Regard archéo-historique dans la haute vallée de l’Orb de l’âge du Fer au Moyen Âge central

La haute vallée de l’Orb couvre un espace limité au sud par la partie septentrionale des avant-monts biterrois et au nord par la partie orientale des monts de l’Espinouse, le massif du Caroux et les monts d’Orb. Cette étendue correspond majoritairement à un milieu méditerranéen de basse et moyenne montagne compris entre 200 et 1 100 mètres d’altitude (fig. 1).

La zone a fait l’objet depuis plusieurs décennies de recherches archéologiques principalement menées par les membres de la Société Archéologique et Historique des Hauts Cantons de l’Hérault. Des études ont été consacrées à la Préhistoire récente et plus particu-lièrement à l’art schématique et au mégalithisme ¹. Pour la fin de l’âge du Fer et le début de la conquête romaine, les recherches ont principalement concerné l’oppidum du Plo des Brus ². Pour l’Antiquité romaine, la fouille en 1955 d’un fanum en rive gauche du ruisseau d’Arles, à la sortie des gorges de Colombières, indique vraisem-blablement la pratique d’un culte des eaux à cet endroit ³. Le Moyen Âge a quant à lui été abordé lors d’une synthèse sur la haute vallée de l’Orb ⁴ et, plus localement, par l’étude de l’établissement de Saucani ⁵ et la fouille des châteaux féodaux de Colombières ⁶, Mourcairol ⁷ et Neyran ⁸. Concernant les gisements miniers du secteur, ceux-ci ont été intégrés à plusieurs approches archéo-logiques et/ou historiques menées localement ou plus régionalement⁹. Sur le plan environnemental, on mentionnera les analyses de carottages effectués dans les tourbières du massif ¹⁰.

Toutefois, la zone de la haute vallée de l’Orb n’a jamais été véritablement intégrée dans des programmes de recherche « institutionnels », en partie à cause de sa position géographique aux marges des espaces d’études traditionnellement investis par les équipes de recherche toulousaine d’un côté et montpelliéraine de l’autre. Et c’est également l’essence rétive de ce type de milieu à une approche de terrain qui a pu repousser les meilleures intentions et conduire à construire hâtivement, en l’absence de données, l’image d’espaces marginaux, peu peuplés, excentrés des grandes artères de communication, et dont la discontinuité topographique est parfois tenue comme un signe de césure culturelle ou politique. Pourtant, l’idée érigeant ces secteurs montagneux comme des espaces de confins, de frontière, se voit aujourd’hui remise en question, notamment pour les sociétés anciennes ¹¹. Les notions d’interface, d’échange ou de niveau technique doivent être mobilisées, sinon privilégiées. D’autant qu’il faut souligner la position géographique de notre zone d’étude en bordure de l’un des principaux fleuves languedociens, l’Orb, mais aussi en limite d’un domaine méditerranéen qui confine avec le versant atlantique. De cette position découlent des questionnements d’ordre territorial, culturel, économique ou politique, qui s’inscrivent de façon plus générale dans le regain que connaît depuis deux décennies la recherche archéologique et historique sur les espaces montagnards, semi-montagnards et/ou forestiers en France ¹².

Partant de tous ces constats, un programme de prospections archéologiques, associant archéologues du tissu associatif, de l’Inrap ou du CNRS, a été entamé en 2020 dans la haute vallée de l’Orb (dir. G. Bagan). En lien direct avec ce programme, quelques publications ont déjà vu le jour, que ce soit à propos des sites de la fin de l’âge du Bronze du massif du Caroux ¹³ ou des voies de communication qui traversent la vallée ¹⁴. Afin de poursuivre cette dynamique, nous proposons ici, à travers un état de sites archéologiques offrant une documentation inédite (fig. 2), de présenter les résultats des recherches qui renvoient à la période comprise entre l’âge du Fer et le Moyen Âge central (VI^e s. av. n. è. – XIII^e s. de n. è.). […]