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Description

Le plafond peint du château de Capestang

Le plafond dont il est question dans cet article se situe dans la salle haute du château de Capestang ancien domaine des archevêques de Narbonne. La pièce de plan rectangulaire, mesure 16,30 x 8.20 mais était à l’origine plus grande, le mur ouest étant plus tardif. La salle haute considérée alors comme un lieu de prestige s’inscrivait dans une tradition ornementale bien établie avec ses peintures murales, son décor plafonnant, la sculpture des corbeaux, ses deux cheminées en vis-à-vis et des fenêtres à coussièges. Au XIVe siècle, la pièce est constituée d’un comble apparent, la charpente étant supportée par deux arcs diaphragmes brisés. Des peintures murales ornées d’armoiries ont permis de dater ce décor entre 1311 et 1341, période qui correspond à l’épiscopat de Bernard de Fargues. Au siècle suivant la hauteur de la pièce est abaissée par la mise en place d’un plafond dit « à la française » (fig.1). Sa décoration lui est contemporaine et serait une commande de Jean d’Harcourt, archevêque de 1436 à 1451 ou de son neveu Louis d’Harcourt qui lui succéda de 1451 à 1460. L’identification des armes au sein même du décor ne laisse aucun doute sur sa période de réalisation, entre 1436 et 1460. En effet, une des poutres du plafond présente sur ses deux faces latérales deux sortes de blasons (fig.2). L’un d’eux appartient au chapitre Saint-Just de Narbonne, l’autre est l’emblème de la famille d’Harcourt.

La peinture se déploie sur une grande partie du plafond, sur les corbeaux, les cinq poutres maîtresses, les entrevous ou métopes et sur les diverses moulures. Seules les lattes du plancher et les solives ne sont pas peintes. Le décor est en grande partie tout à fait lisible et a gardé ses couleurs d’origine. Les couleurs principales sont le rouge, le noir, le blanc et le brun. Deux types de décor se juxtaposent, l’ornemental et l’historié qui se situent en des emplacements bien distincts. Les figures humaines et animales se concentrent sur les métopes, le reste étant réservé à l’ornemental, c’est-à-dire le feuillage, les rinceaux et les formes géométriques. Du point de vue iconographique, ces peintures offrent une grande variété de scènes totalement ancrées dans leur temps. Deux grands thèmes ont été relevés : les images de la vie de cour et de la nature et celles évoquant un univers plus irréel où se côtoient croyances religieuses et représentations fantastiques.

La plupart des personnages s’apparentent à la classe noble et sont habillés à la mode du milieu du XVe siècle : vêtement court et épaules larges pour les hommes, silhouette longiligne pour les femmes. Toutes les figures féminines, à l’exception de deux sont vêtues de la même manière. Il s’agit d’une robe rouge avec collets rebrassés noir, ceux-ci étant la doublure de la robe utilisée en bordure, de la ceinture aux épaules. La robe est resserrée par une large ceinture ou bandier, située juste en dessous de la poitrine. Cette dernière est cachée par une bande de tissu nommée tassel. Placée assez bas, elle offre un grand décolleté rectangulaire. Cette partie de l’habit est très ajustée, à l’inverse la partie inférieure est ample et plissée. La figure féminine porte un hennin se composant d’un cornet pointu revêtu d’une étoffe sur lequel est disposé un voile léger et transparent retombant sur le front et derrière le dos. Cette coiffe ne laisse pas apparaître les cheveux et donne à la silhouette un aspect très longiligne. D’autres coiffes sont également visibles : une coiffe à cornes dite en pain fendu, des chaperons façonnés ou des assemblages de tissu empesé qui s’élève au-dessus de la tête. Le vêtement de l’homme est également peu diversifié, il s’agit du pourpoint. Le personnage représenté sur la fig.3 porte un pourpoint rouge et noir avec un col légèrement montant et de grands plis stricts. Au niveau des épaules, l’habit est pourvu de maheutres qui sont des rembourrages cylindriques et les manches sont très serrantes. Nous pouvons voir une manche à crevée, laissant apparaître la chemise du dessous. Les hommes portent trois genres de chapeaux : le chaperon façonné, le chapeau noir à large bord entouré d’une cordelette ou alors le couvre-chef noir en fourrure. En dessous de leurs chapeaux, on aperçoit la coiffe c’est à dire un bonnet de toile, de laine ou de soie.

De nombreuse scènes se réfèrent à la vie de cour et à ses divertissements. Il s’agit de la chasse, des festivités et de l’amour courtois. Les festivités concernent toutes les classes de la société, elles sont associées aux mariages, aux fêtes publiques et religieuses ou à l’entrée d’une personnalité dans une ville. La musique, la danse, les jongleurs et les spectacles en tout genre se retrouvent étroitement liés lors des grandes fêtes qui peuvent se dérouler en ville ou dans les cours seigneuriales. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2003

Nombre de pages

12

Auteur(s)

Sophie CLARINVAL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf