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Notes d’Archéologie campanaire

Jean NOUGARET (article complet)

Ces quelques pages n’ont pas d’autre but que de faire le point sur un sujet particulier d’archéologie touchant notre ville. Nous n’avons pas la prétention d’être exhaustifs et il est bien évident que cette enquête campanaire devra être complétée, tant pour la ville de Pézenas elle-même, objet de cet article, que pour les communes qui composent le canton.

(I) INDEX ALPHABÉTIQUE DES FONDEURS DE CLOCHES

Cet index regroupe à la fois les artisans originaires de la ville, les tondeurs qui ont fait de Pézenas leur centre d’opération commerciale, ceux enfin, qui y ont travaillé occasionnellement.

  • BONNENFANT André : Né à Pézenas en 1771, mort à Bédarieux le 27 octobre 1830(1). Père de Pierre, affineur à Bédarieux.
  • BONNENFANT Jean : Né en 1751, mort à Pézenas, le 19 janvier 1806.
  • BONNENFANT Pierre : Fils de Vital BONNENFANT. Épouse le 21 mai 1802 Anne- Perpétue DURAND. Aurait fondu le 30 juillet 1787 une cloche pour l’ermitage Notre- Dame-de-Lieu-Plaisant, près de Saint-Guilhem-le-Désert(2). Cette cloche porte l’inscription : « Fondue à Pézenas le 30 juillet 1787 », formule également portée, mais en 1788, sur une cloche de l’église de Saint-Pargoire(3).
  • BONNENFANT Vital : Né à Pézenas en 1736, mort en 1812. Fils de Jean BONNENFANT.
  • CASTEL Just : Fondeur de Montpellier, résidant à Pézenas. Signe. Mentionné en 1765 (cloche de l’église de Saint-Jean-de-Buèges), 1767 (refonte de deux cloches et du timbre de l’horloge pour Aniane)(4), 1769, 1775, 1778, 1782 (fonte d’une cloche pour La Coste)(5), 1784. Mort cette année là.
  • CAUCANAS Jean : Fils de Mathieu CAUCANAS. Signe. Mentionné en 17140 (comme garçon fondeur), en 1744 (comme maître), 1753.
  • CAUCANAS Mathieu : Signe d’une croix. Mentionné de 1719 à 1740.
  • GEOFFROY Dominique : Fond en 1687 une cloche pour Pézenas, une autre pour Pignan(6). Une cloche datée de 1679, conservée au Musée de Vulliod Saint-Germain à Pézenas, porte les initiales D. G. Elle pourrait lui être attribuée.
  • Les GOR : Dynastie d’artisans. Leur fonderie fut établie en 1664 à la porte de la Grave(7). Il existait dans le Sud-Ouest une famille de fondeurs portant également le nom de GOR ou GUOR. Nous n’avons pas pu vérifier la parenté possible entre ces deux dynasties(8).
  • GOR André : Fils de Pierre I COR. Signe. Mentionné de 1719 à 1724.
  • GOR Jacques : Fils de Pierre I COR. Mentionné à Pézenas en 1730. Fondeur de Montpellier(9).
  • GOR Jean : Épouse, à une date inconnue, Cuilhaumette MASSE. Leur fille Jeanne épousera à son tour un artisan fondeur, André LAVALETTE, de Nîmes(10). Mentionné en 1664, 1672 (cloche du temple de Lassalle)(11), 1679 (fonte d’une cloche à Tourbes)(12), 1683 (comme marchand fondeur) ; il fond, la même année, la cloche de Fraïse(13).
  • GOR Pierre : Fils de Jean GOR. (Signe. Son travail est connu à partir de 1671 (cloche pour Puéchabon)(14). En 1692, il fond la cloche de Conas(15) et celle de Mérifons(16). En 1699, l’une des cloches de l’église d’Aniane « estant cassée » est refondue par ses soins(17). Il place la même année les timbres sur l’horloge du Collège de Pézenas. Il travaille encore à Puéchabon en 1702 où il refond deux cloches(18) puis à Sète en 1707 et 1715 (cloches pour l’horloge de la ville et l’église Saint-Joseph)(19), à Frontignan en 1708(20), où il fond les cloches de Saint-Martin-de-Londres (1711-1712) et Le Causse-de-la-Celle (1712)(21). Deux ans plus tard, en 1714, COR se propose pour la refonte d’une cloche cassée à Villeneuve-lès-Maguelone(22).

GOR deviendra quatrième consul de Pézenas en 1720. Il teste le 8 mai 1725(23), mais il semble que la date de son décès doive se situer vers 1740, car il est encore mentionné dans les minutiers à cette époque ; il fond, en tout cas, la cloche de Balaruc-le-Vieux en 1737(24).

  • GOR Pierre II : Fils de Pierre I COR. Est dit en 1760 « commissaire général aux fontes de l’artillerie, demeurant à l’Arsenal ». Il serait l’auteur de la fonte du « Retour du Roi à la Santé », groupe de J.-B. LE MOYNE pour la ville de Rennes (après 1744) et de la statue équestre de Louis XV, par Edme BOUCHARDON (terminée vers 1763). Il semblerait que ce fondeur soit celui mentionné par PALUSTRE comme « fondeur de l’artillerie », auteur de la cloche du château de Collioure en 1738(25).
  • MOUTON Jean : Refondit en 1677 la petite cloche de l’église paroissiale d’Aniane(25).
  • PALHAUD ou PALIAUD, dit VEDEL, Jean : Fondeur de Carcassonne, il serait, selon PORTAL, mort à Pézenas en 1597 ou 1598(27). Mais cette date est impossible à accepter, nous verrons plus loin pourquoi. Selon BERTHELE, il signait les contrats par une marque évoquant la forme d’une cloche(28). Il est l’auteur en 1603 du tertial de Mèze(29). Il s’agit certainement d’une confusion, par PORTAL, avec un homonyme, le fondeur Carcassonnais Jean PALHAUD (Cf. in BERTHELE, l’index spécial).
  • PY Bernard : Fils de Pierre PY et neveu de Jean PALHAUD. Fond en 1603 une cloche pour les Carmes de Lodève et participe la même année avec son oncle à la fonte du tertial de Mèze (cf. supra) en 1613, il réalise la cloche du prieuré de Faugères(30).
  • PY Pierre : Mentionné en 1609(31).
  • VEDEL Jean : voir PALHAUD ou PALIAUD Jean.

(II) COLLÉGIALE SAINT-JEAN

1 – Tableau chronologique :

  • 1495 Fonte de la « grand cloche nommée Blaize »(32)
  • 1495 Petit tertial « nomé Marguerite »(33)
  • 1500 Grand tertial « nomé Anthoine »(34)
  • 1513 Réfection de deux cloches par Louis BOYSTON pour 30 livres(35)
  • 1556 Fonte de la « grand’cloche nomé Saulveterre »(36)
  • 1582 Permission de la Cour des Aydes d’imposer six liards pour livre pour la fonte des cloches(37)
  • 1582 Fonte des cloches Sauveterre II et Sainte-Catherine par Jean PALHAUD dit VEDEL(38)
  • 1597 Fonte de Saint-Blaise II et de Saint-Roch par le même(39)
  • 1632 La cloche fondue en 1587 par Simon PAILLET pour le Château est transférée sur le clocher de la Collégiale.
  • 1746 Le 27 mars, la Communauté passe prix-fait avec Jacques et Jean CAZES, père et fils, maîtres-charrons de Montagnac, pour mettre « en bralle » les quatre cloches, pour 800 livres.(40)
  • 1828 Cloche par « LABRY à Montpellier »(41)
  • 1843 Cloche « fondue à Pézenas par Jean-Baptiste de Marseille » (« Pas d’autre nom de fondeur, peut-être Beaudouin », ajoute BERTHELE)(42)

2 – Extraits du manuscrit de Pierre PONCET

F° 22 : Du consulat de Noble Pierre de Montagut, Louis Bonail, Antoine Blanc et Michel Crozals ou Crozat, les cloches de Sauveterre et de Ste Catherine furent faites par Jean Paliaud, fondeur, l’an 1582 et « pendues en branle dans la même année …. ». « L’an 1597, du consulat de noble Pierre de Montagut, seigneur de La Coste, Michel Cronsals ou Crosals, François Duffour contrôleur et de Pierre Blanc, celles de Saint-Blaise et de St Roch furent faites par Jean Vedel fondeur et placées au clocher dès être finies, en présence de Mr le Connétable duc de Montmorency, Mme Anne de Lévis duc de Ventadour, pair de France, Lieutenant pour le roi en Languedoc et de Henry de Lévis fils de ce duc et d’un grand nombre de seigneurs de ce pays et d’une foule innombrable d’habitants et d’étrangers… ».

F° 35 : Autour du cerveau de celle qui fut baptisée Sauveterre on lit :

  • IHS MAR ET VERBUM CARO FACTUM
  • EST ET HABITAVIT IN NOBIS ET
  • VIDIMUS GLORIAM EJUS(43)

Au bas de la frise et au milieu de chaque face de la cloche sont les armes de la ville. Et autour de la batterie, ces mots :

  • JE SUIS ESTE FAICTE ESTANT CONSULS
  • NOBLE PIERRE DE MONTAGUT LOUIS
  • BONAIL ANTOINE BLANC ET MICHEL
  • CROISAT ET PAR MAINS DE JEAN
  • PALIAUD FONDEUR MDLXXXII

Celle baptisée Sainte-Catherine fut faite la même année 1582 par le même ouvrier. Voici l’inscription du cerveau :

  • IHS MAR TE DEUM LAUDAMUS(44)
  • TE DOMINUS CONFITEMUR TE AETERNUM

Celle de la batterie est la même que la précédente.

Sur la cloche faite en 1587 pour l’usage du château et qui ensuite fut transportée lors de la démolition de cette forteresse sur une petite tour ronde que la ville fit construite sur le degré du clocher pour y placer cette cloche et la faire servir d’horloge en 1632, on lit autour du cerveau :

  • + IHS MAR XRS VINCIT XRS
  • PEGNAT XRS IMPERAT XRS AB OMNI
  • MALO NOS DEFENDAT(45) + SANCTI BLAIZI
  • ORA PRO NOBIS + SIT NOMEN DOMINI
  • BENEDICTUM(46)

En cette inscription et la frise de cette cloche on y lit dans un petit carré long en petits caractères gothiques :

  • AVE MARIA GRATIA PLENA(47)
  • DOMINUS TECUM

F° 35 v° : « De la frise jusqu’à la foureuse (?), d’intervalle en intervalle, on y lit aussi plusieurs fois :

  • TE DEUM LAUDAMUS AVE MARIA

Au corps de cette cloche sont deux grandes croix à côté de l’une sont les armes de M. le Châtelain de la ville, de Mr le connétable de Montmorency et celles de Madame son épouse.

Enfin, sur la batterie est cette autre inscription en français et en grosses lettres fleuries :

  • + NOBLE ANTOINE D’AGDE SEIGNEUR
  • DE FONDOUCE FRANCOIS PONS MICHEL
  • CROZAL SINON MAREDE CONSULS DE
  • LA VILLE DE PEZENAS EN LANNEE
  • 1587 SINON FAILLET FONDEUR

Celles de St-Blaise et de St-Roch furent faites et bénies l’an 1597 sous le second consulat de Pierre de La Coste de Montagut Voici l’inscription du tour au cerveau :

  • + JESUS MARIA BENEDICAM
  • DOMINUM IN OMNI TEMPORE SEMPER
  • LAUS EJUS IN SONO MEO. SANCTI BLASI
  • ORA PRO NOBIS
Cloche Saint-Blaise II (1597) Photo Marc Huyghe

Cloche Saint-Blaise II (1597) Photo Marc Huyghe
Cloche Saint-Roch (1597) Photo Marc Huyghe

Cloche Saint-Roch (1597) Photo Marc Huyghe

Sur le tour de la frise sont les armes de la ville. Au corps de la cloche, des croix ; un St-Blaise en habits pontificaux de chaque face avec d’autres agréments de dévotion.

Sur le tour de la batterie l’inscription suivante :

  • + L’AN MCLXXXXVII JE FUS FAITE
  • ET BENITE ETANT MON PARRAIN ANNE
  • DE LEVIS DE VENTADOUR PAIR
  • DE FRANCE LIEUTENANT POUR LE
  • ROY AU PAYS DE LANGUEDOC ET
  • MARRAINE MADAME MARGUERITE DE
  • MONTMORENCY DUCHESSE DE VENTADOUR
  • ESTANS CONSULS HONORABLES HOMMES
  • NOBLE PIERRE DE MONTAGUT SEIGNEUR
  • DE LA COSTE MICHEL CROUSALS
  • FRANCOIS DUFOUR CONTEROLLEUR ET
  • PIERRE BLANC FAITE PAR MOY JEAN
  • VEDEL FONDEUR(48)

F° 36 Sur le tour du cerveau de la cloche St Roch est cette inscription latine :

  • + IHS MAR EXAUDI VOCUM DNE
  • CLAMAMUS AD TE MISERERE NOBIS
  • ET EXAUDI NOS. STE ROCHE ORA PRO NOBIS

Dans la frise de cette cinquième et dernière cloche sont les armes de la ville et les mêmes colifichets que sur celle de St Blaise. Et enfin, autour de sa batterie :

  • + L’AN MDLXXXXVI JE FUS
  • FAITE ET BENITE ETANT MON PARRAIN
  • HENRI DE LEVIS FILS DE MONSEIGNEUR
  • LE DUC DE VENTADOUR PAIR DE France
  • LIEUTENANT POUR LE ROY EN LANGUEDOC
  • ET MARRAINE DIANE DE LEVIS FILLE
  • DE MONDITSEIGNEUR ESTANS CONSULS
  • HONORABLES HOMMES NOBLE PIERRE
  • DE MONTAGUT SEIGNEUR DE LA COSTE
  • MICHEL CROUSALS FRANCOIS DUFOUR
  • CONTEROLLEUR ET PIERRE BLANC FAITE   (fig. 1 et 2)
  • PAR MOY JEAN VEDEL FONDEUR
Musée de Vulliod-Saint-Germain Cloche de 1667 (Photo : J. Vallon.)

Musée de Vulliod-Saint-Germain Cloche de 1667
(Photo : J. Vallon.)
Musée de Vulliod-Saint-Germain Cloche de 1679 (Photo : J. Vallon.)

Musée de Vulliod-Saint-Germain Cloche de 1679
(Photo : J. Vallon.)

(III) ÉGLISE SAINTE-URSULE

La grosse et la moyenne cloche auraient été fondues le 15 mars 1880 par Ursulin DENCAUSSE de Tarbes ; la petite, six ans plus tard seulement par BURDIN ainé de Lyon.

L’église possédait en outre un carillon de six cloches fondues par DENCAUSSE. La fabrique intenta un procès au fondeur, procès dont le motif ne nous est pas connu(49). « Celui-ci fut condamné et les cloches furent enlevées du clocher…. il y a trois ou quatre ans »(50).

(IV) COLLÈGE

L’horloge mise en place en 1699 comportait trois timbres, fondus par Pierre I GOR. Chaque cloche présentait une inscription que l’érudit BERTHELE a pu recueillir(51).

1 – Timbre des heures. (Bronze, diam. inf. 0,60 m env.)

  • + IN USUM ORAT (ORIANA) DOM (US) lES (U)
  • CHRISTO SALVATORI CONSECRAT P COR FECIT AN
  • (NO) 1699

2 – Timbre des demi-heures. (Bronze. Diam. inf. à 0,45 m)

  • + IN USUM ORAT DOM IES MARIA DEI PARA CONSERAT
  • P GOR FECIT AN 1699

3- Timbres des quarts-d’heure

  • + IN USUM ORAT DOM lES DIVO IOSEPHO CONSECRAT
  • P. GOR FECIT NA (sic) 1699

(V) MUSÉE DE VULLIOD-SAINT-GERMAIN

Le musée de Vulliod-Saint-Germain conserve deux cloches dont la provenance exacte ne nous est pas connue.

1 – Cloche I : Bronze. H. : 0,39 m. D. : 0,32 m. Inscription à la base du cerveau : SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM 1667. Sur la panse, une croix avec son gradin. (fig. 3)(52)

2 – Cloche II : Bronze. H. : 0,46 m. D. : 0,365 m. Inscription à la base du cerveau : + ET NOSTRE DAME DE CONSOLASION (sic) ME CHARLES / DE LAUZIERES TERMINES SGR DES TGV RAUD PSALELLES / I SALEL LESA ORGENIER CONSULS 1679. Deux médaillons figurent sur la panse : une Vierge à l’Enfant dans un médaillon ovale et une croix à deux branches sur son gradin. Sur la pince, entre des rinceaux, se lit l’inscription suivante : VV IHS D.G. On peut voir dans ces deux dernières lettres la signature du fondeur: Dominique GEOFFROY. (fig. 4)(53).

Jean NOUGARET.
Conservateur du Musée de Vulliod-Saint-Germain.

Informations complémentaires

Année de publication

1970

Nombre de pages

10

Auteur(s)

Jean NOUGARET

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf