Description

Pézenas et le Piscénois : une ville et son pays en Bas-Languedoc

Pratique et perception d’un espace géographique

« Entre une terre et le peuple qui l’habite, entre l’homme et l’étendue… se forment peu à peu des relations réciproques qui sont d’autant plus nombreuses et entremêlées que le peuple est fixé depuis plus longtemps sur le pays. »  Paul Valéry

Être de la région de Pézenas ou se sentir Piscénois : comment s’exprime ce sentiment d’appartenance, s’il existe ? Et, dans l’affirmative, jusqu’où est-il ressenti ? N’implique-t’il pas la prise de conscience d’une situation privilégiée, d’une sensation particulière, d’un lien avec la ville ?

La ville est pratiquée, fournissant une ou plusieurs images pour qui établit avec elle une relation : est-elle seulement d’ordre fonctionnel ? La ville n’apporterait-elle pas à celui qui ne l’habite pas équipements et service n’existant pas dans sa propre commune ? L’on peut se demander alors si cet état de dépendance (ou de complémentarité) serait ressenti avant tout autre ou plus que tout autre ; s’agit-il là d’une vision « réaliste » des choses qui, pour Pézenas, doit s’ajouter (ou se heurter) à d’autres images de la ville ?

Ces images ne sont pas exclusives des « Piscénois » ; le capital historique, l’attrait touristique de la cité, sont véhiculés par les canaux d’usage commun, du guide touristique, de la promotion publicitaire du produit local, ou de l’affiche. La couverture du numéro de la présente revue reprend volontairement, car elle va tout à fait dans le sens de notre propos, l’affiche bien connue de « la cité de Pézenas » ; celle-ci offre la particularité de cumuler la localisation dans l’espace (au cœur du vignoble languedocien), un repérage dans le temps (XVe-XVIIIe), une référence littéraire (Molière). Le graphisme reprend le vin, le théâtre, l’architecture, blason de la ville et croix du Languedoc, mais aussi rugby et tambourin, plus tous les protagonistes des manifestations folkloriques locales.

I – UNE ENQUÊTE

L’appel aux méthodes de la géographie de la perception pourrait permettre d’avancer quelques réponses, forcément partielles, sur des thèmes encore peu explorés, en tout cas servir de fil directeur à une première recherche soucieuse de faire s’exprimer d’abord les habitants, sur leur cadre de vie et l’espace qu’ils pratiquent. Cette recherche se réfère aussi aux préoccupations pour éclaircir les notions de pays et d’images de la ville. En effet, si la « région » est devenue objet politique et terme banalisé, l’entité régionale recouvre plusieurs types d’espaces qui se différencient ; ceux-ci constituent autant de sous-ensembles de niveau supra-local (ou pluri-communal) et infra-régional, qui renvoient à deux critères de différenciation ; l’un est octroyé, et de nature administrative : le département, l’arrondissement, le canton ; l’autre est hérité, qui renvoie parfois aux recoins les plus obscurs de la mémoire collective : le pays. Deux éléments de reconnaissance d’un espace que pratiquent et perçoivent les habitants, dans leur activité quotidienne et dans leur référentiel mental : espace économique et aire culturelle à la fois.

La même ambiguïté recouvre les deux termes de « région » et de « pays », le géographe ayant plutôt privilégié la première dans ses approches, quitte à lui accoler le qualificatif de naturelle ou d’homogène, avant que la prise en compte du maillage de l’espace par les réseaux d’échanges n’ait fait émerger le qualificatif de polarisée.., sans parler des régions de programme ou de l’aménagement régional… […]

(1) Avec la collaboration de C. Alberge, B. Lafitte, M. Vigouroux
pour la mise au point, la diffusion, et l’exploitation des questionnaires.

Informations complémentaires

Année de publication

1983

Nombre de pages

34

Auteur(s)

Didier TERRADES, Michel CHRISTOL, Robert FERRAS

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf