Dans la longue durée provençale, Aix n’était pas plus particulièrement désignée pour devenir la capitale du comté. Ce sont les hasards de l’histoire qui ont écarté Arles, Avignon et – pourquoi pas ? – Marseille au profit de la cité de l’Arc. La politique comtale depuis les Angevins a fait le reste.
Ce sont, en effet, les derniers comtes puis les rois de France qui ont systématiquement favorisé Aix en y installant un exécutif (la Procure du pays, 1480), un parlement (1501), une cour des comptes (1555), un bureau des finances (1552), le gouverneur, plus tard l’intendance. Bien souvent ce n’était que le prolongement d’une évolution commencée au Moyen âge, sauf ce parti délibérément pris de favoriser la municipalité aixoise (noyau de la Procure) contre la volonté des États, lesquels perdirent le pouvoir de légiférer après l’édit de Joinville (1535) et auxquels on suscita à la fin du XVIe siècle la concurrence de l’Assemblée des communautés.
La triple tutelle des cours supérieures sur les communautés, renforcée dès le XVIe siècle, a fait d’Aix la véritable capitale du comté et des Terres adjacentes. D’autre part, un actif parti français a été mis en place. La couronne a fait ainsi coup double.
Cette politique n’a probablement rien eu de programmé. L’avenir en montra assez vite le bien-fondé car entre les années 1560 et les années 1660 l’autorité royale s’est vu tour à tour menacée par la politique, très personnelle de certains gouverneurs, l’agitation d’une partie de la noblesse et surtout la résistance de Marseille, qui avait pourtant bénéficié de la sollicitude royale dès l’annexion. […]