Description
In Memoriam – Jean Nougaret (1939-2013)
Jean Nougaret vient de nous quitter. Qui d’entre nous n’a pas ressenti, dès qu’il en a appris la nouvelle, une profonde émotion et une réelle tristesse ?
De sa fondation en 1970 à la veille de sa disparition, c’est-à-dire pendant presque quarante-cinq ans, il a été le témoin, et bien souvent l’un des principaux acteurs, du succès de notre revue et de ses renouvellements successifs. Pour tous ceux qui n’ont pas suivi de près ou de loin cette aventure, il était un des grands connaisseurs de l’art languedocien médiéval, dans le sillage de son « maître » et ami Robert Saint-Jean et un des piliers, pendant toute une génération, de l’Inventaire des monuments et richesses artistiques de la France dont nous devons l’idée à André Malraux et la mise en place à André Chastel. Malgré son rôle, souvent essentiel, dans d’autres institutions savantes ou culturelles, les Études et l’Inventaire ont été sans aucun doute pour lui ses deux grandes passions publiques.
C’est à la Faculté des Lettres de Montpellier, à l’époque située encore dans la ville intra muros, qu’il effectue autour de 1960 ses études universitaires. Il y bénéficie notamment en histoire de l’Art antique et en archéologie de l’enseignement d’Hubert Gallet de Santerre, futur doyen et recteur et en histoire de l’art moderne de celui de Jean Claparède, conservateur inoublié du Musée Fabre. C’est sous la direction du premier, qu’il prépare et soutient en 1962 son diplôme annexe d’Études supérieures sur Les bronzes figurés antiques conservés par la Société archéologique de Montpellier et sous celle du second son diplôme principal sur Alexandre Cabanel, peintre montpelliérain du XIXe siècle, alors au purgatoire. À partir de ce moment, et jusqu’aux derniers mois de son existence, il sert sans répit sa passion pour l’Histoire de l’Art et l’Archéologie en privilégiant celles du Moyen Âge et des Temps modernes sans pour autant mesurer son admiration pour Alexandre Cabanel ni, plus largement, son intérêt pour l’époque contemporaine.
C’est à l’Inventaire qu’il fait toute sa carrière. Il y entre en 1968 comme chercheur contractuel auprès de la Commission régionale du Languedoc-Roussillon, dont il est secrétaire du 1er juin 1970 au 26 octobre 1982, et s’y dévoue jusqu’à sa retraite prise en 2004 en tant que conservateur en chef. L’article qu’il consacre en 1973 dans notre revue à cette institution créée en 1964 montre qu’il en connaît toutes les structures et qu’il a immédiatement perçu tous les avantages que peuvent en retirer, non seulement l’Histoire de l’Art mais aussi l’aménagement urbain et rural. Aux différents niveaux de responsabilité qu’il y occupe, encouragé et stimulé par ses collègues et ses collaborateurs, il entend contribuer à réaliser le double but fixé par ses créateurs : « recenser et faire connaître la totalité des éléments existants ou disparus du patrimoine artistique (au sens large du terme) » dont notre région est la dépositaire. Dans l’accomplissement de ce vaste et ambitieux projet de constituer les Archives de l’Art du Languedoc-Roussillon, il participe à toutes les étapes. Le Préinventaire en est la première. Celui-ci consiste à prospecter « de commune en commune, de maison en maison » avec l’aide de « tous ceux qui, conscients de l’importance de notre capital artistique et des conditions dramatiques de sa conservation, veulent s’attacher à sa défense ». La seconde correspond d’abord à l’établissement de dossiers scientifiques particuliers destinés à offrir des bases à des recherches sur des espaces plus vastes débouchant sur des publications de référence. La première enquête systématique est lancée en 1970 et porte sur le canton d’Aigues-Mortes. Elle donne lieu à une publication exemplaire trois ans plus tard. En tant que secrétaire général de la Commission régionale tout d’abord et du Service régional de l’Inventaire par la suite, il a à coeur de 1970 à 1982 de définir le programme d’autres vastes enquêtes et de soutenir tous ceux qui y oeuvrent, afin d’aboutir à la publication d’ouvrages de synthèse. C’est notamment le cas de celle consacrée au centre historique de Montpellier qui s’achève au début des années 1990, Francine Arnal en assurant alors la coordination générale. Dans cette aventure de l’Inventaire, Pézenas n’est pas oubliée. C’est ainsi que cette ville qui avait notamment accueilli les États généraux de Languedoc et les princes de Conti, fait, elle aussi, l’objet d’une enquête systématique qui donne matière, à son tour, en 1998 à une publication. Jean Nougaret ne peut y être indifférent : presque trente ans plus tôt, n’a-t-il pas soutenu une thèse sur Pézenas. Évolution urbaine et architecturale du XVIe à la fin du XVIIIe siècle sous la direction de Jean Claparède ? C’est pour son action sans répit au service de l’Inventaire qu’il reçoit dès 1982, des mains du ministre de la culture Jack Lang, la médaille de chevalier des Arts et des Lettres. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2014 |
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Nombre de pages | 4 |
Auteur(s) | Henri MICHEL |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |