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Description

Amour des pauvres et amour de soi :
images méridionales d’une société et d’une sensibilité

Images du Sud dans la France moderne. Si l’on prend le mot « images » au sens le plus strict, alors un vaste choix s’ouvre devant l’historien. Des images, il y en eut dans le midi, et à profusion. La société méridionale de l’époque moderne est une société iconophile. Plus nue toute autre elle a recours à l’expression figurée. Même si l’on s’en tient au seul domaine de l’iconographie religieuse, c’est déjà plusieurs solides corpus d’images qui s’offrent à la vue : retables, ex-votos, images pieuses… Ce sont là des séries dont l’inventaire et l’analyse sont déjà bien avancés. Bien moins connue, très peu inventoriée, il existe une autre catégorie d’images : les donatifs. Que sont les donatifs ?

Au sens classique, un donatif est tout simplement un don. Par glissement sémantique, le mot a désigné à partir du XVIIIe siècle une image peinte qui s’appelle un don, fait à un établissement charitable. Le donatif est un tableau de fondation charitable, symétrique de ces tableaux de fondation pieuse qui, selon Philippe Ariès, furent si nombreux dans la France moderne. Les uns étaient accrochés aux murs ou aux piliers des Églises. les autres garnissaient les salles des établissements hospitaliers. Aujourd’hui, ces panneaux commémoratifs ont le plus souvent disparu. On ne peut raisonner que sur ce qui est conservé. Or la partie même des donatifs conservés est loin d’être totalement recensée.

Pour notre part nous avons limité notre enquête au champ, riche mais restreint, du Comtat-Venaissin.

Une iconographie méridionale

Définir une spécificité du donatif et, à partir de là, cerner les limites de son implantation, voilà qui n’est pas facile à préciser.

Le donatif en effet, participe d’un genre infiniment répandu : la commémoration charitable. Qui n’a vu, dans tel ou tel hôpital français, des plaques gravées au nom de bienfaiteurs ? Toutefois, le donatif occupe une place particulière dans le champ commémoratif, il présente deux caractères qu’on ne retrouve pas ailleurs.

D’abord, le donatif est une peinture, peinture sur toile le plus souvent. En cela il est éloigné des autres panneaux de commémoration charitable, qui sont en général des gravures sur un matériau dur pierre et surtout cuivre. La différence technique n’est d’ailleurs pas anodine. Elle témoigne d’une sensibilité différente en matière de commémoration. Tout se passe comme si le donateur français, dans son désir de voir perpétuer ses dernières volontés, s’en remettait à la solidité et la pérennité du matériau. Le donateur méridional, au contraire, s’en remet aux hommes, c’est-à-dire aux administrateurs des institutions charitables ; à eux d’entretenir le tableau, à eux de le faire retoucher ou repeindre. On a confiance dans les générations à venir.

Mais dira-t-on, dans les hôpitaux français il n’y a pas que des plaques gravées, il y a aussi des portraits de bienfaiteurs. C’est vrai, mais en petit nombre : c’est un petit club fermé, regroupé en général dans la salle du conseil. Entrons par contre, dans l’Hôtel-Dieu de Carpentras. Là, par chance, les donatifs ont été laissés en place ; on verra non seulement des donatifs à portraits dans la salle d’administration, mais bien d’autres, à armoiries, dans les couloirs et dans le grand vestibule. Ils tapissent littéralement les murs en tout, on en compte 356 […]

Informations complémentaires

Année de publication

1985

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Madeleine FERRIÈRES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf