Description
Témoignage : Défense passive
Président fondateur du musée HistelPost à St-Gély-du-Fesc.
p. 171 à 172
Le 20 août 1944, juste avant la libération de la ville, l’occupant fit sauter le poste émetteur de TSF qui était installé à l’étage supérieur de l’Hôtel des Postes. Plusieurs heures avant l’explosion la circulation aux abords de la Place de la Préfecture fut interdite…
Cette destruction avait été précédée du bombardement de Montpellier par les américains…
Mots clés : Central téléphonique, défense passive, bombardement.
Je faisais partie de la « Défense Passive » : À chaque alerte déclenchée par le fonctionnement des sirènes, je devais immédiatement me rendre, de jour comme de nuit, à mon centre directeur situé rue de l’Aiguillerie à Montpellier pour recevoir les instructions. Muni de mon « Laissez-passer », mon équipement se réduisait à un casque, un brassard marqué D. P. et un …masque à gaz ! Mais oui !!
Ma mission consistait essentiellement, dans la zone qui m’était impartie, à convaincre les passants, pendant toute la durée de l’alerte, de se diriger d’urgence vers l’un des abris aménagés dans les caves des immeubles environnants où ils étaient accueillis par les personnes désignées comme « chefs d’immeubles » ou « d’îlots ». Dans les parcs de la ville – Peyrou ou Esplanade –, des tranchées avaient été creusées dans les allées pour servir d’abri au public.
Le 4 juillet 1944, à la suite du bombardement de la gare d’Arènes à Montpellier par l’aviation alliée, j’ai participé à la délicate et éprouvante recherche de personnes ensevelies sous les décombres d’une maison située au Boulevard Rabelais, atteinte par une bombe qui avait raté sa cible.
À partir du centre-ville, un camarade et moi sommes transportés, agrippés à la paroi arrière d’un véhicule type utilitaire, les pieds reposant sur un étroit marchepied, nous donnant des frayeurs à chaque secousse ! Déposés là où déjà les premiers sauveteurs étaient à l’ouvrage, je fus impressionné par ce spectacle de ruines et d’objets divers amoncelés.
Aussitôt, celui qui devait être le responsable du groupe nous invita à les aider dans leur recherche d’éventuels survivants. Il fallait se hâter de dégager en surface des amoncellements de pierres qui gênaient l’accès aux parties de la maison dans lesquelles une présence humaine était possible. Sans équipement particulier notre tâche était difficile mais nous formions une équipe où le courage ne faisait pas défaut !
En fin de journée, alors que, fatigués, nous allions céder la place à de nouveaux venus, quelqu’un s’écria : « j’aperçois des cheveux ! » Ce fut un moment d’intense émotion !
Aussitôt l’endroit fut évacué pour ne laisser que 2 ou 3 personnes chargées du dégagement du corps avec le maximum de précautions. Hélas, nous apprendrons quelques jours plus tard qu’il n’y eut aucun survivant !
Au total le bombardement fera 53 morts, dont les corps seront transportés à la morgue de la Faculté de Médecine où le public sera admis pour reconnaître les victimes. Les obsèques solennelles eurent lieu le vendredi 7 juillet à la Cathédrale St Pierre, pour les catholiques, et à la chapelle évangélique, rue Brueys pour les protestants.
Ce douloureux événement restera gravé dans l’histoire de notre ville.
Informations complémentaires
Année de publication | 2024 |
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Auteur(s) | Gérard ROQUEFORT |
Nombre de pages | 2 |
Disponibilité | Téléchargeable au format pdf |