Hommage à Jacques BELOT
(1938-2021)
Président fondateur du G.R.E.C.
- Témoignages -

[ Texte intégral ]

Renée DÔ
Présidente du G.R.E.C. (2003-2020)
Directrice retraitée de l'école maternelle Jacques Prévert

48 années d'amitié

Après des années d’initiation à l’archéologie d’adolescents, dans le cadre du foyer socio-éducatif du collège de Clermont, Jacques BELOT souhaita que cette activité ne soit pas que théorique. Il voulait amener ses élèves sur le terrain, c’est-à-dire procéder à de vraies fouilles archéologiques. A cette époque une association pouvait organiser des fouilles avec l’accord des services culturels départementaux.

En 1973, il contacta plusieurs instituteurs, Claude et Riou AUDOUY, Jean ORLIAC, parents d’élèves du collège, et moi-même pour créer cette association. Sur quels critères a-t-il fait son choix ? Mystère ! En effet, je ne le connaissais pas et je le rencontrai pour la première fois quand il vint me demander de faire partie du groupe. Il était confiant. En professeur de lettres classiques, latin-grec, il appela l’association : « Groupe de Recherches et d’Études du Clermontais », c’est-à-dire G.R.E.C.

Les recherches archéologiques furent donc les premières activités, entre Péret et Cabrières la villa des mineurs, à Fontès une villa gallo-romaine, à Lacoste la chapelle de Cornils, etc. Tout au cours de ces fouilles participèrent Dominique GARCIA, Michel et Christian OLIVE, Daniel ORLIAC, Geneviève PONTON, Sabine BONNEFOUS, Laurent SCHNEIDER, Olivier GINOUVEZ qui, pour certains, deviendront archéologues. Ces fouilles se déroulaient dans un climat détendu, bon enfant. Il n’y avait plus de professeur ou d’élèves, mais des amis transpirant sous le soleil de juillet et grattant le sol avec une brosse à dent en espérant trouver un trésor ou plus simplement un tesson portant une inscription, une signature ou une fibule dans le meilleur des cas. Cependant, c’était mal connaître Jacques de croire qu’il se satisferait de cette seule activité.

Ce fut ensuite la création de conférences, d’une bibliothèque où nous pouvions enrichir nos connaissances sur l’histoire de notre région, puis des visites en bus, d’une journée, sur des sites historiques dans les départements voisins et à partir de 1978 des voyages à l’étranger (Tunisie, Grèce, Maroc, Égypte, Italie, Espagne, Portugal…) auxquels il participera pour certains.

Jacques pensait, avec raison, que nous devions faire connaître ce que nous avions trouvé au cours de nos fouilles ou de nos recherches en archives. Pour cela il créa, dès 1976, la revue. Au début, elle était artisanale. Les articles étaient tapés à la machine et polycopiés. Ensuite nous installions les paquets de feuilles sur la table de la salle à manger de la famille Belot, nous tournions autour, prenant au passage une page sur chaque paquet et le tour fini les agrafions pour former la revue ! Merci Marie-Claude pour votre patience infinie devant cette invasion. Quelques années plus tard nos finances nous permirent de faire appel à un imprimeur ; c’était mieux pour les lecteurs.

Jacques qui semblait une force de la nature que rien ne pouvait abattre était en réalité un inquiet. Il craignait toujours de vexer, de fâcher. Si une personne ne renouvelait pas son adhésion au G.R.E.C. il se posait des questions sur ce qu’il avait fait ou pas fait, dit ou pas dit. C’était un écorché vif. Avant chaque assemblée générale il était malade d’inquiétude alors qu’il n’y avait aucune raison ; au contraire, il aurait dû être fier et satisfait de la réussite du G.R.E.C. lui qui en était le maître d’œuvre. Je devais bien souvent lui remonter le moral, parfois de façon un peu vive.

Bien entendu son accident en décembre 1994 l’a obligé à limiter ses activités. Il ne pouvait plus participer aux sorties ou aux voyages du G.R.E.C. Quant aux chantiers de fouilles nous n’en organisions plus depuis quelques années. Seuls les archéologues professionnels étaient autorisés à les entreprendre. Mais il était ravi de voir que ses anciens élèves avaient pris la relève. Malgré son handicap il continua à s’occuper de la revue, à trouver des auteurs pour écrire des articles qu’il devait lire et corriger si nécessaire. Depuis 5 ou 6 ans sa santé s’étant altérée, nous avions pris la relève car il souhaitait que la publication de la revue continue.

Jacques, qui était un homme très actif, a fait face pendant 26 ans à son handicap avec patience et courage grâce au soutien sans faille de son épouse. Jusqu’au bout il s’est intéressé à l’avenir de l’association. A nous de continuer à faire vivre le G.R.E.C. tel que Jacques l’aurait souhaité : rechercher, étudier et transmettre l’histoire du Clermontais.

Michel OLIVE
Président du G.R.E.C. (1981-1987)
Ingénieur d'Études
Service Régional de l'Archéologie DRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur

Le G.R.E.C. avant le G.R.E.C.

Alors que je m’apprête à prendre ma retraite après une vie consacrée à l’archéologie, je viens d’apprendre la disparition de Jacques. Je ne m’attendais pas à ce que cette triste nouvelle soit aussi brutale et fasse remonter tant de souvenirs.

Très jeunes, mon frère Christian et moi habitions Lézignan-la-Cèbe. Nous étions déjà passionnés d’archéologie et nous réalisions des prospections dans la région autour de Paulhan et Clermont. Lors du printemps de 1972, une rumeur courait la campagne : « des gens » étaient occupés à dégager des tombes anciennes dans les environs de Fontès. Des gens ? Quels gens ? De quel droit ? Remonté comme un réveil et outragé que l’on puisse pareillement attenter au patrimoine local, mon frère enfourcha sa BB Peugeot (vélomoteur de l’époque) et s’en fut à Fontès pour rappeler à « ces gens » les termes de la loi sur les fouilles archéologiques !

C’est Jacques qui l’accueillit sur le terrain et il lui proposa tout de suite de rejoindre l’équipe (il s’agissait du club archéologique du lycée qui fouillait au lieu-dit Les Pradesses, cf. Bulletin du G.R.E.C. 1981, 21, p. 11-12). Dès le week-end suivant, nos parents nous accompagnaient sur le chantier ; ce n’était que le début d’une très longue aventure.

Le G.R.E.C., de l’archéologie et pas seulement

Depuis cette date et jusqu’à ma nomination au service archéologique de Bordeaux (1985), j’ai participé à quasiment tous les chantiers archéologiques ainsi qu’à bon nombre d’activités du G.R.E.C.

Année après année, de Fontès (Les Pradesses, puis Les Plots Sud) à Lacoste (Cornils) en passant par Clermont (La Ramasse) ou encore l’oppidum de Plaissan, Loupian (villa des Prés Bas), Saint-Michel-de-Grandmont (Saint-Privat), les vacances de Pâques et les longs congés d’été voyaient chaque année le groupe se reformer et les fouilles reprendre avec toujours le même enthousiasme. Jacques organisait les stages et les encadrait, prévoyait le couchage et les repas et nous accompagnait sur le terrain. Il était infatigable et tenir sa cadence sur le chemin escarpé qui menait à la villa des Mineurs (Péret) n’était pas une mince affaire !

Collégiens, nous avons appris avec lui la vie en groupe (la vie tout court ?), travaillant ensemble tout le jour et partageant le soir venu l’immense tente commune, ou les dortoirs improvisés. Nous nous répartissions les corvées dans la bonne humeur et Jacques n’était pas le dernier à organiser des repas festifs. Plus tard, lycéens ou étudiants, les différents chantiers du G.R.E.C. nous ont permis d’acquérir de l’expérience, d’entreprendre nos propres recherches et de publier nos premiers articles dans le bulletin. En tant que directeur de la publication, Jacques était à chaque fois content de découvrir et de diffuser nos travaux.

Il était toujours disponible, sa porte toujours ouverte et bon nombre de réunions se sont tenues chez lui (sans oublier la fabrication des bulletins tirés à la Gestetner !). Ces réunions souvent impromptues donnaient lieu à de grandes discussions où chacun pouvait s’exprimer. Elles permettaient aussi à ceux qui n’habitaient plus sur place de garder le contact avec le Clermontais.

Par sa détermination, Jacques a obtenu de la Mairie, dès les premières années du G.R.E.C., que nous disposions du local de Gorjan, local qui est devenu le point de ralliement des archéologues du groupe et le premier dépôt officiel de mobilier archéologique. Certains se souviendront avec émotion des samedis après-midi passés en ces lieux à nettoyer, marquer et classer la céramique… mais aussi à tirer les Rois ou fêter des anniversaires.

Toujours à l’écoute des membres de l’association, Jacques n’hésitait pas à prendre sur son temps pour organiser un voyage, une conférence ou une exposition. Il a tenu à ce que le groupe de recherches ne soit pas un lieu clos mais reste ouvert. Ainsi, il a fait en sorte que le G.R.E.C. fasse partie du monde de l’archéologie professionnelle en l’affiliant à la Fédération archéologique de l’Hérault et en fonctionnant en étroite collaboration avec le service archéologique régional à Montpellier. Ces conditions favorables ont permis à plusieurs d’entre nous de réaliser leur rêve et de devenir archéologues professionnels.

Jacques a réussi à créer une association au sein de laquelle tout le monde se sentait à l’aise et était parfaitement intégré. Il savait nous donner confiance en mettant en valeur les qualités de chacun. Bienveillant, il nous laissait avancer mais était toujours présent pour donner des conseils. L’archéologie, l’histoire locale, les voyages ou les randonnées étaient pour lui les différents moyens d’atteindre un seul but réunir le plus grand nombre de personnes autour des valeurs de l’humanisme et de l’amitié.

Ma carrière m’a éloigné de Clermont, mais si je suis arrivé à faire de ma passion mon métier, c’est bien grâce à Jacques et grâce à ce que j’ai vécu, appris et partagé au sein du G.R.E.C.

Michel OLIVE

Prise de vue sur le chantier dit de la « villa des mineurs » à Péret en 1977, chantier de formation du G.R.E.C.

Prise de vue sur le chantier dit
de la « villa des mineurs » à Péret en 1977,
chantier de formation du G.R.E.C.

Philippe MARTIN
Naturaliste

Un Grand frère mentor et Pygmalion

Automne 1975, au couvent de Gorjan : « Bienvenue à Clermont l’Hérault ! Tu es naturaliste ? ». J’ai vingt ans, officier d’infanterie démissionnaire pour « faire de l’illustration naturaliste », et embauché par la commune pour surveiller le lac du Salagou, encore un peu trop niais et sportif à l’époque… « Ce serait bien d’alimenter le tout jeune bulletin du G.R.E.C. avec des articles illustrés sur la faune et la flore locale ». Ainsi, au fil des trimestres pendant de longues années, le rédacteur en chef me harcelait très amicalement au téléphone des semaines avant la mise en boîte, de la place Manet au Pioch. Dix ans plus tard, la réunion de cette cinquantaine d’articles permit l’édition du livre (À la découverte de la Flore et de la Faune du Centre de l’Héraut), point de départ d’une nouvelle vie enfin consacrée à la vulgarisation des sciences naturelles pour tous, ma seule vraie vocation. Quinze ouvrages, des milliers de sorties de terrain, des centaines de conférences et d’expositions plus tard, il n’est plus autorisé de penser qu’une autre belle personne que Jacques BELOT ait pu comme lui transcender mon existence. Je lui dois tout, bien plus qu’au Grand frère qu’il a toujours été pour moi.

Philippe MARTIN

Estivales du Mas de Roujou organisées par le Foyer rural de Lieuran-Cabrières - juillet 1993. Balade découverte de la nature animée par Philippe MARTIN (è droite). Jacques est présent (à droite de Philippe) (Cliché Régine BERNARD 1993).

Estivales du Mas de Roujou organisées
par le Foyer rural de Lieuran-Cabrières - juillet 1993.
Balade découverte de la nature animée
par Philippe MARTIN (à droite). Jacques est présent
(à droite de Philippe) (Cliché Régine BERNARD 1993).

Dominique GARCIA
Professeur des universités et Président de l'INRAP

Ouverture au monde

Comme la plupart des membres du G.R.E.C. de ma génération, je dois beaucoup à Jacques ; beaucoup, et plus encore. Je n’évoquerai qu’un seul aspect même s’il peut paraître paradoxal lorsqu’on parle d’un club de collège ou d’une association qui semble ne s’intéresser qu’à la région de Clermont : l’ouverture à d’autres horizons.

Certes, à l’entrée au collège, je promenais en famille – de l’étang de Thau à l’Aveyron -, je nommais des lieux de pêche et de cueillette, connaissais les toponymes du Clermontais – de Roque-Sèque à Cornils -, lisait sur le chemin de l’école, du collège ou du lycée les noms de plaques de rues – du Portail Naou aux Calquières -, mais si j’arrivais à me repérer, je ne pouvais inscrire cet espace parcouru dans un géographie historique ou collective plus large. Mes frontières et mes ambitions se limitaient à ces paysages au sens strict du terme ; c’est-à-dire les lieux environnants que mon regard était capable d’embrasser.

Dès 12 ans, entre 13 et 14h, ouvrir la porte de la salle de cours occupée par une réunion du club d’archéologie du collège puis, ensuite, les mercredis, passer le portillon de la maison de la famille Belot ou encore, plus tard, descendre les escaliers de Gorjan pour accéder aux locaux du G.R.E.C. m’ont amené, dans une fraternelle confiance, à m’ouvrir aux autres et au monde et à nourrir la passion qui allait devenir mon métier.

Grâce à Jacques, et avec Daniel, Xavier, Ginou, Sabine, Christian et Michel, puis Guilhem, Laurent et Olivier, et d’autres encore, j’ai sillonné les rues de Clermont pour inventorier les heurtoirs de porte ou distribuer les bulletins de notre association, parcouru la garrigue et les vignes pour étudier les capitelles ou faire des « prospections de surface », j’ai fouillé le sol, et scruté l’horizon, à la Combe de Fignols, à Cornils, à la Ramasse… Grâce à cela, j’ai progressivement appris que notre monde était plus grand, et que la moyenne vallée de l’Hérault était une partie du territoire des agriculteurs néolithiques, des marins phocéens, des colons romains, des bâtisseurs du Moyen Âge, des Languedociens de toutes origines.

Dans la salle du cinéma ou au foyer municipal, j’ai pu assister aux conférences de Henri PRADES sur Lattes « inépuisable réserve archéologique », de Denis FONQUERLE sur « Agde grecque », les diaporamas de Bernard SIMON ont fait porter nos regards bien au-delà du Languedoc. C’est en Tunisie, grâce à Jacques et Renée DÔ, que j’ai fait mon premier voyage à l’étranger. Comme pour les excursions plus régionales en bus, Jacques nous préparait à profiter de ces périples culturels et conviviaux ; il nous aidait à franchir le pas et à ouvrir grand les yeux sur ces horizons nouveaux.

Peut-être que les fouilles à Saint-Bézard avec Pierre-Yves GENTY, à Loupian avec Daniel ROUQUETTE puis à Agde, auprès d’André NICKELS, de Christian et Michel OLIVE, n’ont été, au départ, que des prétextes pour être au plus près de personnes qui donnaient avec générosité et chaleur, qui me permettaient de grandir et à passer de nouvelles étapes.

De manière forte et durable, les valeurs transmises par Jacques, celles de l’apprentissage, de l’éducation populaire, du milieu associatif, de la camaraderie et de l’amitié, m’ont imprégné.

L’archéologie est devenue mon métier, il me prend plus de temps que celui qui m’est donné et je suis loin des lieux qui naguère m’étaient familiers et qui étaient les garants physiques de ma fidélité. Cependant, lorsqu’il m’arrive, parfois, de devoir pointer les éléments marquant de mon parcours – récemment au journal Le Monde -, lors de la remise d’une décoration, en échangeant avec un « illustre » collègue ou, ici et ailleurs, avec des collégiens, il me plait de rappeler que cette volonté de partage, cette ouverture au monde et cette force d’âme, même si elle est parfois égratignée, c’est à l’ombre du « tioulat paternel » et grâce à la passion et au désintéressement d’un Jacques BELOT que je les ai acquises.

Dominique GARCIA

Olivier GINOUVEZ
Ingénieur de Recherches,
Institut national de recherches en archéologique préventive (INRAP).

Veritas est in profundis

Je me demande parfois, et bien plus souvent ces dernières semaines, quelle aurait été mon existence si ma route n’avait pas croisé celle de Jacques BELOT. Nous savons tous que la vie est faite de rencontres. Toutes n’ont pas le même effet, les mêmes conséquences sur notre construction et notre devenir. Je dois reconnaître que les années durant lesquelles j’ai côtoyé Jacques ont été pour moi déterminantes. Bouleversantes. J’ai appris avec le G.R.E.C. les bases du métier qui est devenu le mien et j’ai noué en son sein les amitiés qui me sont aujourd’hui les plus chères.

Je suis devenu membre du G.R.E.C. en 1976 à mon entrée au collège. J’avais alors 12 ans et j’allais pouvoir, enfin, connaître ce professeur dont on m’avait tant parlé. Peut-être aussi comprendre cette pathologie sans nom qui me tenait au cœur et me poussait dans les rangées de vigne à ramasser de pleins sacs de tessons de sigillées et d’amphores. Le choc fut immédiat. Le site des Mineurs, son paysage, son ambiance, et bien sûr Jacques, qui me demanda immédiatement de le tutoyer et éclata de rire, me donnant une bourrade à l’épaule, lorsque je lui répondis « Oui Monsieur ». Un géant souriant venu de Lozère qui mettait tant d’énergie à vous serrer la main que vos doigts restaient soudés quelque temps comme ceux d’une statue de pierre.

Jacques nous a accompagnés durant plusieurs années. Des années cruciales durant lesquelles Gorjan est devenu notre dépôt et notre deuxième maison. La vie associative dans tous ses états. Des heures à partager et apprendre. Premières prospections, premières fouilles, premières publications dans la revue du G.R.E.C. Comprendre la nécessité de divulguer les connaissances acquises par la fouille. Comprendre, surtout, l’importance des mots et d’écrire. Soyons heureux d’apprendre et vigilants de transmettre. Mon premier article avec Laurent SCHNEIDER et Christian OLIVE à propos d’amphores italiques découvertes à Lézignan-la-Cèbe.

Jacques BELOT a été un pionnier de l’archéologie régionale au même titre qu’Henri PRADES et comme lui, la preuve par l’exemple que cette quête du passé n’était pas l’œuvre d’un homme, mais le ferment d’un travail de groupe et d’une réjouissante solidarité. Mes souvenirs de cette époque sont tout autant d’avoir délivré de sa gangue de terre un clou de charpente ou un tesson de vase, que de m’être escané de rire autour d’un feu de bois ou d’une table de cantine.

Le site des Mineurs a été initiatique. J’ai encore en tête la couleur sombre de la terre, et surtout son odeur. Une fragrance organique de racines de ciste et de térébinthe, que les orages d’été sur le calcaire chaud portaient au rang des parfums les plus forts. Je garde une pensée émue pour ces larves de cigales réveillées bien trop tôt et ces lombrics noués que nous lancions aux filles pour les faire crier. Et ces tas de cailloux qui n’en finissaient pas et que nous déplacions sans cesse, pour agrandir la fouille et notre espoir de trouver. C’est là que j’ai fait mes classes et appris les fondamentaux du métier de fouisseur. « Trois pierres alignées font un mur » disait Jacques. « Et n’oubliez jamais que les tuiles d’un toit tombent sur le sol les premières avant d’être rejointes par les pierres des murs ».

Les Mineurs étaient un lieu de science et un lieu de rencontres. De discussions passionnées. Les gens qui passaient saluer Jacques et sa « bande de jeunes » étaient tous des figures qui élevaient le débat en élevant la voix : « je ne suis pas en colère, je parle ». Je les vois (et les entends) tous encore. Jean-Luc ESPÉROU, Pierre-Yves GENTY, Jean-Pierre MAILLE, Paul AMBERT, Clovis BEILHOL. Des maïsses de haut vol inscrites au Panthéon de ma mémoire. Oui, l’archéologie était encore alors une affaire d’homme…

Merci Jacques pour tout cela. Je sais maintenant que ma route sans la tienne n’aurait pu être aussi comblée car tout ce que je sais et connais grâce à toi m’aurait toujours manqué, sans que j’en aie les mots pour définir l’absence. Ta rencontre a été pour moi providentielle. Je me dis aujourd’hui que l’archéologie n’a été, finalement, pour nous qu’un alibi pour partager et supporter le poids de l’émotion que suscitaient en nous la beauté et l’incompréhension du monde.

Olivier GINOUVEZ

Laurent SCHNEIDER
Président du G.R.E.C. (1991-1999)
Directeur de recherche au CNRS
Directeur d'Études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS)

Le professeur BELOT,
le président et l'ami Jacques

C’est au seuil des années 1980, en entrant au collège de Clermont-l’Hérault, que j’eus la chance, pour ma part, de rencontrer pour la première fois le professeur Jacques BELOT. Le souvenir de cette rentrée de septembre 1979 est lointain – j’avais 12 ans ! -, mais si présent pourtant, tant cette rencontre fut ô combien déterminante. Monsieur BELOT était alors pour beaucoup de collégiens, un professeur bien identifié. Tout à la fois redouté pour son exigence et sa rigueur au travail – par sa stature physique aussi !, mais également très aimé pour sa bienveillance, son attention rare à toutes et tous et la confiance qu’il savait témoigner ou révéler à chacun, avec des passions communicatives surtout. Pour ne pas le décevoir, combien ont appris dès la 5e un rude alphabet grec qui était au cœur de sa passion ! Il parvenait à faire progresser ses élèves, tous ses élèves, bien au delà des multiples domaines de la matière principale qu’il était chargé d’enseigner. Il faut dire que monsieur BELOT avait de sacrés alliés et bien des tours dans sa poche pour parvenir à ses fins d’éveil et de formation.

Je me souviens surtout de sa méthode de correction des fameuses rédactions de l’époque. Il privilégiait et valorisait toujours l’idée, le témoignage, le goût du récit (et de la rédaction) avant d’en venir, dans un second temps seulement, à la syntaxe et à la grammaire nécessaires.

Gorjan 1981. Le « dépôt » archéologique normalisé du G.R.E.C. première structure de conservation des collections archéologiques de la moyenne vallée de l'Hérault.

Gorjan 1981. Le « dépôt » archéologique
normalisé du G.R.E.C. première structure
de conservation des collections archéologiques
de la moyenne vallée de l'Hérault.

Formateur de futurs citoyens monsieur BELOT appartenait surtout à cette génération d’enseignants qui, au delà du cadre scolaire, manifestait un réel engagement pour l’éducation populaire et les activités alors dites « socio-éducatives ». Les humanités qu’il enseignait se transposaient dès lors dans la pratique.

Les mercredis et samedis, monsieur BELOT, devenait désormais « Jacques » mais aussi le président du G.R.E.C., un animateur d’association culturelle, ici dédiée à l’archéologie, à la sauvegarde du patrimoine et en premier lieu à la découverte d’un territoire y compris dans ses aspects naturalistes, car c’est la vie qui l’intéressait. Et dans ce cadre précis, sa première exigence était qu’il fut tutoyé et désigné par son prénom.

C’était, à vrai dire, assez redoutable pour de jeunes adolescents mais c’était une condition d’intégration et d’égalité, au seuil des années 1980, dans un groupe intergénérationnel qui réunissait nombre de ses anciens élèves plus âgés, mais aussi des amis, des familles et des personnalités de rencontres qu’il avait su rassembler et fédérer autour d’un projet commun et de multiples activités. Un autre monde, un autre foyer, d’autres territoires s’ouvraient alors progressivement : ceux d’un apprentissage à des métiers (qui n’en étaient pas encore vraiment !) au sein d’un collectif qui réunissait des collégiens, des lycéens, des étudiants, des enseignants, des travailleurs encore et des hors-statuts comme on disait alors, mais surtout des passionnés et des curieux venus de tous les horizons. On pourrait dire aujourd’hui que sa démarche était « inclusive » mais Jacques n’avait évidemment pas attendu cette formalisation sémantique pour la mettre en pratique.

Le G.R.E.C. de Jacques à cette époque consistait par exemple une fois par trimestre, le mercredi généralement, à se réunir chez lui et Marie-Claude, chez Vincent, Emmanuelle et Frédérique pour un drôle de rituel. Toute la maison BELOT était alors envahie !

Autour de la table du salon familial étaient disposées de nombreuses piles de feuilles dupliquées à la Gestetner qu’il fallait une à une rassembler dans un ordre précis, tournant et tournant autour de la table à la queue leu leu tout en discutant de multiples sujets, projets et perspectives. Puis chacun déposait son fier paquet sur le bureau, – et Jacques agrafait vigoureusement les livrets. Ainsi se fabriquait encore dans les années 1980, le bulletin de l’association. Un bulletin, trimestriel parfois tiré à près de 400 exemplaires (1 200 agrafes par trimestre, 4 800 par an dans les années fastes !), dont nous avions la primeur du contenu et la fierté collective de la confection. Pour beaucoup d’entre nous, cela donnait aussi le goût de l’écriture, du progrès des connaissances, de la recherche, de la découverte du territoire – qui n’avait pas de limites -, du témoignage et d’une certaine manière l’envie et le risque d’être un jour publié. Ainsi était la méthode de Jacques. Et c’est ici, sans doute, autour de Jacques et des siens, dans le ciment de son foyer, que se sont construites et consolidées des rencontres, des camaraderies et des amitiés : Christian, Daniel, Dominique, Guilhem, Luc, Michel, Philippe, Olivier, Renée, Véronique et bien d’autres…

Pour le groupe des archéologues de Jacques c’était aussi et surtout le samedi la découverte d’un lieu insolite et exceptionnel. Au pied du château, sur les hauteurs du Pioch, grâce à son énergie, l’association avait obtenu la mise à disposition de locaux municipaux au sein du vaste bâtiment de l’ancien couvent de Gorjan. Ici les collégiens et lycéens que nous étions, et bien d’autres aussi, s’émerveillaient, du cadre et de la liberté offerte. Un long escalier à balustres du XVIIe siècle que jalonnait un buste étonnant du cardinal de Fleury conduisait à une robuste grille métallique protégeant une porte en bois bien plus fragile. Deux serrures pour la grille, une longue clef pour le second passage et, sésame, un autre monde s’ouvrait…, celui d’un port, indigène, grec et romain au départ, puis wisigoth et franc encore, roman, occitan et languedocien évidemment ; mais bien plus en fait car celui-ci était toujours inscrit dans son temps réel surtout.

Derrière la porte et la grille mystérieuse se trouvait d’abord une première grande salle avec son plafond à la française, salle polyvalente d’études et de travail, de réunion et de lecture, atelier de réflexion, espace d’expositions photographiques, mais lieu joyeux aussi de sociabilité, de rencontres et d’échanges où se forgeaient des amitiés, se fêtaient des anniversaires et plus tard le nouvel an.

Sur les tables tramaient souvent des cartes, avec leur lot de toponymes permettant de s’approprier ou du moins de mieux comprendre un territoire, avec l’aide d’un précieux dictionnaire « Topographique et Étymologique ». Au fond de la pièce trônaient aussi deux grandes armoires métalliques gorgées de livres : la bibliothèque archéologique et d’histoire du G.R.E.C. Et cette bibliothèque rendait accessible des livres spécialisés et rares comme l’édition des cartulaires des abbayes d’Aniane et de Gellone, des livres et des revues qu’il était alors bien difficile de se procurer si l’on ne disposait pas d’une carte de bibliothèque universitaire et si l’on ne pouvait surtout se déplacer au Clapas.

À l’arrière de cette première salle, existait par ailleurs une seconde grande pièce encore plus surprenante. Celle-ci était voutée et prenait surtout l’allure d’une caverne. Elle accueillait des rayonnages en bois ornés de multiples casiers dans lesquels étaient rangées les premières collections archéologiques que Jacques avait pu découvrir et récolter lors de ses nombreuses fouilles et prospections à Aspiran, Fontès, Lieuran, Lacoste, Liausson, Péret encore et Clermont bien sûr. Ici étaient, sous nos yeux adolescents les archives matérielles du temps, récoltées et extraites des sols et du territoire !

Ici était constitué surtout l’embryon du premier dépôt archéologique officiel du centre Hérault, celui du G.R.E.C., équipé par l’association avec l’aide de la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Montpellier, aujourd’hui « Archéothèque du centre Hérault », soutenue par le département. Enrichie depuis de nombreuses autres collections rassemblées et découvertes par ses anciens élèves et amis, on en espère désormais, après 30 ans d’aléas et d’incertitudes, la stabilisation définitive et prochaine, en Cœur d’Hérault au sein des bâtiments prestigieux classés Monuments Historiques de l’ancienne abbaye d’Aniane.

Enfin, au fond du local, derrière l’ancien « dépôt » de Gorjan, se trouvaient des enfilades de plus petites pièces permettant de stocker l’outillage des chantiers, dont une grande tente « canadienne » mythique qui avait servi comme dans les expéditions lointaines à implanter une base de vie sur les terrains de fouille qu’animait Jacques. D’autres pièces et recoins accueillaient encore des cagettes de mobilier à traiter – entendons laver, classer, marquer -, mais aussi des essais de constitution de petits laboratoires : un atelier de restauration des mobiliers métalliques et une chambre dédiée à la photographie.

En 1984 ou 1985 enfin, grâce aux frères OLIVE, Christian et Michel, le premier ordinateur domestique qu’il nous fut donné de voir, un Apple IIE avec souris et disquette souple (!), fit son apparition pour remplacer la vieille et fabuleuse machine à écrire « Olivetti » qui avait servi à frapper tant de rapports et articles. Une nouvelle ère s’annonçait, sans que nous en ayons encore pleinement conscience tandis que, autre signe de temps nouveaux, l’association devait hélas bientôt quitter les lieux devenus insalubres mais aussi plusieurs fois vandalisés.

La bibliothèque fut rapidement relogée rue Raspail une première fois, puis rue Louis-Blanc ensuite mais le dépôt plus volumineux après quelques années d’incertitudes fut délocalisé, transféré provisoirement à Nébian dans une annexe de la cave coopérative, puis tout aussi provisoirement au domaine de la Tour, puis encore à Vendémian dans le même scénario provisoire en attendant la suite, que l’on espère heureuse !

Voilà à grands traits une partie de l’héritage de Jacques et de ses ami(e)s. Clermont disposait dans les années 1980 d’un équipement qui n’avait peu ou prou rien à envier aux laboratoires de recherche universitaire contemporains et bien plus à vrai dire.

Car Gorjan c’était aussi et surtout un lieu de rencontres, de ralliement et d’émulation où, dans le sillon de Jacques et dans une diversité d’âge et de culture, chacun avec ses sensibilités apprenait de l’autre, mais devait aussi trouver sa place, accompagner les nouveaux et acquérir les connaissances nécessaires au développement de l’archéologie moderne.

Le G.R.E.C. de Jacques, c’était encore et surtout le principe de « stages » où se faisaient l’apprentissage de la recherche de terrain mais aussi la découverte de la vie collective et de l’organisation d’un chantier. C’était autour de la ferme gallo-romaine de la Combe de Fignols à Péret pour ma génération, où le groupe œuvra sans relâche et avec de bien faibles moyens entre 1975 et 1983. Et cette précieuse expérience nous permit très vite d’intégrer d’autres équipes régionales – celle de Christophe PELLECUER à Balaruc avec mon vieux comparse Olivier GINOUVEZ, celle de Jean-Luc FICHES Ambrussum, de Marie-Geneviève COLIN à Narbonne et Roujan, ou encore de Michel DAUZAT et Michel PASSELAC dans le Lauragais. Puis il passa la main sans jamais cesser son accompagnement et venait visiter les nouvelles fouilles programmées qui s’ouvrirent par la suite comme sur l’oppidum de La Ramasse à Clermont-l’Hérault et sur le site du vieux château de Cabrières à partir du milieu des années 1980.

Le G.R.E.C. de Jacques c’était également, des conférences régulières, des excursions et des voyages et très rapidement aussi une immersion dans la vie institutionnelle, administrative dans une forme de démocratie participative, parfois rugueuse, dans sa pratique associative, soit des assemblées générales et des conseils d’administration, la recherche de subventions et de nouveaux partenaires. Mais cette vie surtout n’était jamais repliée sur le local et Jacques avait également très vite affilié l’association à la Fédération Archéologique de l’Hérault qui en regroupait alors presque une vingtaine d’autres, chacune portant sa propre histoire, représentée à cette époque, par des personnages hauts en couleur, issus pour certains de la Résistance, en un temps où l’archéologie se professionnalisait cependant et devenait plus normative, tandis que l’État décentralisé se faisait plus proche. Et très vite lorsque bien préparés et armés de ces expériences multiples, lorsque les portes de l’université nous furent ouvertes, à tour de rôle, et que nous devions rejoindre les campus de Montpellier ou d’Aix-en-Provence il nous chargea de représenter au mieux les intérêts de l’association auprès du département notamment, puis de gérer les pérégrinations du dépôt archéologique.

A l’heure du décès de notre ami, tandis que résonne et résonnera « en corps » le Se canto chanté chez Emmanuelle, auprès des siens en sa mémoire, qu’il me soit permis d’évoquer deux souvenirs plus personnels parmi de nombreux autres qui s’entrechoquent, et de formuler un vœu surtout.

Au delà de l’archéologie et bien après son accident, durant des lustres à une date précise de septembre mon téléphone devait sonner : « Allô, c’est Jacques ; bon anniversaire de mariage Hélène et Laurent ». Voilà comment était Jacques !

Le second souvenir correspond à l’une de nos dernières rencontres, chez lui du moins et en compagnie de Marie-Claude, son épouse. Sur sa table, trônait une coupure de presse. En Lozère, dans sa Lozère natale, des archéologues avaient découvert à La Malène un palais et une forteresse mérovingienne insolite, tandis que la photo illustrant l’article montrait un hélicoptère transportant au dessus des gorges du Tarn un fût de colonne extrait des fouilles. Et là s’exprimaient une fierté sensible et bienveillante et une complicité fraternelle. Ses vieux « jeunes » archéologues du G.R.E.C. avaient aussi atteint le pays de Gévaudan et gravi quelques causses dans son héritage.

Et c’est comme cette colonne volant et planant, libre surtout, au dessus des Causses, que je t’imagine désormais Jacques. Mais aussi tout à la fois enraciné dans la plaine bas-languedocienne, dans ton Cœur d’Hérault, comme cette autre colonne ou borne basaltique aujourd’hui présentée sur ce rond-point devant le collège du Salagou, avenue Paul-Valéry. Celle-ci plutôt décorative et énigmatique aujourd’hui, pour le chaland du moins, remémore pourtant la Peyra Plantada de l’ancien forum gallo-romain de Clermont, à La Canourgue, Gorjan et l’Estagnol, agora presque grecque dont tu as permis d’amplifier l’écho et surtout largement contribué à la redécouverte archéologique par tes prospections et surveillances de charruages.

Cette pierre, prisme basaltique du Salagou, où tu œuvras aussi, borne ou supposé milliaire anonyme, quelle que soit son origine archéologique exacte, marque et symbolise d’une certaine manière ton engagement et une partie de ton histoire. On pouvait d’ailleurs la voir, depuis la classe où tu enseignais à l’époque, dans des Algéco, au seuil des années 1980.

Que ce bel aménagement patrimonial et que ce lieu porte désormais ton nom – devant ton collège, dans ton quartier du Souc ; après tout ce que tu as fait pour le Clermontais et ses familles, pour la connaissance de ce territoire et de ce sol tant aimé et bien au delà encore, serait magnifique et un juste hommage public et citoyen à toi « Professeur de savoirs […] écumeur de chantiers pour faire parler les sols » comme Vincent l’a si bien dit.

Force de ta nature et force d’âme, laboureur et traceur de chemins, merci n’est qu’un bien faible mot pour rendre compte des voyages, des découvertes et rencontres que ton existence a permis, sous le signe de ta bienveillance, de la camaraderie, de l’exigence aussi, et finalement de cette fraternité que tu as enchantée.

Laurent SCHNEIDER

Pierre-Joan BERNARD
Président du G.R.E.C. (2020)
Archiviste de la Ville de Montpellier

Jacme Belòt, un òme d'òc

Es pas estat mon professor, nimai mon mèstre en arqueologia. Soi tròp love. Pr’aquò l’ai conegut pichòt. Per ieu, èra un bon òme, un amie de la familha. Seguissiái mos parents sus los carrièrons del dimenge amb los caminaires del G.R.E.C. : Yves BONNEFOUS, Michel COURBET… Aquel grandàs espa-tlut semblava fòrt coma un roire, mas la cisampa l’a derabat una nuòch coma dins la faula e l’a daissat engarrat. Pasmens los rasics èran prigonds e i aviá totjorn de chuc per menar Io bolletin e Io demai. Era pas pus aquí, mas son èime a animat l’associacion juscas la fin. Lo recòrd que me demòra dal darrièr temps : aquela volontat d’arrapar sempre mai la vida. E siái uròs qu’es partit amb Io consolament que lo G.R.E.C. contunharà.

Era felibre mantenaire. Aimava la lenga e l’a defendut mai que mai dins la revista. A publicat las galejadas del Comisset tant plan que la tròba de Max ROQUETA. Atanben a defendut la cultura occitana e son saber-viure. La convivéncia èra Io màger mòt del G.R.E.C. : las brasucadas, los cants e tot aquò èran tant important coma l’òbra.

A mostrat aquel esperit de dobertura dins son implicacion dins lo Partnerschaft zwischen Fran-kreich und Deutschland, entre Clarmont e Gauting, dins las annadas 1980. La còla dels caminaires s’èra ligada l’associacion esportiva d’ailà. Los Alemands amb fòrça loves davalavan per Pentacòsta al Salagon. Era l’escasença de grandes tauleladas jos Io capitèl (un parachuta militar) al campotel. Nautres montàvem dins las familhas cada dos ans en estiu. Era una expedicion tarribla en trin, amb un cambiament a Strasborg. Après las visitas o las passejadas, nos retrobàvem totjorn al Biergarten per biure de cervesa e manjar de brezel. Aquò a durat un brieu. Son nascudas d’amistats vertadièras entre correspondents, amb Hans Krüsmann en particulièr. Era agradiu aquel bon temps.

Portrait de Jacques BELOT au château de Clermont en 1977. (cliché Philippe MARTIN).

Portrait de Jacques BELOT
au château de Clermont en 1977.
(cliché Philippe MARTIN).

Ara es a leu d’èstre Io mantenaire d’une associacion gaireben quinquagenari e espèri li èstre fidèl. Totas las miunas pensadas van à Marie-Claude, sa molhèr, qu’a agut Io coratge de Io portar fins adara, à sos enfants e pichòts enfants. Jacme es un exemple de fòrça e d’umilitat per totes, e ne podètz èstre fièrs.

Pierre-Joan BERNARD

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