Description
Yvon Creissac : Mémoire et passion d’un oléiculteur de Montpeyroux
Natif de Montpeyroux, en 1928, revenu au pays après une carrière dans la Police nationale, Yvon Creissac a gardé de ses ancêtres agriculteurs et collecteurs d’olives, une véritable passion pour l’olivier, dont témoigne la collection variétale qui entoure sa maison. Cette passion n’a d’égale que celle qu’il entretient pour l’histoire et le patrimoine de son village. Elle s’appuie sur une connaissance précise des pratiques et conditions anciennes de l’oléiculture dans ce secteur de l’Hérault. Plus qu’un panorama exhaustif, qu’il ne saurait être à lui seul, ce récit de là mémoire de l’olivier à Montpeyroux, nous laisse entrevoir, au-delà de la description des techniques et du contexte social, toute une richesse en implications symboliques. À ce titre, il vient opportunément combler, mais en partie seulement, un manque important quant à l’ethnographie de l’olivier dans l’Hérault et montre tout l’intérêt qu’il y aurait à poursuivre des recherches dans ce domaine.
De la collecte à la confiserie
YC : Je suis issu d’une famille de collecteurs. Un collecteur était un gars qui connaissait les olives à fond. Parce qu’il engageait sa responsabilité. Inutile de vous dire que ça se passait toujours très bien, parce que c’étaient des spécialistes. Alors, il recevait des olives le soir. Je l’ai connu toute ma vie, ça. Dans la maison familiale, une immense maison, il y avait la queue. Le soir, en arrivant de la vigne, tous les chevaux étaient là. Et alors on pesait les olives, il faisait un petit papier. Il y avait un tableau aussi. Tout ça a bercé mon enfance.
Là, je vais vous raconter quelque chose. À 14-15 ans, figurez-vous qu’on faisait des charrois d’olives. On était responsable du cheval. On naissait avec les chevaux, on n’avait pas de problème. Alors j’allais porter les olives chez la maison Delieuze, à Saint-Jean-de-Fos. C’était le négociant principal de mon père. C’étaient des amis. Mais, attention, mon père : interdiction de lui peser les olives C’est-à-dire que vous vous pointiez chez le négociant, avec le papier fait par mon père et : « Pose ! » On acceptait tout par avance. Je m’amène donc un jour avec un voyage de Lucques, à Saint-Jean-de-Fos :
« Bonjour petit » Il était en train, le père Delieuze, de se disputer avec un gars qui arrivait de la plaine. Nous, la plaine, c’est Gignac, c’est par rapport à ici. Ce gars arrivait de la plaine avec un petit voyage de Lucques. Et quand je me suis amené, le père Delieuze, « Pantalon » de son surnom, parce qu’il s’appelait Pantaléon, dit au gars : « Je vais te montrer ce que c’est que l’honnêteté. » « Donne-moi, ton ticket petit. » « Dites, vous n’allez pas me le peser » « Je vais le peser et j’irai voir Paul (mon père). » « Je vais me faire engueuler. » Il dit au type :
« Voyez, ce ticket. » Il dit aux femmes : « Allez ! Pesez » Et il y a eu 25 kilos de plus dans mon voyage que ce de pesé. Il lui a dit : « Voyez. C’est ça, l’honnêteté. Allez Vous dégagez, vous et vos olives ! » Alors j’ai gardé ça… Très tôt on avait des responsabilités. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2009 |
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Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Alexia ROSSEL, Pierre LAURENCE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |