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Description

Les ateliers de faïence fine de Lodève et du Mas del Pont

La technique de la « faïence fine » : apparaît en Angleterre au cours de la première moitié du XVIIIe siècle. Dès 1743, afin de rivaliser avec les productions anglaises, une manufacture de faïence fine s’établit à Paris ; puis la création d’ateliers ne cesse de se multiplier : la nouvelle technique est adoptée à Orléans en 1753, à Lunéville en 1768, à Sarreguemines en 1770, à Sceaux en 1772, à Montereau en 1775, à Douai en 1780, à Chantilly en 1786, etc.

Généralement il existe un temps de retard pour voir les nouveautés et la mode conquérir la province ; ce ne fut, semble-t-il, pas le cas de la faïence fine. Tôt dans le XVIIIe siècle, on en fabrique en Provence, à Apt et au Castellet. En Languedoc, il faut attendre 1773-1775 pour voir Jacques Vabre créer, à Montpellier, une fabrique de faïence de terre de pipe ; malheureusement nous ne connaissons aucune pièce produite dans cet atelier. Dans le Gard, à l’initiative du conseil municipal d’Uzès, et avec les encouragements de Chaptal, des entrepreneurs marseillais effectuent les premières tentatives. Si le 25 décembre 1806, Jean Pierre Guiraud fait des essais de cuisson, à Marseille, dans la fabrique Sauze, le sieur Perrin, lui aussi de Marseille, se rend à Uzès pour réaliser des expériences en vue de fabriquer de la « terre de pipe façon Chantilly ». Au cours du XIXe siècle, la production de ce type de céramique prend un essor particulier à Uzès, dans les ateliers Vernet et Pichon.

Les ateliers du Mas del Pont et de Lodève

Plusieurs informations, de sources différentes et apparemment sans rapport entre-elles, sont à l’origine de l’étude des ateliers du Mas del Pont et de Lodève :

  • La première est une note de Creuzé de Lesser : en 1824, le préfet de l’Hérault dans la statistique du département écrit : « En 1822, on a établi, à Lodève, une fabrique de poterie (dite terre de pipe) qui promet au département une nouvelle branche d’industrie. »
  • La deuxième est une découverte archéologique : à l’occasion du recensement des ateliers de potiers du département de l’Hérault, les vestiges de l’atelier du Mas del Pont m’avaient été signalés par plusieurs chercheurs.
  • Les dernières sont des mentions se trouvant dans des ouvrages imprimés.

Si l’installation d’un atelier de faïence fine à Lodève, ville laborieuse, ne surprend pas, la situation du Mas del Pont est insolite pour l’établissement d’une industrie donnant un produit relativement luxueux : il est établi au nord de Saint-Maurice-de-Navacelles, au fond des gorges de la Vis, en un endroit difficile d’accès, et de nos jours fort isolé. Les fragments découverts sur place révèlent une technique pas du tout habituelle dans la région, rappelant les productions d’Uzès. L’installation de l’officine n’est pas très ancienne : sous l’Ancien Régime, d’après les compoix de Saint-Maurice, il n’existe pas d’atelier de potier au Mas del Pont qui appartient à cette époque à Fulcrand d’Albignac, seigneur de Madières. En 1817, lors de l’établissement de la matrice cadastrale, Jean Marie François Ginestoux, du Vigan, possède ce bien.

Historique

Au XIVe siècle, la poterie vendue aux foires de Lodève fait l’objet d’une redevance ; la présence d’un « forn d’ollas » confirme la production de céramique dans cette ville dès le XVe siècle. Au XVIIe siècle, cinq potiers fondent une confrérie et prennent pour patronne sainte Rufine dont ils célèbrent la fête le 19 juillet. Jusqu’au XIXe siècle, de la poterie est produite à Lodève, malgré la proximité de Saint-Jean-de-Fos qui approvisionne la ville et ses environs dès le XVe siècle. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1992

Nombre de pages

12

Auteur(s)

Jean-Louis VAYSSETTES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf