Description
La suppression du titre abbatial de Saint-Guilhem-du-Désert et de la juridiction quasi épiscopale dont jouissait son abbé sur le val de Gellone
Je me propose, dans cet article, de reproduire ou simplement d’analyser les documents qui ont trait à la suppression de la juridiction quasi épiscopale dont jouissait l’abbé de Saint-Guilhem depuis la fin du XIIIe siècle sur la vallée de Gellone et les deux paroisses qui y étaient établies : Saint-Laurent et Saint-Barthélemy.
L’historique de cette juridiction depuis son origine jusqu’à sa suppression, a été fait de main de maître par Émile Appolis dans une étude parue dans les Annales du Midi (tome 65, n° 22, avril 1953) sous le titre : « La juridiction spirituelle de Saint-Guilhem-le-Désert et les évêques de Lodève (1284-1784). »
Dès la fin du XIe siècle, l’abbaye de Gellone avait obtenu du pape Urbain II le privilège de l’exemption qui soustrayait la communauté monastique à la juridiction de l’évêque du lieu, en l’occurrence celui de Lodève. Mais ses abbés, afin d’être entièrement maîtres dans la vallée où était établi leur monastère, voulurent aussi affranchir de l’autorité épiscopale les fidèles qui s’étaient établis autour du monastère et pour lesquels deux paroisses avaient été créées. Ces deux paroisses apparaissent dans les documents au XIIe siècle et le style de leurs églises, dont une seule subsiste aujourd’hui au bas du village, Saint-Laurent, devenue maison communale, confirme bien cette date.
Les évêques de Lodève ne se laissèrent pas dépouiller de leur juridiction sur le val de Gellone sans protester : passe encore pour l’exemption du monastère dont ils ne semblent pas avoir contesté le privilège apostolique, mais en ce qui concerne la juridiction sur les paroisses, la chose leur apparut intolérable. Cependant il leur fallut céder devant les exigences et la puissance des abbés de Saint-Guilhem. Un accord intervint le 28 septembre 1284, confirmé le 25 octobre 1287 et ratifié par l’évêque et ses chanoines le 5 mai 1288.
Cependant tout au long de la période de cinq siècles au cours de laquelle l’abbaye fut en possession de ce privilège, les réclamations, voire les conflits, ne manquèrent pas, soulevés par les évêques de Lodève qui ne pouvaient pas se résoudre à voir leur juridiction ainsi amoindrie. Mais chaque fois l’abbaye de Gellone réussit à faire reconnaître « ses droits ».
En mars 1750, Louis XV désignait Jean Félix Henri de Fumel à l’évêché de Lodève. Très attentif à tout ce qui touchait à la vie de son diocèse, le prélat se donna pour tâche de rétablir l’autorité épiscopale dans le val de Gellone. Il nous apprend lui-même qu’il s’employa à diverses reprises à résoudre cette question à l’amiable avec les moines de Saint-Guilhem dont le prieur claustral exerçait cette juridiction au nom de l’abbé commendataire, mais en vain.
C’est alors qu’il se décida à passer à l’offensive. Il profita de son élection, par ses collègues de la province de Narbonne à l’Assemblée générale du clergé de France tenue à Paris en 1775, pour évoquer cette question qui était aussi celle d’autres prélats. L’Assemblée décida de demander au roi la constitution d’une commission qui serait chargée d’examiner ce problème. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1992 |
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Nombre de pages | 8 |
Auteur(s) | Gérard ALZIEU |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |