Description
Pour une Banque d’Images en Languedoc
Sources et ressources des archives filmées
Pourquoi des archives cinématographiques du Languedoc ?
Des kilomètres de pellicule sommeillent dans des greniers, des caves, menacés de destruction, oubliés dans des placards, une mosaïque d’images animées, le patrimoine cinématographique d’une région. Cet état de fait concerne tous les films quels que soient le support (pellicules nitrate, acétate), le format (35 mm, 16, 17,5, 9,5, 8 et super 8 mm), la provenance (Actualités françaises, films pédagogiques, institutionnels, professionnels ou semi-professionnels et amateurs…).
Ces images tournées par des cinéastes ou parfois de simples amateurs, signent le début du cinéma en Languedoc et constituent souvent les seuls documents capables de témoigner d’une vie sociale et de paysages où elle se déroulait, d’activités depuis les années 1920-1930, de nombreuses scènes qui ne prennent leur sens que confrontées les unes aux autres.
Car ces images animées sont des outils « anamnésiques », véritables leviers matériels du rétablissement des mémoires. Comme devant un album de photographies, les souvenirs se bousculent avec émotion devant la fragile image cadencée.
« La réactivation des mémoires »
La validité des témoignages, cette « oublieuse mémoire », les souvenirs, les mémoires sélectives…
C’est un des sujets majeurs de l’ethnologue, « enregistreur » d’une mémoire en cascade, qui doit en effet se satisfaire d’une pelote de faits, emmêlés plus souvent, que d’une fresque méticuleusement dessinée. Lorsque l’objet de sa recherche est « vivant » – ou que sont encore vivants ceux qui l’ont vu disparaître – le travail est aisé ; c’est plutôt à un trop-plein de mots et de commentaires qu’est confronté le chercheur, et d’urgence il lui faut établir des digues, canaliser les mots et les fixer dans des répertoires et des classifications. Mais, lorsqu’à l’inverse, l’objet est mort et depuis longtemps chassé de la mémoire, le travail devient incertain.
Alors émerge une problématique : celle de l’utilisation des témoignages toujours sujets à caution. On cherche donc à multiplier les interviews pour vérifier les faits racontés et les confronter à d’autres types de sources afin d’en dégager le « noyau dur », Pourtant, le risque est ici d’éliminer ce qui ne peut être confirmé par la pluralité de sources. On s’interdit ainsi de comprendre les tensions, les oublis volontaires, les silences constitutifs aussi de cene mémoire…
La problématique ethnologique est fondée justement sur la richesse des témoignages différents, le dicible et l’indicible, le fait que toute parole et fait relaté aient un sens. Ce que l’historien abandonne par manque de preuves (écrites souvent), n’est peut-être qu’une méfiance à l’égard de l’« oralité », Au contraire, c’est bien à partir de cette richesse constitutive des témoignages que l’ethnologue tente d’établir une description des faits, des représentations, des oublis, des significations. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1992 |
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Nombre de pages | 3 |
Auteur(s) | Luc BAZIN |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |