Catégorie : Étiquette :

Description

Un plan inédit du monastère médiéval d’Aniane

L’aspect qu’avait l’église du Sauveur que Benoît d’Aniane a fait construire, à partir de 782, sur le terrain de son premier monastère n’est jusqu’ici pas connu. L’histoire de l’architecture était basée, jusqu’à présent, sur la Vie de saint Benoît par Ardon, un élève de Benoît, qui donne des renseignements sur la fondation du monastère, la construction et le décor de l’église du Sauveur. Le monastère a souvent eu à souffrir, au cours du Moyen Age, de faits de guerre. Ce qui resta de ses bâtiments disparut définitivement vers la fin du XVIIe siècle pour faire place à un complexe monumental de bâtiments baroques. On n’entreprit pas alors de fouilles, ce qui a été d’autant plus lourd de conséquences que l’on était en droit d’attendre de la construction des assises carolingiennes une importante contribution pour l’histoire architecturale carolingienne.

On ne trouve pas dans les sources d’indications sur l’histoire de la construction du monastère entre sa création et sa renaissance au XVIIe siècle ; de la même façon toute trace archéologique fait défaut. Cette lacune peut désormais être, jusqu’à un certain point, comblée à cause d’une découverte. Partant de l’habitude qu’avaient les Mauristes de réaliser des esquisses et des plans des monastères de leur congrégation, l’auteur de cette étude chercha et trouva des documents sur l’histoire de la construction d’Aniane. Entre autres, se trouve, dans les Archives nationales à Paris « un plan du monastère d’Aniane comme il est à présent 1656 ». Comme la construction de la nouvelle abbaye n’a commencé qu’en 1664, le plan montre les vues horizontales de l’église et des bâtiments du monastère dans leur état médiéval tardif, avant la nouvelle construction.

Le plan (fig. 1) semble restituer fidèlement à l’échelle la disposition du monastère ce qu’on peut déduire du fait que le dessinateur a indiqué l’échelle de façon précise et que les dimensions du monastère sont en accord, en gros, avec le cadastre de 1828. Une orthographe capricieuse et une écriture mal lisible ont rendu sa lecture difficile. Comme les désignations de la fonction de chacun des bâtiments sont données très précisément, on peut se faire une bonne idée du monastère, même si on ne connaît rien d’autre sur les murs en élévation. Sur le côté nord du domaine du monastère s’élève l’église, dont l’axe est dévié de 30° vers le nord. Nous y reviendrons plus tard. Sur son côté sud se trouve une cour avec un escalier qui conduit bien à l’étage supérieur de la tour à l’est de la cour. A l’ouest plusieurs petites maisons pour des visiteurs laïques (« maisons des seculier que lon agest ») et deux caves à vin, avec une pièce, limitent ce quartier.

L’entrée principale du monastère se trouve du côté sud de la place devant l’église, entre une « cave » et le « tinoir », l’endroit où les tonneaux de vin étaient stockés. Elle permet l’accès à une cour rectangulaire allongée sur le côté est de laquelle « un passage pour aller a l’église » réunit celle-ci au bâtiment principal du monastère. Enfin, au rez-de-chaussée, on trouve une salle, des caves, une prison, le réfectoire des moines, le réfectoire pour les écoliers (« des garçons »), la cuisine et une réserve (« dépense ») (fig. 2). De l’extérieur, côté sud, on parvient au « privé et bûcher », les installations sanitaires du monastère et le local pour conserver les stocks de bois. L’étage supérieur de ce bâtiment a été dessiné sur un petit morceau de papier, collé en becquet sur le plan du rez-de-chaussée (fig. 3). A cet étage supérieur se trouvent les cellules des moines (« dortoir »), une salle de classe (« classe ») une infirmerie, une chambre pour visiteur (« chambre quil serve dhotellerie et dinfirmerie ») et finalement un chauffoir. Au-dessus du bâtiment du monastère l’échelle est indiquée (« 15 toisses quil vaile 90 pieds »). Au-dessus de la rose des vents on peut lire : « lendroit des vieille Asise de lancien batiment », au-dessous duquel on doit comprendre qu’il y a les restes du vieux bâtiment. Là on rejoint, vers le haut, les jardins du sacristain, de laïques et « anciens religieux » ainsi que le « logement de monsieur le camari Ancien Religieux » dans le coin le plus à l’est du domaine du monastère.

Au sud de l’entrée principale se trouve, à l’ouest du « tinoir » une maison pour laïques-visiteur (« Mesons seculier que lon agest »), la boulangerie avec son four et l’écurie. Un escalier semble conduire à l’étage supérieur. A l’ouest du bâtiment principal sont dessinés deux fontaines et un vivier à poisson. L’indication de mesure de 477 pieds, au-dessous de l’inscription « plan du Monastère… » ne se rapporte pas à l’ensemble de l’étendue d’est en ouest du domaine du monastère, mais plutôt à la distance entre la plus extrême limite est du monastère et le bâtiment au sud-ouest du bâtiment principal qui est signalé par « l’endroit de l’ancien logis Abbatial » comme emplacement du bâtiment ancien de l’abbé. La partie ouest du monastère contient la monnerie (?) « que lon a bailée a Monsieur labbé pour avoir lemplacement de lancien logis Abatial ». Peut-être s’agit-il là de la « meunerie » que l’on a donnée en compensation à l’abbé, signalée plus haut comme « ancien logis abatial » et qui est devenue, plus tard, un moulin (fig. 10). Entre la « monnerie » et le jardin de l’abbé se trouvent, en direction de l’église, un autre jardin de l’abbé, des jardins appartenant à des laïques et « anciens religieux » et des maisons laïques qui bornent à l’est la place de l’église. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1990

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Brigitte UHDE-STAHL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf