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Description

La Terreur Blanche et ses suites à Villeveyrac

Malgré les dispositions de l’article 5 de la Charte constitutionnelle accordée le 4 juin 1814 lors de la Première Restauration et en vertu desquelles « chacun professe sa religion avec une égale liberté et obtient pour son culte la même protection », le second retour de Louis XVIII après les Cent Jours fut suivi dans le département de l’Hérault d’un certain nombre d’incidents qui, sans avoir été sanglants comme à Nîmes, furent cependant assez violents dans quelques localités situées à l’Ouest de Montpellier, notamment à Pignan, Montagnac et Villeveyrac.

L’aspect de cette « Terreur Blanche » est fort complexe : à la fois politique et sociale, elle donna lieu à des manifestations nettement confessionnelles. Nous trouvons en effet, dans la presque totalité des cas, deux fractions de la population qui s’affrontent d’une part, une minorité protestante composée de notables, détenteurs d’une grande partie des terres et des moyens de production, politiquement fidèle à l’Empire malgré ses professions officielles de loyalisme envers les Bourbons, et dont l’influence dans la cité était prédominante malgré son infériorité numérique en face, la grande masse des travailleurs à gages, des artisans, des petits fermiers, de condition plus que modeste, catholiques et royalistes, qui voyaient le moment venu de prendre une revanche sur la classe dirigeante, de confession opposée, qui s’était montrée autoritaire pendant les Cent Jours.

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Avant d’entrer dans le vif de notre sujet, il ne nous semble pas inutile de rappeler quelques-uns des principaux faits de l’histoire du protestantisme dans la localité qui nous occupe :

Dès le XVIe siècle, il y eut des protestants à Villeveyrac. En 1561, une Église réformée était « dressée », c’est-à-dire régulièrement constituée avec un pasteur, assisté d’un conseil d’« anciens », le « consistoire ». Bientôt, la petite cité tomba au pouvoir des protestants la messe fut abolie et l’église catholique démolie.

Après l’Édit de Nantes (1598), l’entente semble avoir régné entre les membres des deux confessions puisqu’un contrat fut passé le 23 Juin 1803 par les consuls avec deux maîtres fondeurs pour faire refondre la cloche « aux déspens de toute la communauté tant d’un party que d’aultre, pour après servir à sonner le divin service de ladicte église parochielle que pour appeller le preche .»

Cependant, lorsque en 1620, les protestants reprirent les armes, ils interdirent à nouveau la célébration de la messe et ruinèrent l’église. Aussi, en 1622, en allant mettre le siège devant Montpellier, Louis XIII s’arrêta à Villeveyrac : les habitants lui firent leur soumission le 22 mai et le roi y rétablit la messe.

En 1662, le syndic du clergé du diocèse demanda l’interdiction du culte réformé les protestants s’adressèrent alors aux commissaires députés pour l’exécution de l’Édit de Nantes ; ceux-ci ne s’étant pas mis d’accord rédigèrent un procès-verbal de « partage » et le transmirent au Conseil du roi qui, par un arrêt du 5 Octobre 1663, sans « vider » ledit partage, fit « cependant défenses aux habitans de la R.P.R. dudit lieu d’y faire l’exercice de leur Religion.» […]

Informations complémentaires

Année de publication

1978

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Charles DELORMEAU

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf