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Description

Les Mémoires statistiques du département de l’Hérault
établis par le préfet Nogaret en 1804-1805

* Docteur en histoire, Conservateur général des bibliothèques honoraire,
de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier

L’objectif de cet article n’est pas de composer une biographie du premier préfet de l’Hérault Pierre Barthélemy Joseph de Nogaret (1762-1841), ni de dresser un portrait du Département de l’Hérault pendant son mandat (1800-1814). Il s’agit simplement de découvrir les mémoires statistiques du Département adressés par le préfet Nogaret au Ministre de l’Intérieur en 1804-1805. Pour l’instant, ces documents conservés aux Archives nationales n’ont pas été étudiés par les historiens du Languedoc, puisque la Statistique du Département de l’Hérault publiée sous la Restauration par Hippolyte Creuzé de Lesser 1 fait exclusivement référence pour ce début du XIXe siècle dans l’Hérault. Avant d’analyser ces mémoires inédits, il n’est pas inutile de présenter brièvement leur auteur.

Pierre Barthélémy Joseph de Nogaret préfet de l’Hérault de 1800 à 1814

Afin de succéder à son père comme conseiller à la Cour des Comptes, aides et finances de Montpellier, Nogaret obtient sa licence en droit en 1787. Le 12 ventôse an VIII (3 mars 1800), le Premier Consul Napoléon Bonaparte « nomme le citoyen Nogaret de l’Aveyron Ex député Préfet Général du Département de l’Hérault » 2, sur proposition du Second Consul Jean-Jacques Régis Cambacérès 3 qui a été conseiller à la Cour des Comptes de Montpellier. Sous le Consulat et l’Empire, il fait partie des dix préfets restés en poste plus de dix ans. Pour des raisons de santé et de surcharge de travail, il donne sa démission, le 21 janvier 1814. En guise de remerciement pour son long et fructueux travail, Napoléon le nomme maître des requêtes au Conseil d’État. Le 21 février 1814, il quitte sa charge, lorsque le préfet Joseph Victor Aubernon est installé dans ses fonctions et le remplace pour la levée de la conscription.

Contrairement aux sous-préfets, les préfets du Consulat et de l’Empire ne sont pas généralement nommés dans leur région d’origine. Nogaret est propriétaire foncier essentiellement en Aveyron 4. Désigné à 38 ans, il se situe dans la classe d’âge des préfets nommés avant 42 ans qui est alors majoritaire. Député à la Législative en 1791 et aux Cinq-Cents en l’an VIII, il fait partie des 40 % de préfets anciennement parlementaires 5. La fortune personnelle (200 000 francs) et les revenus (8 000 francs) de ce « fils de famille » sont importants, sans le placer toutefois parmi les personnes les plus riches du Département de l’Hérault. 6 Le département va bénéficier également de son expérience d’élu local pendant la Révolution : administrateur du Département de l’Aveyron et président du District de Séverac. Dès 1803, il est apprécié des conseillers généraux héraultais pour ses efforts « d’étouffer l’esprit de parti » et son souci de juger « administrativement les causes et jamais les personnes » 7.

Au départ, le département de l’Hérault n’est pas favorable au général Bonaparte : quatre semaines après le coup d’État du 18 brumaire, l’administration départementale de l’Hérault comme celles de 19 départements sur 99 n’a pas envoyé de félicitations 8 ; des troubles éclatent à Pézenas et dans la salle de spectacle de Montpellier 9 ; une chouannerie royaliste dans la haute vallée de l’Hérault entre Aniane et Ganges se termine seulement en 1801 avec l’exécution de leur chef l’abbé Jean-Louis Solier. 10 Le 30 novembre 1802, dans son résumé au Ministre de l’Intérieur des comptes rendus mensuels de l’an X, le préfet analyse l’état de l’esprit public : « Des hommes dans certaines communes n’ont pas vu avec plaisir la journée du 18 brumaire : ils avaient même entrainé un certain nombre d’individus dans leur système en sorte que l’opinion publique a présenté pendant quelques temps une espèce de division […] », désormais « « l’enthousiasme a gagné tous les cœurs ». 11

Dès son arrivée le 24 mars 1800, le préfet commence à installer les nouvelles administrations nommées par le Gouvernement (sous-préfectures, municipalités, département), en remplaçant les administrateurs communaux, cantonaux et départementaux élus. Les moyens humains à la disposition du préfet sont modestes : 29 agents à la Préfecture 12, 6 à 8 agents dans chaque sous-préfecture (Lodève, Saint-Pons et Béziers) 13 et 100 gendarmes pour le département. 14 De 1800 à 1805, il doit rendre effective la conscription, car en octobre 1800, les lois sur la conscription ne sont pas même appliquées dans 37 communes de l’arrondissement de Montpellier. 15 Pour faire rentrer les impôts, il réprime la « rapacité » des percepteurs. En concentrant plusieurs brigades de gendarmerie, il pourchasse les brigands très actifs dans l’Hérault. En faisant exécuter les travaux dus par les fermiers des « barrières » (péages) et en obtenant des crédits supplémentaires, il rétablit progressivement l’entretien régulier des routes. À partir de 1803, il accompagne le rétablissement des cultes. En 1803-1804, il œuvre activement à l’installation du lycée de Montpellier. (Fig. 1)

Fig. 1 - Portrait de famille du préfet Pierre Barthélémy de Nogaret, peintre anonyme, (Source wikipédia, libre de droit)
Fig. 1 - Portrait de famille du préfet
Pierre Barthélémy de Nogaret, peintre anonyme,
(Source wikipédia, libre de droit)

Préparation et rédaction d’un mémoire de statistique départementale

Élaboration d’un mémoire de statistique départementale

Un mémoire rendu et conservé

Trois mémoires statistiques adressés au Ministre de l’Intérieur en 1804-1805

Les raisons de l’absence d’une publication officielle nationale

Présentation du Mémoire statistique sur le Département de l’Hérault

Deux suppléments au mémoire statistique

Une vision encyclopédiste et progressiste

Pour une prospérité partagée

Pour la concorde religieuse

Pour le développement du savoir

Pour une meilleure santé publique

Pour des améliorations techniques dans l’agriculture et l’industrie

Conclusion : originalité des trois mémoires :

Par rapport aux discours de Nogaret devant le Conseil général de l’Hérault

Par rapport aux almanachs publiés

Par rapport au livre de Creuzé de Lesser (1824)

Bibliographie

Sources imprimées :

Sources manuscrites :

Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine (A.N.) :

Archives départementales de l’Hérault (AD34) :

Notes

Informations complémentaires

Année de publication

2024

Auteur(s)

Gilles GUDIN DE VALLERIN

Nombre de pages

16

Disponibilité

Téléchargeable au format pdf