Catégorie : Étiquette :

Description

La culture de l’olivier au Moyen-âge dans l’Hérault

Considérée comme emblématique du pourtour méditerranéen, la culture de l’olivier conserve de larges parts d’ombre. Pour les régions languedociennes, la modestie des travaux d’histoire relatifs à l’olivier justifie ce dossier d’Études héraultaises. La période médiévale n’échappe pas à ce constat. Aussi, ces quelques pages visent à faire le point sur les informations collectées jusqu’à présent dans le cadre géographique du département de l’Hérault. Par ailleurs, nous mettrons en valeur l’intérêt des données conservées dans les compoix médiévaux, propos qui est évidemment commun à l’époque moderne. Ce bilan ouvert n’est pas un exercice formel : il permet aussi une mise en perspective. En effet, l’attention s’est jusqu’ici principalement portée sur la Provence médiévale, considérée comme plus représentative de cette culture. L’Hérault, comme l’ensemble du Languedoc méditerranéen, est resté longtemps en marge. Si les archives écrites restent par conséquent largement inexploitées, le renouvellement viendra aussi de l’archéologie, en particulier de l’archéobotanique, qui propose aujourd’hui de nouvelles approches et de nouveaux résultats.

Seront abordés successivement plusieurs points : la chronologie de l’oléiculture, les formes de culture, l’impact de l’olivier sur les terroirs agraires, sa place dans l’économie, tant seigneuriale que paysanne. Encore une fois, les quelques réponses qui seront apportées ne devront pas masquer les nombreuses lacunes, qui s’expliquent par les faiblesses de certaines sources, et certainement plus encore des recherches. Une place particulière sera accordée, cela a été dit, aux compoix. Les compoix médiévaux de l’Aude et de l’Hérault ont fait l’objet de notre part d’une enquête sur l’espace et le paysage rural. Le corpus et la base de données constitués à cette occasion forment le socle de cette approche spécifique. Pour l’Hérault, 36 compoix et estimes antérieurs à 1500, représentant 15 communautés rurales et urbaines, ont été pris en compte.

Une culture secondaire, mais partout présente

L’olivier est-il une composante du paysage rural médiéval héraultais ? La question peut sembler futile ou hors de propos, tellement l’arbre à huile est une composante majeure et symbolique des campagnes méditerranéennes depuis l’époque moderne. Elle l’est moins, au regard de certaines affirmations, comme celles de G. (omet, déclarant que « la Provence médiévale n’est […] pas une terre d’oliviers » et de G. Larguier situant l’accroissement significatif en Narbonnais autour des années 1450. E. Le Roy Ladurie le place au début du XVIe siècle dans la vallée de l’Hérault. Enfin, à Montpellier, les olivettes, absentes des compoix de 1380, font une apparition – modeste – dans les premières décennies du XVe siècle.

Ainsi, l’oléiculture serait le fruit d’une phase agricole spéculative enclenchée au XVe siècle. Si la documentation témoigne alors incontestablement d’une présence plus forte, ce constat est insuffisant. Au contraire, il faut envisager une activité pleinement médiévale, comme il est possible de le remarquer, déjà, en lisant les travaux publiés. Les sources écrites, tout d’abord, sont loin d’être univoques. En Biterrois, M. Bourin relève aux XIIe-XIIIe siècles une zone plus oléicole sur les pentes des pechs et des causses qu’en plaine. En 1307, les réglementations de police agraire de Pézenas protègent les olivettes de la dépaissance commune. Elles sont par conséquent suffisamment importantes, au moins qualitativement, pour justifier l’attention de la communauté. En 1382, le compoix de Montady, à l’ouest de Béziers, recense même plus d’olivettes que de vignes. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2009

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Jean-Loup ABBE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf