Description
Les Assemblées Préliminaires des corps et communautés de métiers
de la ville de Moulins
(sénéchaussée de moulins) pour les États Généraux de 1789
Assez rares dans la France méridionale sont les villes qui ont laissé un jeu presque complet de cahiers de doléances des assemblées préliminaires. Aussi est-il intéressant de recourir à Moulins. Chef-lieu d’une généralité définie par Necker comme méditerranéenne, c’est-à-dire au cœur même des terres du royaume, Moulins apparaît en août 1789 à Arthur Youg comme une « pauvre ville mal bâtie ». Ville cléricale avec ses 18 couvents, ses deux hôpitaux et son collège, ville administrative avec son Intendance, ville de chicane avec ses tribunaux du second ordre, elle est surtout un gros marché rural, un port fluvial et un entrepôt sur la route postale Paris-Italie.
Deux petites manufactures périclitent. Son artisanat moins tourné vers la fabrication qu’à Beauvais ou à Lyon ne lui confère pas ce cachet de ville fabricante seule la coutellerie et le travail du cuir ont quelque relief.
En mars 1789, les marchands réunis en un bureau bicéphale et les arts libéraux (médecins, chirurgiens, apothicaires, imprimeurs) auront droit à deux délégués pour cent participants à l’assemblée préliminaire ; le reste, un seul. Ce sont ces derniers métiers qu’il convient de questionner maintenant :
- Comment se présentent-ils sous l’angle socioprofessionnel ?
- Comment réagissent-ils à la convocation et à la nomination du délégué ?
- Comment s’expriment-ils dans leurs cahiers ?
I. – LES COMMUNAUTES DE MÉTIER
Il y a 32 jurandes avant l’édit de suppression (1776). Après celui qui porte création de nouvelles communautés leur nombre tombe à 20. Disparaissent toutes les jurandes du textile (tisserands, sergers, chaussetiers). Tous les métiers du fer sont regroupés autour des serruriers, ceux des métaux non ferreux avec les chaudronniers, ceux du bâtiment forment également une seule communauté. Beaucoup de métiers restent libres : huiliers, vinaigriers, potiers en terre de même les boutiquiers et les transporteurs (voituriers, mariniers) ne sont pas corporés.
Pendant le XVIIIe siècle les marchands artisans, dont les revenus dépendent plus du capital que du travail personnel ou salarié, augmentent leurs effectifs de 18 % en moyenne : les perruquiers passant même de 9 à 26. Les artisans marchands qui, eux, tirent davantage profit de leur travail ou de celui de leurs salariés que du capital connaissent une augmentation de 20 % en moyenne, mais elle est le fait des métiers du bâtiment, de ceux du bois (qui doublent leurs effectifs) et du textile, alors que les métaux reculent. L’essor de la population, la politique d’urbanisation des Intendants, l’essor des transports fournissent une demande importante pour cet artisanat.
Au total 496 maîtres de métiers corporés figurent sur le registre de la taille de 1786, les communautés les plus importantes dépassent 50 membres sans toutefois atteindre la centaine. Les plus nombreuses sont les cordonniers en neuf et en vieux, les couteliers et les ouvriers du bâtiment ; à l’inverse tapissiers et teinturiers ne sont que 4 (il n’y a qu’un seul teinturier en soie). La moyenne des effectifs est de 24 membres. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1981 |
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Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Michel NAUDIN |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |