Description
Jean Moulin : l’artiste et l’amateur d’Art
d’après les collections du Musée des Beaux-Arts de Béziers
En 1975, entraient au musée des Beaux-Arts de Béziers, par legs de Laure Moulin, sœur du grand résistant, une collection importante de 540 dessins réalisés par Jean Moulin lui-même et 32 œuvres de maîtres modernes, huiles, dessins et aquarelles faisant partie de sa collection personnelle.
S’il n’est pas possible de dire qu’il est né dans une famille d’artistes, on peut cependant constater que le jeune Moulin a été élevé dans un milieu très favorable aux activités culturelles. Son père, professeur de français et de latin, puis d’histoire et de géographie, consacrait ses loisirs à la poésie et à la littérature. On connaît de lui plusieurs ouvrages historiques et durant toute leur vie, Jean et Laure l’ont soutenu dans ses recherches et y ont même participé. Rien de ce qui se passait dans le domaine culturel ne leur était étranger, ils lisaient beaucoup, visitaient les galeries, les musées, allaient au théâtre et au concert.
Le don de Jean Moulin pour le dessin est apparu dés l’enfance. Dans le fonds du musée de Béziers, se trouve un dessin qu’il a réalisé à l’âge de six ans, représentant la Promenade des Anglais à Nice, ainsi qu’une vue du Champ de Mars à Béziers, sensiblement de la même époque, montrant les soldats du régiment de chasseurs alors cantonnés dans la caserne Du Guesclin. Les attitudes sont encore un peu raides, mais l’enfant montre déjà des dispositions étonnantes pour camper un personnage. Laure dit dans son ouvrage : « Nous admirions ses premiers croquis… Vers cinq ou six ans l’enfant avait déjà un grand sens de l’observation et un joli coup de crayon »
Antoine Moulin, le père, est plus mesuré dans son jugement, il craint en effet que ce don ne compromette les études de l’enfant. Malgré ses appels à la raison, Jean Moulin continue à dessiner et à progresser dans ce domaine. À quinze ans, il est capable de faire des caricatures de ses professeurs, déjà très intéressantes par la précision du trait et la qualité de l’expression, synthétisant parfaitement la personnalité du modèle. Il est vrai que la caricature était un art très à la mode à Béziers au début du siècle, dans des journaux tels que « Tout Béziers y passera ». C’est vers cette période également qu’il commence à s’intéresser aux événements du monde et à la politique, guidé par son père, conseiller général de l’Hérault. Des débuts de la Guerre de 14-18, le musée conserve des caricatures de Guillaume II et des « embusqués ». Certains dessins, dans un style proche de celui de Poulbot, ont été publiés dans les journaux parisiens, La Baïonnette, ou La Guerre sociale de Gustave Hervé, grâce peut-être à des relations d’Antoine Moulin, mais aussi aux qualités de caricaturiste de Jean Moulin qui commencent à être reconnues.
Pendant ses études de droit à Montpellier, il crée une affiche vivement colorée pour le Xe Congrès national des Étudiants. Il réalisera une autre affiche, très proche, durant son séjour à Chambéry comme chef de cabinet du préfet. Elle représente un héraut d’armes, portant le fanion de la Savoie, qui restera pendant plusieurs années un des symboles de cette région. C’est en Savoie aussi, en 1922, que Jean Moulin expose pour la première fois ses œuvres, au Salon de Chambéry, sous le pseudonyme de Romanin. Il souhaite cacher ainsi son appartenance au corps des fonctionnaires préfectoraux. Il présente en particulier, dans ce salon, une série de croquis réalisés au Café Glacier à Béziers « Les habitués », dont il ne reste malheureusement rien dans le fonds légué par Laure Moulin.
Du début des années vingt datent une série de paysages provençaux et languedociens à l’aquarelle. Ce sont de petits formats, peints de manière agréable et raffinée mais qui ne portent pas vraiment la marque de l’artiste et n’atteignent pas le niveau de ses dessins. À partir de 1930, sous-préfet à Châteaulin (Finistère), il profite de son temps libre pour dessiner. Il crée alors des illustrations pour l’Histoire de Saint-Andiol que prépare son père. Les bois en ont été perdus, mais quelques esquisses d’Arlésiennes du musée de Béziers pourraient se rapporter à cet ouvrage. Il continue également sa collaboration avec les grands journaux satiriques de l’époque. Laure fait état des progrès de son frère « Durant les dernières années de Savoie, il avait atteint une vraie maîtrise dans la caricature… Le Rire, dans sa publicité de l’époque, citait Romanin au nombre de ses meilleurs et plus spirituels dessinateurs. » […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2001 |
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Nombre de pages | 6 |
Auteur(s) | Nicole RICHE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |