Description
L’avatar de la Vierge de Parlatges
Intervention du sculpteur Paul Dardé, en 1927, sur un retable classé monument historique
Lorsqu’il s’intéresse à la chapelle de Notre-Dame de Parlatges, le sculpteur lodévois Paul Dardé (1888-1963) est un artiste célèbre, lauréat du prix national des Beaux-arts en 1920, qualifié par les journalistes parisiens de « successeur de Rodin » et de « nouveau Michel-Ange ». Mais il fuit Paris. Installé à Soubès, près de Lodève, il n’a pour ambition que de se consacrer à son pays natal, pour animer la région par la « décentralisation artistique », protéger les monuments anciens contre la rapine des antiquaires, et édifier un peu partout des œuvres de caractère. Ce vaste programme l’occupera et le ruinera tout au long d’une décennie, jusqu’à son retour au Salon de 1930 avec la statue d’Homme de Néandertal que lui avait commandée l’Etat, pour un site de Dordogne.
Parlatges
Presque à égale distance de Lodève et de Saint-Guilhem le Désert se trouve le hameau de Parlatges. Un castrum y fut mentionné en 1101 (« de castro, quod vocatur Parlatges »), donné par Pierre Guilhem à l’abbaye de Gellone. Sans doute attachée au château, l’église Sainte-Marie de Parlatges est signalée dans la liste synodale du diocèse, en 1252, puis dite paroissiale dans l’inventaire de l’évêque Briçonnet, en 1331. Le hameau de Parlatges se trouva réuni, pour le spirituel, à Saint-Etienne de Gourgas, avant d’être érigé en succursale de Saint-Pierre de la Fage, par ordonnance royale du 15 juin 1846.
Plusieurs orthographes ont été adoptées pour écrire le nom de Parlages, Partlages ou Parlatges, dont l’étymologie reste incertaine (aire pastorale ou partage de territoire ?), mais que la tradition justifie par l’existence opportune, en cette localité, d’un pèlerinage spécial pour la guérison miraculeuse des personnes souffrant de troubles de la parole : en occitan, parlatge peut se traduire par langage. Cette pratique religieuse aurait-elle précédé la création du castrum ? Rien ne le dit, mais on trouve dans le procès-verbal de la visite pastorale de Plantavit de la Pause, en 1631, l’attestation que l’église de Parlatges « a été depuis longtemps fort célèbre par les miracles qui y ont été faits, même encore pour les muets et autres personnes empêchées de la langue et qui ont la jaunisse même. »
De nos jours, l’habitant d’un village voisin témoigne :
« Le 8 septembre, tout le monde allait au pèlerinage de Parlatges. Un car venait de Lodève. Qu’on soit croyant ou pas, on y allait passer la journée. Le matin, il y avait la messe et une procession. On descendait jusqu’à la fontaine du pont, au bas du village ; autrefois on allait recueillir l’eau juste un peu plus en amont, dans le chemin. A midi, on prenait le repas dans les prés, les gens chantaient. C’était une journée de divertissement. Et puis il y a eu les voitures, les gens ont commencé à partir tout de suite après la messe, et insensiblement ça a perdu de son importance. »
Le retable
Si maigre que soit l’évocation du pèlerinage dans les siècles passés, elle existe, tandis que les descriptions nous manquent du château (dont ne subsiste aujourd’hui qu’un mur, récemment transformé par une construction de jardin), et du retable conservé dans l’église.
Ce retable a fait l’objet d’une étude portant aussi sur le retable du Caylar 4, mais il n’en est pas question dans les comptes rendus de visites pastorales. Tout au plus, considérant l’ornementation de l’église, l’évêque de Lodève préconise-t-il d’ôter ici « certaines vieilles images de bosse de pierre pour être icelles défigurées, et les enfouir en terre, et en leur place faire faire deux tableaux à chacun des autels où elles sont : un de S. Jean, l’autre de S. Blaise. » – Ces » vieilles images de bosse en pierre » ont-elles un rapport avec le retable ?
Mgr de Harlay, passant en 1659, fait à son tour le constat suivant : « sur le dit autel une ND de marbre en relief, un Te Igitur, une autre grande ND de plâtre en relief. »
L’attention se fixe sur le retable de Parlatges en 1911, par l’arrêté ministériel du 30 septembre qui le classe monument historique sous cette description : « scènes de la vie du Christ, bas-reliefs, et la Vierge et l’Enfant, statue pierre, 14e siècle. » L’accusé de réception du maire de Saint-Pierre de la Fage (commune comprenant Parlatges) spécifie que « les mesures nécessaires seront incessamment prises, et des ordres donnés en conséquence, en vue de la protection et de la conservation des objets précités. » […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2003 |
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Nombre de pages | 5 |
Auteur(s) | Bernard DERRIEU |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |