Heinrich Glazer dit Léon alias Bolivar (1907-08-1969)

Publication du
G.R.E.C. n° 228-229-230-231
(2e semestre 2021)

p. 48 à 57

Dossier coordonné par Pierre-Joan Bernard et Jean-Claude Richard Ralite

Introduction

Il n’existe pas de biographie suivie d’Henri GLAZER, né en Pologne dans une famille juive, connu dans la Résistance sous le nom de Capitaine Léon alias Bolivar, basé dans le secteur de Clermont-l’Hérault, et disparu dans le grand ouest canadien en 1969. Son activité durant la Seconde Guerre mondiale, sa place dans la Résistance dans l’Hérault et son rôle dans la Libération de Montpellier sont relatés de manière éparpillée dans l’ouvrage de Jacques-Augustin BAILLY 2. On trouve des renseignements directs de personnes qui l’ont côtoyé et qui ont combattu sous ses ordres dans l’ouvrage de François BERRIOT 3, tandis que le mémoire de Jean-Luc BOUNIOL rapporte souvent la légende noire du personnage, haï et redouté 4.Outre ces trois références, Henri GLAZER est souvent le grand absent de la bibliographie sur le sujet, figure méconnue ou occultée de la Résistance héraultaise.

Une personnalité énigmatique et controversée

Léon se nommait Henri GLASER, ses pseudonymes étaient Léon ou Bolivar. La « vox populi » en a fait un être vil et brutal, se complaisant dans les atrocités. Mais je pense que Léon a été jugé, non sur ses faits de guerre mais sur la besogne de bourreau qu’il a accompli à la Libération sur l’ordre du commandement FFI. Il ne s’est jamais porté volontaire. Si le général ZELLER, le colonel LEROY, commandant la place de Montpellier, lui ont accordé leur confiance, c’est que, sans doute possible, ils l’en ont jugé digne. Personnellement, je l’ai vu vivre et agir pendant des mois et je voudrais effacer l’image erronée que l’on a faite de lui. Peut-être son physique puissant a-t-il servi à faire vivre cette légende ? Effectivement, il avait une stature impressionnante, une voix rocailleuse avec un fort accent polonais, des petits yeux toujours en alerte, des paupières bouffies par le manque de sommeil et aussi par l’alcool. Malgré sa grande taille, il marchait silencieusement. On ne savait jamais où il était et il était toujours là. Je ne l’ai jamais vu hésiter à risquer sa vie pour répondre à l’appel d’un réfractaire ou d’un résistant pourchassé. Il était infatigable, amenant les uns, ramenant les autres, s’occupant de tous ces malheureux avec une brusque mais réelle amitié. On le craignait – et il aimait bien cela – mais chacun se sentait en sécurité auprès de lui. Ses qualités primordiales étaient son courage et sa rapidité d’exécution aux ordres reçus 5.

Fig. 1 : Portrait d’Henri GLAZER vers 1945 (ADH, 11F379)
Fig. 1 : Portrait d’Henri GLAZER vers 1945
(ADH, 11F379)

Ce portrait, dû à la plume élégante de Colette BEAUCLAIR-RONZIER JOLY qui l’a accueilli chez elle à Val Ombreuse en 1943 et 1944, dépeint une personnalité à la fois sensible et violente. Dans ses témoignages, Colette BEAUCLAIR a toujours cherché à gommer son côté sombre, en insistant sur le caractère presque « enfantin » du personnage 6. Au premier abord, c’est son physique singulier pour les Méridionaux qui impressionne : une haute stature, un visage slave aux pommettes saillantes avec des yeux bleus perçants (fig. 1). GLAZER, jusqu’à la Libération, a toujours gardé secret son identité, alimentant les spéculations sur cet étranger qui vient d’on ne sait où. « Il parlait très bien allemand, il parlait espagnol, il parlait toutes les langues et on ne comprenait rien du tout, en français particulièrement. 7 » Mais avant tout, GLAZER est un esprit libre et indépendant, jouant sur plusieurs tableaux, se cachant sous de multiples identités, ce qui n’est pas sans compliquer notre tâche de biographes.

Ses origines

Henri GLAZER (Heinrich en allemand, Henryk en polonais) est né à Tuszyn, petite ville du centre de la Pologne, située à une trentaine de kilomètres au sud de Lodz. Sa date de naissance est déjà problématique. Tous les documents officiels produits au Luxembourg et en France mentionnent le 17 avril 1907. Au Canada, il est enregistré né le 7 avril 1908.Si on se fie à son acte de mariage, il est le fils d’Hersz GLAZER et de Chaja HERSZKOWICZ. Nous avons interrogé les Archives d’État de Lodz, qui n’ont pas retrouvé sa trace dans l’état civil israélite de Tuszyn entre 1901 et 1909 8. Néanmoins, il a une sœur aînée, citée dans son dossier de demande de naturalisation 9, Hemie GLAZER, née en 1902, dont la naissance à Tuszyn nous a été confirmée par le service des Archives. Étant donné que ces documents ne sont pas encore numérisés et consultables à distance, nous n’avons pas poursuivi nos recherches pour ce qui concerne son environnement familial. GLAZER est un nom assez courant dans la région de Lodz, de même que des HERSZKOWICZ sont répertoriés à Tuszyn dans les diverses bases en ligne recensant les Juifs de Pologne avant la Shoah.

Tuszyn compte à la veille de la guerre, en 1939, 4 500 habitants 10. La communauté juive représente environ 40 % de la population depuis le XIXe siècle. Cette ville connaît une certaine prospérité avec l’installation d’artisans allemands, puis le développement de l’industrie textile et enfin la création d’un sanatorium dans les années 1920. Selon Marie-Claire DEMANGEL, « il est issu d’une famille de la bourgeoisie juive de Pologne, de la région de Lvov [sic pour Lodz ?] ; tout jeune homme, il a fondé un atelier de filature après avoir acheté de vieilles machines à tisser ; dès qu’il a gagné un peu d’argent, il est parti en Espagne se battre aux côtés des Républicains, durant toute la guerre civile 11 ». Au moment de son mariage en 1940, il déclare exercer la profession, moins flatteuse, de boucher (Metzger), dénotant des origines plus modestes. Dans son dossier de demande de naturalisation, il dit qu’il était commerçant avant la guerre, de même que son père.

A-t-il combattu en Espagne ? Son engagement dans les Brigades internationales au côté des Républicains espagnols n’est pas vérifié. Le nombre de Polonais volontaires qui ont rejoint les Brigades entre 1936 et 1938 est sujet à discussion. Il a même existé une compagnie de volontaires juifs polonais. Ce qui est certain, c’est qu’il a acquis une connaissance de la langue espagnole, attestée plusieurs fois, qu’il a pris ensuite pour noms de guerre Martinez et Bolivar, ce qui révèle un tropisme ibérique, et qu’il a noué des liens de confiance avec les guérilleros, sur lesquels il s’appuiera dans son action de résistant. Cependant, il ne fait pas allusion à ses années en Espagne dans son dossier de demande de naturalisation et déclare avoir résidé en Pologne à Lodz jusqu’en 1939. Quoi qu’il en soit, cette expérience est déterminante pour la suite de sa vie. Elle marque son engagement politique pour la liberté des peuples et contre le fascisme. Au moment de la dissolution des Brigades en septembre-octobre 1938, il est fort probable qu’il soit rentré en Pologne. Dans son dossier de demande de naturalisation, il affirme avoir participé à « la campagne de Pologne 1939 avec armée polonaise ». À son arrivée au Luxembourg en 1940, il semble bien fuir la guerre et l’invasion de son pays par les armées d’HITLER. Dans l’acte de mariage, il explique que « son père est dans l’impossibilité de lui donner son consentement, qu’il ne sait pas où se trouve sa mère, dont il est sans nouvelles depuis plus de six mois 12 ». Ainsi il perd la trace de ses parents au début de l’année 1940, vraisemblablement massacrés par les nazis ou morts en déportation.

De la Pologne au Sud de la France

C’est donc au Luxembourg que nous identifions formellement Henri GLAZER pour la première fois dans un document daté de septembre 1940. Fuyant l’Allemagne, il se retrouve coincé dans cette petite principauté aux portes de la France. À Luxemburg, il rencontre Klara GOTTSCHALK, une réfugiée juive allemande qui a quitté son emploi dans un magasin de vêtements de Coblence pour fuir le Nazisme et qui cherche également à gagner la France. Klara est née à Niederzissen, petite bourgade de la vallée du Rhin, de l’autre côté de la frontière en 1915 13.C’est une belle jeune femme blonde.

Vraisemblablement pour débloquer leur situation administrative et faciliter l’obtention d’un passeport, ils s’entendent pour arranger rapidement un mariage. Le jour de son anniversaire, le 25 septembre1940, Klara et Henri se marient à la Mairie de Luxemburg (fig. 2). À la même date, Klara fait une demande de passeport vers la France et quitte le territoire luxembourgeois le 20 décembre 14. Henri GLAZER et Klara GOTTSCHALK, dans leur dossier de demande de naturalisation, déclarent tous deux avoir résidé à Luxemburg, 12 rue de la Gare, entre 1939 et le 15 mai 1940, puis à Bruxelles, 16 rue de Hollande, du 10 mai 1940 (sic) au 19 janvier 1941. Même si cette chronologie n’est pas fiable, il est en effet possible qu’ils aient séjourné en Belgique, avant de rejoindre l’Hérault à partir de février 1941, selon leurs dires. En tout cas, GLAZER est réputé venir en provenance de Belgique dans les réseaux de Résistance.

Fig. 2 : Acte de mariage entre Heinrich Glazer et Klara Gottschalk à Luxemburg (Mairie de Luxemburg)
Fig. 2 : Acte de mariage entre Heinrich Glazer et Klara Gottschalk à Luxemburg
(Mairie de Luxemburg)

Dans l’acte de mariage d’Henri GLAZER, un détail retient notre attention. Parmi les témoins, on trouve son exact homonyme, Heinrich GLASER (seule la graphie avec un « s » permet de les distinguer). Ce tailleur juif est né lui aussi à Tuszyn, le 17 avril 1902. Il est installé à Luxemburg avec son épouse et leurs deux enfants. Cette famille émigre vers la France le 13 décembre 1940, et trouve refuge en Zone libre, plus exactement à Ganges dans l’Hérault, comme l’indique la liste d’israélites étrangers établie le 22 octobre 1942 par Camille ERNST, Secrétaire Général de la Préfecture de Montpellier 15. Or, nous retrouvons la trace d’Henri GLAZER et de Klara GOTTSCHALK à Ganges en novembre 1941, où vient au monde leur premier enfant. Les deux familles ont donc suivi la même filière qui les a conduits dans la région de Montpellier, et sont restées en contact. Ainsi Michaël IANCU relève qu’« une dizaine de familles juives originaires de Belgique et du Luxembourg trouvèrent refuge à Ganges où elles furent aidées par Lucie et Georges PASCAL-FÉVRIER, un couple de résistants exemplaire 16 ». Le dossier de demande de naturalisation de GLAZER mentionne qu’ils ont résidé dans un premier temps à Palavas-les-Flots de février 1941 à janvier 1942 ; quant à Klara GOTTSCHALK, elle donne les dates de résidence du 18 juillet 1941 au 10 mai 1942 à Palavas, avant de s’installer à Ganges, au 7 avenue de la gare, jusqu’en août 1944. À Ganges, bénéficiant de la bienveillance de la municipalité, Henri GLAZER se déclare « bûcheron », couverture qui lui laisse suffisamment de latitude pour s’absenter durant de longues périodes. Il y laisse sa famille en sécurité, n’y faisant que de brefs séjours, tout en prenant la précaution de ne pas se faire recenser comme juifs. En effet, c’est à partir de cette époque que GLAZER entre dans la Résistance.

La Résistance

Toujours dans son dossier de demande de naturalisation, Henri GLAZER affirme être venu en France pour « continuer la guerre dans la Résistance » et qu’il « a appartenu à la Résistance depuis 1941 ». Après la Libération, il rapporte les faits suivants : « Ayant été arrêté à Paris au mois de décembre 1941, a réussi à s’évader ; était en relation avec Londres depuis juillet 1941 17 ». À dire vrai, on ne sait rien de précis sur les activités de GLAZER entre 1941 et 1942, mais ces années enveloppées de mystère sont fondatrices. Il prétend être en relation avec Londres. Cela peut signifier d’une part qu’il est entré en contact avec la France libre du général DE GAULLE. « Les services rendus par Léon à de hautes personnalités de la Résistance, compagnons de la Libération remontent aux premières années de l’Occupation 18. » Mais d’autre part, GLAZER, croit-on également, est entré en contact avec l’Intelligence Service (services de renseignements anglais). Il aurait été même « le responsable des opérations spéciales auprès du chef régional du Service secret britannique dans la région de Montpellier 19 ». Ainsi revient-il dans l’Hérault en 1943, travailler pour Londres et pour son propre compte : « À organisé les premiers parachutages dans la région de Montpellier en 1943, a travaillé avec le major FLANDRE jusqu’à fin 1943 20. »

Fig. 3 : Henri GLAZER et Simone DEMANGEL à Montpellier après la Libération (ADH, 11F379)
Fig. 3 : Henri GLAZER et Simone DEMANGEL à Montpellier après la Libération
(ADH, 11F379)

Durant l’année 1943, Henri GLAZER se rapproche donc de la résistance montpelliéraine et en particulier de Georges FLANDRE (1899-1944), major de l’Armée du Salut, chef du service social de Combat, un des plus anciens mouvements de Résistance en France, de même que de Jean CAPEL et de Bir-Hakeim 21. Par le major FLANDRE, il va rencontrer les deux personnes qui vont le plus compter dans son existence jusqu’à la Libération : Simone DEMANGEL (fig. 3) et Maurice PLANÈS.

Simone Thérèse DEMANGEL 22 (1903-1995), fille de l’académicien Louis GILLET, est installée à Montpellier depuis 1928 et la nomination de son époux Robert DEMANGEL à la Faculté des Lettres. Ce dernier, au déclanchement de la Guerre, est retenu en Grèce par ses fonctions de directeur de l’Ecole française d’Athènes. Simone DEMANGEL, très investie dans le social, s’engage dès 1940 dans la Résistance dans les mouvements montpelliérains Liberté puis Combat. Elle s’illustre en 1942 dans l’organisation d’un service de placement d’enfants juifs pour les sauver de la déportation, puis en 1943, sous les ordres de FLANDRE, dans l’organisation d’un Service Social de la Résistance pour les internés politiques et leurs familles, « l’un des premiers services de ce genre sinon le premier en Zone Sud »,avant de servir d’agent de liaison entre Montpellier et Lyon 23. À partir d’avril 1943, elle travaille avec Maurice PLANÈS et comme agent de renseignement pour Henri GLAZER sous le nom de « Pauline ». Quant à Jules Maurice PLANÈS 24 (1911-1983), notable montpelliérain, propriétaire du domaine de Touchy, mutilé de guerre en juin 1940 et prisonnier rapatrié, il est le directeur de la Maison du Prisonnier de Guerre de Montpellier. En parallèle à cette activité officielle, il est le responsable régional du Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés (M.N.P.G.D.), qui s’organise en 1943 pour venir en aide d’abord aux prisonniers et déportés rapatriés, puis aux réfractaires et résistants pourchassés. Avec Simone DEMANGEL, Adolphe ANGLADA et Maurice LACROIX, il crée une cellule de santé pour apporter des soins médicaux aux résistants 25. Cette mouvance de la Résistance passe complètement sous les radars des Allemands et échappe ainsi à la saignée opérée par la Gestapo dans la résistance montpelliéraine en 1943-1944.

Toujours durant l’année 1943, Henri GLAZER prend position dans le secteur de Lodève et de Clermont l’Hérault, à la demande de Maurice PLANÈS 26, et se fait connaître d’abord sous le nom de Martinez. Il est en contact avec les chefs de la résistance locale : VOUZELLAUD à Lodève et DEMARNE à Clermont. Ce serait DEMARNE lui-même qui lui aurait donné le surnom de « Bolivar 27 ». Il travaille de concert avec Simone DEMANGEL, « chargée de nombreuses missions de renseignements, circulant à bicyclette et le plus souvent de nuit 28 », qui lui apporte les ordres de Maurice PLANÈS, auquel il obéit. Il se lie également avec les groupes clandestins de guérilleros espagnols. À Clermont, il est hébergé rue Lamartine chez Eva DELMAS, membre du réseau de PLANÈS, et dispose d’un point de chute rue Lamenais dans une maison donnant sur le Rhônel 29. À partir du second semestre 1943, il est accueilli régulièrement à Val Ombreuse, propriété isolée au sud de Clermont, par Colette RONZIER JOLY 30, et logé de manière permanente vraisemblablement à partir de décembre, sortant chaque nuit. Après l’arrestation de VOUZELLAUD en avril 1944, il quitte définitivement Lodève et concentre son action autour de Clermont-l’Hérault. Ce serait à ce moment-là qu’il aurait pris pour nom de guerre Léon 31. Cela concorde chronologiquement avec la formation de son propre groupe : le « Corps Franc Léon ».

Vers le printemps 1944 (plutôt que l’hiver 1943-1944), Maurice PLANÈS autorise Henri GLAZER à constituer son propre maquis, rattaché au M.N.P.G.D, et organisé avec l’aide de Simone DEMANGEL. Il installe un campement dans la propriété de Val Ombreuse, sur le territoire de la commune de Lieuran-Cabrières, à proximité du cimetière privé de la famille RONZIER JOLY. Il conduit des actions de terrain de façon autonome avec son Groupe Franc, dit Groupe du capitaine Léon, et parfois de concert avec le maquis Bir-Hakeim.

Bientôt ce groupe devint un maquis de 70 hommes, armés et motivés. Le Corps Franc Léon, tel était son nom, passa à l’action avec d’autres groupes M.N.P.G.D. de la région : prises de petits dépôts d’armes de l’armée allemande, sabotages ponctuels des réseaux d’électricité et de téléphone et sur certaines voies ferrées juste avant le passage signalé de transports de l’armée allemande. Ces actions se développèrent surtout après le débarquement en Normandie le 6 juin 1944 32.

En effet, l’action du groupe s’intensifie à l’été 1944, en même temps ses effectifs sont renforcés au mois d’août par le ralliement de guérilleros espagnols et de policiers. Il reçoit alors un parachutage d’armes et d’argent 33. Le Corps Franc Léon est surtout spécialiste des coups de mains spectaculaires, de sabotages, mais aussi de pillages beaucoup moins consensuels. Ainsi, le 11 août 1944, à 6h du matin, il serait l’auteur du vol d’effets militaires et civils dans un wagon en gare de Clermont-l’Hérault, tandis que le même jour, à 15h, il aurait attaqué le coffre de la Société Générale avec un joli butin à la clé 34. Toutes ces actions de banditisme visent bien-sûr à affaiblir des forces de l’occupant et à déstabiliser le Régime de Vichy.

La Libération de Montpellier

Le 19 août 1944, dans l’après-midi, selon les témoignages de Jean SOTO, Colette BEAUCLAIR et de Joseph SENATORE, l’état-major du M.N.G.P.D., composé de Maurice PLANÈS et Georges KOUZNETZOFF, débarque à Val Ombreuse 35. C’est le moment pour la « troupe de choc 36 » de Maurice PLANÈS d’entrer en action pour libérer Montpellier. En effet, Maurice Planès a reçu du Mouvement de libération nationale (M.L.N.) la direction de ces opérations, avec la mission de coordonner les différents groupes urbains montpelliérains 37. Le 19 août, la ville est en train d’être évacuée par les troupes allemandes et les miliciens. Le Corps Franc Léon doit prendre possession des lieux stratégiques au plus vite. Une partie des hommes part donc vers Montpellier et s’installe aux portes de la ville, au domaine de Touchy, près de la route de Toulouse pour passer la nuit dans la propriété de Maurice PLANÈS. Le 20, ils entrent dans Montpellier et se joignent au reste des troupes de PLANÈS. GLAZER, lui, temporise. Il attend le retour de Simone DEMANGEL pour l’informer de la réalité de la situation. « Le 21 au matin, elle revient me porter les plus précieux renseignements qui me décident à rentrer dans Montpellier. En effet, le même jour, j’entrais dans la ville avec mon Corps Franc, composé de 35 hommes 38. » Le lundi 21 août, c’est l’effervescence de la Libération 39. La ville exulte. Les premiers maquisards arrivent sur des camions, avec à leur tête Henri GLAZER, conduit dans une Traction-avant décapotable (fig. 4). Le maquis Léon prend le contrôle de la Préfecture, de l’Intendance de Police, de la Caserne Lauwe (siège de la Milice), procède à l’arrestation des chefs de l’administration de Vichy, organise la passation de pouvoir avec le nouveau commissaire de la République Jacques BOUNIN, en même temps qu’il sécurise les derniers points clés de la ville 40. Il installe son Q.G. à l’école Legouvé, rue Louis-Blanc, et investit également la Citadelle. GLAZER peut dire fièrement qu’« il est entré le premier à Montpellier à la tête de son maquis 41 ».

Fig. 4 : Henri Glazer paradant place de la Comédie à Montpellier le lundi 21 août (ADH, 11F379)
Fig. 4 : Henri Glazer paradant place de la Comédie à Montpellier le lundi 21 août (ADH, 11F379)

Le jeudi 24 août, les colonnes allemandes en provenance de Rodez sont signalées en direction de Montpellier 42. Sur ordre de Jacques BOUNIN, les Milices patriotiques (résistants et volontaires) sont postées sur toutes les routes aboutissant à Montpellier, à environ 2 km du centre. À la suite de l’altercation de Bel-Air et Grabels, le Commandant d’Armes, le Lieutenant-colonel ARSAC, décide de monter une opération pour protéger Montpellier. La garnison de Montpellier se compose alors de 900 hommes. Dans la nuit du 24 au 25, « le groupe franc Léon, posté à Celleneuve, voit défiler une colonne partielle motorisée qui s’empare au passage d’une des autos de ce détachement F.F.I. et continue son mouvement en direction du Château d’O 43.  » La colonne allemande prenant la direction de Montferrier, les hommes armés se portent le 25 à l’aube à Montferrier. Le combat s’engage. Les positions des troupes de Libération est critique. Le Corps Franc Léon, resté stationné à Celleneuve, est appelé en renfort en début d’après-midi. Il charge l’arrière-garde de la colonne qui se débande et se découvre ainsi aux tirs des autres groupes. Le combat cesse vers 16 h, les derniers soldats allemands sont faits prisonniers. L’action des hommes d’Henri GLAZER fut décisive dans la victoire, mais son rôle fut minimisé dans l’histoire officielle de la bataille 44. Le dimanche 27, arrivent le gros des maquis F.F.I. avec à leur tête Gilbert DE CHAMBRUN et le Lieutenant-colonel LEROY.

Entre-temps, le mercredi 23 août, GLAZER serait revenu au campement et aurait participé à une opération aux côtés des hommes du maquis Bir-Hakeim sous le nom de Müller dit « Léon » 45. Bir-Hakeim a pour mission de surveiller les mouvements des colonnes allemandes et de les harceler, afin de retarder leur déplacement vers la vallée du Rhône 46. Les Biraquins montent une embuscade entre Mourèze et Villeneuvette sur la D908 (ancienne N609), pour attaquer la colonne allemande en provenance de Toulouse et Albi. Vers 10h, ils ouvrent le feu sur une troupe de 150/200 soldats de la Wehrmacht arrivant de Bédarieux. L’assaut fait neuf morts et une quinzaine de blessés du côté allemand. Müller monte encore la garde toute la nuit du23 au 24, jusqu’au petit matin. Faut-il croire qu’après un court sommeil l’infatigable Léon soit reparti vers Montpellier ?

Ces journées de la Libération de Montpellier se concluent le 2 septembre en grande pompe avec l’arrivée du général DE LATTRE DE TASSIGNY à la tête de la 1ère armée débarquée en Provence deux semaines plus tôt. Une parade militaire avec défilé dans les rues de la ville et passage en revue des maquis sur l’Esplanade célèbre solennellement la fin de l’occupation allemande dans la région. Henri GLAZER y participe avec son Corps Franc en bonne place (fig. 5 et 6). En effet, il jouit à Montpellier d’un grand crédit auprès des autorités F.F.I. : LEROY, CHAMBRUN et plus tard ZELLER, commandant militaire de la région de Montpellier 47. Le chef régional, le colonel Gilbert DE CHAMBRUN, écrit ainsi en novembre 1944 : « Le Capitaine Léon s’est montré un officier courageux, discipliné et plein d’allant. Sa conduite peut être citée en exemple parmi les combattants F.F.I., et il a servi la France, sa seconde patrie, comme si c’était sa patrie tout court 48. »GLAZER va leur rendre encore de grands services, en se chargeant notamment des « basses besognes ».

Fig. 5 : Le Corps Franc Léon sur l’Esplanade à Montpellier le 2 septembre 1944 (ADH, 11F379)
Fig. 5 : Le Corps Franc Léon sur l’Esplanade à Montpellier le 2 septembre 1944
(ADH, 11F379)
Fig. 6 : Le Corps Franc Léon sur l’Esplanade à Montpellier le 2 septembre 1944 (ADH, 11F379)
Fig. 6 : Le Corps Franc Léon sur l’Esplanade
à Montpellier le 2 septembre 1944 (ADH, 11F379)

Après les cris de joie, vient l’heure des comptes et de l’épuration. Dès les premiers jours de la Libération, Henri GLAZER se lance dans la recherche des collaborateurs qu’il arrête ou exécute. À Montpellier, est institué un tribunal d’exception pour juger les miliciens, préfets et chefs de la police de Vichy. Durant les deux premières semaines de septembre, la cour martiale F.F.I. prononce 72 sentences de condamnation à mort 49. Les exécutions ont lieu sur le champ de tir, au polygone d’artillerie, sous la Citadelle (actuel Lycée Joffre). Les autorités de Libération confient à Henri GLAZER le commandement du peloton d’exécution des condamnés à mort : il sera celui qui donne les coups de grâce. Cet épisode marquera durablement les consciences et contribuera à sa légende noire 50.

En parallèle, GLAZER continue à travailler avec Maurice PLANÈS et Simone DEMANGEL. PLANÈS, au nom du M.N.P.G.D., est chargé de la surveillance des prisonniers allemands, rassemblés dans les bâtiments de l’hôpital psychiatrique de Font-d’Aurelle (actuel hôpital La Colombière) 51. Le Corps Franc Léon en assure la garde. GLAZER, qui connaît bien l’allemand, interroge les soldats à la recherche de criminels de guerre. Une fois les aveux obtenus, il les exécute lui-même, d’une balle dans la nuque 52. Ses méthodes radicales font scandale. Maurice PLANÈS se voit contraint de se séparer de son loyal serviteur à la fin du mois de septembre 1944. Henri GLAZER est chargé également de regrouper les Polonais et les Russes de la région R.3. (Sud de la France), avec l’aide de Simone DEMANGEL 53. Il constitue une importante compagnie d’étrangers résistants, d’environ 400 hommes, en majorité Polonais 54. Ce groupe devient, à la demande des autorités, un corps de police militaire F.F.I. actif à l’automne 1944 55. GLAZER obtient ainsi le grade de Commandant des Forces françaises de l’intérieur. « Avec ses éléments, il a rendu de grands services pour le maintien de la sécurité publique et la recherche des traitres : on lui doit notamment l’arrestation d’un important agent de la Gestapo de la région 56. » On retrouve enfin GLAZER à la tête d’une compagnie de 40 guérilleros en décembre 1944 dans les Pyrénées-Orientales, appelés de Montpellier pour déloger un groupe de miliciens et d’Allemands dans le secteur de Mosset, près de Prades 57. Il s’agit d’un des derniers faits d’armes connus du « commandant Léon ». Henri GLAZER revient à la vie civile à la fin de l’année 1944, à la suite de la liquidation par le colonel ZELLER des différents groupes F.F.I. le 24 décembre 1944 58.

L’après-guerre et le départ pour le Canada

Après des années de guerre et de clandestinité, la réinsertion sociale d’Henri GLAZER se révèle difficile (fig. 7). Il s’installe avec sa famille à Montpellier avenue du Professeur-Grasset puis rue de l’Abbé-de-l’Epée, mais le retour à une vie normale s’avère impossible. Il n’exerce pas d’activité professionnelle, il devient infréquentable. Le couple dépose en 1945un dossier de naturalisation, mais les rapports de police assassins compromettent leurs chances devoir aboutir leur demande 59. Il quitte Montpellier et refait sa vie à Toulouse en 1948. Sa demande de naturalisation se trouvant rejetée en 1949 et ne se sentant plus en sécurité en France, il part en 1951 pour le Canada, d’abord au Québec à Montréal, puis en Colombie Britannique à Vancouver. Ces années outre-Atlantique alimentent les spéculations en tout genre : révolutionnaire en Amérique du Sud, agent du Mossad…

Quand Marie-Claire DEMANGEL lui rend visite avec sa famille durant l’été 1965, il vit seul avec son chien dans une vaste propriété à Cloverdale, dans la campagne proche de Vancouver, se nourrissant presque exclusivement de viande et retrouvant ses gestes naturels de boucher 60. Il élève quelques bovidés et s’absente souvent pour aller pêcher le saumon dans le grand nord. L’année suivante, en 1966, la nouvelle de sa mort se répand en France 61. A-t-il voulu se faire oublier ? Il déménage à quelques kilomètres, à North Surrey, dans la banlieue pavillonnaire de Vancouver. Il y décède d’une crise cardiaque le 27 mars 1969 (fig. 8). On apprend par son acte de décès qu’il a obtenu la nationalité canadienne. Il est enterré dans le Schara Tzedeck Cemetery à New Westminster, cimetière juif de Vancouver (fig. 9).

Fig. 7 : Portrait d’Henri Glazer vers 1945 (ADH, 11F379)
Fig. 7 : Portrait d’Henri Glazer vers 1945 (ADH, 11F379)
Fig. 8 : Acte de décès d’Henri Glazer (Surrey Archives)
Fig. 8 : Acte de décès d’Henri Glazer (Surrey Archives)
Fig. 9 : Tombe d’Henri GLAZER au Schara Tzedeck Cemetery (photographie D. Lach)
Fig. 9 : Tombe d’Henri GLAZER au Schara Tzedeck Cemetery (photographie D. Lach)

Il y a un monde… oui, il y a un monde entre un résistant de la taille du Commandant Léon et un résistant de base qui, dans sa commune, dans son métier, joue un rôle modeste de renseignement, d’information, de correspondant d’un maquis et qui, rarement, participe à des actions de combat. Heinrich GLAZER, par ses origines et sa vie entre 1939 et 1944, n’avait aucun doute sur les buts poursuivis par les Allemands tant dans la conquête de territoires (dont la Pologne) que dans le contrôle de tous les pays soumis, avec l’élimination programmée des opposants et des communautés qu’ils avaient décidé de détruire au nom de la « race aryenne » ! Son engagement sans faille jusqu’à la Libération en ont fait un personnage majeur de celle-ci, mais ses méthodes abruptes lui ont créé des adversaires auxquels il doit de n’avoir pas pu obtenir la nationalité française, alors que ses enfants étaient français ! À la conquête… de l’Ouest canadien, il vivra à Vancouver comme éleveur et nouera des liens avec les autochtones du Nord-Ouest. Il n’était plus question de la France et son souvenir s’effacera peu à peu dans la mémoire de celles et ceux qui l’avaient connu au moment de la guerre : sa biographie lui fait justice, aujourd’hui, et son image restituée accompagnera celle des chefs et des résistants de l’Hérault.

NOTES

  1.Les auteurs remercient pour leur concours à cette biographie : André Balent, Paul-André Baril, Françoise Beauclair, François Berriot, Brigitte Decker, Sonia Glazer, David Lach, Christine Masse, Marie-Claire Pathy-Demangel, Élisabeth Perrier, Brigitte Saint-Pierre et Brunhilde Stürmer, ainsi que les institutions et mairies qui ont répondu à nos sollicitations.

  2.Jacques-Augustin BAILLY, La Libération confisquée. Le Languedoc 1944-1945, Paris, Albin Michel, 1993.

  3.François BERRIOT, La France libre, la Résistance et la Déportation (Hérault, Zone Sud). Témoignages, Paris, L’Harmattan, 2010.

  4.Jean-Luc BOUNIOL, Le canton de Clermont-l’Hérault pendant la Seconde Guerre mondiale, mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine, Jules Maurin (dir.), Université Paul-Valéry Montpellier III, 1995.

  5.Discours prononcé par Colette Beauclair lors de sa décoration à la Mairie de Clermont-l’Hérault le 29 octobre 1994.

  6.François BERRIOT, op. cit., p. 84-86.

  7.Témoignage recueilli par Régine et Pierre-Joan Bernard auprès de Colette Beauclair en 2009.

  8.Courrier de l’Archiwum Panstwowe w Lodzi en date du 12 février 2021.

  9.Archives départementales de l’Hérault, 2W463.

 10.Informations extraites du Wikipedia polonais.

 11.François BERRIOT, op. cit., p. 102.

 12.« der Vater des Bräutigams in der Unmöglichkeit seinen Willen kund zu tun, da verschieden, die Mutter ohne bekannten Stand und Aufenthalt, welche seit mehr als sechs Monaten keine Nachrichten von sich gegeben hat ».

 13.Brunhilde STÜRMER/Brigitte DECKER, The Long Way. The history of the jewish families of the synagogue congregation of Niederzissen in Brohl Valley, Kultur und Heimatverein Niederzissen, 2017.

 14.Source www.ushmm.org.

 15.Archives Capitaine Pavelet, documentation Jean-Claude Richard.

 16.Michaël IANCU, Spoliations, déportations, résistance des Juifs à Montpellier et dans l’Hérault, 1940-1944, Avignon, Éditions A. Barthélemy, p. 140.

 17.Archives départementales de l’Hérault, 182J2, fiche de demande d’admission d’Henri Glazer à l’A.N.A.R., avril 1945.

 18.Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 210.

 19.Ibidem, p. 115.

 20.Archives départementales de l’Hérault, 182J2.

 21.Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 115.

 22.Sur Simone Demangel, voir François BERRIOT, op. cit., p. 99-103.

 23.Archives municipales de Montpellier, 1K669, dossier Simone Demangel, conseillère municipale.

 24.Sur Maurice Planès, voir Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 93-94. « Maurice Planès est certainement une des figures les plus originales de la Résistance dans la région. Gaulliste, c’est un Cincinnatus qui n’a jamais éprouvé, après-guerre, de se raconter ou de faire carrière. Discrétion due sans doute à sa modestie naturelle et aussi, peut-être, aux liens tissés avec les Services secrets britanniques. »

 25.Adolphe ANGLADA, La libération de Montpellier Août 1944, autoédition, 2006, p. 9-12.

 26.François BERRIOT, op. cit., p. 84.

 27.Jean-Luc BOUNIOL, op. cit., p. 93. Jean Soto, un de ses plus fidèles lieutenants, fait justement remarquer qu’il se fait appeler Léon par ses hommes et « par d’autres Bolivar ». François BERRIOT, op. cit., p. 74.

 28.Archives municipales de Montpellier, 1K669.

 29.Témoignage recueilli par Brigitte Saint-Pierre.

 30.Henri Glazer est reçu à Val Ombreuse par Colette durant l’absence de sa mère, Marguerite, partie en Alsace à Haguenau auprès de sa fille France qui venait d’accoucher en août 1943. Voir l’article sur le maquis Léon dans ce volume.

 31.Archives départementales de l’Hérault, 2W463, voir le rapport complet (très hostile) en annexe.

 32.Extrait du discours prononcé par Colette Beauclair lors de sa décoration à la Mairie de Clermont-l’Hérault le 29 octobre 1994. Pour de plus amples détails, nous renvoyons aux témoignages de Jean Soto, Colette Beauclair et Joseph Senatore parus dans l’ouvrage de François BERRIOT, op. cit., p. 71-97.

 33.Témoignage de Colette Beauclair. Ce parachutage, tombé dans le tènement de Font d’Arques, est signalé à la gendarmerie de Montagnac par la municipalité de Lieuran-Cabrières (témoignage de Régine Bernard).

 34.Fiche de Gérard Bouladou dans le cadre de la préparation de son ouvrage L’Hérault dans la Résistance, 1940-1944, édité par Jean-Claude Richard. Voir également le rapport « à charge » sur les pillages en annexe (ADH, 2W463).

 35.François BERRIOT, op. cit., p. 76, 86 et 95.

 36.C’est ainsi que Maurice Planès appelait le maquis Léon (témoignage de Colette Beauclair).

 37.Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 202 et Jean-Luc BOUNIOL, op. cit., p. 120.

 38.Archives municipales de Montpellier, 1K669, Proposition pour la croix de la Libération pour Madame Simone Demangel, signé « Capitaine Léon Bolivar ». Dans l’état de service de Simone Demangel, il est fait le récit suivant : Sur la demande des autorités encore clandestines qui voulaient entrer en fonctions au plus tôt, demande transmise par le commandant Olivet au capitaine Planès, [elle] partit prévenir le groupe de résistants M.N.P.G.D. de Vailhauquès et le maquis Bolivar cantonné à Valombreuse près Clermont-l’Hérault, de descendre sur Montpellier ([Lundi] 21 août) ; ces éléments, soit trente-cinq hommes, arrivèrent dans la nuit à la porte de Montpellier (mas de Touchy, propriété de Planès, à côté du Champ de manœuvres), après avoir fait quelques prisonniers allemands. Le lendemain matin, [mardi] 22 août, ils prirent place à l’école Louis-Blanc, et à la fin de la matinée, à la Citadelle, faisant de nouveaux prisonniers allemands et capturant du matériel. Jusqu’à la fin de la semaine, il n’y eut pas dans Montpellier d’autre maquis. Ces quelques hommes, auxquels se joignirent les milices patriotiques et des troupes coloniales restées sur place après le départ de la garnison allemande (dans la nuit du 20 au 21 août), livrèrent quelques petits combats sur les arrières ennemis et sur des colonnes et traînards – surtout le 25 à Montferrier, où il y eut plusieurs tués. Pauline tenait le bureau du 9 boulevard Louis-Blanc, en face Grossetti, ouvert presque jour et nuit, préparant les ordres de mission, les rapports, les bons de repas pour tous les volontaires. Pendant une semaine environ, avant l’arrivée des grands maquis et l’établissement du vrai Quartier Général et de l’État-Major, c’est là que se tint le Q.G. de la Résistance.

 39.Le combat de Montferrier. La Libération de Montpellier, août 1944, Montpellier, Aristide Quillet, 1945, p. 22.

 40.Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 210 et Jean-Luc BOUNIOL, op. cit., p. 120.

 41.Archives départementales de l’Hérault, 182J2.

 42.Sur le Combat de Montferrier, voir la contribution de Jean-Claude Richard dans ce volume et l’ouvrage éponyme cité ci-dessus. Sur le rôle du Corps Franc Léon : Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 226-227.

 43.Le combat de Montferrier, op. cit., p. 79.

 44.Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 228.

 45.Fiche de Gérard Bouladou dans le cadre de la préparation de son ouvrage L’Hérault dans la Résistance, 1940-1944, édité par Jean-Claude Richard.

 46.John HARRIS et Jean-Claude RICHARD, « La Libération de Montpellier (1944) d’après les témoignages inédits d’Andrew Croft, François Rouan et Gilbert de Chambrun », Études sur l’Hérault, N.S. 9, 1993, p. 59-72.

 47.Jean-Luc BOUNIOL, op. cit., p. 126.

 48.Archives départementales de l’Hérault, 2W463.

 49.Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 263-278.

 50.Voir le témoignage glaçant de Jean Bennac dans François BERRIOT, op. cit., p. 181.

 51.Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 391.

 52.François BERRIOT, op. cit., p. 77 et 87.

 53.Archives municipales de Montpellier, 1K669.

 54.Archives départementales de l’Hérault, 2W463.

 55.Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 300.

 56.Archives départementales de l’Hérault, 2W463, attestation du colonel Gilbert de Chambrun, reproduite dans François BERRIOT, op. cit., p. 105.

 57.Archives départementales des Pyrénées-Orientales, 31W32. Renseignements communiqués par M. André Balent. Voir son article dans Le Midi rouge, n° 14 (2009).

 58.Jacques-Augustin BAILLY, op. cit., p. 375.

 59.Archives départementales de l’Hérault, 2W463. Voir le document en annexe.

 60.Témoignage recueilli par Jean-Claude Richard et Pierre-Joan Bernard à Assas en novembre 2019.

 61.Colette Beauclair nous a rapporté qu’il serait mort brûlé dans sa ferme (témoignage recueilli par Régine et Pierre-Joan Bernard en 2012).