Jean-Marie Amelin (1785-1858) à Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault)
Jean-Marie Amelin (1785-1858) à Saint-Guilhem-le-Désert (Hérault)
p. 85 à 94
La production de récits de voyages pittoresques est fertile en France et en Angleterre entre les années 1770 et 1855. Revenons d’abord au sens du terme « pittoresque », puisqu’il n’a pas au XIXe siècle le sens qu’on lui accorde aujourd’hui mais désigne « ce qui mérite d’être peint ». C’est pourquoi les images jouent un rôle essentiel dans ce genre qui cherche à la fois à transmettre des connaissances, mais aussi à faire rêver le lecteur.
Le développement de ce type d’ouvrage est à mettre en relation avec deux phénomènes contemporains. D’une part la naissance du Romantisme, qui s’affirme en peinture, à travers les thèmes dont il s’inspire : communion avec la nature dans ce qu’elle a de sauvage et de mystérieux, plongée dans l’inconscient, refus de toute visée moralisante, goût pour l’irrationnel, intérêt porté à l’époque médiévale. Alors que l’art classique ou néoclassique privilégie la clarté de l’expression et la retenue des émotions, l’art romantique cherche de façon caractéristique à exprimer par la suggestion, des sentiments intenses, mystiques ou fugitifs. D’autre part, l’émergence de la notion de patrimoine lié au choc de la Révolution et du vandalisme qui ont éveillé les consciences sur la nécessité de conserver ce patrimoine en péril 1.
Jean-Marie Amelin s’inscrit parfaitement dans cette mouvance 2.Cet artiste est né en 1785 à Versailles. Sa biographie est très floue. Nous ne connaissons rien de sa formation mais nous savons qu’il obtint un poste de professeur de dessin à l’école régimentaire du Génie d’Alexandrie (dans le Piémont), de Grenoble, de Lyon, de La Rochelle et enfin de Montpellier en 1816. En 1820, il épouse Renée-Charlotte-Marie Frémont qui lui donna quatre enfants. En 1847, il est fait chevalier de la Légion d’Honneur. Amelin meurt le 27 septembre 1858 à Paris 3.
Le fonds d’atelier de Jean-Marie Amelin est conservé à la Médiathèque Centrale d’Agglomération Émile Zola de Montpellier. Constitué de onze grands albums de dessins réalisés entre 1820 et 1849 avec différentes techniques :aquarelle, mine de plomb, plume, lavis d’encre de chine ou de sépia, simple esquisse, il provient de la collection du docteur Auguste-César Fages (1796-1877) qui la légua en1877. Sur les 2476 dessins répertoriés, 2195 traitent de Montpellier et des autres communes de l’Hérault. Le reste, minoritaire, traite de la France et de l’Algérie et constitue le onzième album.
Quatre-vingt deux dessins concernant la commune de Saint-Guilhem-le-Désert ont pu être répertoriés 4. Ces œuvres sont les plus anciennes représentations connues de Saint-Guilhem-le-Désert. On peut toutefois regretter le fait qu’Amelin arriva quatre années après la destruction du cloître de l’abbaye de Gellone (1817) car il n’existe aucune représentation connue du cloître dans son état originel. Ces vues peuvent pour la plupart être considérées comme inachevées 5. Mais Amelin s’est attaché avec soin à préciser le lieu représenté, souvent la date et les personnes en compagnie desquelles il a croqué ces vues.
Il ressort d’après les dates mentionnées sur les dessins qu’Amelin fit trois séjours à Saint-Guilhem-le-Désert. Le premier en 1821 sur quatre jours : du jeudi 27 décembre au dimanche 30 décembre. Tous ces dessins ont été « croqués en la compagnie de Mr Nattes ». Le second séjour dans le village se situe les 8 et 9 septembre 1822. Cette fois-ci, il croqua ses œuvres « en la compagnie de M. Dumoulin ». Enfin, le troisième séjour se situe les 21 et 22 octobre 1822. Il était probablement seul puisque ses vues ne portent pas mention d’une personne qui l’aurait accompagné.
Revenons à présent sur ces deux personnages. Qui sont-ils, pourquoi suivaient-ils Amelin dans ses déplacements ?
« Mr Nattes » (1765 ?-1839) ou plutôt John-Claude Nattes, était un aquarelliste anglais itinérant 6. Il faut prendre garde de ne pas le confondre, comme cela a longtemps été le cas avec Victor Ferdinand de Nattes (1795-1881) qui fût directeur du musée Fabre de Montpellier. Sur deux des dessins croqués à Saint-Guilhem-le-Désert (au « château du géant » et à « l’ermitage »), on peut le voir représenté, debout tenant un carton à dessin, précédé d’un guide (Fig. 1), ou assis dessinant (Fig. 3).
Retrouvera-t-on à l’avenir un portrait d’Amelin exécuté par Nattes ? Aucun ne nous est connu à ce jour. Dumoulin, quand à lui, était un « collègue » de notre dessinateur puisqu’il était directeur de l’École du Génie de Montpellier où travaillait Amelin.
Parallèlement à son travail d’illustrateur, Amelin s’attacha à rédiger des guides de voyages à destination du grand public. Les textes relatent l’historique du village, son architecture, ses richesses mais aussi l’expérience singulière vécue par Amelin à travers les rencontres, les curiosités, les mœurs et le folklore local.
Le premier de ces guides, rédigé et illustré par Amelin, paraît en 1827 7. C’est un ouvrage succinct qui n’offre qu’une douzaine de vues ainsi qu’une carte du département de l’Hérault. Son édition s’étant rapidement épuisée, Amelin rédigea, dans l’attente d’un nouvel ouvrage plus développé apparemment fort réclamé par ses lecteurs, un complément à ce Guide du voyageur 8.
Le projet de Jean-Marie Amelin était, à terme, de réunir l’ensemble des dessins sous la forme d’une série de lithographies dans un Atlas de vues pittoresques du département de l’Hérault. Il a été retrouvé le bon de souscription pour l’édition de cet Atlas, qui, cependant, ne vît jamais le jour, à cause sûrement d’un manque de souscripteurs 9. Le guide plus fourni qu’il comptait éditer n’est donc resté malheureusement qu’à l’état de manuscrit 10. Il semble que sa rédaction ait commencé avant 1827 pour s’achever en 1843 11. Ce manuscrit, appartenant au legs du docteur Fages, est donc aujourd’hui conservé à la Médiathèque centrale d’Agglomération Émile Zola. Il se développe sur 1531 pages de textes écrits à la plume, agrémentées de quelques dessins et croquis 12. La reliure étant trop serrée et empêchant de bien voir l’ensemble des textes, les feuillets ont été désolidarisés.
Voici la transcription des feuillets qui traitent de la commune de Saint-Guilhem-le-Désert 13 :
[f° 619 v°] Commune de St Guilhem le Désert.
Succursale. Sol secondaire supérieur. Position géographique.
La commune de St Guilhem est bornée au nord par celles de St Martin de Castries, de St Maurice, de Pégairolles-de-Buèges à l’est ; par celles du Causse de la Selle, de Puéchabon, l’Hérault et les ruisseaux de Cailar et la combe du Bouys ; au sud, par les communes [f° 620 r°] d’Aniane, St Jean de Fos, l’Hérault ; à l’ouest, par celles de Montpeyroux, St Martin de Castries ; elle est traversée au nord par le chemin conduisant aux hameaux de la Côte Vieille passant par le cap de la Pousterle, chemin de la Pousterle, de St Guilhem au Thieres, de Montpeyroux à St André de Buèges, de la Vacquerie à la plaine de Lacan les… de la Combe Louet, de la Combe d’Arnaud, de la combe de l’ermitage, ruisseau de Balestade.
L’Hérault : pays fort accidenté, hautes montagnes. Les hameaux des Thieres hautes, des Thieres Basses à 6000 m au nord, la méridienne du clocher passe à 40 m à l’ouest des Thieres Basses ; le Hameau des Lavagnes à 4300 m au nord ouest, la fontaine de la Blande à 3600 m, la Baume Cellier à3000 m, la Métairie de l’Arboyer (arbousier) peu distante de la grotte à 2400 m, l’ermitage de Notre-Dame de la Grâce à 2250 m, à l’est, l’Hérault, le hameau de l’Estagnol à 3400 m ; au sud l’Hérault, le chemin d’Aniane, la grotte de Bruneau à1800 m ; à l’ouest Faissas hameau à 3400 m, chemin de Montpeyroux à Faissas, ruisseau du Verdus, de Tourreau à l’ouest de la côte. Les Métairies de Agre ; de Tourreaux à l’ouest, moulins de la Pardous, au nord, de la tour et des grottes au sud. De l’église de St Guilhem au nord, 6000 m, au sud 2200 m, total du nord au sud 8200 m de l’ouest à l’est 500 m, à l’ouest 4000, total est-ouest 4500 m.
Contenances
Contenance totale : 3028,76 hectares ; Chemins, ruisseaux, rivières : 60,78 ; Rochers, terres vaines et vagues : 1123,68 ;Contenances propriétaires : 1842,30 ; Propriétés bâties : 2 ;Terres labourables : 191,36 ; Prés : 10,89 ; Vignes : 40,49 ; Châtaigneraies 8,47 [f° 620 v°] Bois (autres) : 600,99 ; Bois de pins : 859,47 ; Jardins : 1,77 ; Oliviers : 148,92. La commune contient 244 maisons, 4 moulins à blé, 4 moulins à huile, moulin à écorces pour la tannerie, 1 distillerie, 3 tanneries, 6 fours à pain.
Population
Environ 1100 habitants dont 310 garçons, 335 filles, 185 hommes mariés, 185 femmes mariées, 30 veufs, 50 veuves, 1 militaire en armées. La population avant la Révolution était de 684.
Histoire
Un Guilhem, duc d’Aquitaine, Comte de Toulouse, et l’un des chefs guerriers de Charlemagne, est devenu sous le nom de Guilhem ou Guillaume au court nez, le principal héros de diverses pages romancées dont on possède encore une grande partie. Ce Guilhem, fonda en 804 le monastère de Gellone qui depuis à porté son nom. Il en confia la direction à Benoît d’Aniane, Guillaume s’y retira et y mourut en odeur de sainteté. Il reste de ce monastère une église et une partie du cloître que nous décrirons plus tard.
Aniane fut d’abord une abbaye, origine commune […] un assez grand nombre de lieux habités, cela prouve assez ce semble l’emprise de la civilisation et de l’industrie et qu’il est dans la nature des choses de se perfectionner. C’est comme une terre meuble, quelques plantes […] y croissent, y pourrissent, s’y succèdent, disparaissent enfin, et font place aux bienfaisantes productions qui nourrissent l’homme. Heureux cultivateurs, profitez de votre champ quand il est dans cet état prospère, mais surveillez le et gardez le désormais des plantes nuisibles !…
L’abbaye de St Guilhem ou de Gellone s’affranchit de la dépendance de celle d’Aniane en 1074.
Charlemagne avait donné un morceau de la vraie Croix à cette abbaye au moment de sa fondation. Les évêques [f°. 621 r°] de cette abbaye de Lodève exerçaient depuis le commencement du XIIIème siècle, une juridiction temporelle sur tout le Lodévois, à l’exception du domaine de l’abbaye de St Guilhem.
L’abbaye de St Guilhem avait 2500 livres de revenus, c’était une abbaye d’hommes. Cette abbaye fut prise par les protestants en 1568. Le 13 septembre 1729 les droits de péage par terre, prétendus par les prieurs et religieux de l’abbaye furent supprimés. 2 janvier 1730 défense au consul de percevoir aucun droit de pulvérage.
L’abbaye (le domaine de cette abbaye était exempté de la juridiction temporelle que les évêques de Lodève exerçaient depuis le commencement du XIIIème siècle sur tout le Lodévois) était située au fond d’une gorge étroite et sauvage de l’Hérault à trois-quarts de lieu du débouché, dans un lieu, tout à fait ignoré. Il y avait cependant un habitant, à ce que dit la tradition, c’était un homme puissant, méchant, libertin, le géant qui enlevait les filles, et les enfermait dans son redoutable château.
Lisez L’hermite en province, il vous donnera une historiette de ce pervers sous le nom de don Juan. On prétend aussi dans le pays que le fondateur de l’abbaye, St Guilhem, ayant eu à se plaindre de ce géant ou don Juan, le défia, le combattit, le défit et en purgea le pays. Les ruines qu’on aperçoit au sommet d’un roc escarpé qui domine le village d’environ 120 m, sont dit-on celles du château de ce don Juan. Château qu’on appelle château géant dans le pays. Si ce géant n’ose pas venir trouver St Guilhem, pour se battre avec lui, ce dernier a dû avoir assez de peine à aller le trouver dans un lieu aussi escarpé. Au reste, on voit dans l’église de St Guilhem un tableau qui [f°. 621 v°] représente ce combat ; le géant est renversé et percé de la lance du saint.
Quoi qu’il en soit quelques cabanes, pour loger les domestiques ou familiers des bénédictins se sont formées près du couvent, d’autres s’y sont jointes ensuite, et il s’est formé par la suite un village qui est en ce moment un des plus pittoresque de France. Nous le parcourrons plus tard.
Nous lisons dans nos notes d’abondance : les restes du couvent annoncent un édifice somptueux, plus digne des grands de la terre que de l’humilité monacale. Toutes les aisances y étaient réunies et l’eau y était abondante et d’excellente qualité. Tout cela réuni et plus encore la considération dont les heureux bénédictins étaient entourés, devaient faire d’heureux mortels de ces humains rassemblés pour jouir des commodités de la vie que peut offrir la société, sans craindre les inconvénients qui l’accompagne pour les autres hommes. Ces pauvres anachorètes quelle vie ils menaient !…
Le premier maire de St Guilhem fut Marc Fraire, nommé le 26 mai 1693. Les gages étaient de 75 livres. Il y eut depuis un autre maire nommé Charles Querelle, dont les gages furent augmentés de 5 livres 12 sols 6 deniers par an (arrêt du 10 mars 1711).
Avant de nous occuper du village de St Guilhem, nous nous porterons au pont qui se trouve à l’entrée de la gorge de l’Hérault et décrirons ceste gorge singulière et toute pittoresque. Elle devait être beaucoup plus agreste jadis, sa trace était scabreuse et étroite, elle fut élargie et devenue carrossable il y a une cinquantaine d’années. Le pont dont nous parlons est bas, étroit, sa construction date de 1001. Il est situé à l’entrée de la gorge à l’embranchement des chemins de St Guilhem et de St Jean de Fos. Celui de St Guilhem, que nous allons parcourir, est dirigé vers la droite, et suit la rive droite de l’Hérault jusqu’au village. Ce pont à trois arches à plein cintre, et une lunette pour l’écoulement des eaux [f°. 622 r°] au moment des crues. Immédiatement après ce pont, la route monte et suit ensuite l’Hérault à une hauteur moyenne de 10 à 15 mètres au-dessus du niveau des eaux de cette rivière. A quelques centaines de mètres de ce pont, nous trouvons le moulin de Clamous alimenté par la fontaine de Clamous (fons clamousus) La température de son eau est 13°-2 (centigrammes) qui sort avec grand bruit, d’un rocher voisin, et fait une chute d’environ dix mètres qui vient par de nouvelles chutes artificielles, alimenter le moulin, et se déverse par une cascade fort belle, dans le cours de l’Hérault. Ce moulin est dans une position magnifique, et à ce point, l’âme entre dans cette extase qu’on ne peut guère comprendre qu’avec une imagination active et placée dans ces lieux montueux, sauvages et agrestes. On a quitté le monde civilisé pour parcourir les abris du peintre et du poète. Montagnes, rochers à gauche, Hérault encaissé d’un cours parfois paisible, parfois se brisant sur des rochers nombreux, à droite, on avance lentement vers le terme étonnant de ce voyage singulier. Retournez-vous après Clamous, en vue de cette cascade, vous voyez Aniane, un bout de sa plaine, c’est une ombre de civilisation qui apparaît furtivement au milieu des déserts. [f° 622 v°] On prétend que cette fontaine de Clamous, provient d’un gouffre situé dans la commune de St Jean de Fos, et qu’on appelle le puit du Drac (du diable) qui déverserait une partie de ses eaux par une fissure du rocher. Quoi qu’il en soit, la chute est abondante, bruyante, et n’a presque jamais d’interruption. Elle seule alimente le moulin précité. La route est conquise sur le rocher, et serpente au pied des monts qui la domine, et au bord escarpé de l’Hérault qu’elle domine à son tour du haut du revêtement puissant qui la défend contre les insultes des crues, quelquefois terribles du torrent qui alors mugit et la menace, et qui ne nous offre au moment où nous suivons son cours, que des eaux tranquilles et qui ne frappent notre oreille que d’un murmure égal et mélodieux.
Nous avançons, nous trouvons la table, c’est un rocher plat, qui s’avance sur le cours de l’Hérault dont il couvre presque en entier la largeur. Des sources, s’en échappent, jouent à sa surface, au milieu de plantes et mousses charmantes, et se déversent sur les canaux ondulés de ses bords dentelés en coquilles. Ce singulier et superbe rocher, paraît, jeté au-dessus du courant de l’Hérault par la [f°. 623 r°] main d’un génie, ou par le bras puissant du héros vainqueur des Philistins. De la rive gauche, auquel il s’attache, et dont, en quelque sorte, il fait suite, on peut s’avancer dessus et en observer et admirer les détails frais et pittoresques. Ici le lieu, le site, est tout à fait sauvage, lieu magique, lieu d’inspiration et de recueillement, lieu enfin de l’homme géant ! De l’homme digne de son créateur !
Nous le regardons le plus que nous pouvons ce magique rocher, suspendu à plusieurs mètres au-dessus du niveau du fleuve et ne le quittons qu’à regrets.
Nous sommes bientôt au regard d’un moulin détruit mais dont la construction et l’appareil des voûtes en moellons, sont dignes de remarques ; de ce moulin, près duquel mugit la cascade de son antique chaussée renversée en plusieurs endroits, on aperçoit le moulin de la tour construit près d’une tour carrée, d’apparence féodale. Des rochers nus quelques taillis de chênes verts sont les seuls ornements de ces lieux appelés le moulin de la tour. Assis, ainsi que celle-ci sur des rochers schisteux, [f°. 623 v°] offre une image romantique, on ne saurait plus d’accord avec ces lieux singuliers, au milieu desquels, on ne peut se trouver sans le plus grand étonnement. Passons une petite croix, retournons-nous alors, le tableau est magique, le moulin, la tour, les montagnes, hautes pelées et scabreuses, la route qui serpente, offrent un aspect d’aucun ne saurait se défendre d’être profondément frappé. Êtes-vous peintre, vous êtes en extase !
Ménageons-nous toutefois, il nous reste à éprouver des surprises, et notre goût et notre imagination, ne sont encore qu’agacés ; bientôt l’ébranlement sera fort, et l’azur [?] de ces beautés naturelles, hardies et peu communes, ne tiendra plus à la terre que par les pieds ! ?
Pont de corde (Fig. 2)
Un peu plus loin le pont de corde. Nous approchons du village et entrevoyons une échappée du moulin des grottes. L’Hérault peut avoir quarante mètres de largeur en ce lieu. Ce pont qui rappelle les ponts suspendus de l’Inde ; mais réduits à leur plus simple expression, sert de temps immémorial aux habitants à passer d’une rive à l’autre, n’existant aucun autre moyen de communication. [f°.624r°] Une corde fortement attachée sur les deux rives, constitue ce pont singulier. Cette corde traverse un cylindre creux, de bois, auquel est suspendu un bâton placé horizontalement (l’azé). On passe les jambe ssur les deux côtés de ce bâton, de manière à y être assis, ayant devant soit la corde qui l’attache au cylindre (croquis a), celui-ci placé sous l’aisselle du bras gauche fait l’office de treuille et court sur la corde principale ; le poids du corps suffit pour faire parcourir une partie de la corde ; mais pour arriver, il faut le tirer soi-même de la main droite. On se sert aussi d’une portion seulement de cylindre, comme en (croquis c) et l’azé (croquis b) le supprime souvent. Les femmes et les enfants, emploie ce moyen de passage qui peut paraître scabreux.
Voici la position de notre homme, quand nous le [f°. 624 v°] fîmes passer. Il ne se servit pas du bâton et tenait le faix de la main gauche. Les habitants, y font passer des animaux. On nous fit voir le passage d’un mouton ; l’animal est suspendu au cylindre par les quatre pieds réunis en faisceau, et on le passe au moyen d’un cordeau fixé à ce cylindre (croquis a). Cela s’exécute avec beaucoup de facilité et de promptitude. On y fait également passer de plus gros animaux.
L’Hérault est très profond en cet endroit. Nous désirâmes en faire l’essai ; notre vigoureux habitant fixa une pierre pesante à une des extrémités de la corde et s’avança en nageant, au milieu de l’Hérault, il abandonna alors le grave, à sa propension naturelle et dévida la corde, qui ne suffit pour atteindre le fond quoi que la longueur de la corde fut de plus de 40 m. La corde ayant été dérobée plusieurs fois, celui à qui elle appartient la conserve chez lui, et on ne la pose que lorsqu’on veut s’en servir. On la fixe à un des bords et un nageur va fixer à l’autre rive le deuxième bout, qui passe par un trou de rocher qui semble pratiqué exprès.
L’école du génie de Montpellier a utilisé ce moyen de passage dans son exercice du passage de fossé plein d’eau ; mais à rendre le trajet [f°. 625 r°] plus facile en faisant monter le cylindre par des poulies qui roulent avec facilité sur la corde passée dans leurs gorges.
Après le pont de corde on ne tarde pas à être arrivé au village de St Guilhem ; ce village est situé à 38000 mètres de Montpellier ouest-nord-ouest de Montpellier, et 8000 m d’Aniane sur l’Hérault et le Verdus.
Les mœurs y sont douces, les habitants y ont de la bonne foi et de l’urbanité. On y remarque quelques usages populaires particuliers ; le troisième jour de Carnaval, le Mardi Gras les hommes mariés, au son du tambour, qui est l’unique musique du pays, poursuivent les garçons ; gare à ceci si malgré leurs soins, un d’eux est pris, on le baigne sans rémission dans la fontaine. Nous n’avons pu connaître l’origine de cet usage singulier. En voici un autre qui ne nous paraît pas moins remarquable, nous allons l’extraire textuellement de la lettre d’un habitant qui nous l’explique, le lecteur y verra la bonne fois et la simplicité de ces bons habitants. « Vous me demandez des nouveaux détails relativement à notre pays, il est toujours assis sur le même sol, entouré de ces mêmes montagnes, et surtout de vous expliquez un usage particulier qui a lieu [f°. 625 v°] à notre pays, à la fin du Carnaval : honorez-moi ce moment cy de votre attention que je m’en vais vous l’expliquer : je vous dirais qu’à cette époque, vous connaissez les amoureux, les jeunes garçons qui ont de bonnes amies, le dimanche de la Septuagésime dans la nuit qui le précède, vont planter à ses fenêtres une belle plante de romarin fleuri ; le dimanche après de la sexagésime, aussi dans la nuit qui la précède, le jeune-homme lui va planter une belle plante de laurier et enfin le dimanche après de la quinquagésime qui est le dernier du Carnaval, aussi dans la nuit qui le précède, le jeune-homme, lui va planter un chou-fleur entouré des beaux rubans orné des dragées et d’orange, et le même soir du dimanche quand le jeune-homme n’est pas indifférent dans la maison de la demoiselle, il est invité à souper où il se mange le chou, voilà cet usage. »
On n’a également à St Guilhem aucune autre musique que le tambour pour activer la danse et en conduire la cadence vive et pressée.
L'église
L’église maintenant usitée est celle de l’ancien couvent, elle a son entrée sur la place, en vue d’une petite fontaine, toute pittoresque, de maisons toutes pittoresques et des ruines pantelantes du château géant qui dominent un roc abrupte et […] c’est le pays de l’extase ; elle se fait éprouvée partout : cette église en forme de croix [f° .626 r°] latine régulièrement orientée présente, à l’orient, côté le plus orné dans les églises de la période romane, la plus ancienne, trois apsides demi-circulaires, d’inégale dimension, au-dessus desquelles s’élèvent un galbe décoré d’une petite arcature et percé de trois ouvertures, dont deux sont rondes et l’autre en forme de croix. L’apside principale est ornée de trois fenêtres à colonnettes, d’une frise en prismes triangulaires où dents de scie et d’un rang d’arcades profondes, mais bouchées et à colonnettes ; trois fenêtres plus petites, une frise pareille et une arcature d’un dessin différent, décorent les deux apsides latérales. Les retombées de tous ces arcs sont sculptées entêtes bizarres d’hommes et d’animaux. Les chapiteaux de ces colonnettes présentent des dessins variés qui ne s’écartent pourtant pas d’un certain type qu’on peu regarder comme propre à l’époque carolingienne : ce sont des entrelacs peu fouillés, plus ou moins compliqués dans leur évolution, d’un dessin parfois élégant, qui ne rappelle toutefois rien de l’antique ; ou bien de petits compartiments d’une extrême simplicité ; mais d’un travail toujours très arrêté.
Le long des côtés de la nef règne une arcature prolongée de tens en tens en pilastres et ornée de têtes bizarres. L’appareil des murs est petit, régulier, séparé par des couches de [f°.626 v°] ciment épaisses de plusieurs lignes et qui ont acquis la dureté et l’apparence de briques minces. Toute cette partie de l’église nous a paru devoir être attribuée à la construction primitive de Guilhem au commencement du IXème siècle. La façade doit être postérieure ; elle ne fait point corps avec l’église et présente un appareil différent. La partie inférieure contenant une porte à plusieurs archivoltes et un porche à voussures rondes, croisées, nous semble du XIème siècle. Les chapiteaux des colonnes extérieures et intérieures de ce porche présentent des sculptures d’un travail et d’un dessin bien différent de ceux des apsides : ce sont des volutes, des feuilles grossières, et des animaux symboliques, d’une exécution moins barbare. La partie supérieure qui forme une tour carrée surmontée d’un toit à deux croupes, percé de quelques fenêtres carrées ou rondes, est encore postérieure et pourrait être du XVIe ou du XVIIème siècle.
A l’intérieur, l’église, quoi qu’à plein cintre, a un élancement remarquable. La solidité avec laquelle a été construite n’a nuit à l’effet général que dans l’arc du chœur, qui se trouve en partie caché par les deux énormes piliers qui rétrécissent le milieu des deux transepts ; la nef et les collatéraux sont divisés par des piliers qui ont la forme de croix et qui sont ornés d’impostes simples. [f°.627 r°] Dans les transepts et le chœur, des colonnes de plusieurs dimensions rendaient la décoration plus riche mais cette partie de l’église a subi de nombreuses dégradations. Au 15ème siècle, on a converti la moitié supérieure des 2 transepts en tribunes au moyen de mauvaises arcades en ogives.
Il reste de l’ancienne décoration, accessoire à l’église, un autel en marbre blanc très remarquable. Dans les deux compartiments qui forment sa face principale, on a représenté J. C. sur son trône entouré des 4 symboles évangéliques, et sur la croix entourée d’anges et de Saintes Femmes : ces tableaux et la bordure de rinceaux qui les encadre sont exécutées en relief plat et orné d’incrustations en verre de couleur ; dans le transept méridional est une pierre tumulaire portant l’effigie de Bernard de Bonneval en habits abbatiaux gravé au trait et entouré d’une inscription avec la date 1317.
Le sol de cette église est plus bas que celui de la place, (le sol de la place est environ 65) il faut y descendre par plusieurs marches. On y trouve un orgue de don Bedos. Nous avons vu à l’article Montpellier de St Pierre, le rapport de cet orgue avec ceux de St Pierre, Notre Dame (des tables) et St Guilhem. On trouve dans cette petite [f°. 627 v°] église un tableau d’une exécution assez faible qui dit-on existait dans l’ancien couvent, représentant le combat de St Guilhem ; avec le géant (don juan) ; le croqueur de filles. En 1817, les eaux du ruisseau le Verdus se gonflèrent si prodigieusement qu’elles inondèrent le village, entrèrent dans l’église où elles s’élevèrent de 11 à 12 pieds. Une inscription latine relate ce fait. Quelques notables dégradations à l’église et maisons du village, furent la suite de cette terrible inondation.
Au midi de l’église, le cloître autrefois composé de 2 galeries superposées ne présente plus en son étage inférieur que les galeries nord et ouest, formant de petites arcades doubles, dont la retombée ornée d’une tête plate, porte sur une colonnette très basse. La construction, l’appareil et les sculptures indiquent la même époque que celle du chevet et de la nef. Les autres galeries démolies après la Révolution étaient un ouvrage du 12ème siècle et l’un des plus beaux produits de l’admirable architecture de cette époque : on peut en juger encore par les débris nombreux disséminés à St Guilhem et dans les villages voisins. On recueillit de ces démolitions des colonnes et des pilastres unis, cannelés, torses, polygonaux, rudentées et des chapiteaux historiés ou à feuilles diverses, naturelles ou fantastiques ; des dessins variés à l’infini ; des frises ; des [f°. 628 r°] arabesques du goût le plus recherché.
Toutes ces sculptures exécutées en pierre très dure sont profondément fouillées et d’un travail excellent ; les difficultés les plus grandes d’exécution s’y trouvent alliées aux créations les plus originales et les plus heureuses. On y rencontre de fréquentes réminiscences antiques, des feuilles d’acanthe, des volutes, des méandres, des oves, mais ces imitations sont faites avec une grande liberté, et ne sont que les accessoires d’un ensemble complètement original. Les sculptures des sujets vivants n’ont pas la même perfection, quoi qu’il en soit, les sculptures de St Guilhem, n’en doivent pas moins être regardées comme un des plus parfaits produits de l’art roman arrivé à son apogée.
Des constructions plus récentes s’y étaient mêlées et y avaient apporté une singularité remarquable ; une fontaine se trouve établie devant et à l’appui d’une fenêtre, une auge reçoit l’eau et la verse dans un bassin inférieur orné de plantes ; et à un palier d’escalier se trouve une balustrade dont les balustres sont inclinées à la direction de la ligne d’appui et de la base, c’est fort singulier (croquis a) et au désordre de l’ancien cloître qui s’y montre, augmente encore l’agreste de cette chose bizarre.
Le village de St Guilhem, est tout pittoresque, il suffit de s’y promener pour y rencontrer des sites et des détails charmants qui y fourmillent de toute part. Les environs de l’église, la place, le cloître, la chute du Verdus et son cours, [f°. 628 v°] le moulin des grottes sont les points qu’il faut d’abord voir ; au reste au village, est un des lieux les plus éminemment remarquable de France sous le rapport pittoresque ; on y rencontre tout, architectures gothiques, chute d’eau, rochers, hautes montagnes, ruines, terrains soulevés de toutes manières, constructions variées et ornées de plantes, arceaux, huttes, vieilles tours, vieux murs etc. Tout abonde et nous ne voulons point affaiblir l’extase du curieux que nous invitons de toutes nos forces à visiter St Guilhem. L’église du couvent n’a pas toujours été usitée, c’était d’abord celle de St Laurent, qui se présente à l’abord du village, d’une façon fort pittoresque et qui paraîtrait plutôt un fort détruit qu’une église : elle est […] d’un cimetière. Sur la place est une petite fontaine assez pittoresque. La température de son eau est de 16°-3 centigrades.
L’industrie la plus remarquable, est la fabrication des boules à jouer en buis qu’on prenait dans la commune, et maintenant plus particulièrement au plateau élevé de l’Escandorgue ; des tanneries sont depuis quelques années établies dans l’ancien cloître entièrement morcelé maintenant.
Une filature de coton y avait existé. Elle fut portée à Aniane.
L’horizon de St Guilhem, est formé de hautes montagnes et est très varié. On trouve maintenant deux auberges, il y a quelques années il n’y avait que de l’hospitalité et un cabaret chez un cordonnier qui vous préparait vos repas, au milieu de ses formes et de son cuir.
Anecdotes
Nous ne pouvons nous refuser à placer là quelques anecdotes qui sont propres à donner une idée [f°. 629 r°] de l’esprit, de la bonhomie et de l’hospitalité ainsi que de l’urbanité des habitants. Ces anecdotes sont recueillies dans le pays, ou nous sont particulières à nous même.
On fait voir, on rappelle dans le pays, plusieurs empreintes situées de part et d’autre de la rivière dont en particulier une représente l’accul [?] du cheval de St Guilhem et une autre diamétralement opposée sur l’autre rive présente l’empreinte de sa tête. Ce fut, dit-on, dans le pays, un des miracles de St Guilhem, qui d’un saut fit franchir l’Hérault à son cheval. Le fleuve a en cet endroit environ 45 m de largeur. On voyait aussi la trace du livre du Saint, piégé dans la pierre et ces diverses choses étaient en grande vénération dans le pays. A l’époque où l’on traça et construisit la route dont nous avons parlé d’abord et pour laquelle, on fut obligé de pétarder souvent ce chemin étant entièrement envahie par les rochers, tout le village en parlait à cause des traces miraculeuses dont il vient d’être question, et par cela même personne ne doutait que la route ne put être achevée. Quand on fut au Saint endroit, tout le village s’y porta, et l’on s’attendait à un miracle ; mais il n’y eu rien que de naturel, comme depuis qu’on raisonne, et que les brouillards épais de l’ancienne ignorance se sont un peu dissipés, les traces se laissèrent [f°. 629 v°] abattre, la route se fit et les bons habitants ébahis retournèrent à leur village. On parle maintenant de ces anciens vestiges avec une dévotion beaucoup plus tranquille.
On rapporte encore dans le pays et avec beaucoup de convictions un miracle singulier. Comme nous l’avons vu, Charlemagne avait fait présent à St Guilhem, d’un très beau fragment du bois de la Vraie Croix, qui était déposée dans l’église du couvent ; des voleurs, un jour, s’en emparèrent ; mais le Bois Saint se trouvant en mauvaise compagnie, s’échappa et se plongea dans l’Hérault. Quelques temps après, ce fragment précieux ayant été aperçu non loin du pont de St Guilhem, a peu de distance du village de St Jean de Fos, les pénitents de ce village, bannière en tête, vinrent présenter à la Croix, un bassin d’argent ; le bois s’y plaça mais en repartit aussitôt et répéta cette action plusieurs fois ; enfin, les pénitents de St Guilhem étant arrivés à leur tour, la Croix se plaça et resta dans leur bassin. Elle fut rapportée solennellement au village et y demeura jusqu’à la Révolution où elle disparut de nouveau : on assure qu’elle y existe derechef.
La première fois que nous allâmes à St Guilhem, que nous ne connaissions pas, nous n’y allions que pour voir la [f°. 630 r°] grotte. Arrivés au village, nous demandâmes la demeure du guide à la première personne que nous rencontrâmes. Cette personne nous accueillit avec beaucoup de politesse, nous parla français, ce fut pour nous de bonne augure, il envoya chercher le guide, qui demeurait non loin de là, à l’autre extrémité du village qui s’étend, presque sur une seule rue, de 650 m de l’est à l’ouest. Le guide vint peu de temps après, avec les chandelles, paquetées de bruyère sèche pour notre excursion. Ce guide qui s’appelait Pierre Henry, est un de ces hommes rares, dont les mœurs rappellent celles des premiers âges du monde : quelle franche naïveté ; quelle simplicité ! quelle bonhomie loyale et répandue sur sa figure ! C’était un de ces êtres dont le souvenir est attendrissant. Voici ce que nous extrayons de nos notes d’abondance. Il avait alors la soixantaine passée, et marchait d’un pas leste et dégagé. D’ailleurs les mœurs, la figure, la naïveté, la candeur de ces êtres idéaux que nous appelons des patriarches. C’est un homme dont la bonhomie ferait peut-être chérir l’ignorance si elle se rencontrait dans plusieurs à un aussi haut degré de perfection : homme simple ; mais de cette simplicité qui attache, qui émeut ; rien de cette simplicité qui excite le rire et le mépris. Nous avions entendu parler de l’hermitage, situé dans un lieu sauvage, et nous voulions le voir ; le guide nous dit que Jean André, autre honnête homme, dont nous aurons à parler bientôt, qui avait la clé de cet hermitage, s’y trouverait pour nous le faire voir lorsque nous sortirions de la grotte. Cela entendu nous partîmes.
Grotte ou Baume Cellier
Nous sortons de St Guilhem par la porte d’Aniane, tournant l’ancienne église St Laurent qui nous montre son abside en tour ronde, ornée de tours magnifiques, suivons à peu de distance la rive droite de l’Hérault et arrivons à la fontaine dite du Cabrier. A peu de distance on rencontre un lieu bas malsain, marécageux, dit Malafosse dans le pays. Il vient de Malafossa lieu dangereux ; c’est encore une étymologie latine, près de cette fontaine existait un moulin qui en était alimenté. On y voit encore les restes d’une tour qui en faisait partie. Le guide ne [f°. 630 v°] manque pas de nous en faire savourer l’eau en effet fort bonne et très fraîche. A peu de distance de là, nous prenons un sentier à gauche et commençons à gravir la montagne par un chemin, sauvage, scabreux, rocailleux, difficile, que mon guide parcourait en se jouant, malgré ses 72 ans. Après une heure de marche nous arrivâmes au mas de l’Arbousier, nous nous y reposâmes et y trouvâmes à rafraîchir chez de bonnes gens, parents du guide, qui ne voulurent rien accepter. A quelques minutes de ce lieu, nous trouvâmes l’entrée de la grotte, qui s’ouvre, par une ouverture verticale, au sommet de la montagne. Cette ouverture est en partie murée et ne laisse qu’une partie toujours ouverte, par laquelle on pénètre dans la grotte. On l’avait fermée dans l’intention d’y faire une cave pour le fromage, on a depuis abandonné ce projet ; mais l’ouverture est demeurée murée. Cette entrée, ornée de lierre pendant en belles et longues … et de belles plantes variées est assez pittoresque. Près de l’entrée, à l’intérieur de la grotte, est un trou à la voûte tapissé de stalactites pendantes, qui avec la porte, répand dans cette partie de la grotte, un jour … qui éclaire faiblement les concrétions qui se montrent déjà.
Nous avançons, la lumière solaire nous suffit encore, nous nous retournons, et [f°. 631 r°] l’entrée de la grotte, nous offre un effet à dessiner. Nous avançons de nouveau, une colonne de quelques mètres, couronnée d’une tête, allongée, arrondie, assez semblable à celle d’un champignon, se montre debout à travers une fente de débris, restes des dégradations nombreuses qu’on fit éprouver à cette grotte, pour en enlever des stalactites dont on transporta une grande partie à Montpellier, pour orner des cascades de jardins. Ici la lumière est plus vague encore, et devant nous le noir est absolu. L’entrée vue de là, offre encore à dessiner, et c’est un des lieux les plus pittoresques de la grotte que nous parcourons, la lumière du jour y pénètre encore par la porte, toujours ouverte, et par des ouvertures semblables à de petits créneaux pratiqués dans le mur qui bouche l’entrée ; l’énorme champignon en pierre, stalagmite curieuse, orne notre premier plan. Nous allumons les chandelles, quelques ramilles de bruyère que notre bon Henry place sur des pierres amoncelées, et avançons ; des stalactites nombreuses, tapissent les parois, sous mille formes variées ; des cascades, des choux-fleurs, des colonnes se montrent de toutes parts ; nous nous retournons et notre petit feu de bruyère fait un effet merveilleux dans cette capacité déjà grande et sur des formes variées qu’il éclaire d’une lumière rouge et vacillante.
Plus loin, nous sommes peut-être à 600 m de l’entrée de la grotte, une espèce de pont naturel se présente ; un rocher énorme tombé de la voûte [f°. 631 v°] le forme ; d’un côté, il appuie sur des morceaux de pierres brisées, de l’autre, il porte une stalactite pyramidale. La grotte peut avoir en ce lieu 30 pieds d’élévation. Nous passons sous ce pont tout à la fois agreste et menaçant. Avant le passage nous avions fait notre septième station ; après, la grotte s’étend, les colonnes deviennent plus grandes, plus multipliées, mieux conservées ; les formes varient de plus en plus : notre pont s’offre encore sous un aspect plus hardi, suspendu sur un terrain qui s’abaisse beaucoup plus de ce côté. C’est ici un endroit à dessiner et notre 8ème station y est une des plus intéressantes de notre excursion souterraine. Nous revenons sur nos pas car ici se termine la grotte de ce côté. Revenu, avant le pont nous tournons à gauche, le chemin devient plus scabreux, les difficultés augmentent, le terrain est pierreux et glissant. Un sol plus bas se présente, nous y descendons avec peine en sautant d’abruptes et informes degrés ; une salle très belle nous dédommage, les colonnes, les choux-fleurs, les concrétions de tout ordre, s’y développent et enchantent les regards ; à une des parois de cette vaste salle, dont la voûte s’élève de plus de 50 pieds, se trouve un trou élevé à 2 à 3 mètres du sol, les chandelles y ont laissé une teinte noire qui luit sur cette muraille humide et [f°. 632 r°] glissante ; nous nous glissons toutefois dans ce réduit étroit ; nous ressemblons assez alors, à ces utiles savoyards qui s’exercent à nettoyer nos cheminées enfumées ; comme eux un pantalon de toile, et un gilet serré couvre notre corps et le garantit de la teinte obscure et maléfique qui nous menace et nous entoure ; nous nous glissons, non sans quelques peines, et sommes dans un réduit étroit ; un terrain humide, en talus se montre à gauche, là les curieux y gravent leurs noms dans cette terre flexible, ce lieu, à cause de cette circonstance est appelé le registre. Nous ne les imitons pas ; les difficultés ni l’importance du lieu ne le méritent guère ; un petit lac existe en ce lieu.
Le chemin est étroit et nécessite ici quelques précautions.
Son eau est fort limpide ; nous le contournons et sortons de ce lieu, par un trou semblable au premier, et les pieds devant pour plus de facilité. Nous en emportons la conviction, qu’on n’entre dans ce réduit que pour pouvoir dire que l’on a tout vu ; être convaincu que la description qui en est donnée dans L’hermite en Province est erronée et qu’en thèse générale, il faut se défier de ces voyages pittoresques qui se font sans sortir de chez soi. De la grande salle où est le pont on tourne à gauche, on descend un par un […] difficile sans être dangereux et on entre dans une deuxième grotte fort belle où les stalactites sont mieux conservées que dans la première. Cette grotte était [comme ?] un gouffre et fut visitée pour la première fois en 1768 par Monsieur Gouan et les docteurs Clapiers et Dourbey, des moines de St Guilhem et des guides.
Voici ce qu’on lit dans L’hermite. A l’extrémité le registre, rocher énorme, uni, glissant au haut duquel les curieux qui en ont le courage vont inscrire leurs noms : ne dirait-on pas que c’est un exercice de haute gymnastique et qu’il s’agit ici d’un tour de force ; de se guinder enfin verticalement à une prodigieuse hauteur. Voilà ce que c’est que d’écrire à Paris des relations sur la foi de farceur qui s’amuse souvent de ceux qui les consultent. La grotte est longue, il faut y circuler pendant plus d’une heure pour en atteindre les limites : elle fait beaucoup de détours et l’on aurait beaucoup de peine à en sortir, peut-être même, que la chose serait impossible, si [f°. 632 v°] l’on s’y trouvait tout d’un coup inopinément privé de lumière.
Les feux de bruyère, que le guide avait établi de place en place sur des ponts élevés et choisis, nous firent éprouver à notre retour un plaisir infini, par les effets gigantesques que ces diverses lumières produisaient dans ces cavités accidentées, et par les ombres vacillantes, qui se jouaient sur les concrétions variées qui nous entouraient. C’était la première grotte de cet ordre que nous visitions, aussi éprouvâmes nous une satisfaction indicible, et elle se manifesta d’une manière si efficace, que notre guide lui-même, malgré son habitude de ces lieux, partagea quelques fois notre ravissement. Il s’écriait une fois : c’est vous qui me faites commenter la grotte, jamais je n’avais vu cela !
On retire des stalactites de cette grotte, un albâtre rouge et à certains égards semblables à celui de Montmartre, et à l’albâtre oriental. La description de cette grotte donnée en 1768 par Mr Gouan, est conforme à l’état des lieux actuels, où en diffère très peu. Il faut beaucoup de temps pour qu’il puisse s’opérer dans ces sortes de productions naturelles des changements notables. Nous entrerons dans les détails sur sa formation à l’article de la grotte des Demoiselles contemporaine d’un beaucoup plus grand nombre de siècles (au moins à en juger par l’état actuel des lieux) que celle de St Guilhem.
L'ermitage de St Guilhem
De la grotte, nous nous rendîmes à l’hermitage qui en est éloigné d’environ une demi-heure. Le chemin n’est point tracé, il faut gravir un sol montueux et accidenté. De pierres en pierres, nous arrivons pourtant à l’hermitage. Il est bien situé et fort élevé. Jean André, n’était point encore arrivé, il nous fallut attendre. Pour passer le temps, nous nous amusâmes à tracer les traits naïfs et pleins de bonhomie de notre bon guide. Comme nous l’achevions, Jean André arriva, il le vit, le considéra [633 r°] attentivement ; nous verrons bientôt que ce n’était pas sans motif. Cet honnête Jean André avaita mené un âne avec lui, pour nous porter dans le cas où nous eussions été fatigués, ce qui était assez probable dans ces lieux abruptes et sinueux ; la course, d’ailleurs était forte.
L’hermitage est placé en un lieu fort désert, auprès d’un rocher fort grand, au pied duquel est une source abondante et d’excellente eau, qui alimente l’hermitage (Fig. 3). Cet hermitage, actuellement abandonné a un petit jardin, inculte, il offre quelques arbres. On est de toutes parts entouré de rochers très hauts et de formes abruptes et variées. Celui qui est derrière l’hermitage et où se trouve la source, est tout à fait pittoresque et d’accidence bizarre. Une partie s’avance au milieu d’une cavité assez grande qui y est pratiquée, de manière à y former des loges superposées. On a pratiqué un bassin à l’eau, au moyen de murailles appliquées au rocher même.
L’hermitage est composé de six chambres, une cuisine, une église (la cloche n’est suspendue au clocher que deux fois l’année à l’époque des processions. On la renferme ensuite de peur qu’elle ne soit dérobée.) Et une petite chapelle, à peu de distance, qui est sous l’invocation de St Joseph. Comme nous exprimions notre satisfaction de tout ce que nous avions vu, nous dîmes, il nous manque une chose, c’est une bouteille de vin pour nous rafraîchir et nous rendre des forces, cela se peut, dit Jean André, [f°. 633 v°] nous avons fait dernièrement une de nos deux processions annuelles, nous y avons fait un déjeuner comme c’est l’usage et, il est resté une bouteille que nous allons boire. Ce que nous fîmes, le vin étant bon. Nous revîmes à St Guilhem par le chemin ordinaire de l’hermitage, qui est fort mauvais, au retour, nous sommes montés aux ruines du château géant situé au sommet d’un roc escarpé et fort élevé. La plateforme est peu étendue, cependant le château était assez vaste, il y reste quelques pans de murs, et une citerne. Il se développe de là une vue fort belle et qui est bornée de toutes parts par des rochers et des hautes montagnes ; le chemin de la Vacquerie se remarque comme un ruban sinueux qui se plie et replie sur les flans de rochers âpres et fort élevés, le pont en encorbellement, appliqué au rocher, et sur lequel la route passe, s’y montre d’une manière toute pittoresque. Revenu à St Guilhem, après dîner nous nous disposions à retourner à Aniane, quand nous nous entendîmes appelés d’une maison d’assez belle apparence ; c’était Jean André, qui avait été d’une délicatesse et d’une politesse rares, n’ayant rien voulu accepter pour les complaisances qu’il avait eues [f°. 634 r°] pour nous (voir la note 137 folio 37), il nous invita à entrer et à goûter d’un excellent vin blanc ; il insista avec tant d’instance, que malgré nos observations, force fut à nous d’entrer et d’accepter ; il nous pria, sous prétexte de son âge déjà un peu avancé, de lui faire son portrait pour le laisser à sa femme s’il venait à mourir, nous ne pûmes nous refuser à satisfaire à une chose demandée d’une façon aussi plaisante et par un aussi brave homme, et nous lui brochâmes (brossâmes) en quelques instants, une manière de portrait au crayon. Le ton et les dispositions de la demande étaient surtout fort piquantes.
Du côté du chemin de l’hermitage et du château géant, se voient encore des restes de murailles, une porte qui paraissait avoir été reliée jadis avec le château pour former une enceinte défensive. Une tour carrée, suspendue plutôt que placée sur les rochers, au-dessous du château, semble s’y rattacher également. En sortant de ce côté et suivant les rives du Verdus une fontaine qu’on prétend minérale, existe près du Verdus. Elle est en ce moment couverte par les eaux de celui-ci, ce qui nous a empêchés de vérifier ce qu’on nous a dit, que les pierres sur lesquelles elle coule, sont empreintes de couleurs minérales intenses, qu’elle pourrait amener d’une mine. Au reste, on a quelques fois ramassé des paillettes d’or dans l’Hérault. Cette fontaine est appelée de santé. Ce fait n’est peut-être pas sans intérêt d’être étudié.
On arrive au bout d’environ une demi-heure à un superbe cirque calcaire, auprès duquel est la source du Verdus. Ce lieu est très remarquable, les rochers bouchent toute issue ; on y trouve un écho, le lieu où il se rencontre, s’appelle la Bissone dans le pays, évidemment de Bis Sonat (c’est au pied d’un rocher à pic, fort élevé nommé la Bissone).
On trouve plusieurs étymologies latines dans le pays. Non loin de là, le lieu appelé Infernet (Infernum) ; c’est un lieu bas : nous avons déjà citer le fons clamousus. C’est aussi [f°.634 v°] de là que s’échappe le chemin de la Vacquerie, dont nous avons déjà parlé, et où se rencontre ce qu’on appelle dans le pays, le pas de l’Escaliou. On appelle Pas de l’Escaliou (de l’échelle) une portion du chemin gagnée sur le rocher, au moyen d’une construction en arcades, appliquée aux parois de ce rocher. Des contreforts qui soutiennent ces arcades donnent à cette construction singulière, un aspect tout à fait remarquable : la couleur en est surtout brillante et variée. Ce site est tout à fait pittoresque, les rochers énormes, variés, ornés de plantes, et la route y serpente avec grâce. Cette route, au reste, est peu fréquentée et requiert un guide, lorsqu’on est arrivé sur le plateau où sa trace se perd dans des taillis et des rochers. De ce côté encore, le pays est tout à fait intéressant pour le curieux de tout ordre, le peintre surtout y trouve un aliment toujours beau, toujours varié, toujours étonnant pour ses crayons. Nous ne saurions décrire tout ce que ce pays classique offre de beautés naturelles, et nous en laissons l’examen aux curieux à qui nous en recommandons l’étude.
Il y a quelques fabriques d’essence dans le pays.
Les mesures de la commune de St Guilhem sont les mêmes que celles de la commune d’Aniane.
St. Guilhem est au pied de la Serane, montagne qui abonde en plantes. [f°. 635 r°, liste de plantes en latin non transcrite].
[f°. 635 v°] La partie du département de l’Hérault où est située St Guilhem, est à l’abri de toute attaque et de toute crainte d’invasion ; et il devient par conséquent superflu d’énumérer les réponses militaires et statistiques de cette commune. »
Le manuscrit de Jean-Marie Amelin ainsi que les dessins qui l’accompagnent (bien que la plupart restent à l’état d’ébauche) se révèlent être de précieuses sources. En effet l’ensemble de ces vues constitue un témoignage unique sur une époque et un terroir et peut servir à ce titre de référence aux historiens, architectes et sociologues. Ils nous ont permis de démontrer la présence à Saint-Guilhem-le-Désert de l’aquarelliste anglais Nattes – dont on souhaite retrouver les dessins qu’il n’a probablement pas manqué de réaliser lui-aussi sur place – et de suivre sur le terrain, un artiste, qui par le dessin et le texte a su mettre en valeur un lieu, aussi peu connu alors, que Saint-Guilhem-le-Désert.
Notons qu’il serait intéressant d’élargir la présente recherche à la totalité du fonds Amelin de la Médiathèque centrale d’Agglomération Émile Zola, ce qui pourrait fournir à l’ensemble des communes de l’Hérault des indications précieuses quant à leurs monuments, leurs remaniements, leur évolution, mais aussi sur le regard que des hommes du XIXe pouvaient porter sur elles.
La place selon le dessin de J.-M. Amelin (1821) déjà publié en couverture des Études Héraultaises, ne présentait en son centre qu’une modeste fontaine et aucune végétation. C’est le 20 janvier 1855 qu’ont été plantés, d’après un registre paroissial, « les arbres de la Place » où pouvait déjà se trouver un peuplier, arbre de la Liberté (qui avait connu, entre la Révolution et 1848, plusieurs suppressions). Cette plantation devait comporter plusieurs arbres (platanes et autres ? quatre d’après la tradition orale locale). Cette photographie exceptionnelle permet de constater la présence d’un second platane, entre l’arbre central et la porte de l’abbatiale, ce qui donc confirme l’indication paroissiale. Le déplacement de la fontaine entre le platane central et le peuplier (qui est mort de sa belle mort dans les années trente) a peut-être été effectué à ce moment là ou, seulement, au début du 20ème siècle lorsque le socle central de la Fontaine a été surmonté d’une statue de la République du type Gautherin. Nous ne connaissons aucune autre photographie contemporaine ou postérieure qui montrerait la seconde partie de la Place avec des arbres. La plantation de ces platanes, ici comme ailleurs, correspond à un vaste mouvement, sous le Second Empire, d’agrémenter les places et boulevards par la diffusion de ce végétal porteur d’une large ombre. Ici, la date de la plantation le 20 janvier, n’a aucune relation avec… l’anniversaire de la mort de Louis XVI d’autant plus que le maire nommé, bonapartiste, ne pouvait laisser commémorer cet anniversaire et autoriser à d’autres qu’à lui-même la plantation sur un espace public aussi emblématique que la place du village [J.-Cl. Richard]
Notes
1. Cet article fait suite à un stage effectué pendant le mois de juin 2006 pour la Mairie de Saint-Guilhem-le-Désert, sous la direction de Jean-Claude Richard, dans le cadre du Master professionnel « Valorisation et médiation des patrimoines » (Université Paul Valéry – Montpellier III) dirigé par Mme Martine Ambert.
2. Avant Amelin, Aubin Louis Millin avait publié, entre 1807 et 1811, son Voyage dans les départements du Midi de la France (Paris, Imprimerie Impériale). De 1833 à 1837, Charles Nodier, la baron Taylor et Alphonse de Cailleux ont édité chez Didot à Paris les 5volumes, illustrés de lithographies, de leurs Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France. Les Souvenirs d’un voyage dans le Bas-Languedoc, le Comtat et la Provence, par Maxime Fourcheux de Montrond paraissent à Paris, chez Gaume et Debecourt en 1835. Enfin, deux ans plus tard, en 1837, Joseph Bonaventure Laurens illustre l’ouvrage de Jules Renouvier sur Saint-Guilhem-le-Désert (Réimpression présentée par Jean-Claude Richard, Gignac, Centre d’initiation au Patrimoine de la Vallée de l’Hérault, 1994). Ces illustrations ont également été publiées par Robert Saint-Jean sous le titre Saint-Guilhem-le-Désert. La vision romantique de J.J. Bonaventure Laurens. (Rodez, Éditions du beffroi, 2000).
3. Il convient de se référer à : Jean-Claude Richard et John Aldred, « John Claude Nattes (1765-1839) aquarelliste « anglais » compagnon de Jean-Marie Amelin (1785-1858) et Victor Ferdinand de Nattes (1795-1881), directeur du Musée Fabre de Montpellier », Études Héraultaises, 30,-31-32, 1999-2000-2001, p 199-213.
4. C’est dans le volume VIII qui traite des cantons d’Aniane, les Matelles, Saint-Martin-de-Londres que l’on trouve ces vues. (BM 1652).
5. Bien souvent Amelin a retouché son dessin, lorsque c’est le cas il n’omet pas de le préciser en faisant figurer la date de cette intervention. Il devait croquer rapidement les scènes et les retravailler par la suite en y ajoutant de la couleur.
6. Bien que certains pans de sa vie restent très obscurs, cf. Jean-Claude Richard et John Aldred (article cité) pour mieux connaître sa biographie.
7. Amelin J.M., Guide du voyageur dans le département de l’Hérault ou esquisse d’un tableau historique, pittoresque, statistique et commercial de ce département. Lithographie de E. Moquin et compagnie. Montpellier, imprimerie Auguste Ricard, 1827, 586 p.
8. Indicateur pour la ville de Montpellier et le département de l’Hérault, pouvant servir de complément au guide du voyageur dans le même département ; Complément offrant des développements, des annotations, des corrections, et beaucoup de documents utiles ; par l’auteur du guide, etc., Montpellier, chez Sevalle Libraire, Grand’rue, 1836, imprimerie de la Veuve Ricard, 52 p. On trouve dans ce guide des corrections ainsi que des notes supplémentaires.
9. La Médiathèque centrale d’Agglomération Émile Zola a repris son projet, de façon beaucoup plus modeste en éditant en 2003 dans la collection Bibliothèque virtuelle du Languedoc, aux éditions Phénix, un ouvrage intitulé Voyages pittoresques à travers l’agglomération de Montpellier 1820-1849, par Jean-Marie Amelin. On y trouve à chaque fois une vue de chaque commune de l’Agglomération de Montpellier, accompagnée par un petit texte.
10. Tableau statistique et pittoresque du département de l’Hérault, ouvrage manuscrit autographe, inédit, in-4°, 711ff doubles répartis en quatre volumes concernant : I-Arrondissement de Montpellier (ff1à 365), II-Arrondissement de Lodève (ff 366 à 464), III-Arrondissement de Béziers (ff465 à 644) et en IV-Arrondissement de Saint-Pons (ff 645 à 711) ainsi que 50 ff doubles pour les notes et 6 ff doubles pour la table. Montpellier. Médiathèque Centrale d’Agglomération Émile Zola, MS76 (1) à MS76 (4).
11. Une indication manuscrite donne la date terminale du 23 août 1843.
12. Parmi les travaux d’Amelin, il convient aussi de mentionner un plan de la ville de Montpellier (Plan topographique de la ville de Montpellier avec les changements qui ont été opérés jusqu’en l’année 1834, Montpellier, s.d., in-folio, éditions successives en 1839, 1846 et en 1853) ainsi qu’un nouveau Guide de l’Hérault (Guide pittoresque du voyageur en France, département de l’Hérault, Paris, 1835).
13. Le texte original a été divisé en paragraphes afin de faciliter la lecture [NDLR].