Catégorie : Étiquette :

Description

Métiers et Corporations à Pézenas aux XVIIe et XVIIIe siècles

A l’origine des corporations piscénoises.

Si le mot corporation lui-même n’apparaît que dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les métiers sont organisés en communautés, corps, confréries, arts et métiers, jurandes – la diversité du vocabulaire comme des situations est grande – depuis plus longtemps. Cependant, à la différence des métiers des villes du Nord organisés en corps depuis la fin du XIIe siècle pour certains qui participent parfois à la nomination des magistrats municipaux et à l’administration de la cité, les communautés professionnelles piscénoises n’apparaissent dans les textes qu’au début du XVIIe siècle.

Encore au milieu du XVIe, les lettres patentes du roi Henri II de décembre 1553, qui attribuent aux consuls les droits de police sur le commerce, si elles mentionnent les artisans, gens de métier, revendeurs et revendeuses, parreguiers, nourriciers de bétail, poissonniers, mangonniers, bouchers, boulangers, ne précisant pas s’ils appartiennent à un corps déterminé. C’est seulement en 1612 que de nouvelles lettres patentes de Louis XIII concernent distinctement les « corps » des métiers de la ville de Pézenas dont le nombre et le rôle ont dû alors s’accroître.

Les premiers statuts mentionnés sont ceux des apothicaires, tailleurs (dont les statuts sont complétés en 1634), menuisiers (1604), serruriers (16 10) et corps de Saint-Eloy (1709). Cette apparition plus tardive qu’ailleurs peut s’expliquer par le déclin d’un pouvoir municipal jusqu’alors incontesté qui, à la différence de celui de Montpellier dès la fin du XIIIe siècle, n’avait jamais fait appel à la participation des professionnels dans sa constitution. Le premier document en date retenu par les archives municipales, du 13 octobre 1612, qui reconnaît aux seuls consuls, juges de police et châtelain le droit d’approuver les statuts que se donnent alors les arts et métiers de la ville, est significatif à la fois d’une poussée du mouvement corporatif et d’un réflexe de défense d’un consulat menacé dans ses prérogatives. Pourtant c’est l’administration consulaire elle-même qui semble avoir été à l’origine de l’établissement et du renforcement des corps de métiers. A Pézenas, comme dans la plupart des villes languedociennes, la réglementation consulaire a précédé l’organisation des métiers en corporations.

MÉTIERS « RÈGLES »…

Avec le souci de protéger le consommateur, le pouvoir communal est intervenu très tôt par une réglementation vigoureuse à laquelle les métiers « réglés » devaient se soumettre. Le pain, qui constituait l’élément essentiel de l’alimentation, était l’objet d’attentions toutes particulières : son poids, sa qualité, son prix étaient régulièrement contrôlés par les consuls en exercice. La confrérie de Saint-Honoré qui réunissait les boulangers de la ville a beau argumenter que le prix du blé a augment é, que les goûts de la clientèle ont changé, pour justifier une diminution de poids : elle préfère, en 1774, au pain d’une livre, celui présenté « à la régence, à la rocassole, à cornes », décider même d’un arrêt de la fabrication du pain, le bureau de police se montre intraitable, renforce les contrôles et oblige chaque boulanger à marquer d’un signe distinctif le pain de sa fabrication. Cette conception médiévale du « juste prix » s’applique aussi aux rémunérations des travailleurs fixées, elles aussi, par les consuls. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1974

Nombre de pages

14

Auteur(s)

Claude ALBERGE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf