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2.00

Description

L'épuration montpelliéraine d'août-septembre 1944 :
Un tribunal populaire particulièrement sévère

* Historien.

Introduction

Un tribunal militaire d’exception, la Cour martiale de la place de Montpellier, composée de militaires issus des F.F.I., et donc des seules forces armées de la Résistance intérieure française, non de juges et de jurys habituels propres au monde judiciaire du temps de paix, est constitué dès le 29 août 1944 à Montpellier. Il est mis hâtivement en place alors que les dernières troupes allemandes et celles de leurs supplétifs de la Milice française de Joseph Darnand, en charge du maintien de l’ordre depuis le début d’année, viennent à peine de quitter la région ou d’être désarmées. Parallèlement les autorités nouvelles peinent à asseoir pleinement leur pouvoir, avant la fin de l’année 1944, voire début de 1945. Il a pour but de juger dans l’urgence les faits les plus notoires de trahison et de collaboration avec les autorités allemandes depuis les débuts de l’occupation. Parfois de manière active, tels certains miliciens, policiers ou gendarmes ayant pris part à des actions armées de lutte contre les maquis du département ou de la région, ou qui ont pourchassé, arrêté, torturé, spolié, exécuté parfois, voire assassiné sordidement, nombre de patriotes ou suspectés comme tels.

Première page de la liste des détenus à la caserne Grossetti (Arch. de l'Hérault, 999 W 144)
Fig. 1 Première page de la liste des détenus à la caserne Grossetti (Arch. de l'Hérault, 999 W 144)

L’épuration conduite par les F.F.I. va alors se faire dans une relative apparence de légalité, mais dans la précipitation et le déchaînement des passions. Elle s’effectue en effet dans un climat insurrectionnel prompt à la vengeance rapide et la plus expéditive qui soit. Cet état d’esprit était exacerbé par ce que l’on savait alors des crimes, souvent effroyables, qui avaient été commis depuis juin à la caserne montpelliéraine de Lauwe. Crimes commis par les miliciens et les policiers de la délégation régionale des Renseignements Généraux (D.R.R.G.) organisme gouvernemental créé en avril 1944 dans le cadre de la réorganisation générale du maintien de l’ordre et qui sera à sa manière une sorte de Gestapo vichyste.

Distincte de celle de Béziers, la Cour martiale montpelliéraine siègera en six séances, le 30 août 1944 puis les 4, 6, 8, 11 et 13 septembre. Celle de Béziers tiendra trois séances, les 5, 11 et 14 septembre. Ces deux cours martiales, désormais dissoutes et même jugées par la suite illégales, seront remplacées par des Cours de justice, départementales puis régionales, dont les audiences à Montpellier se tiendront pendant près de quatre années, du 21 septembre 1944 au 1er juillet 1948.

La Cour martiale de Montpellier va ainsi juger en une quinzaine de jours, pas moins de 102 prévenus sur près de 700 à 900 suspects qui avaient pu être placés en état d’arrestation, dans les prisons officielles (dont la caserne Grossetti avec 716 arrestations au 14 septembre fig. 1), ou officieuses, parallèles et illégales de certaines unités armées de justiciers auto-proclamés qui agissaient en dehors du commandement officiel des F.F.I. 2

Elle juge principalement des miliciens héraultais et de divers départements n’ayant pu atteindre la vallée du Rhône ou l’Espagne, ainsi que quelques hauts fonctionnaires de l’administration et de la police, tous coupables ou suspectés de crimes graves contre les populations et les patriotes, de crimes de trahison et de collaboration active avec l’occupant. Pour cela, la Cour martiale de Montpellier sera l’une des plus sévères de France. Elle prononcera 72 condamnations à mort, dont 71 effectives. Celle de Béziers ne prononce pour sa part que 16 condamnations à mort, toutes réalisées.

Il n’y a pas de véritable instruction, ni d’enquête préalable, pas de réelle défense des prévenus. Les jugements sont rendus rapidement, sans débat et le droit de grâce est pratiquement inconnu 3.

L’ambiance est si délétère qu’en décembre 1944 – janvier 1945 on viendra extraire des prisons du département des prévenus ou des condamnés à mort non encore exécutés pour les abattre sommairement. L’ordre républicain et une justice digne de ce nom seront lents à instituer, la guerre se poursuivant encore au nord-est du pays. Il faudra attendre le mois de mai et la signature de l’armistice.

Fin août – début septembre 1944 : l'épuration, un contexte pour le moins particulier

Les premières arrestations

Composition de la Cour martiale

Première audience de la cour martiale de Montpellier (30 août 1944)

La première audience de jugement a lieu le 30 août

Seconde audience, 4 septembre 1944

Troisième audience, 6 septembre 1944

Quatrième audience, 8 septembre 1944

Cinquième audience, 11 septembre 1944

Sixième et dernière audience, 13 septembre 1944

Le temps des Cours de justice

Le bilan montpelliérain pour l'année 1944 (hors tribunal militaire de Montpellier)

Une « caricature » de justice. Les Cours martiales de Montpellier
vues par un correspondant de guerre, Marcel PICARD

Autres témoignages d'époque

Le tribunal révolutionnaire de Béziers jugé par un autre résistant

Conclusion

Nota bene :

Annexes

Domiciliation des condamnés à mort

Domiciliation dans l'Hérault des fusillés comme suite aux condamnations prononcées
en août-septembre 1944 par les Cours martiales

Sociologie

Tranches d'âges

Liste nominative des condamnés à mort de la Cour martiale de Montpellier par audience

Notes

Informations complémentaires

Année de publication

2024

Auteur(s)

Christian PIOCH

Nombre de pages

18

Disponibilité

Téléchargeable au format pdf