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Description

Les Lois Ferry et le Centenaire du Groupe Scolaire
de Saint-Geniès-de-Malgoirès (Gard)

Du point de vue de l’instruction, il existait une différence au XIXe siècle entre les garçons et les filles. Les garçons, appelés à devenir chefs de famille et à prendre les décisions, suivaient plus ou moins l’école. Mais comme les enfants participaient très jeunes aux travaux des champs ou à l’artisanat textile, l’assiduité était le moindre de leurs soucis. Lors des travaux qui requéraient une main d’œuvre abondante (les vendanges), les parents mettaient leurs enfants en congé. La fréquentation scolaire était limitée à la mauvaise saison et irrégulière, sauf rares exceptions. Quant aux filles, elles apprenaient auprès de leur mère à être de bonnes ménagères et des travailleuses, soit à la maison, soit à l’atelier. Ainsi l’école n’était pas obligatoire et l’enseignement dans ce village de la Gardonnenque où protestants et catholiques se côtoyaient était essentiellement limité aux saisons de l’année où les enfants auraient été inoccupés. Le problème du logement d’un maître d’école, souvent itinérant, et du local affecté à son enseignement était sans solution durable. A l’époque du mouvement de déchristianisation, sous Robespierre, la cure paroissiale avait été transformée en lieu de réunion et d’école.

Sous la Restauration, le développement de l’école avait été ressenti comme une nécessité, d’où la fondation, dès 1815. de la Société pour l’instruction élémentaire. Dès la Révolution de juillet 1830, l’instruction populaire a été inscrite en tête des réformes que devait réaliser le nouveau régime du roi Louis-Philippe.

C’est là qu’intervient le ministre de l’Instruction Publique François Guizot (1787-1874), originaire de Saint-Geniès. Son grand-père Jean Guizot, devenu pasteur du Désert, y était né. Son père André Guizot, avocat à Nîmes, mourut guillotiné sur l’Esplanade le 2 avril 1794. Charles-H. Pouthas rapporte que Guizot, dans son enfance, venait à St-Geniès avant de s’exiler passagèrement à Genève avec sa mère et son frère Jean-Jacques ; il y avait des parents et des compagnons de jeu qui, en grandissant, ne pouvaient l’avoir oublié. Né l’année de l’Édit de tolérance (1787), ministre de l’Instruction Publique à partir du 11 octobre 1832, François Guizot estimait que l’éducation devait être profondément religieuse : « C’était, écrira-t-il plus tard, sur l’action prépondérante et unie de l’État et de l’Église que je comptais pour fonder l’instruction primaire ». Dans son projet de janvier 1833, il imposait aux collectivités publiques l’obligation d’entretenir une école primaire de garçons en fournissant au maître un local servant d’habitation et une salle de classe. Chaque département devrait entretenir une École Normale primaire d’instituteurs dont le Conseil général aurait la charge. L’ouverture d’une école de filles n’était pas obligatoire. Le salaire annuel de l’instituteur ne pourrait être inférieur à 200 F. En dehors de ce traitement fixe, les parents non-indigents acquitteraient une rétribution scolaire. Pour couvrir leurs dépenses d’enseignement, les municipalités seraient autorisées à s’imposer jusqu’à concurrence de 5 centimes additionnels au principal des contributions directes.

En isolant l’enseignement primaire élémentaire, François Guizot, soucieux d’éviter la désertion des campagnes par des garçons trop instruits, entendait donner à tous les jeunes Français des connaissances de base avec l’instruction morale et religieuse, la lecture, l’écriture et le calcul. Dans la lettre qu’il adressait le 4 juillet 1833 aux 40 000 instituteurs de France, Guizot déclarait : « Chaque famille vous demande de lui rendre un honnête homme et le pays un bon citoyen ». Pour leur donner des guides pratiques, il faisait publier cinq manuels élémentaires et un recueil pédagogique mensuel qui s’intitulait Manuel général de l’Instruction primaire, bourré de conseils pédagogiques et d’informations administratives. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1985

Nombre de pages

6

Auteur(s)

C. HUGUES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf