Catégorie : Étiquette :

Description

Le musée archéologique de Lattes à deux ans :
Programme, réalisations, perspectives

Inauguré le 26 septembre 1986, le musée archéologique municipal de Lattes constitue tout à la fois le musée monographique de l’antique Lattara et celui du littoral lagunaire montpelliérain (fig. 1). Les étangs y sont séparés de la mer par un cordon littoral de formation flandrienne (entre 6500 et 2500 av. notre ère); des chenaux naturels, les graus, mettent ces lagunes en relation avec le large. Ces basses terres humides constituent un milieu naturel original, très tôt habité par l’homme (depuis le néolithique moyen, chasséen) et largement ouvert aux influences méditerranéennes. C’est ici que réside l’intérêt archéologique de Lattes : baigné par sa lagune et relié à l’arrière-pays par un petit fleuve côtier, le Lez, ce site portuaire privilégié fut occupé sur sept siècles sans discontinuer, du VIe siècle av. n. è. jusqu’au IIIe siècle de notre ère. Ce gisement représente donc un observatoire idéal pour étudier les contacts entre le milieu indigène d’une part et les civilisations étrusques, grecques – depuis Marseille – et romaines d’autre part. Cet enjeu a mobilisé les énergies de la commune de Lattes, du Ministère de la Culture (Direction des Musées de France, Direction du Patrimoine) et des Collectivités Territoriales (Conseil Régional du Languedoc-Roussillon, Conseil Général de l’Hérault et District Urbain de Montpellier) pour constituer un parc archéologique vaste d’environ dix hectares et la construction d’un complexe archéologique ; la commune de Lattes étant maître d’ouvrage. Ces locaux abritent un musée, présenté dans cet article, et un centre de documentation archéologique régional (C.D.A.R.) géré par la Direction des Antiquités du Languedoc-Roussillon.

Présentation et historique du projet

L’époque moderne, XVIIe, XVIIIe et surtout XIXe siècles – grâce aux prospections suscitées par la Société Archéologique de Montpellier – commençait à peine à mesurer l’importance du site. C’est le travail d’Henri Prades et du Groupe Archéologique Painlevé qui la révélera à partir de 1964. Dès le XVIIe et jusqu’au XIXe siècle cependant, d’intéressants vestiges archéologiques alimentaient déjà la curiosité des « antiquaires ». Les observations ponctuelles effectuées alors, commençaient à esquisser la topographie de la ville portuaire antique. Selon le rythme des travaux agricoles, chaque hiver apportait sa moisson de vestiges sur des terrains de culture devenus aujourd’hui zone archéologique. 1856 et 1917, par exemple, furent deux années fertiles en découvertes. La nécropole gallo-romaine, bien localisée aujourd’hui à l’emplacement du lotissement Filiès, un quartier du Lattes moderne, livra sa première tombe en 1820. Un riche mobilier funéraire la composait : une urne cinéraire en verre était protégée par un caisson de tegulae ; un grand nombre de balsamaires en verre, quelques vases en céramique et une monnaie frappée à l’effigie d’Antonin en 145 ap. J.C. l’accompagnaient. Dans le même temps, les premières découvertes épigraphiques étaient recensées et les environs immédiats livraient aussi du matériel archéologique, en particulier Soriech, juché sur un côteau dominant la plaine de Lattes. Les érudits du XVIIIe siècle s’interrogeaient pour savoir si le latera de Pline n’avait pas précédé le Lattes actuel. Mais les partisans de l’antique oppidum de Fabrègues et de Montpellier restaient nombreux. Finalement, il faudra en 1964 la découverte d’une dalle en calcaire portant gravé le texte de la dédicace au dieu Mars-Auguste par T. Eppilius Astrapton, les artisans et les utriculaires lattois – lattar(enses) dit le texte – pour lever le dernier doute (fig. 2). Depuis cette date, les vingt-sept sondages du Groupe Archéologique Painlevé et la fouille partielle de la nécropole ont considérablement étendu nos connaissances et permis la création du musée.

L’ancien mas Saint-Sauveur, dans lequel ont été aménagés le musée et les autres locaux du Centre Archéologique appartenait au XIXe siècle à la famille du peintre Frédéric Bazille qui l’a représenté en 1863 dans l’un de ses premiers paysages importants. Le mas était alors une ferme modèle, alliant la culture de la vigne, celle des vergers et l’élevage bovin. L’architecte, Jean Massota, a voulu conserver un souvenir de cette époque en dédiant la fontaine du jardin à la mémoire du peintre de Montpellier. Cet espace vert constitue le premier contact des visiteurs avec le musée. Il a donc été particulièrement soigné, puisant toute sa beauté dans la rigueur géométrique de ses pelouses et la simplicité de ses essences typiquement méditerranéennes cyprès, thuyas, lauriers et empelopsis. A l’occasion, il peut servir de surface d’exposition en plein-air pour le lapidaire et la sculpture. Toutefois, dans un très proche avenir, en relation avec la future cafétéria du musée, celui-ci devra être traité comme un véritable jardin public aménagé comme tel : zone de repos et d’accueil pour les adultes, terrain de jeux pour les enfants. L’architecture répond à une triple volonté :

  1. Interpénétration du secteur recherche sur un parc archéologique vaste de dix hectares et la présentation muséographique.
  2. Adaptation à l’architecture rurale languedocienne façades sobres, enduits grésés, toitures en tuiles rondes.
  3. Goût du contraste. L’enveloppe extérieure est modeste et traditionnelle, mais les volumes intérieurs obéissent à une ordonnance moderne.

Les contraintes techniques permettent de rompre la succession uniforme des lieux : ceux-ci trouvent, en effet, une excellente solution de continuité dans les plans inclinés, axes de circulation privilégiés, qui les relient entre eux. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1988

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Christian LANDES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf