maîtresse de l’enseignement de la géographie s’en est allée au terme d’une longue maladie qui l’avait cruellement affaibli.

Robert Ferras était capestanais et tenait à l’affirmer comme point d’ancrage dans ce Languedoc des racines, riche de sa diversité, de ses contrastes, de ses assemblages, un Languedoc auquel il tenait tant, qu’il savait défendre avec détermination et énergie. Il aimait à souligner combien cette région offrait le visage d’un espace géographique témoin des grands bouleversements qui avaient agité la société française tout au long du siècle. Tradition viticole du vignoble de masse dont Capestang et les basses terres de l’Aude voisine représentaient un modèle vivant, révolution de la qualité faisant suite aux grands abandons de la terre et à l’exode rural, qui nourrissait le fonds démographique des villes capitales, perte ou effacement des identités locales, il a suivi pas à pas, dans la discrétion du savoir, l’émergence de ce Languedoc nouveau, porteur de messages tournés vers l’intégration européenne et la désintégration du monde rural sur lequel il avait construit ses propres références. La question de la région apparaît en filigrane de ces mutations. Il disait moins bien connaître ce néo Languedoc éloigné de la terre, une sorte de bloc erratique dans un monde en déconstruction, manquant de repères et d’attaches comme le vignoble avait pu en construire. Il en fit donc un thème fort et constant de son enseignement pour mettre à vif les contradictions, celles d’un vignoble où s’étaient solidifiés des savoir-être, celles de l’espace urbain plus prodigue en communication, images et valeurs éphémères. Son regard, nuancé et perspicace, n’a cessé d’interroger les structures pour mieux comprendre les hommes, de plonger dans l’univers du social pour qualifier les ruptures et changements, de montrer en quoi le monde nouveau se construisait sur les systèmes de représentations. Il fallait bien 99 réponses et des ouvrages de référence pour situer l’univers de la région, tout autant pour clarifier celui de la ville, sans oublier la géographie questionnée en permanence, dans son enseignement, au travers de ses recherches. Robert Ferras savait manier la plume, puis le clavier, pour donner sens aux interrogations qui meublaient sa posture de chercheur : l’épistémologie pour découvrir les schèmas explicatifs, les représentations et l’imaginaire pour décrypter le non dit et révéler d’autres mondes actifs, les paysages comme éléments du palimpseste des territoires, l’espace géographique où s’élaborent les stratégies et se positionnent les acteurs sociaux, la géopolitique pour décrypter le réel social ou ses apparences, les modèles graphiques pour illustrer et parfaire le dire. Universalité des choses, universalité de la pensée en quête d’explications et de savoirs, la géographie et l’École au sens profond des apprentissages, de la formation, de l’esprit qui doit régner en toute démarche scientifique, Robert Ferras était bien un passeur, posture noble de l’enseignant engagé dans la grande aventure de la recherche-enseignement. […]

Hommage à Claude Alberge (1935-2013)

Hommage à Claude Alberge (1935-2013)

Claude Alberge (1935-2013)

Il est souvent difficile de parler d’un ami sans donner l’impression d’exagérer ses qualités et de taire ses défauts mais aujourd’hui ma tâche est plus facile, tant les activités de Claude Alberge étaient efficaces et variées.

Professeur d’histoire et de géographie en divers lycées mais surtout dans son fief, le Lycée Jean Moulin de Pézenas, il a eu de nombreux élèves qui n’ont pas oublié tout l’intérêt de ses cours documentés et passionnants ; la matière était importante pour lui et demandait une documentation sans cesse mise à jour mais il fallait aussi la présenter d’une manière agréable, qualité que Claude Alberge possédait avec naturel.

Ses nombreux élèves garderont le souvenir d’un professeur qui leur a appris en souriant à aimer l’histoire ou la géographie alors que, pour les lycéens scientifiques ou même littéraires, elles constituent malheureusement des matières secondaires pour le bac ou la suite de leurs études. N’a-t-on pas envisagé, un temps que nous espérons révolu, de les faire disparaître du second cycle ?

Dans son enseignement, notre ami montrait déjà les qualités qu’il allait utiliser par la suite dans son activité de conférencier : la rigueur du chercheur, la clarté de l’exposition, l’humour occasionnel pour relancer l’attention de son auditoire.

Mais il ne pouvait se contenter d’une vie bien réglée de professeur, il lui fallait sans cesse élargir son horizon et il a été un temps formateur, avant de revenir, quelque temps encore, à ses premières activités. Peu de temps d’ailleurs, car les fonctions administratives tentaient cet esprit clair et organisé. Il les a exercées à Nîmes et à Montrouge d’abord, où il a pu montrer ses qualités d’administrateur et démontrer que la souplesse des contacts étaient possibles entre l’administration et les professeurs. Cette carrière particulière a été couronnée par le poste de proviseur du Lycée hôtelier de Carcassonne. Ce choix n’était pas innocent ; il s’agissait là d’un aspect de l’enseignement dont il était peu familier et ce défi le tentait. Je me souviens que lors de ses séjours à Pézenas, il parlait de son établissement et invitait ses amis à venir en découvrir l’excellent accueil et la bonne cuisine. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2014

Nombre de pages

8

Auteur(s)

André NOS, Claude RAYNAUD, Jean-Paul VOLLE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf