Description

Publication du
G.R.E.C. n° 70-71-72
(janvier à juillet 1994)

Articles gratuits

Au sommaire de ce numéro

A l’occasion de travaux agricoles au tènement de l’Hourtaliesso, une découverte isolée, mais digne d’intérêt, a été faite voici quelques années. Il s’agit d’un ensemble de 6 vases soulevés par la charrue, dont trois sont intacts.

La Commission Sanitaire de la 2e circonscription de Lodève enquête sur l’eau d’alimentation de Bélarga en 1907 (1908 ?).

« Cette eau peu abondante est fournie par une seule fontaine. Les habitants se plaignent de son mauvais goût et de son insuffisance en été. Ils sont souvent obligés d’aller puiser à l’Hérault une eau qui, entre autres souillures, reçoit à peu de distance en amont, les eaux résiduaires d’une usine où se pratiquent notamment le lavage des laines et la teinture des draps. Cette eau est souvent trouble et a parfois une coloration bleu foncé qui serait due à l’indigo employé pour la teinture.

On voit dans ces conditions que l’adduction d’une quantité suffisante d’eau potable à Bélarga s’impose ».

Le père Paul Amargier, de l’Université d’Aix-en-Provence, que j’ai eu la chance de rencontrer à Montpellier lors du colloque « Les Cévennes et l’Europe en septembre 1992, m’a vivement encouragé à écrire la vie de Bernard Gui, un des grands acteurs de l’histoire religieuse du Languedoc au XIIIe et au début du XIVe siècle.

Limousin et fils du couvent de Limoges, étudiant à Montpellier, prieur ou lecteur d’Albi, de Carcassonne et de Castres, inquisiteur de Toulouse, procureur général de son Ordre en Avignon — siège de la papauté de 1309 à 1378 — et enfin évêque de Lodève où il termine sa vie au château de Lauroux en 1331, Bernard Gui est un représentant significatif de son ordre comme de l’Église en Languedoc au tournant du XIVe siècle.

Dans la mesure où mes lecteurs m’auront pardonné d’avoir longuement hésité sur l’identification de La Tourelle de Nébian, que je considère finalement comme le siège temporel d’une viguerie carolingienne du Lodévois, ils comprendront que je tienne à reprendre la question de Roque Cervière qui exige, elle aussi, une mise au point.

La Tourelle de Nébian, c’est-à-dire le bâtiment quadrangulaire en ruine, situé à 1 km au sud-ouest du village actuel (cote 173), a fait déjà l’objet de ma part, dans ce bulletin même, d’une interprétation erronée, corrigée en partie par la suite, mais toujours fondamentalement insuffisante. C’est ainsi qu’en 1990 (numéro 56-58, p. 41-45) cette petite tour, entourée d’un mur d’enceinte circulaire et dominant l’ancien chemin de Cabrières, a été considérée comme le siège du fiscus, autrement dit du péage de Roque Cervière, mentionné en 1109 et 1110 dans le Cartulaire d’Aniane. Interprétation annulée en 1991 (numéro 61-63, p. 15-16) après localisation du site de Roque Cervière à Saint-Baudile, dans la commune de Lieuran-Cabrières, diocèse de Béziers. De telle sorte que l’identification de La Tourelle posait toujours problème : quel était le nom propre de cette ruine située dans la commune de Nébian, diocèse de Lodève :

Les documents les plus anciens concernant l’actuel Moulin des Lores, à Paulhan (Hérault), sont contenus dans deux cartulaires, dont l’un, le Cartulaire des Guilhem, a été publié en 1886, tandis que l’autre, le Cartulaire de Valmagne, ne peut être pour le moment consulté que sur microfilm. Toutefois les quelques chartes de ce second recueil qui se rapportent au moulin en question ont été transcrites et traduites en 1988. Par ailleurs, diverses pièces déposées aux Archives Départementales de l’Hérault (séries G et S), sans parler de la vénérable Histoire Générale du Languedoc, fournissent, comme nous le verrons, des informations complémentaires permettant finalement de conclure que le Moulin des Lores, dans son état présent, a été édifié au plus tôt en 1195, qu’il était à l’origine fortifié, qu’il était actionné par quatre roues et que la meuse, c’est-à-dire la roue d’arrosage intacte qui le jouxte, date au plus tard de l’année 1726.

On dit que les noms propres n’ont pas d’orthographe. Voire… Beaucoup de noms sont issus de formes très anciennes, et il est souvent difficile de déceler leur racine indo-européenne, gauloise, grecque, latine… Ils sont, sous leur forme actuelle, le résultat d’une lente évolution. C’est, au fil des siècles, la forme orale qui a d’abord évolué sous l’effet de la loi du moindre effort.

La phonétique des noms de lieux a subi des transformations, l’orthographe a suivi. C’est ainsi que la forme s’est peu à peu modernisée… Un exemple de nom de lieu peut-être actuellement en cours d’évolution : Paulhan. Autrefois prononcé « Paulian », prononcé aujourd’hui par une majorité de personnes « Polan ». Demain peut-être l’écrira-t-on ainsi :

Le Cartulaire de l’Abbaye de Valmagne cite sept fois les moulins de Paulhan (de Paollano, de Pavollano) aux actes numérotés dans l’édition que nous préparons, n° 21, 172, 414, 415, 416, 443, 444. Trois actes, les N° 417, 442, 481 citent les moulins de Lona et deux actes, les N° 417 et 419, les moulins de Lora.

La présence de deux formes distinctes Lona et Lora est troublante. La forme Lora semble s’être seule perpétuée dans l’usage moderne d’après la carte IGN : moulin des Laures.

Le Prieuré ou ermitage Saint-Jean de Vareilhes n’a pas encore livré beaucoup de secrets sur son passé.

Cependant, l’on sait qu’il est mentionné dès 1153 : « ecclesiam de Valeliis » et que Saint-Jean de Vareilhes ainsi que Notre-Dame des Vertus ont été érigés en prieuré avant 1323. L’on sait également que Vareilhes est la prolongation d’un habitat plus ancien : une ou plusieurs villas gallo-romaines avaient été construites dans les environs immédiats de la Chapelle actuelle par un citoyen romain du nom de « Valerius » dont le gentilice est resté attaché à sa terre.

Le registre que j’ai pu consulter, grâce à l’obligeance de M. le Maire, porte sur les années 1790 à 1815, avec des lacunes notamment de 1795 à 1800. Relié dans le désordre, il comporte quatre parties :

1 – du 20 juin 1800 au 1er février 1804.
2 – du 21 février 1790 au 5 juin 1792 […], (avec lacune du 24 mai au 8 août 1790).
3 – du 18 janvier 1804 au 2 avril 1815.
4 – du 3 janvier 1793 au 1er mai 1795 […].

Je vais tenter de résumer ce que ces pages peuvent nous apprendre sur le village de Péret, aux premiers temps de la Révolution.

Les habitants de Popian étaient heureux en 1869, sauf un, et non des moindres, Monsieur le Curé de Popian. Que peut faire un curé en fonction lorsqu’il est malheureux : S’en ouvrir à sa gouvernante, ou si les choses sont graves s’en ouvrir à son supérieur ou confesseur hiérarchique :

Monsieur le curé Marty trouve une autre solution, plus percutante et même plus ré- percutante puisque destinée aux générations futures…

En 1992, l’école laïque de Saint-André de Sangonis fêtait le centenaire de ses locaux. Une exposition de nombreux objets scolaires, dont certains dataient du siècle dernier, et de photos, a beaucoup émules Saint-Andréens qui, âgés de 90 ans et moins, se retrouvaient en blouse ou costume marin avec leur visage d’enfant auprès de camarades la plupart disparus.

Les élèves d’aujourd’hui ont pu mesurer l’évolution dans les moyens pédagogiques et les progrès réalisés pour leur environnement. Une classe de CE1 a créé un clip-vidéo illustrant la visite d’un inspecteur à Saint-André au début du XXe siècle : les élèves étaient ravis de découvrir les encriers incrustés dans les bureaux en châtaignier, les porte-plume sergent-major et ces costumes si austères.

La sortie pédestre de juin 1992, la dernière de l’année, nous a amenés au barrage des Olivettes, puis au château de Cassan. Sur le trajet, quel ne fut pas mon étonnement de franchir l’ancienne voie du chemin de fer Bédarieux-Montpellier, que j’avais empruntée si souvent autrefois, et de la trouver dans un état d’abandon total. Les rails disparaissaient presque sous les genêts et autres plantes envahissantes. Mon deuxième étonnement vint de la réflexion, nullement péjorative, d’un de mes compagnons de route. Arrivé récemment dans notre région, ce monsieur n’a pas connu de circulation ferroviaire dans ce secteur et, bien sûr, cette ligne, qui permettait entre autres de mettre en relation constante la plaine et les Hauts Cantons.

Canet possédait jadis, comme de nombreux villages environnants, une tour de l’horloge. Détruite depuis plus de cent cinquante ans, son souvenir a disparu de la mémoire des Canétois. Ressemblait-elle à celle de Gignac, de Popian, de Pouzols ou de Viols-le-Fort :

Les archives la situent près du portail sud de la ville, au-dessus des remparts, et mentionnent qu’elle comportait plusieurs cloches. L’horloge était à contrepoids et ses rouages à découvert dans une cage de fer. Un escalier permettait d’accéder à la charpente de fer de la cage où se trouvait le mécanisme. Il fallait ensuite monter sur une échelle de bois pour pouvoir remonter l’horloge, et ce travail quotidien était mal payé (5 livres en 1695).

Les hommes qui se sont installés à Canet ont subi de tout temps les brusques et violentes crues de l’Hérault. « Canet primitif, assis sur les bords de la rivière dut construire des remparts pour se mettre à l’abri des inondations ». La charte de 1415 mentionne ces remparts.

« Les vestiges de l’église montrent l’endroit où se trouvait le vieux Canet. Cet emplacement difficile à conserver à cause des inondations fréquentes de la rivière a été abandonné et les Barrys qui en étaient les faubourgs deviennent le village lui-même ».

Pour une meilleure compréhension de cet entretien à « bâtons rompus » et en tenant compte de l’âge de l’interviewé — 93 ans — lors de cette rencontre, il était nécessaire de regrouper les divers récits reproduits ci-après. Ne sont donc citées que les réponses de l’écrivain Gaston COMBARNOUS.

LA MIOLA E LOU CREATOU

Quant sus l’arca gigant per fugi lou delutge
Las bestias de la Terra trouberoun un refuge
Aco faguet, pensas , un bel rebaladis :…
Me per lous animaus era lou paradis :
En se veguen tirat d’aquel pla meichant pas
Decideroun d’au cop de toutes vieure en pas.

LA MULE ET LE CRÉATEUR

Quand, sur l’arche géante échappant au déluge,
Les animaux du monde trouvèrent un refuge,
Ce ne fut pas sans mal, sans tumulte et sans bruit.
Mais pour toutes les bêtes, c’était le Paradis.
Et tous, d’un même élan, le péril écarté
Jurèrent à ce moment, de vivre tous en paix.

Camille Parado aujourd’hui âgé de plus de 92 ans a quitté très tôt Clermont-l’Hérault pour l’Algérie où il exerça avec succès le métier d’apiculteur. Je lui ai demandé de nous résumer son existence faite toute de labeur. Il est le père de Claude Parado auquel nous devons quelques articles parus dans notre Bulletin (cf. notice bibliographique).

Le châtaignier (Castanea sativa Miller, Fagacées) mérite amplement notre reconnaissance, si ce n’est notre vénération : comme son surnom l’indique, il a aidé pendant longtemps nos ancêtres à subsister dans une nature parfois très hostile. En effet, partageant par ailleurs la dénomination d’arbre d’or avec le mûrier, objet éphémère de revenus pour la population du Midi, cet arbre a été de tout temps une source de nourriture de première importance pour les habitants des régions collinéennes que sont les Cévennes méridionales des Hauts Cantons de l’Hérault.

Si tous les villages environnants ont en commun la douceur méditerranéenne chère à nos cœurs, une faune et une flore issues du même climat, il est un domaine qui risque presqu’à coup sûr de les rendre fort différents à nos yeux : la nature des socles rocheux sur lesquels ils ont été édifiés.

A la lecture de notre carte géologique locale, tout amateur normand, parisien ou landais, habitué à une certaine homogénéité des roches trouvées chez lui, aurait tout à fait le droit de tomber en extase.

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Informations complémentaires

Année de publication

1994

Nombre de pages

90

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf