De Saint-Michel de Grandmont (Soumont, Hérault)
à l’abbaye et l’ordre de Grandmont

De Saint-Michel de Grandmont (Soumont, Hérault) à l’abbaye et l’ordre de Grandmont

De Saint-Michel de Grandmont
(Soumont, Hérault)
à l’abbaye et l’ordre de Grandmont

En 1988, les Études sur l’Hérault avaient envisagé de réaliser, dans un des numéros à venir, un dossier sur Saint-Michel-de-Grandmont (Soumont, Hérault) pour lequel les publications disponibles étaient très lacunaires. Peu à peu, l’idée d’envisager un colloque ou des journées d’études virent le jour et, au mois d’octobre 1989, se tinrent deux journées sur les lieux mêmes avec l’étroite collaboration généreuse de Madame et Monsieur Bec.

Les communications furent de haut niveau et permirent de présenter les particularités de l’Ordre, sa spiritualité, ses réalisations, son histoire. Les Actes, publiés en 1992, connurent un grand succès et plusieurs réimpressions, jusqu’à aujourd’hui, ont permis de rendre disponible ce volume particulièrement réussi : L’Ordre de Grandmont, Art et Histoire, Actes des Journées d’études des 7 et 8 octobre 1989, co-édition Études sur l’Hérault / Centre d’Archéologie médiévale du Languedoc, 1992. L’ensemble des communications est accessible sur le site des Études héraultaises, à l’adresse : https://www.etudesheraultaises.fr/publi/revue-etudes-sur-lherault-1992-lordre-de-grandmont/.

C’est avec beaucoup d’intérêt que nous avons eu connaissance d’un récent ouvrage sur le sujet, celui de Robert Chanaud, L’abbaye et l’ordre de Grandmont, entre ascétisme et opulence XIe-XVIIIe siècles, Limoges, 2012. L’auteur est déjà connu pour avoir publié l’inventaire des Archives de Grandmont (1186-1792), Archives départementales de la Haute-Vienne, Limoges, 2009, archives trop souvent réduites (celles disponibles encore à Soumont ont été remises aux Archives départementales de l’Hérault).

En une centaine de pages, R. Chanaud donne une synthèse magistrale sur Grandmont dont il précise l’esprit, des origines jusqu’au milieu du XIIème siècle, et la fin par la Commission des Réguliers en 1768-1781. Au cours des siècles restait présent l’esprit primitif d’Étienne même si le monde extérieur a trop souvent modifié les premiers principes. Une illustration choisie, en couleurs, accompagne un texte limpide qui donne aujourd’hui vie à une visite de l’un ou l’autre de ces prieurés.

Nous rappellerons enfin la monographie de Martine Larigauderie-Beijeaud, tirée de sa thèse, De l’ermitage à la seigneurie : l’espace économique et social de Grandmont, XIIe-XVIIIe siècle. CAHMER, Université de Picardie, 2009, qui montre les évolutions considérables de l’Ordre depuis les origines ascétiques jusqu’à ses transformations économiques et sociales qui le conduiront à la mort.

[Jean-Claude RICHARD RALITE]

Raymond Thomassy (Montpellier, 1810 – La Havane, 1863),
historien et archéologue en France, salinier en Louisiane

Raymond Thomassy est né à Montpellier le 6 mai 1810 dans une famille connue : il était le frère d’Édouard, poète et dramaturge1. Il devint archiviste-paléographe de la promotion 1833 de l’École des Chartes et commença une carrière scientifique qui donna lieu à sa participation au volume de J. Renouvier et J.-J-B. Laurens sur les Monumens de quelques anciens diocèses de Bas-Languedoc, 1836.

Dès 1834, il est le premier à s’intéresser à l’abbaye de Gellone sur laquelle il publie trois articles scientifiques : « Découverte et restitution de l’autel de Saint-Guillaume, parent de Charlemagne et fondateur de Saint-Guilhem-du-Désert », Mémoires de la Société Royale des Antiquaires de France, 14, 1839, p. 229-231, avec la planche V, premier dessin de l’autel dit de Saint Guilhem, réalisé en 1834) ; « L’ancienne abbaye de Gellone ou Saint-Guilhem-du-Désert (en Bas-Languedoc) », ibidem, 15, 1840, p. 307-326, pl. VIII-IX ; la planche VIII est un dessin de l’ensemble des façades du monastère vers l’Est) (Fig. 1) ; « Critique des deux chartes de fondation de l’abbaye de Saint-Guilhem-du-Désert », Bibliothèque de l’École des Chartes, 2, 1840-1841, p. 177-187. En 1839 dans le journal L’Univers il donna en « feuilleton » : « Voyage à l’abbaye de Saint Guilhem-du-Désert, analogie de ses légendes populaires avec le cycle épique de Guillaume d’Orange » (n° 112 du 25 octobre, n° 120 du 5 novembre, n° 132 du 19 novembre et n° 159 du 20 décembre 1839). Par ailleurs, il publia : « Recherches historiques et littéraires sur la vie et le cycle épique de Guillaume-au-court­nez, duc de Toulouse », Journal général de l’Instruction publique et des cours scientifiques et littéraires, 5, 1835-1836, p. 450-453 et 633-636.

Il réalisa en 1841 un Catalogue des manuscrits de Nancy2.

Il rédigea aussi une Notice sur deux manuscrits des Archives de la commune de Montpellier, le Mémorial des Nobles et le Petit Thalamus (Bulletin de la Société de l’Histoire de France, 11ème Cahier, 1834, p. 359-370), une Notice sur un manuscrit des Statuts de la ville de Montpellier (ibidem, 370-374), ainsi que des Débris des anciennes archives de l’abbaye d’Aniane (en Bas-Languedoc) oubliées dans cette localité et retrouvées dans un réduit de sa maison commune (ibidem, p.485-489)3.

Abbaye de Saint-Guilhem-du-Désert

Abbaye de Saint-Guilhem-du-Désert

Entre 1840 et 1844, il a publié dans les Nouvelles Annales des Voyages et des Sciences géographiques, plusieurs articles concernant les relations de la France avec l’empire du Maroc. C’est dans cette même revue qu’il a donné un Voyage à l’abbaye de Saint-Guilhem-du-Désert (1844, n° 102, p. 5-34 et n° 105, p. 322-325)4.

Mais il abandonne sa carrière scientifique, se rend en Istrie pour l’exploitation de salines, puis en Louisiane5 où il étudie la pêche, la géologie… jusqu’à une Géologie pratique de la Louisiane, 1860 et une Statistique de la Louisiane, 1862. Il fonde à La Nouvelle Orléans, en 1862, une société pour l’exploitation d’une saline. Il part pour Cuba afin d’y établir une exploitation, et il y meurt le 28 juillet 1863 (acte de décès du 29)6.

[Jean-Claude RICHARD RALITE]

Notes

(1) Nous avons établi une première bio-bibliographie dans le Dictionnaire de biographie héraultaise de Pierre Clerc, p. 1826-1827. D’après le Registre des Délibérations du Conseil de discipline de l’ordre des avocats, 1842-1878, R. Thomassy a été reçu à la licence le 5/8/1833, il a prêté serment le 2/9/1833 et inscrit le 3/12/1833. Il a été rayé pour absence le 18/9/1835 et fait un stage en 1843 ! Il est membre résidant de la Société archéologique de Montpellier, puis correspondant et y fait part de ses recherches.

(2) R. Thomassy fut bibliothécaire-stagiaire à Nancy en 1841, entre le 21 octobre et le 28 décembre.

(3) Le Bulletin de la Société de l’Histoire de France rend compte dans sa séance du 2 novembre 1835, de plusieurs interventions ou communications de R. Thomassy et accuse réception de l’ouvrage de Monuments des anciens diocèses du Bas-Languedoc, par J. Renouvier et R. Thomassy, Abbaye de Valmagne, 1835, et indique le tirage qui a été de cent exemplaires. En 1836 l’Académie des Inscriptions et Belles lettres accorde une mention honorable à R. Thomassy pour ses études sur les abbayes de Gellone et d’Aniane.

(4) Nous n’avons pas signalé ici (cf. Dictionnaire de P. Clerc) les publications concernant des questions nationales, historiques ou littéraires.

(5) Le dossier La Nouvelle Orléans, Consulat général, série D, dossiers administratifs, carton n° 40, contient une correspondance avec M. A. de Moujan, consul à La Nouvelle Orléans, (depuis Pau puis Paris : 20 mai 1854 : il a reçu une lettre de Thomassy du 14 février 1854 expédiée de Washington, à propos de son projet de saline à Charleston auquel M. de Moujan est associé, mais dont ce dernier sait les difficultés compte tenu que « les esclaves ont atteint un prix énorme » et que « le travail libre est aussi fort cher et quelquefois impossible ». Un projet à La Nouvelle Orléans même est possible et M. de Moujan s’y rendra en novembre pour rencontrer Thomassy qui est sur place avec un frère. En janvier 1855, depuis La Nouvelle Orléans : lettre adressée à Charleston aux bons soins de l’évêque : il se dit prêt à réunir, avec ses amis, les capitaux nécessaires pour créer là une saline ; nouvelle lettre à Charleston le 10 février 1855 : M. de Moujan a créé une association dont on lui demande de devenir directeur de l’entreprise ; autre lettre le 6 mars 1855 annonçant leur rencontre afin d’aller sur le terrain pour établir un plan et une estimation des travaux et des résultats probables, deux lacs sont recommandés : Pontchartrain et le lac Borgne. Nous n’avons pas d’autre lettre sur ce projet.

– Le 18 janvier 1863, lettre au Consul de M. Dufour, notaire, 15 place de la Bourse à Paris : un de ses clients a donné un pouvoir à R. Thomassy mais il n’en a aucune nouvelle ; il rappelle en annexe qu’en 1862, R. Thomassy est gérant d’une société qu’il a fondée pour la création d’une saline. Enfin, une lettre au Consul du 1er janvier 1863 est envoyée de Sète par J. Thomassy, lieutenant de vaisseau, directeur du port, qui s’inquiète de l’absence de nouvelles depuis juin 1862 : la réponse indique que Raymond était bien portant au mois d’août [1862]. Par une nouvelle lettre du 19 novembre 1863, au Consul, J. Thomassy qui a été informé du décès de son frère, demande le retour des « papiers, manuscrits et cartes ». Le 23 janvier 1864, le Consulat invite J. Thomassy à prendre contact avec des personnes désignées qui ont recueilli les effets et documents du disparu pour en obtenir le retour.

– Nous ne disposons pas d’autre renseignement (malgré des sollicitations directes faites à La Nouvelle Orléans) pour savoir si le projet de saline a abouti et nous ne savons rien concernant le séjour de R. Thomassy à La Havane.

– On peut se demander si Thomassy n’avait pas en vue d’établir une usine sucrière compte tenu de la situation politique locale et d’un coût de la main d’œuvre moins élevé : R. Herrera, « Capitalisme, esclavage et sucre à Cuba, émergence, essor et déclin de l’esclavage cubain (1511-1886) », La France et les Amériques au temps de Jefferson et de Miranda, Paris, 2001 ; R.Herrera et alii, Cuba révolutionnaire, Paris, 2003. Au milieu du 19ème siècle, Cuba est le plus grand producteur de sucre au monde : en 1867, 761 milliers de tonnes métriques ! Entre 1851 et 1860, on dénombre l’arrivée de 125.000 esclaves et il faudra attendre 1886 pour l’abolition.

(6) Nous adressons nos remerciements à l’École Nationale des Chartes, à l’Ordre des Avocats à Montpellier, au Service des Archives de Sète, aux Archives de la Troisième Région Maritime, aux Archives diplomatiques de Nantes, à la Bibliothèque-Médiathèque de Nancy, aux Archives Municipales de Montpellier, à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres, à la Bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier et à R. Herrera, A. Perotin et B. Ricard.

Caux sur les chemins de la Grande Guerre de Guilhem Beugnon & Claude Buard,
Les Amis du Clocher et du Patrimoine de Caux, 2018, 300 p.

En cette année 2018 marquée par le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, les initiatives mémorielles auront été nombreuses dans le département. À Caux, dans l’Espace patrimoine de la place de l’Église, Les Amis du Clocher et du Patrimoine ont présenté une grande exposition, du 9 juin au 11 novembre, dans laquelle étaient notamment abordés : l’équipement du soldat, l’armement, l’art de la tranchée, la santé au front et la vie au village.

Après plusieurs mois de recherches, Guilhem Beugnon et Claude Buard, deux Caussinards membres de l’association, ont prolongé cette exposition à travers un ouvrage de 300 pages qui paraîtra au cours du mois de décembre. Guilhem Beugnon est un « produit du terroir ». Après avoir dirigé l’école rurale de Nizas, puis exercé des missions culturelles de longue durée au Zimbabwe, au Sri Lanka et au Brésil, il a posé ses valises au milieu des collines du centre Hérault. Depuis le village de Vailhan, il pilote aujourd’hui un centre de ressources d’éducation au développement durable et son bulletin de liaison numérique : Los Rocaires. Il est l’auteur de plusieurs monographies éditées par la Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers (Un promoteur languedocien de l’Empire, le général-marquis de Carrion-Nisas / 2007, Dom Bedos de Celles, entre orgues et cadrans solaires : vie et travaux d’un Bénédictin du Languedoc (1709-1779) / 2008, Neffiès, toute une histoire : des origines au début de l’ère moderne / 2011) et d’un récent ouvrage sur Gabian, aux sources du pétrole en France édité par l’association Les Arts Vailhan. De formation scientifique, hydrogéologue, Claude Buard a mis au service de cet ouvrage, son sens de la rigueur, sa curiosité insatiable et sa pugnacité dans le traitement de centaines de fiches matriculaires et de milliers de pages d’archives du Comité international de la Croix-Rouge. Il assoit de la sorte ce livre sur des fondations solides et des données rigoureusement vérifiées.

Préfacé par le général d’armée Elrick Irastorza, Président de la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale, et par le général d’armée Jean-Pierre Kelche, ancien chef d’état-major, l’ouvrage se compose de cinq chapitres qui retracent la vie des Caussinards avant, pendant et aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Dans le premier chapitre intitulé Avant que sonne le tocsin, Guilhem Beugnon et Claude Buard présentent une analyse démographique et urbanistique locale, avant d’aborder une étude de l’action de la municipalité radicale-socialiste dirigée par le maire Jean-Étienne Alquier. Dans ce pays de viticulture composé de 1 946 habitants, selon le recensement de 1911, les auteurs proposent aussi une analyse économique qui passe notamment par l’étude de la crise de 1907 et ses conséquences, ainsi que de la situation à la veille de la guerre. En 1914, 1 768 des 2 484 hectares que comptent la commune sont plantés en vigne, trois cépages prédominent : l’Aramon, le Carignan et le Bouschet ; la récolte moyenne est de 120 000 hectolitres. Guilhem Beugnon et Claude Buard présentent également les différents établissements scolaires caussinards qui se trouvent divisés entre laïcité et cléricalisme, ainsi que les communautés religieuses qui doivent faire face aux réformes de la IIIe République. Le deuxième chapitre s’attache à dépeindre la vie du village pendant les cinquante-deux mois de conflit. Il aborde la vie municipale, au ralenti par suite de la mobilisation du maire et de douze des quinze conseillers, la vie économique, profondément affectée, elle aussi, par le départ des jeunes agriculteurs, la vie sociale marquée par la solidarité et la vie scolaire dont chaque page porte l’empreinte du conflit. Le troisième chapitre présente de nombreux portraits de poilus caussinards mobilisés dans les divers corps d’armée. Dans ces biographies militaires ponctuées de nombreuses photographies représentant la vie au front, nous pouvons notamment découvrir les itinéraires d’Émile Beugnon dans les 296e et 225e régiments d’infanterie (RI), de Pierre Soulairol dans le génie, d’Eugène Bastide dans les 16e, 63e et 201e RI, de Jean-Étienne Alquier dans la 16e section d’infirmiers militaires, des frères Auguste et Alfred Cavalade dans les 34e régiment d’infanterie coloniale et 55e RI, ou encore de Georges Georgerens dans le 9e régiment d’artillerie de campagne, puis dans les 113e et 121e régiments d’artillerie lourde.

Dans un quatrième chapitre particulièrement bien documenté (archives françaises, suisses et américaines), les auteurs nous transportent Derrière les murs de Mougères grâce à de nombreuses illustrations. Situé sur le territoire de la commune, cet ancien monastère de chartreux (vidé par ses moines qui avaient refusé de se soumettre à la loi Waldeck-Rousseau du 1er juillet 1901, imposant aux congrégations d’adresser aux autorités une demande d’autorisation d’exister), devient un centre d’internement de prisonniers allemands de 1915 à 1918, sous le commandement d’Achille Delater. Provoqués et insultés par des foules particulièrement hostiles à chacune de leur arrivée en gare de Caux, les prisonniers de l’armée de Guillaume II doivent vivre avec « la psychose des barbelés ». Bien que leurs conditions de détention soient relativement correctes (nourriture et vin en quantité, chambres particulières pour les officiers dont les repas sont servis directement par leurs ordonnances, blanchisserie assurée par une habitante de la commune voisine de Roujan, possibilité d’avoir des instruments de musique, de jouer au football, de faire de la gymnastique, de recevoir des colis…), certains aspirent à plus de liberté. Dans la nuit du 18 au 19 août 1916, onze officiers parviennent à s’évader grâce à un étroit souterrain long de vingt mètres, patiemment creusé à l’aide d’outils de menuiserie que les gardes français n’avaient pas pris soin de leur retirer. Cette nouvelle provoque une tempête médiatique. Le Petit Méridional et L’Éclair s’emparent de l’affaire, tout comme certains journaux nationaux qui ne manquent pas de critiquer la surveillance légère de ces prisonniers qui ont réussi une entreprise qui ne se fait pas « en un jour ou deux ». Après d’intenses recherches, tous les évadés sont rapidement retrouvés et arrêtés en diverses communes : Roujan, Montesquieu, Valros, Béziers, Coursan, Cuxac-d’Aude et Cahuzac.

Dans leur cinquième chapitre, Guilhem Beugnon et Claude Buard se penchent sur les Lendemains de guerre. Accueilli dans une liesse générale, l’armistice engendre le retour des mobilisés par vagues successives, ainsi que le rapatriement au village (à la demande des familles) des corps d’une vingtaine de Caussinards qui avaient été inhumés sur les fronts. La vie reprend lentement son cours malgré le traumatisme. Aux mois de novembre et de décembre 1919, de nouvelles élections municipales sont organisées. Dans l’ancienne municipalité, deux conseillers ainsi que le maire Jean-Étienne Alquier sont Morts pour la France. Séverin Bousquet est élu, mais doit rapidement céder la place à Kléber Lauras après une scission du Conseil municipal. En croisant diverses sources, les auteurs dénombrent soixante-quatorze Caussinards qui ont perdu la vie au front ou à l’arrière (3,80 % de la population de 1911), alors que de nombreux autres sont irrémédiablement atteints dans leur corps ou dans leur âme. Très vite, après les réjouissances de la Victoire, un travail de mémoire s’accomplit. Il passe notamment par l’inauguration de plaques commémoratives, mais aussi par la construction d’un monument aux Morts, partiellement financée via une souscription communale. Le célèbre sculpteur Paul Dardé renonce à se charger de la conception de l’édifice en raison de la crise dans les transports et c’est finalement Paul Harant qui est désigné. Cet architecte biterrois qui a dessiné les monuments aux Morts de Maureilhan, Lignan-sur-Orb, Puissalicon et Nézignan-­l’Évêque, propose un édifice « inspiré de l’art grec » comprenant une crypte pouvant abriter vingt-quatre cercueils. Il est inauguré dans le courant du mois de décembre 1924. Ce chapitre se termine par une présentation des actions mémorielles entreprises récemment par les associations caussinardes et le Souvenir Français (restauration du monument aux Morts, conférences de Thierry Murat et de Jean-Michel Abbes), ainsi que par un retour illustré sur la dernière exposition présentée dans l’Espace patrimoine.

Caux sur les chemins de la Grande Guerre apporte une vision inédite des conséquences du premier conflit mondial à l’échelon d’une commune héraultaise. À travers une mise en page moderne et une iconographie de qualité, nous pouvons nous transporter près d’un siècle en arrière pour revivre le parcours des habitants d’un village du cœur de l’Hérault dans cette crise majeure du XXe siècle, cette « Grande Boucherie » qui aura coûté la vie à près de 10.000.000 d’hommes, dont environ 1.400.000 Français.

L’ouvrage est disponible au prix de 25 euros en passant commande auprès des Amis du Clocher et du Patrimoine de Caux. Contact : acpcdecaux@gmail.com. Site Internet : http://lesamisduclocherdecaux.wifeo.com

[Alain ALQUIER]