Description
Inventaire sommaire de la collection de Doat (Bibliothèque nationale)
Première partie : Volumes de la « série géographique » : Béziers
Inventaire de la collection de Doat
I. Généralités
Le XVIIe siècle français, si remarquable sous de nombreux rapports, doit être considéré comme le siècle de l’érudition par excellence. C’est – ce devrait être – un lieu commun que de rappeler cette évidence. L’éclosion de la « Diplomatique », est exactement contemporaine de la première édition du « Glossarium ad scriptores mediae et infimae latinitatis » de Charles du Fresne, sieur du Cange, et suit de près ou accompagne la publication des grandes collections de textes d’Achéry, Baluze ou encore le même Mabillon.
Le Languedoc ne fut pas absent de ce grand effort. A Toulouse, Guillaume Catel publie en précurseur l’Histoire des Comtes de Toulouse (1623) et les Mémoires sur l’Histoire de Languedoc (1633), à Carcassonne, Besse écrit l’Histoire des Comtes de Carcassonne, à Béziers Pierre Andoque dresse le Catalogue des Évêques de Béziers, etc.
2. Mission de Doat
C’est dans ce contexte que se place la mission de Jean de Doat. Jean de Doat était juriste, magistrat, et président de la Chambre des Comptes de Navarre. Au cours d’un voyage à Paris pour les affaires de la Juridiction dont il était président, Doat produisit une copie de l’Inventaire des Titres de Bearn. Carcary, bibliothécaire de Colbert, remarque ce travail, et le présente au Ministre. Celui-ci, féru d’histoire et collectionneur très averti, fit donner mission à Jean de Doat par lettres patentes des 1er avril et 23 octobre 1667, de « faire recherche des titres concernant les droits de la Couronne, qui peuvent servir à l’histoire dans tous les trésors des chartes de Sa Majesté, et dans toutes les archives des villes et lieux, archeveschés, eveschés, abbaies, prieurés, commanderies et autres communautés ecclesiastiques et séculières des provinces de Guienne, Languedoc et pays de Fois, et dans les archives des archevesques, évesques, prieurs et commandeurs qui en pourroient avoir de séparé et de leur chapitre, faire faire des extraicts de ceulx qu’il jugera necessaires et les envoyer au garde de la Bibliothèque royale ».
L’organisation de cette recherche prit des proportions relativement amples. Une première fois, à partir du 26 août 1666, il était parti de Pau, vers Foix, Toulouse, Rodez, Milhaud en Rouergue, Figeac et retour vers Foix.
L’année suivante, fort de l’expérience et au vu des lettres de commissions précitées, il réunit une véritable escouade, composée de lui-même, Perfaur, Abadie et Saint-Orens ses parents et aides, Daliot, Lagrange et Capot, greffiers, et huit copistes. Le 15 mars 1668, il est à Carcassonne, le 22 juin, il passe à l’abbaye de Fontfroide. De là, le 29 juin, il se rend à Narbonne; du 8 au 19 juillet, il séjourne à Béziers et, de là, « rayonne en envoyant des copistes pour de brèves « excursions » à Maguelone, Agde, Lodève, Nîmes, Montpellier et Saint-Pons. Puis il retourne à Carcassonne.
La collecte des copies effectuée, Doat vérifie les textes, les fait certifier conforme par le premier greffier, Capot, et les expédie à Paris. Un temps assez long s’écoule parfois entre le passage de Doat et ses commis et l’envoi des copies à Paris. Pour les copies prises à Béziers, par exemple, du 8 au 19 juillet, on voit l’expédition des copies s’échelonner du 8 décembre 1668 au 30 avril 1669.
On remarquera la brièveté du séjour de la mission de Doat dans les différentes villes. Il est resté à Béziers douze jours, pendant lesquels ont été visités sept dépôts d’archives (Hôtel de Ville, Évêché, Chapitre Saint-Nazaire et Saint-Celse, les Augustins, Frères Prêcheurs, Carmes, abbaye Saint-Afrodise), pendant lesquels ont été copiées près de trois cents chartes. On peut en déduire une sorte de fébrilité dans les copies, qui explique – entr’autres causes – certains traits hâtifs relevés dans des copies.
Doat – ou ses aides – semble s’être rendu compte de cette lacune dans son travail. Il proposa à Colbert de faire ordonner le déplacement des archives en un lieu plus commode. Mais Colbert refuse cette mesure de centralisation et de dépècement des fonds, que la République française n’aura aucun scrupule d’ordonner à peine un siècle après. Et Colbert met, en 1670, un terme à la mission de Jean de Doat.
3. Constitution de la collection de Doat
Les copies parvenues à Paris furent réunies en volumes et reliées avec beaucoup de soin. Le soin matériel apporté à la copie, à la présentation du texte, son analyse, sa transcription en belle écriture humanistique, sa traduction lorsqu’il était écrit en langue romane d’oc, sa certification conforme « ne varietur » aux originaux, ne se retrouve pas dans la composition des volumes, reliés grand in-folio en maroquin rouge ou marron au format de 29 x 44 cm environ. Une certaine anarchie règne dans la composition des volumes. Si les titres y sont placés par ordre chronologique, le mélange des textes provenant de sources diverses y est fréquent.
Un certain désordre règne dans le choix des textes copiés. Choix dicté peut-être par la nature de la mission de Doat, destinée à rechercher les titres de la Couronne autant que les documents historiques, et non copie systématique des archives prises dans tel ou tel fonds. De même, un désordre se peut constater dans la composition même de la série des volumes. Excepté les volumes 1 à 6 inclus, dans lesquels se trouvent les justifications du travail de Doat et de ses commis, on peut distinguer deux genres de volumes, ou deux séries : une série thématique (pièces générales, pièces sur le clergé, testaments, contrats de mariages, inquisition, testaments, ordonnances, bulles, recueils d’actes), et une série géographique, comportant les volumes de titres copiés dans les évêchés et dépôts des villes. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1990 |
---|---|
Nombre de pages | 24 |
Auteur(s) | Henri BARTHÉS |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |