Description
Une Chronique Piscénoise du XIXe siècle : Le journal d’Etienne Mascou
Sous le titre de « Faits divers arrivés à Pézenas » Etienne Mascou fils, marchand de cuirs à Pézenas consigne les événements de la vie locale survenus de 1815 à 1866 qu’il juge sans doute les plus intéressants. La chronologie n’est cependant respectée qu’à partir de 1855, encore des événements antérieurs s’intercalent-ils dans cette trame partiellement fidèle. Avant cette date le désordre l’emporte et n’est pas sans rappeler celui qui caractérise la première partie du registre intitulée : « Notes chronologiques pour servir à l’histoire de Pézenas » où la construction de l’ancien clocher en 1317 (sic) précède le rachat de Pézenas aux enfants de Raymond de Cahors en 1261. Ce document pourrait être qualifié de journal pour la période qui va de 1855 à 1866, mais encore faudrait-il que son auteur manifeste quelque réaction personnelle devant l’événement. Or il ne s’abandonne pas à ses sentiments : les faits sont le plus souvent relatés avec la sécheresse des communiqués d’agences de presse. Bien sûr tous n’apparaissent certainement pas mais rien ne permet de découvrir à partir du choix qui en est fait ni la personnalité ni les opinions d’un homme qui, après tout, a peut-être voulu faire de sa compilation la matière première d’une connaissance de Pézenas à son époque. Ce document aurait sans doute dû être éclairé par des recherches complémentaires encore rares pour la période. S’il ne nous apporte pas un tableau exhaustif de la vie piscénoise au XIXe siècle, il a du moins l’avantage, de par la diversité des domaines auxquels il touche, d’en donner l’ébauche.
La ville compte au recensement de 1866 : 7.749 habitants dont 4.070 femmes et 3.679 hommes. Cette population reste encore sous la menace des épidémies. Ainsi en mai 1851, celle de la suette. « Le 13 mai 1851, le sieur d’André, maire de Pézenas, fut enlevé presque subitement et la suette fut reconnue. La suette s’étant déclarée, la confusion se mit dans tous les rangs de la société, la moitié de la population émigra. Du 15 au 20 mai la panique était telle que personne ne se présentait pour soigner les malades. Plus de 600 personnes de tout rang furent frappées en même temps et les parents des personnes atteintes s’arrachaient les médecins. La Faculté de Montpellier envoya trois docteurs suivis de quinze étudiants des plus capables. Ces jeunes gens se dévouèrent pour soulager les personnes atteintes de l’épidémie et les docteurs Maux, Aurias, Alazard, Peys, Martin, Luizia et Haguenot rivalisèrent de dévouement avec la Faculté de Montpellier. Le nommé Galissard menuisier, Blanc maréchal, Valadou garçon tanneur se dévouèrent pour soigner les malades. Dans la ville on n’entendait que pleurs et cris, l’on ne voyait que femmes désolées, courant comme des folles et demandant des secours à tout le monde. La mort sévissait avec une fureur incessante et terrible. Du 13 mai au 25 juillet 125 personnes succombèrent. Une fois qu’une personne était morte ses membres se crispaient, tout le sang coulait de sa bouche et deux heures après le décès il fallait l’apporter en terre car une odeur insupportable empoisonnait tout le quartier. La terreur était à son comble. Une cause digne de remarque c’est que la maladie avait prise de préférence sur les personnes hautes en couleurs, fortes, vigoureuses et dans la force de l’âge. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1975 |
---|---|
Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Claude ALBERGE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |