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Description
Martyrs, Résistants et Libérateurs : une héroïsation de la liberté
* Professeur honoraire, agrégé EPS, docteur en sociologie, diplômé de L’INSEP.
p. 193 à 198
Les représentations sociales de la libération de Montpellier se sont construites sur les récits de la Résistance (habitants et maquisards) et des militaires français ou alliés. Au fil du temps, de nombreuses publications sur cet événement ont enrichi notre mémoire collective. Comment ont-elles influencé la manière d’observer, d’interpréter, de comprendre, voire de mieux expliquer cette période de notre histoire et d’en construire « un outil » de solidarité sociale ? L’héroïsation d’acteurs remarquables a permis de modéliser des comportements sociaux de résistance envers toute forme de domination, voire d’oppression. C’est un élément nécessaire à la transmission d’une mémoire collective…
Mots clés : récits, histoire, héros, liberté.
Les représentations sociales de la libération de Montpellier se sont construites sur les récits de la Résistance (habitants et maquisards), des militaires français et alliés. Au fil de la lecture de nombreuses publications sur les événements clés porteurs d’une mémoire collective, de nouvelles trames explicatives sont explorées. Dès lors, il semble nécessaire d’aborder les changements dans la manière d’observer, d’interpréter, de comprendre, voire de mieux expliquer cette période de notre histoire. Cette approche épistémologique sera brève afin de respecter les contraintes éditoriales.
Nous sommes sensibles à l’évolution du vocabulaire scientifique, signe d’un regard neuf sur les problématiques historiques. La citation des travaux de différents historiens nous permet de relever les signes de ces changements et l’impact du « temps réflexif » sur l’interprétation d’un événement. En effet, au cours du processus de recherche, le chercheur ajoute sa propre voix réflexive. Par exemple, lorsqu’il travaille sur le discours des acteurs, le chercheur peut (se) demander pourquoi ils ont choisi telle manière de raconter… et l’héroïsation d’un personnage prend alors les couleurs qu’implique le contexte historique.
En 1945, l’ouvrage « La libération de Montpellier Août 1944 – Le combat de Montferrier 1 », rédigé par Le Lieutenant-colonel Leroy et Jules Véran, marque le temps final de la présence militaire allemande dans la ville et le point de départ de notre réflexion. La préface du 17 mars 1945 d’Émile Martin, maire de la ville, mérite d’en retenir les extraits ci-après :
Le sentiment de la justice et le souci de préserver les générations à venir des atrocités que nous avons vécues nous imposent le sévère devoir de ne jamais oublier les crimes et les souffrances entrainés par la guerre (…) Le départ des Allemands, la courageuse et utile intervention des FFI et de la résistance armée, la substitution des pouvoirs insurrectionnels aux agents des gouvernements de Vichy, les manifestations inoubliables de la joie et de l’enthousiasme populaires – méritaient d’être fidèlement rapportés en un récit d’ensemble sincère et objectif, plus facile à consulter que les documents d’archives (…) Ceux qui ont vécu les événements rapportés comme ceux qui les ignoraient liront avec autant d’intérêt que d’émotion ces pages sincères et ardentes, fidèle témoignage sur des journées historiques et hommage pieux aux héroïques combattants de la résistance et de la libération ».
Ce texte rédigé près de deux mois avant la capitulation des Allemands du 8 mai 45, témoigne d’une reconnaissance officielle envers les résistants et les forces armées. Mais il est aussi le reflet des perceptions psychologiques de la population. C’est en même temps une mise à distance de « Vichy » par l’instauration des « jours lumineux » de la Libération. Les nouveaux pouvoirs sont mis en place le 23 août 1944. Le maire Émile Martin est nommé et les représentants des cinq mouvements de la Résistance l’assistent : le mouvement de Libération nationale (MLN), le Front National (FN), la C.G.T., le parti socialiste et le parti communiste 2.
Au fil des pages, les événements journaliers sont interprétés par leurs acteurs et témoins. L’engagement des mouvements de la résistance porte, au sens le plus fort, le symbole pour les montpelliérains d’une volonté de libération du Pays tout entier. C’est un ouvrage empreint de l’émotion d’un temps nouveau… et une pluralité de héros émerge selon les responsabilités qui leurs sont attribuées.
Nous retenons, ci-après, les résultats de plusieurs recherches afin de mieux comprendre, avec le recul de l’historien, quelques événements de l’occupation, puis de la libération de Montpellier, selon la démarche annoncée. Nous citons l’essentiel de l’argumentation des auteurs retenus, choisi en complément des contributions apportées à cette commémoration des 80 ans de la Libération de la ville. Un renvoi aux ouvrages de référence est proposé pour faciliter un éventuel approfondissement de la réflexion.
Les représentations sociales
Le « corps à corps » d'une négociation : le rapport de Louis Clouscard
Épilogue de l'évènement
Conclusion
Notes
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Informations complémentaires
Année de publication | 2024 |
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Auteur(s) | Christian GUIRAUD |
Nombre de pages | 6 |
Disponibilité | Téléchargeable au format pdf |