Catégorie : Étiquette :

Description

Les miracles de saint Étienne de Muret († 1124) au XIIe siècle

Comme la plupart des saints de son époque, saint Étienne de Muret, fondateur de l’ordre de Grandmont, est crédité de nombreux miracles. Ces miracles sont racontés dans plusieurs œuvres hagiographiques composées au XIIe siècle. Elles nous permettent d’étudier l’action thaumaturgique de saint Etienne et de la comparer à celle d’autres saints contemporains. Elles nous permettent aussi d’apercevoir une nette évolution de l’attitude des Grandmontains vis-à-vis des miracles de leur saint fondateur. Ce sont ces deux aspects que je voudrais examiner ici.

Pour bien situer la question, il est nécessaire, au préalable, de rappeler quelles sont les sources qui nous permettent de connaître la vie et les miracles de saint Etienne de Muret. Nous disposons d’abord d’une Vie composée par le prieur Etienne de Liciac (1139-1163) ou sur son ordre avant 1155. Elle porte le titre de Vita venerabilis viri Stephani Muretensis et est connue sous le nom de Vita A. Cette première Vie fut complétée, vraisemblablement à deux reprises, par des récits de miracles anonymes, chaque additif comprenant deux miracles. Il est probable que ces récits furent ajoutés sous le successeur d’Etienne de Liciac, Pierre Bernard (1163-1170). Il faut ensuite attendre le priorat de Gérard Ithier (1189-1198) pour voir apparaître de nouvelles productions hagiographiques en l’honneur d’Etienne de Muret : une réfection de la Vita A par Gérard Ithier, la Vita Siephani Muretensis ampliata et, du même auteur, le De revelatione beati Stephani qui est un recueil de miracles. Ces compositions furent ensuite intégrées par le même auteur dans un vaste recueil intitulé Speculum Grandimontis.

La comparaison de ces écrits permet donc d’abord de saisir l’attitude des Grandmontains à propos des miracles de leur fondateur. Au lendemain de la mort de saint Étienne, sous les priorats de Pierre Limousin (1124-1137), Pierre de Saint-Christophe (1137-1139) et Étienne de Liciac, l’attitude dominante chez les prieurs et les intellectuels de Grandmont est de refuser les miracles et de minimiser leur manifestation.

Dès son prologue, l’auteur de la Vita A, qu’il s’agisse d’Étienne de Liciac ou d’un autre, annonce qu’il parlera peu des miracles du saint et de sa faculté de connaître les pensées des frères. Il craint, dit-il, que la vérité n’apparaisse aux incrédules comme un mensonge. Le peu qu’il en dira suffira aux convaincus pour répandre la réputation du saint « car tout est possible a celui qui croit ». C’est donc essentiellement la crainte de l’incrédulité qui l’arrête : attitude assez curieuse car beaucoup d’hagiographes précisent, au contraire, que les miracles se produisent pour les incrédules et non pour les convaincus et insistent sur leur valeur apologétique. D’ailleurs, notre auteur lui-même en reprenant le thème des miracles dans la conclusion de son œuvre, invoque une autre raison pour ne pas en parler, même si les miracles du saint ont été abondants pendant sa vie et après sa mort : la foi pure et la vraie charité aiment mieux les opera que les signa, c’est-a-dire les actions plutôt que les signes. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1992

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Pierre-André SIGAL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf