Description
Le plafond peint de la salle Vinas du château d’En-bas à Poussan
Le château d’En-bas est une demeure patricienne, dans l’enceinte médiévale de Poussan. Une de ses façades (fin 16e siècle) est inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1963. Il est signalé dans le guide du Patrimoine du Languedoc-Roussillon pour celle-ci, pour la coursive de sa cour triangulaire et pour son escalier « rampe sur rampe ». Il constitue un îlot entier d’habitations, partagé en tous sens en de multiples parcelles. L’une d’entre elles, dite la « salle Vinas », est propriété communale et la municipalité a décidé après une longue hésitation à restaurer son plafond peint. Une restauratrice et un menuisier ont alors été choisis pour exécuter les travaux de restauration sur le programme et sous la surveillance du service archéologique du Syndicat Intercommunal Nord Bassin de Thau (SINBT). Celui-ci m’a sollicité pour étudier, pendant le temps des travaux, le plafond peint.
Éléments historiques
Les éléments historiques que nous connaissons proviennent de l’ouvrage d’un érudit local, Jean-Marie Négri, qui prend parfois des libertés avec ses sources (Histoire Générale du Languedoc, Cartulaire de Maguelone, Cartulaire de Poussan, Compris 1630. 1645, 1734), de la publication en 1858 du Cartulaire seigneurial de Poussan et de la vérification des références que donne Négri (archives départementales et cartulaire de Poussan).
En 1338, les frères Philippe et Bertrand de Lévis reprennent à leur compte un conflit vieux de 45 ans avec les évêques de Maguelone, concernant le droit de haute justice. Ils sont coseigneurs de Florensac et Poussan, petits-fils du comte de Monségur et Mirepoix (installé par Simon de Montfort), anciens combattants des armées du roi Philippe VI de Valois. Ils font compiler des archives pour nourrir l’arbitrage demandé au roi qui sera donné en 1341. Cette compilation, appelée cartulaire de Poussan, composée de 136 pièces, permet de suivre une partie de l’histoire du village depuis les années 1210 jusque en 1338.
Poussan, à trente kilomètres au sud de Montpellier sur la grande route qui mène à Béziers, est alors un gros bourg agricole et possède son port à l’embouchure de la Vène au bord de l’étang de Thau. En 1295, ce sont 274 hommes de Poussan nobles et non nobles de plus de 14 ans qui font allégeance aux évêques de Maguelone. La communauté urbaine est régie par des consuls.
Les frères de Lévis se sont mariés en 1330 avec deux sœurs, filles de Gui de la Roche seigneur de Poussan. Ce dernier s’est battu toute sa vie pour faire reconnaître ses prérogatives. Il lutte contre les évêques de Maguelone et les hommes qui pensent relever de leur juridiction mais il lutte aussi contre les consuls : il déclenche une émeute, à laquelle les femmes prennent part, pour faire respecter l’usage exclusif de son four. Il plaide contre un membre de la noblesse qui, sur ses terres, a fait construire certaine fortification armée de mâchicoulis et encore contre un bourgeois de Poussan qui a suborné des témoins mais surtout attaqué à main armée ses officiers.
En 1334, Gui de la Roche partage, comme bien dotal, la seigneurie de Poussan entre les deux frères. Il fait alors, selon Négri, construire le Château d’En-bas pour sa fille cadette.
Les frères de Lévis ou leurs enfants auraient dans le courant du siècle construit les remparts de la ville. Un petit sondage archéologique semble confirmer cette datation. La crise de la deuxième moitié du 14° siècle justifie la construction d’une enceinte (peste de 1348, et ses retours périodiques de 1361 à 1397, raids des Grandes Compagnies quasi annuels de 1355 à 1365), mais où trouver l’argent et les hommes pour la réaliser ? Poussan ne compte plus que 70 feux en 1376, et décline peut-être encore (Certains quartiers de Montpellier perdent encore 50 % de leur population entre 1380 et 1435). Toutefois quelques signes de reprise économique se « dessinent ça et là, notamment vers 1380 », le voyage en 1386 de Charles VI en Languedoc est l’occasion de nombreuses constructions ou restaurations le long de l’antique Voie Domitienne, qu’il emprunte symboliquement pour son voyage.
En 1400, Philippe de Lévis, fils de Bertrand, cède le château d’En-bas et ses droits sur la ville à un certain Izarn de Barrière. Un avocat commis d’office à des repentis par le procureur Dauvet porte ce nom au procès Jacques Cœur en 1454, il se prénomme Jean comme le fils d’Izarn. Rien ne me permet pourtant de dire qu’il est de Poussan en l’état de mes connaissances.
En 1496, l’évêque de Maguelone (1488-1498) vient consacrer la nouvelle église, il s’appelle Izarn de Barrière.
En 1570, Le gouvernement de Montpellier accorde aux coseigneurs de Poussan, Guilhem de Chaume et de Barrière, le droit de construire un temple avec un ministre du culte et un cimetière de la Religion Prétendue Réformée, ainsi que d’exercer leur culte (protestant) dans leurs châteaux respectifs […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2003 |
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Nombre de pages | 14 |
Auteur(s) | Jean LAFORGUE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |