Description
De l’huile d’olive surfine conditionnée dans des bouteilles de verre.
Étude de la cargaison d’une épave coulée le 12 novembre 1839, au large des Aresquiers
De tout temps l’homme a cherché à conditionner ses produits alimentaires pour les transporter. Que ce soit l’amphore, l’outre, la jarre ou le tonneau en bois, les huiles ont toujours voyagé par la mer. Les bateaux naufragés ont ainsi porté à notre connaissance de précieux renseignements historiques, tant sur les relations commerciales passées que sur les procédés techniques employés dans le transport des denrées. Cette étude archéologique met en évidence le rôle majeur joué par le verre comme nouveau mode de conditionnement des huiles d’olive entre la seconde moitié du XVIIIe siècle et le second tiers du XIXe. Elle souligne également le poids économique des possessions françaises d’Amérique comme nouveaux débouchés pour l’exportation de ces huiles à partir du port de Marseille.
Ce travail s’appuie sur la découverte en 2001 de l’épave de l’Amphitrite, navire marchand à la voile, embarqué à Marseille à destination de Saint-Pierre-de-la-Martinique, qui sombre au large des Aresquiers, dans la commune de Frontignan, le 12 novembre 1839. Des caisses en bois remplies de bouteilles en verre couleur vert brun, pleines d’huile d’olive surfine, représentent un tiers de la cargaison encore en place dans cette épave. Les sources écrites, ainsi qu’une analyse biochimique en laboratoire viennent appuyer l’apport du terrain. La synthèse de ces trois études permet de restituer un épisode de l’histoire du commerce maritime de ces huiles d’olive vendues au détail et conditionnées dans des flacons en verre.
Mutation des modes de conditionnement des huiles en Provence,
apparition de la bouteille en verre noir
La production de la bouteille, appelée plus communément flacon, connaît en France, dès la première moitié du XVIIIe siècle, de grands changements. Les maîtres-verriers du royaume abandonnent la fabrication de la fiole ou fiasque, en verre très mince nécessitant un clissage en osier, pour adopter la bouteille d’origine anglaise, plus épaisse, en verre noir. Cette mutation, d’ordre technique, est intrinsèquement liée à l’emploi, pour alimenter les fours, d’un nouveau type de combustible beaucoup plus disponible que le bois et plus rapide à monter en température, le charbon de terre. La fabrication du verre peut être envisagée pour la première fois en très grande quantité.
L’essor économique de la Provence au XVIIIe siècle résulte de la présence du port de Marseille, ouvert sur la Méditerranée et rythmé par la promesse de nouveaux marchés, notamment les nouvelles colonies des Caraïbes. Ce commerce maritime est principalement celui de produits de l’industrie agroalimentaire qui nécessitent un conditionnement. Le verre – bouteilles, bocaux, pots, bonbonnes et dames-jeannes – sert d’emballage aux produits alimentaires de qualité que l’on vend au détail – vins, huiles fines et surfines, eaux-de-vie, liqueurs, truffes, câpres, olives, conserves – alors que le tonneau conditionne les qualités inférieures qui voyagent en vrac.
La bouteille commence à jouer dès cette époque un rôle économique considérable, tant pour le transport que pour la conservation des vins. James Barrelet, dans son histoire de la verrerie en France, constate qu’ « à coté des bouteilles à vin en verre noir, d’autres récipients en verre plus ou moins clair furent utilisés, les uns pour louer le rôle de carafe, les autres pour loger l’huile, le vinaigre, les liqueurs, les eaux-de-vie, les anisettes, les eaux de senteur… L’huile s’exportait en caves ou cavenettes, sortes de caisses contenant six, neuf ou douze flacons souvent carrés. » (Barrelet 1959, 103). […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2009 |
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Nombre de pages | 8 |
Auteur(s) | Laurence SERRA |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |