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Description

Les métiers de la soie a Nîmes au XVIIIe siècle

Dans les années 1650, l’industrie de la laine traverse à Nîmes une crise grave : elle quitte la ville pour s’installer dans les villes voisines plus petites (Uzès, par exemple) et dans les campagnes. Les manufacturiers nîmois orientent alors leurs ateliers vers le travail de la soie. Ce choix les entraîne vers une branche de l’industrie textile extrêmement concentrée, réglementée et protégée considérées comme des produits de luxe destinés à la consommation de la cour et de l’aristocratie, les soieries étaient le monopole exclusif de la fabrique lyonnaise et des manufactures parisienne et tourangelle. L’adresse des fabricants nîmois, dès la seconde moitié du XVIIe siècle, est de comprendre qu’ils ne possèdent ni la puissance politique, ni la force économique pour concurrencer les soyeux lyonnais, et cette situation particulière les conduit à rechercher une place originale au sein de l’industrie de la soie en France. Ils misent le succès de leur entreprise sur un double pari :

Ces initiatives sont couronnées de succès. Nîmes apparaît à la fin de l’Ancien Régime comme l’une des grandes villes industrielles du royaume. Les bilans successifs, dressés par les inspecteurs des manufactures en Languedoc et l’intendant, sont positifs. En 1778, avant la crise économique générale qui se traduit à Nîmes par la fermeture des marchés espagnols, la fabrique de bas au métier compte 4 550 métiers et occupe 16 850 personnes ; sa production annuelle est évaluée en moyenne à plus de 100 000 douzaines de paires de bas ; elle rapporte près de 7 millions de livres par an. Les gains de la fabrique d’étoffes sont sensiblement les mêmes ; 7 millions de livres en 1786, pour une production de 120.000 pièces par an et 3500 métiers battants.

La fabrique de Nîmes « se procura des débouchés considérables l’Allemagne, la Russie, l’Italie, l’Espagne et les Indes Occidentales furent une nouvelle carrière où les négociants qui la soutiennent se hâtèrent d’entrer en concurrence avec ceux de Gènes, de Turin et d’Angleterre ». Ainsi, avec la soie, les manufactures textiles passent à Nîmes, au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles, du stade artisanal, appuyé sur un petit commerce local ou régional, à l’entreprise industrielle capitaliste capable de s’insérer dans le réseau des relations commerciales à l’échelle mondiale. Désormais, leurs principales préoccupations deviennent les débouchés, la concurrence étrangère, la compétitivité de leur production et le goût du consommateur. Une telle évolution n’est pas restée sans conséquence sur l’organisation et le contrôle du travail à l’intérieur des manufactures je voudrais simplement essayer de montrer ici comment, en s’insérant dans des structures artisanales traditionnelles, l’industrie de la soie les a progressivement transformées, comment se sont opérées une concentration de plus en plus grande des capitaux et simultanément une spécialisation des activités et une division de plus en plus poussée du travail, et comment l’apparition de ces deux phénomènes s’est appuyée sur une nouvelle conception de l’entreprise. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1981

Nombre de pages

12

Auteur(s)

Line SALLMANN

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf