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Description
Nouvelles données sur Agde grecque (Agàthe), (Hérault, France)
** Aix-Marseille Univ, UMR 7299-Centre Camille Jullian, Aix-en-Provence ; « dugolini@club-internet.fr »
Deux sondages réalisés au centre ville d’Agde, Place Molière et rue Muratet, ont permis de constater que cette zone basse longeant l’Hérault est restée longtemps aux marges de l’établissement grec et vraisemblablement à l’extérieur de l’enceinte primitive. On y a peut-être extrait du basalte pour les premières constructions. Après le milieu du IIe s. av. J.-C. des édifices – des maisons ? – ont été bâtis et il est possible que l’enceinte ait été alors agrandie pour englober ce nouveau quartier, mais pour cela il n’y a aucune évidence. Ainsi, la fortification en fonction durant la première phase (vers 500-300 av. J.-C.) a dû ceinturer une ville beaucoup plus petite que ne le pensaient Raymond Aris et André Nickels et ce n’est que durant la deuxième phase (150 av. J.-C.-Ier s. ap. J.-C.) que l’occupation a gagné la partie basse et enfin couvert la superficie envisagée par les deux chercheurs.
New data on Grecian Agde (Agàthe), (Hérault, France)
Two surveys of Agde town centre, Place Molière and Rue Muratet, have shown that this low lying area along side the Hérault river, remained outside of the Greek settlement and probably outside of the primeval area. Basalt stone may have been mined for the early buildings. From the middle of the 2nd C BC buildings – houses? – were built and it is possible that the secured compound was enlarged to encompass this new vicinity, but there is no evidence to confirm this. Hence contrary to what has been suggested by Raymond Aris and André Nickels, during the first period (500-300 BC) the fortifications must have surrounded a much smaller town, and it is only during the second period (150 BC – 100 AD) that the low lying land was occupied and covered the area that was designated by the two archaologists.
Donadas novèlas sus Agde grèga (Agàthe) (Erau, França)
Dos escandalhatges practicats al centre-vila d’Agde, plaça Molière e carrièra Muratet, an permés de constatar qu’aquela zòna bassa de long d’Erau demorèt de temps a la broa de l’establiment grèc e versemblablament al defòra de la primitiva encencha. S’en tirèt benlèu de basalte per las primièras construccions. Aprèp lo mitan del segond sègle abans J.-C., d’edificis (d’ostals ?) foguèron bastits e se pòt que l’encencha foguèsse alara estada alargada per agolopar aquel novèl barri, mas avèm pas cap d’evidéncia per aquò. Aital, la fortificacion que foncionèt durant la primièra fasa (cap a 500-300 abans J.-C.) deguèt encénher un vila fòrça mai pichòta que si pensavan Raymond Aris e André Nickel e non es que durant la segonda fasa (150 abans J.-C. – Ièr sègle aprèp J.-C.) que l’ocupacion ganhèt la part bassa per cobrir puèi la superficia consirada pels dos cercaires.
Agde, dans un tissu urbain très dense et peu remanié à l’époque moderne, les recherches archéologiques sont rares. La connaissance des phases grecques progresse donc lentement car elle dépend des opportunités de réaliser des fouilles, qui sont le plus souvent d’extension limitée.
Dans le cadre de travaux urbains entrepris en 2013-2014 Place Molière et rue Muratet, deux sondages ont été effectués. Situés à proximité de la fortification grecque (fig. 2-3), ils offraient la possibilité de vérifier la chronologie d’un secteur peu exploré et, éventuellement aussi, de mettre au jour un tronçon du rempart ou des aménagements qui lui seraient liés.
L’opération a montré que la seule phase bâtie appartient à la deuxième phase grecque de la ville, postérieure au milieu du IIe s. av. J.-C., et qu’au cours de la première (fin VIe-début IIIe s. av. J.-C.) la table basaltique a dû être exploitée en tant que carrière.
A. Le contexte historique et archéologique
Mentionnée par quelques sources tardives grecques et latines en tant que « ville de Marseille » Agàthe est restée telle dans l’historiographie jusqu’aux recherches récentes.
Localisée précisément seulement en 1939, de multiples observations ont établi qu’elle a eu deux phases grecques, clairement séparées l’une de l’autre du point de vue chronologique. La première a commencé à la fin du VIe s. av. J.-C., lorsqu’elle a été fondée en tant que cité portuaire de la colonie grecque de Béziers/Rhòde. En effet, sources textuelles et découvertes archéologiques autorisent aujourd’hui à considérer Béziers, alors nommée Rhòde, comme la première fondation grecque de la côte méditerranéenne, qui n’était pas ionio-phocéenne mais doro-rhodienne. Cette phase d’Agde s’est achevée dans les premières décennies du IIIe s. av. J.-C., à la suite de l’abandon de sa métropole (vers 300 av. J.-C.). Désertée pendant longtemps, vers le milieu du IIe s. av. J.-C. elle est devenue une cité massaliète, comme le rapportent les sources. Pendant cette deuxième phase, elle a eu un développement relativement important, certainement en liaison avec – et sous la supervision de – l’autorité romaine, installée à Narbonne dès 118 av. J.-C. Puis, vers le milieu du Ier s. av. J.-C., elle a commencé à se dépeupler et a été à nouveau abandonnée dans le courant du Ier s. ap. J.-C. Son espace a été progressivement attribué à Béziers, devenue colonie romaine vers 36 av. J.-C.
La ville grecque était délimitée par un rempart construit vers la fin du VIe s. av. J.-C., refait et modifié au cours des siècles, et parfois confondu avec celui du Moyen-Âge.
Le plan de cette fortification est largement inconnu et a été dessiné par hypothèse, en grande partie d’après le tracé du rempart médiéval. En effet, on ignore tout de ses côtés est et ouest. Seuls deux très courts tronçons ont été localisés : le septentrional au fond de l’impasse Molière (fig. 2, point 3), parallèle à la courtine médiévale ; le méridional le long de la rue Jean Roger (fig. 2, point 8), sans liens avec la structure médiévale. Le problème est que ces deux segments ne sont pas contemporains entre eux, le méridional étant plus récent. On en déduit que la fortification méridionale a été déplacée à un moment donné.
Malgré les inconnues, on a longtemps admis que le rempart grec enserrait une surface d’environ 4,5 ha depuis les origines de la ville. Puis, les résultats des fouilles de la place Conesa (fig. 2, point 19) ont laissé supposer qu’un mur antérieur à celui de la rue Roger a pu exister dans l’axe de l’actuelle rue d’Embonne et donné corps à un changement de tracé.
Dans le secteur qui nous occupe, quelques observations sont à prendre en compte.
- À la limite sud-orientale de la Place Molière (fig. 2, point 35), Raymond Aris a vu des bases de colonnes romanes, des tessons campaniens et sigillés ainsi que quelques vestiges au contact de la table basaltique. Ces découvertes suggéraient qu’ici la première occupation n’était pas antérieure au IIe s. av. J.-C.
- Impasse Molière, quelques dizaines de mètres au nord-est de la place (fig. 2, point 3), André Nickels a fouillé une portion du rempart grec construit à la fin du VIe s. av. J.-C., refait au IVe s. et encore vers la fin du IIe s. av. J.-C.
- À l'est de la Place Molière, rue de la Placette (fig. 2, point 36), R. Aris a sommairement fouillé des niveaux d'habitat s'échelonnant entre le IVe s. av. J.-C. et le début du Ier s. ap. J.-C.
Ainsi, les chronologies relevées dans un périmètre de quelques dizaines de mètres étaient à chaque fois différentes, ce qui soulevait la question de l’emplacement du rempart puisque, à l’ouest de la fouille d’A. Nickels, seules des traces des IIe s. av. J.-C. Ier s. ap. J.-C. étaient attestées.
Il était donc particulièrement utile d’obtenir des informations sur le secteur nord-ouest, à proximité du rempart grec, afin de clarifier l’assiette, l’organisation et la chronologie de cette partie de la ville. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2020 |
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Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Céline GOMEZ, Daniela UGOLINI |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |