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Description

Les États du Languedoc et la Construction du Canal Royal des Deux-Mers
ou Canal du Midi (1661-1681)

Le commerce du pastel est constamment en déclin depuis le dernier tiers du XVe siècle dans la région toulousaine. Routes et rivières ne s’animent guère plus qu’aux époques des foires de Bordeaux et de Beaucaire. Au passage, les marchands qui transportent produits exotiques, épicerie, toiles et métaux, achètent les rares produits exportables de « l’industrie » toulousaine. Les dangers que présente la navigation sur la Garonne entre Toulouse et Moissac, contribuent pour une part à la raréfaction des échanges à travers l’isthme aquitain. A partir de Toulouse jusqu’aux villes méditerranéennes, le charroi à bœufs ou à dos de mulet est le seul utilisable pour gagner Narbonne ou Beaucaire. Autant de raisons qui expliquent le coût élevé des transports. Seuls des produits de faible encombrement et qui présentent une forte valeur marchande, peuvent être grevés de tels frais de déplacement. L’examen approfondi du commerce sur la Garonne en 1646 dans le sens Bordeaux-Toulouse est exemplaire.

Le trafic irrégulier est intense à l’époque des hautes eaux du fleuve en janvier et surtout en novembre après la foire de Bordeaux qui se tient au mois d’octobre. Durant les basses-eaux de mai à octobre, le passage des gabarres est quasi-interrompu. Parmi les principales cargaisons figurent poissons séchés, produits tinctoriaux, épices, métaux (plomb, étain, fer blanc et laiton) et tissus venus d’Espagne avec la laine brute de Ségovie, des toiles de coton et de mousseline. Des produits pondéreux : céréales, bois et vins, il n’est guère question. Au milieu du XVIIe siècle, Bordeaux n’exporte pas de blé. La capitale de la Guyenne, qui manque régulièrement de céréales pour sa consommation urbaine, fait venir le surplus de l’Agenais, parfois des Charentes ou de Bretagne, voire de Dantzig ou de la lointaine Moscovie. Il est plus rentable d’acheter du blé par mer à des régions excédentaires parfois très éloignées, que de recourir à la production du Toulousain relativement proche par l’artère garonnaise.

Depuis le Moyen-âge, le commerce des « bleds » constitue pourtant l’une des rares sources de richesse des propriétaires du Toulousain. Cela reste plus vrai que jamais au début du XVIIe siècle. Catel, chroniqueur fort averti, constate en 1633 : « Le trafic des bleds est le plus commun commerce parmi les habitants et marchands ». Faute de débouchés sûrs, de moyens de transports commodes et peu dispendieux, ce commerce est essentiellement intra-régional. Les échanges entre Toulouse et sa campagne ou avec les petites villes environnantes en constituent la plus grande partie. Sur le pourtour, la région toulousaine fournit en seigle et en mauvais blés les régions montagneuses : Albi vers le Rouergue , Castres vers la Montagne Noire, Pamiers vers Foix et le Couserans ou Rieux vers le Haut-Comminges. Les sacs de blé sont convoyés à dos de mulet, ce qui limite les déplacements à de courtes distances. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1974

Nombre de pages

18

Auteur(s)

Georges FRÊCHE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf