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Description

Vie et Mort des soldats de l’An II à l’Hôpital de l’Égalité de Pézenas

Les années 1793, 1794 et 1795 accusent à Pézenas une mortalité exceptionnelle plus de 1800 décès au total, soit le quart d’une population estimée alors à 8.000 âmes.

Une moyenne annuelle de 630 décès, soit trois fois plus élevée que la moyenne normalement enregistrée à cette époque. À la surmortalité civile de l’année 1794 (déficit des naissances sur les décès – 98, le plus fort enregistré depuis 1710 : – 144) s’ajoutent les décès de l’Hôpital militaire de l’Égalité.

Au 24 août 1793, lorsque les registres d’état-civil portent le premier militaire défunt, la France est en guerre depuis plus d’un an. Pour n’avoir pas su la mener après l’avoir déclarée, les Girondins, écartés, ont laissé aux Montagnards une situation catastrophique. Au printemps 1793 la France est envahie de toutes parts. L’Espagnol a franchi les Pyrénées et, pour défendre Perpignan menacé, il a fallu la levée en masse des Soldats de l’An II, ces mêmes volontaires qui, après avoir repoussé l’ennemi au-delà de l’Èbre, sont venus mourir à Pézenas dans un misérable petit hôpital de campagne. Près d’un millier d’entr’eux ne devait pas en sortir vivant, et, après Thermidor, leur sacrifice devait être bien vite oublié, emporté par la nuit qui s’abattit sur cette période de notre histoire… Nul signe ne rappelle aujourd’hui ces anonymes défenseurs de la Première République. Les faire sortir de l’oubli devient alors un devoir attachant.

D’août 1793 à janvier 1796, en deux ans et demi, 984 décès sont enregistrés sur les registres d’état-civil de Pézenas, au titre de l’hôpital militaire. Leur répartition dans cette période est irrégulière : 201 décès pour la deuxième moitié de l’année 1793, 466 pour l’année suivante, dont près de la moitié pour les deux premiers mois, 315 pour 1795, dont 58 % pour les seuls mois de septembre-octobre, 2 enfin au début de 1796.

La courbe d’évolution du nombre des décès montre en fait deux périodes de forte poussée : la première dans l’hiver 1793-1794 a la plus forte ampleur et atteint la moyenne mensuelle maximum de 100 en janvier 1794, la seconde à la fin de l’année 1795 atteint un maximum de 93 en décembre mais est d’une durée plus brève. Entre ces deux vagues de mortalité, de durée inégale mais d’ampleur comparable, pendant toute l’année 1794 et la première moitié de 1795 une lente décrue, en dents de scie, dont les pointes n’excèdent pas 35. Les minima enregistrés se situent en juin-juillet 1795.

Confronter ces variations à la chronologie des événements militaires et politiques cette première démarche, à la lumière du dépouillement des actes de décès, des archives municipales et départementales, doit permettre de définir voire de cartographier les origines des soldats de l’An II morts à Pézenas. Sans doute ne sont-ils pas les seuls à avoir sacrifié leur vie à la liberté. Les délibérations de la municipalité de Pézenas, des administrateurs du district de Béziers, les enquêtes et inventaires ordonnés par les autorités civiles et militaires du département et de l’armée des Pyrénées Orientales aideront à situer l’hôpital de l’Égalité de Pézenas parmi ceux du département de l’Hérault. Les cadres des derniers instants seront ainsi fixés.

Il restera enfin à expliquer les causes de l’hécatombe. Les états de maladie portés sur quelques tableaux, des allusions le plus souvent, ont pour toile de fond les conditions de survie déplorables qui sont alors proposées et qui reflètent elles-mêmes, une mentalité en évolution rapide. Du pays natal à l’Èbre, du front à l’hôpital « ambulant » de Pézenas, antichambre de la mort, suivons le douloureux chemin d’un soldat de l’An II. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1971

Nombre de pages

21

Auteur(s)

Claude ALBERGE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf