Description

Publication du
G.R.E.C. n° 228-229-230-231
(2e semestre 2021)

Au sommaire de ce numéro

Éditorial. Hommage à Jacques BELOT (1938-2021).

Après des années d’initiation à l’archéologie d’adolescents, dans le cadre du foyer socio-éducatif du collège de Clermont, Jacques BELOT souhaita que cette activité ne soit pas que théorique. Il voulait amener ses élèves sur le terrain, c’est-à-dire procéder à de vraies fouilles archéologiques. A cette époque une association pouvait organiser des fouilles avec l’accord des services culturels départementaux.

En 1973, il contacta plusieurs instituteurs, Claude et Riou AUDOUY, Jean ORLJAC, parents d’élèves du collège, et moi-même pour créer cette association. Sur quels critères a-t-il fait son choix ? Mystère ! En effet, je ne le connaissais pas et je le rencontrai pour la première fois quand il vint me demander de faire partie du groupe. Il était confiant. En professeur de lettres classiques, latin-grec, il appela l’association « Groupe de Recherches et d’Études du Clermontais », c’est-à-dire G.R.E.C.

Les recherches archéologiques furent donc les premières activités, entre Péret et Cabrières la villa des mineurs, à Fontès une villa gallo-romaine, à Lacoste la chapelle de Cornus, etc. Tout au cours de ces fouilles participèrent Dominique GARCIA, Michel et Christian OLIVE, Daniel ORLIAC, Geneviève PONTON, Sabine BONNEFOUS, Laurent SCHNEIDER, Olivier GINOUVEZ qui, pour certains, deviendront archéologues. Ces fouilles se déroulaient dans un climat détendu, bon enfant. Il n’y avait plus de professeur ou d’élèves, mais des amis transpirant sous le soleil de juillet et grattant le sol avec une brosse à dent en espérant trouver un trésor ou plus simplement un tesson portant une inscription, une signature ou une fibule dans le meilleur des cas. Cependant, c’était mal connaître Jacques de croire qu’il se satisferait de cette seule activité. […]

Dossier : La Résistance en Cœur d'Hérault

Sur la route de Mourèze, peu après l’embranchement de la RD8, en surplomb de la Dourbie, se dresse un étrange monument. 105 noms sont inscrits sur une plaque de marbre, 105 croix entourent la statue d’un chevalier sans tête tenant les mains jointes une épée au nom du maquis Bir-Hakeim. Enfant, j’ai toujours cru que de rudes combats s’étaient déroulés ici durant la Seconde Guerre mondiale, une bataille dont cet enclos serait le cimetière. En vérité, la grande majorité des victimes est tombée loin de Mourèze, en Lozère, sur les hauteurs du Causse Méjan, au nord de Meyrueis, près du village de La Parade. Ce mémorial, dû à l’initiative du Colonel Robert BONNAFOUS, président de l’Association des Anciens et des Amis du Maquis Bir-Hakeim, a été érigé en 1984, pour les quarante ans de la Libération. Il commémore les combattants disparus du maquis Bir-Hakeim entre 1943 et 1944, maquis mobile des Cévennes à la région toulousaine, dont le dernier quartier général fut le Cirque de Mourèze. […]

— 1) Les chefs de groupe. —

Paul DEMARNE naquit à Saint-Georges-d’Orques, commune située à l’est de Montpellier, près de cette ville. Son père, Max, Isidore, Théodore, âge de quarante ans, était receveur buraliste de Saint-Georges. Sa mère, Marguerite, Berthe, Antoinette SAMBUSSY, âgée de trente-sept ans, était institutrice de l’enseignement public.

Il fit ses études primaires à l’école primaire de Saint-Georges-d’Orques et secondaires aux lycées de Montpellier puis de Strasbourg (Bas-Rhin). Sa fiche du registre matricule indique que son degré d’instruction était de « niveau 3 » (« possède une instruction primaire plus développée ») qui suggère que, s’il suivit des études secondaires, il les abandonna avant d’avoir obtenu le baccalauréat ou le brevet supérieur. […]

Cet article est une première approche de la biographie de François ROUAN, plus connu sous le pseudonyme de « MONTAIGNE ». De nombreuses allusions lui sont faites dans les principaux textes sur les maquis de Lozère, de l’Hérault et du Gard. Deux courtes biographies ont été écrites dans le cadre des travaux de I’AERI sur la Lozère et dans l’ouvrage de H. R. KEDWARD sur les maquis. Des informations essentielles apparaissent sur sa vie dans l’ouvrage d’Évelyne et Yvan BRÈS. Il a été désigné chef du maquis de Bir-Hakeim, après le décès de ses deux premiers commandants, Jean CAPEL, dit commandant BAROT, (mai 1943-28 mai 1944) et Paul DEMARNE, (28 mai-4 août 1944). Pour autant, il a tellement cultivé la discrétion que l’on ne fait que répéter d’une bio à l’autre les mêmes informations. Certes, il existe un entretien constitué par une conversation, fort intéressante, entre un père et son fils, mais il se clôt alors qu’ils vont aborder… […]

Henri PRADES « Pascal » (1920-1989) a été l’un des meilleurs chefs de groupe du Maquis Bir-Hakeim. En 1945, l’Inspecteur d’Académie demande à chaque chef d’établissement de lui fournir un rapport sur leur relation avec la Résistance. Ces rapports sont soit globaux soit individuels. C’est le cas pour Henri PRADES dont le rapport d’activité est présenté par trois anciens responsables du Maquis.

En 1945 [?], Henri PRADES a édité une plaquette de 11 pages : Le commandant DEMARNE dans la Résistance, sans date qui s’ouvre par des citations et se poursuit (p. 5-11) par un texte d’hommage au Commandant de ce maquis, mort au combat en août 1944.

Il nous a donc semblé bienvenu d’éditer ces deux textes qui soulignent l’activité d’un Maquis de l’Hérault. […]

Il n’existe pas de biographie suivie d’Henri GLAZER, né en Pologne dans une famille juive, connu dans la Résistance sous le nom de Capitaine Léon alias Bolivar, basé dans le secteur de Clermont-l’Hérault, et disparu dans le grand ouest canadien en 1969. Son activité durant la Seconde Guerre mondiale, sa place dans la Résistance dans l’Hérault et son rôle dans la Libération de Montpellier sont relatés de manière éparpillée dans l’ouvrage de Jacques-Augustin BAILLY. On trouve des renseignements directs de personnes qui l’ont côtoyé et qui ont combattu sous ses ordres dans l’ouvrage de François BERRIOT, tandis que le mémoire de Jean-Luc BOUNIOL rapporte souvent la légende noire du personnage, haï et redouté. Outre ces trois références, Henri GLAZER est souvent le grand absent de la bibliographie sur le sujet, figure méconnue ou occultée de la Résistance héraultaise. […]

— 2) Les maquis. —

Le dispositif du maquis Bir-Hakeim en Cœur d'Hérault (1944).

Le Maquis Bir-Hakeim a été fondé loin de l’Hérault durant l’été 1942 par le Commandant RIGAL (Armée secrète), Jean CAPEL (de Combat) et Georges COUCI, ami de CAPEL, ces deux derniers originaires de Lamalou-les-Bains. Le maquis, en mai 1943, est installé près de Villefranche-de-Rouergue et entame ainsi une suite de déplacement de l’Ouest à l’Est, de la R4 vers la R3 en juillet 1943, il comptait trente-cinq hommes qui vont se procurer des armes et des munitions mais aussi des vivres par des coups de main. À Toulouse, Jean CAPEL, devenu « Commandant Barot », avait établi un bureau de recrutement. En août 1943, le maquis se transporte dans l’Hérault sur le plateau de Douch, près de Bédarieux, et atteignait un effectif d’une cinquantaine d’hommes. […]

Entre Clermont-l'Hérault et Nébian, les débuts de Bir-Hakeim (1943).

Avant 1943 et le retour du capitaine Paul DEMARNE à Canet, la Résistance n’est pas structurée en Clermontais. À dire vrai, elle est quasiment inexistante ou silencieuse, à deux notables exceptions près : le docteur Léon RONZIER JOLY, conseiller général et maire de Clermont-l’Hérault, destitué par PÉTAIN le 24 décembre 1940, et Vincent BADIE, député, conseiller général et maire de Paulhan, lui aussi démis de ses fonctions en octobre 1941.

Léon RONZIER JOLY (1867-1950), étant donné son âge avancé, n’a eu qu’une action limitée. Il sert de relais à la propagande gaulliste durant les premières années de la guerre. Une note de police datée du 27 novembre 1941, signée de l’inspecteur Louis ROBERT, de Sète, rapporte :… […]

Les résistants de Val Ombreuse : le maquis Léon.

En 1856 et 1883, Emery RONZIER JOLY publie deux séries d’entretiens de philosophie religieuse intitulés : Soirées de Val Ombreuse, du nom de la propriété familiale située sur les bords de la Dourbie, dans la commune de Nébian, près du Mas de Roujou, entre Villeneuvette et Lieuran-Cabrières.

Durant une année environ, entre l’été 1943 et l’été 1944, Val Ombreuse va être le théâtre d’événements d’une autre nature. Ici, la nuit, les passages de résistants et les réunions clandestines vont se faire de plus en plus fréquents jusqu’à la Libération de la région dans la semaine du 21 août 1944. Ce sont les protagonistes de ces nouvelles soirées de Val Ombreuse, qui gravitent autour du capitaine Léon, que nous évoquerons ici à travers leurs témoignages. […]

Le groupe de Guérilleros de la Frégère.

Clermont-l’Hérault en 1939-1945… En 1939, Clermont l’Hérault, petite bourgade du centre du département de l’Hérault, compte environ 5400 habitants. L’économie de la ville s’articule autour du commerce (marché hebdomadaire et les boutiques), ainsi que du négoce des vins. Léon RONZIER-JOLY, médecin de profession, membre du parti Radical, maire depuis 1919 a été réélu en 1935.

Suite à la déclaration de guerre contre l’Allemagne faite par la France et la Grande-Bretagne le 3 septembre 1939, les Clermontais sont mobilisés. Durant les combats des mois de mai et juin 1940, dix Clermontais perdent la vie et d’autres restent prisonniers certains durant cinq ans. Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent la France, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. Des réfugiés affluent de ces pays. Le 18 mai, un télégramme annonce l’arrivée de 500 réfugiés. […]

— 3) Les événements. —

Au début de l’année 1944, l’étau se resserre de plus en plus sur la France occupée où les Alliés opèrent de nombreux bombardements. Ces opérations aériennes s’accompagnent également de mitraillages, de largages de tracts, mais aussi de parachutages afin d’armer et de ravitailler la Résistance en prévision des combats de la Libération. Pour réceptionner les parachutes, en accord avec les Alliés, les résistants sélectionnent des terrains éloignés des agglomérations ayant un relief plat et dégagé, ce qui permet une évacuation rapide du matériel. C’est exactement la topographie que l’on trouve sur le Causse, plateau basaltique situé au cœur d’un triangle reliant les villages de Caux (occupé par l’armée allemande), Fontès et Nizas, entre Pézenas et Clermont-l’Hérault. Sélectionnée par les résistants du secteur en janvier 1944, cette zone est désormais désignée « Rabelais » en langage codé. […]

La date du lundi 12 juin 1944 est restée gravée dans la mémoire des nombreux Clermontais qui ont vécu ces tragiques événements. Pour les plus jeunes, une plaque commémore les faits sur les lieux mêmes où ces Clermontais ont été rassemblés de longues heures durant, incertains du sort qui leur serait réservé. Ce drame a pour théâtre la place de la Victoire, devenue depuis place des Martyrs-de-la-Résistance, au carrefour des routes de Béziers, Sète, Montpellier et Bédarieux/Lodève, et plus particulièrement le café des Platanes, quartier général de la Résistance clermontaise, ainsi que le café du Boulevard voisin, aujourd’hui disparu, situé au n.°3 de la place (actuelle pizzeria). Il s’agit du principal incident survenu à Clermont-l’Hérault durant la Seconde Guerre mondiale, impliquant Occupants, Résistants et civils, qui, comme souvent, aurait pu finir en bain de sang. […]

Les 17 et 18 août 1944, Hitler donne l’ordre aux troupes allemandes du Sud-Ouest de la France de gagner d’urgence le nord et l’est (par la vallée du Rhône) afin de contribuer aux combats à la suite des deux débarquements de Normandie et de Provence. Dès le lendemain et jusqu’au 25 août plusieurs colonnes vont traverser le département de l’Hérault empruntant de préférence les routes secondaires, plus sûres que les nationales, cibles de l’aviation alliée, et évitant les villes susceptibles d’organiser des combats et des barricades. Néanmoins, tout au long, des attaques de maquisards ont lieu faisant de nombreux morts et blessés des deux côtés et les colonnes n’hésitent pas à abattre des civils, même non armés. […]

— 4) Documents. —

Les « Maquis » dans l'Hérault
(arrondissements de Montpellier et de Lodève)
le 30 juin 1944.

Extrait du dossier de demande de naturalisation
d'Henri GLAZER
dit "Capitaine LÉON".

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Année de publication

2021

Nombre de pages

Non renseigné

Disponibilité

Disponible au format "papier" sur https://www.grec-clermontais.fr/contact