2.00

Description

A propos d’une inscription latine de Cazouls-lès-Béziers

* Professeur émérite d’histoire romaine à l’Université de Paris1 (Panthéon-Sorbonne)

En 2017, Monsieur Jacques Chabbert, président de l’ARESP (Association de Recherche, d’Échanges et de Sauvegarde des Patrimoines) à Puisserguier, nous a signalé une inscription fragmentaire qu’il venait de récupérer dans le cadre de ses responsabilités associatives. Elle lui avait été apportée après avoir été récupérée dans le bourg voisin de Cazouls-les-Béziers auprès d’un habitant qui l’avait eue en sa possession depuis plusieurs années 1. Le lieu de provenance exact ne pouvait pas être précisé 2. Quoiqu’incomplète, elle présente un réel intérêt.

L’inscription de Cazouls-les-Béziers

Il s’agit d’un fragment d’inscription dont il va importer de rétablir au mieux le texte en comblant les lacunes de la manière la plus évidente ou la plus vraisemblable. Il se présente sous la forme approximative d’un pavé à peu près carré. Hauteur : 21 cm ; largeur : 20, 5 cm en haut, mais 19 seulement en bas. C’est ce qui reste d’une plaque de plus amples dimensions, qui avait été cassée, peut-être en vue d’une réutilisation. Il semblerait que l’on dispose de la partie inférieure du texte. En effet, on peut observer un filet rectiligne, très légèrement marqué par un trait, tracé à un centimètre sous la cinquième ligne conservée. La zone vide de tout signe est largement supérieure à l’intervalle séparant les lignes inscrites qui se trouvent au-dessus : c’est pourquoi il est raisonnable de considérer cette cinquième ligne comme la dernière du texte. Et sous ce mince trait, plus rien d’écrit n’apparaîtrait. Le matériau est de grande qualité. C’est un calcaire marmoréen à grain très fin, matériau qui signale que les personnes impliquées par le texte disposaient d’une relative aisance matérielle. Ce matériau, de plus, était destiné à fournir des plaques que l’on insérait sur la façade des monuments, plutôt qu’à des stèles.

On lit une partie du texte d’une manière sûre, les croix indiquant des lettres très incomplètes, qu’il conviendra de mieux identifier au fur et à mesure (Fig. 1) :

—]+++E • SE+V+[—
—]SICIO • HON[—
—]NNOR • +[—
—]+ICIO • VICT[—
—]NNOR vacat [—

Hauteur des lettres : l. 1 conservée incomplètement : 2, 5 cm ; ligne 2 : 3, 5 cm ; ligne 3 : 2, 5 cm ; ligne 4 : 28 ; ligne 5 : 2, 5. Le graveur a fait peut-être alterner d’une ligne à l’autre la hauteur des lettres, celles de la première ligne du texte, qui nous manque, étant peut-être même les plus hautes.

À la ligne 1 conservée, à partir de l’identification du nom de famille (ou gentilice) qui se trouve plus bas, tant à la l. 2 qu’à la l. 4, on parvient à lire la terminaison inférieure d’un C, puis d’un I, puis d’un A, avant d’arriver à E. C’est la fin d’un mot séparé du mot suivant par un point triangulaire, encore visible. Puis se trouve un autre mot, aisé à rétablir : après SE, une lettre arrondie, (C), puis la base de V, suivies des restes de N. On lira comme restitution du texte : —Asi]ciae • Secun[dinae—. A cette ligne 1 conservée se trouvait la dénomination d’une femme, qui devait s’appeler Asicia Secundina. La dénomination était au datif, cas du complément d’attribution : c’était la référence à une défunte.

À la ligne 2 conservée, les lettres qui subsistent renvoient aussi à une dénomination, mais celle d’une personne de sexe masculin. On lira comme restitution du texte : —A]sicio • Hon[orato—. On fait apparaître la dénomination d’un homme : [-] [A]sicius Hon[oratus]. La dénomination était aussi au datif. L’espacement entre les lettres fait supposer qu’à gauche, dans la partie qui manque, se trouverait le début de la dénomination : une lettre ou peut-être plus, correspondant au prénom (praenomen), et une lettre qui permettrait de retrouver le nom de famille (gentilice), tandis qu’à droite la dénomination se prolongeait jusqu’à la fin de la ligne avec le surnom (ou cognomen). Pour ce dernier la restitution d’Honoratus semble évidente.

À la ligne 3 conservée, le texte gravé était vraisemblablement plus court, commençant peut-être avec un retrait à gauche et se terminant, en tout cas, à droite, en retrait par rapport au bord de la plaque. À gauche, il faut ajouter la lettre A  et faire apparaître le mot [a]nnor(um), qui vient indiquer l’âge d’un défunt. Ce mot était suivi, après un espace assez grand occupé par une feuille de lierre au bout de sa tige, par l’indication de l’âge, mais il ne reste qu’une mince trace du chiffre romain X dans la cassure de droite, qui pouvait être suivi d’autres chiffres. On ne peut savoir exactement quelle était l’indication de l’âge. […]

Informations complémentaires

Auteur

Michel CHRISTOL

Année de publication

2023

Nombre de pages

11