La part du territoire dans la colonie romaine de Béziers :
marques sur tuiles et sceaux

* Professeur émérite à l’université de Paris-I (Panthéon-Sorbonne) ;
2, rue de la Division-Leclerc, 94250 Gentilly.
** Archéologue ; 20, rue Charles-Gounod, 34500 Béziers.

Dans une cité telle que Béziers, la connaissance de la société à l’époque romaine repose beaucoup sur l’utilisation des inscriptions. Mais elles sont assez peu nombreuses, comparativement à Narbonne ou à Nîmes. De surcroît elles sont souvent incomplètes. En effet, les blocs inscrits, qui ont été recueillis, ou préservés, proviennent pour beaucoup d’entre eux du démantèlement des murailles de la ville 1, dans lesquelles ils avaient été réutilisés comme matériaux de construction, selon un processus courant, attesté par exemple à Narbonne, mais selon des modalités différentes qui résultaient de l’histoire propre des villes. Ce sont des remplois…, et même parfois des blocs remployés à leur tour réutilisés…, ce qui aurait pu provoquer en particulier des déplacements complexes par rapport aux lieux d’origine. Déterminer une provenance devient problématique et, sauf heureux hasard, les recherches de localisation dans le paysage ancien sont souvent infructueuses. Néanmoins on peut constater que ces blocs avaient très souvent été pris dans les nécropoles, qui bordaient la ville ou qui s’étalaient le long des grandes voies, notamment le long de la voie Domitienne, en direction de Saint-Thibéry 2. Dispersés après démantèlement des monuments, ils n’apportent alors que des textes fragmentaires ; car les textes étaient initialement gravés sur le bâti une fois celui-ci réalisé, et les inscriptions pouvaient alors courir sur plusieurs blocs jointifs que le démantèlement dispersait. On ne peut donc pas toujours extraire de ce qui nous reste des renseignements très détaillés : les mots, les phrases sont souvent interrompus par les cassures. En particulier, en ce qui concerne les dénominations de personnes, souvent la part de l’inconnu ou de l’incertain est importante.

Le catalogue des personnages attestés dans la documentation a été dressé en 1970 par Monique Clavel ; il conserve une grande valeur 3, car il tente d’apporter une vision globale de la société. Dans le volume de la carte archéologique qui vient d’être récemment publié, un index épigraphique 4 réunit aussi tous les témoignages sur les personnages repérés, en tenant compte des améliorations que la révision des textes a permis d’effectuer. Mais il ne concerne que les personnages connus par les inscriptions lapidaires de la ville de Béziers, laissant à une publication complémentaire le soin d’étendre l’examen de la documentation à la partie rurale. Or, colonie romaine, Béziers vivait au rythme des relations entre la ville et la campagne, d’autant que la récompense des vétérans de la Septième Légion, qui furent établis durant l’époque triumvirale par Octavien 5, résidait pour l’essentiel dans l’octroi de terres ; les lots avaient une superficie convenable, car ils étaient destinés à donner l’aisance aux paysans italiens qui avaient été enrôlés dans les légions 6. Il est donc nécessaire pour cette raison de tenir compte des inscriptions du territoire dépendant de la ville chef-lieu, même si la délimitation de cet espace administratif, étroitement contrôlé par l’action des magistrats, est quelque peu malaisée dans le cas de Béziers 7. Mais dans le cas des terroirs des communes de Cazouls-lès-Béziers et de Prades-sur-Vernazobre, où l’on va poser les pas, la question ne se pose nullement : ils appartiennent sans aucun doute à la colonie de Béziers 8, même si, postérieurement à l’époque romaine, l’inclusion dans le diocèse de Narbonne a fait parvenir dans quelques lieux de cette partie occidentale du territoire colonial des inscriptions provenant de l’autre grande ville voisine 9.

Toutefois l’attention portée aux campagnes donne plus facilement l’accès à d’autres sources que les documents épigraphiques les plus courants : elle conduit à s’intéresser à des sources complémentaires de l’épigraphie lapidaire. L’archéologie, par la fouille ou par la prospection, apporte d’autres connaissances. Mais lorsque les documents auxquels elle s’intéresse comportent des indications écrites, il est naturel que l’on fasse le lien avec ceux de l’épigraphie courante, les inscriptions publiques, religieuses ou funéraires, car les personnages mentionnés appartiennent à la même société.

Dans les collections de la société archéologique de Béziers se trouve un fragment de tuile portant une marque de fabrication, dont les lettres avaient été inscrites en creux dans un cartouche de forme rectangulaire (7,1 x 2,7 cm), le tout ayant été imprimé dans la pâte avant la cuisson (fig. 1). Elle concerne un personnage appelé T(itus) Fanius Troilus. Mais d’autres témoignages comparables existent près de la ville et dans les campagnes à l’ouest de la ville, et l’un de nous (G. F.) espère les insérer et les analyser au sein d’une documentation très large dans un ouvrage en préparation. Il importe d’isoler et de présenter ici, séparément, cette série plutôt restreinte.

La tuile de la collection de la SA Béziers
Fig. 1 - La tuile de la collection de la SA Béziers
(cliché Ph. Auriol, SA Béziers).

Les estampilles de T(itus) Fanius Troilus

A/ Description des estampilles

Cette marque, bien que peu abondante, se présente sous deux formes. L’une (fig. 2) est à lettres en creux, dans un cartouche formant un cadre rectangulaire également en creux, comme on peut le constater 10 sur d’autres marques appartenant à la seconde moitié du Ier siècle ap. J.-C., ainsi que sur des amphores 11 de cette époque ou du début du IIe siècle ap. J.-C. L’autre, très incomplète et abîmée, est à lettres en creux également, mais dans un cartouche courbe constituant aussi un cadre en creux. Il n’est pas possible de dire s’il s’agirait d’un cartouche complètement circulaire, ou luné ou en demi-cercle.

La marque T FANI TROILI
Fig. 2 - La marque T FANI TROILI (dessin G. Fédière).
Carte de diffusion des productions de T. Fanius Troilus
Fig. 3 - Carte de diffusion des productions de T. Fanius Troilus (dessin G. Fédière).

B/ Inventaire et répartition géographique des estampilles (fig. 3)

BÉZIERS (Hérault) :

— site de La Capellière/Les Cresses. Un exemplaire, très abîmé, à cartouche courbe sur un fragment de tegula (tuile) épaisse (l’épaisseur varie entre 4 et 4,4 cm), à 5,7 cm du bord avant. On ne relève pas de courbe ni d’autre motif digital sur ce fragment. Il a été découvert par Alain Robert (Boujan-sur-Libron), que nous tenons à remercier 12. L’inscription est incomplète. On lit sur deux lignes : [-] FAN[-] / TROILI.

CAZOULS-lès-BÉZIERS (Hérault) :

— site des Muscadelles-Sud. Un exemplaire à cartouche rectangulaire, découvert par René Lautard (Cazouls-lès-Béziers), président de l’Association archéologique de Cazouls-lès-Béziers, que nous tenons à remercier. L’exemplaire a déjà été signalé : R. Lautard, « Les Muscadelles, Description du mobilier », dans Bull. de l’Association littéraire, historique et archéologique de Cazouls-lès-Béziers, 15, 1982, p. 31, n° 1) 13.

— site de St Hippolyte-de-Mayran, dans le terrain Nord, à l’ouest de la route D 15, dans la partie est de ce terrain. En proviennent trois exemplaires incomplets à cartouche rectangulaire. Sur l’un, qui se trouvait probablement sur un fragment de tegula, l’estampille est presque complète. On peut lire : [T]•FANI / [T]ROILI. Sur le second, qui se trouvait aussi, probablement, sur un fragment de tegula, on doit lire : [T•FA]NI / [TRO]ILI.

— Sur le troisième, probablement aussi sur une tegula, on lit : [T•FA]NI / [—] 14.

À ces cinq exemplaires, découverts sur des sites précis et bien localisés, il convient d’ajouter l’exemplaire qui se trouve dans les collections de la Société archéologique de Béziers. Il est en bon état de conservation, mais la provenance est inconnue 15. La marque se trouve dans un cartouche rectangulaire (7,1 x 2,7 cm), dont le bord intérieur est souligné de plus par une rainure surcreusée. La marque est complète (voir fig. 1 et fig. 2). On lit, sur un fragment de tegula (épaisseur de 3,5 à 3,7 cm), et sur deux lignes, en lettres de 1 cm, de forme très régulière : T•FANI / TROILI. Le point séparatif à la première ligne prend la forme qu’avaient sur les inscriptions lapidaires les feuilles de lierre (hederae). Trois courbes digitales (de possibles demi-cercles) et les parties de deux autres courbes digitales apparaissent 16. L’estampille est parallèle au bord avant, à 4,3 cm de celui-ci. La longueur de l’encoche avant droite est de 9,6 cm 17. Cet exemplaire se rapproche par la forme du cartouche des exemplaires provenant de Cazouls-lès-Béziers.

Le personnage : T(itus) Fanius Troilus

L’estampille livre, au génitif, le nom du personnage qui dirigeait la production, vraisemblablement le maître ou responsable du fonctionnement de l’atelier, peut-être engagé aussi dans la fabrication avec un entourage d’ouvriers, dépendant de lui. L’estampille indiquait que les tuiles étaient une production « de Titus Fanius Troilus ».

Le troisième élément de la dénomination, le cognomen (ou surnom) Troilus, est d’origine grecque. Il est un indicateur vraisemblable du statut de cette personne qui, après avoir été esclave d’un maître, aurait reçu de celui-ci la liberté par l’affranchissement. Plus qu’une origine ethnique l’usage d’un surnom grec dans la dénomination d’une personne, en Gaule méridionale, caractérise souvent la position sociale et fournit des renseignements sur le parcours qui fut le sien : c’est ici le cas 18. Troilus est un nom issu de la mythologie grecque. Il désigne le fils de Priam, roi de Troie, et d’Hécube, qui fut tué par Achille tout au début de la guerre contre les Grecs, peu après l’arrivée de ceux-ci 19. Il est plus particulièrement évoqué par Virgile, dans un passage de grande intensité dramatique, lorsque Énée, à Carthage, revoit brusquement les malheurs des Troyens : la mort de Troilos au combat fait partie de ces souvenirs 20. Ce nom s’est répandu dans l’anthroponymie du monde grec, mais sans une trop grande fréquence 21, puis il est passé dans le monde latin, essentiellement à Rome 22, et de là en Italie, puis hors d’Italie 23. Mais c’est la première fois qu’on le découvre dans le contexte de la province de Narbonnaise. Finalement il demeure assez rare, mais il révèle, par son choix comme nom d’esclave, une recherche littéraire et vraisemblablement des réminiscences virgiliennes très précises 24.

Dans l’onomastique de la colonie de Béziers, il vient voisiner avec Narcissus, autre élément de la dénomination d’un affranchi, dans une inscription connue depuis longtemps 25, et avec Inachus, que l’on peut restituer à présent sur une inscription de la ville, à la suite de la révision d’un bloc inscrit dont le texte ne paraissait pas jusqu’ici fournir d’indication onomastique 26.

Ancien esclave d’un maître, puis libéré par ce dernier, Troilus devait prendre, dans la dénomination d’homme libre qu’il était devenu, des éléments empruntés à celle de son maître : le prénom (Titus) et le nom de famille ou gentilice (Fanius). Ce dernier est un nom de famille rarement attesté : c’est en tout cas la première fois qu’il apparaît dans le « dictionnaire » des Biterrois de l’époque romaine, et même en Gaule Narbonnaise 27, car il importe de le dissocier de Fannius, qui est aussi attesté 28, mais un peu plus souvent, et qui apparaît à Narbonne 29. Fanius autant que Fannius signalent des personnes ou des groupes familiaux issus d’Italie et venus faire souche en Narbonnaise 30. On pourrait envisager de disposer ainsi des traces d’une famille de vétérans. La production de matériaux de construction sur un domaine du territoire se placerait ainsi à distance d’un siècle environ de l’époque de la fondation coloniale, sinon un peu plus tard.

Un autre témoignage sur la famille : le sceau de T. Fanius Postuminus

Mais il existe un autre document archéologique à rattacher à ce groupe familial. Il s’agit d’un sceau (sigillum), apparu sur la commune de Prades-sur-Vernazobre, qui se trouve à proximité de Saint-Chinian et qui jouxte Cessenon, Cazedarnes, Pierrerue et Berlou 31. On lit dans un cartouche : T•FANI• / POSTVMINI (fig. 4). Le texte marqué, qui permettait d’imprimer une estampille dont les lettres se présentaient en creux, était aussi au génitif : T(iti) Fani Postumini, c’est-à-dire « de Titus Fanius Postuminus ». On relèvera également que le point séparatif qui se trouve à l’extrémité droite de la première ligne prend aussi la forme d’une feuille de lierre (hedera), comme dans la marque qui a été imprimée sur les tuiles 32. Ce sceau est d’une date qui n’est pas trop éloignée de celle de l’apparition de la marque de Titus Fanius Troilus sur les tuiles produites dans un atelier vraisemblablement rural.

On doit relever la grande proximité qui existe entre les deux dénominations : même prénom, même gentilice. Seul varie le cognomen (ou surnom) : Troilus, de forme grecque pour l’un des personnages, que l’on considérera pour cette raison comme un ancien esclave ; Postuminus, de forme latine 33, pour l’autre personnage, qui devait être né libre. Pour cette raison Postuminus représenterait plus directement la famille d’un des vétérans établis dans la colonie, mais il peut être aussi le descendant d’un affranchi, donc une personne née dans la liberté.

Le sceau de T. Fanius Postuminus
Fig. 4 - Le sceau de T. Fanius Postuminus (d’après l’article de M. Feugère et St. Mauné)

On évitera d’aller plus loin toutefois dans les rapprochements. L’un est un affranchi, l’autre est un homme libre ; et ce dernier peut être éventuellement le patron d’affranchis, mais il pourrait être aussi le fils né libre d’un affranchi. Pour l’instant définir les liens qui les relieraient ressortit au domaine de l’hypothèse. Mais il demeure que plusieurs constats doivent être effectués et explicités. En premier, les dénominations de ces personnes montrent qu’ils appartiennent, et en plus à des dates assez proches, au même groupe familial, puisque les affranchis continuent d’être liés au cercle de leur patron : celui-ci et ses enfants en particulier. En deuxième, la rareté des attestations est aussi un élément à prendre à considération : sur un plan général elle renforce la valeur du rapprochement effectué entre les dénominations qui apparaissent sur les diverses catégories de documents, car la concentration des attestations à l’intérieur de la province de Narbonnaise associe prioritairement la localisation du gentilice Fanius à la population de la colonie de Béziers. En troisième, la proximité des provenances de ces témoignages archéologiques peut être relevée : on se trouve dans la partie occidentale du territoire de la colonie romaine, tant à Cazouls-lès-Béziers pour les tuiles de T. Fanius Troilus imprimées dans un cartouche rectangulaire, qu’à Prades-sur-Vernazobre pour le sceau de T. Fanius Postuminus.

Ainsi ces documents qui entrent, selon la terminologie traditionnelle, dans l’instrumentum domesticum, peuvent apporter des renseignements sur l’emprise exercée sur le territoire colonial par les familles qui pouvaient avoir une résidence dans la ville chef-lieu 34, puisqu’il s’agissait du cœur politique de la communauté qui avait été établie et que celle-ci vivait selon des institutions comparables à bien des cités d’Italie. Ces documents, tout autant que les inscriptions funéraires ou les traces archéologiques de sépultures établies à proximité des domaines, contribuent à mieux dessiner les contours concrets de la géographie sociale, c’est-à-dire les relations entre la ville et le territoire, dans ses diverses parties 35. Mais aussi ils font apparaître la diversité des formes de l’exploitation rurale, lorsque s’ajoutaient, à l’initiative d’un maître ou d’un de ses représentants, d’autres productions que l’activité agricole principale 36. L’artisanat domanial, mettant à profit les ressources de la géologie, élargissait les capacités productives et la rentabilité des biens ruraux, apportant ainsi des revenus complémentaires. Il pouvait être aussi d’un réel intérêt à proximité de la ville. Ce sont des enseignements que l’on peut dégager des marques sur tuiles, mêmes si l’entreprise de Titus Fanius Troilus demeure, dans l’état des connaissances, relativement modeste – alors que dans d’autres cas on constate le développement d’une production abondante et largement répandue dans l’espace 37. Quant au sceau, il vient ajouter dans le territoire rural un autre signe de la présence de cette famille, et souligner le lien nécessaire entre la production des conteneurs céramiques, telles les amphores, et le développement d’une viticulture orientée vers la commercialisation d’une partie du produit.

À l’arrière-plan se profilent d’autres questions, auxquelles les documents disponibles ne permettent pas de répondre avec clarté. Elles concernent le rapport aux biens de production. Si Troilus est vraisemblablement un affranchi, son action est-elle le fruit d’une initiative personnelle sur un domaine où il serait le maître, ou bien a-t-il agi sur recommandation de son ancien maître 38 qui conservait la capacité d’orienter ses décisions ? En d’autres termes : a-t-il agi sur le domaine de son ancien maître ou bien dans un domaine propre ? Il en va peut-être différemment pour Postuminus qui est, plus vraisemblablement, né libre : il n’était pas soumis aux mêmes contraintes, en sorte que le rapport au cadre domanial était vraisemblablement plus direct. Il agissait dans un domaine qui lui était propre, comme on peut le penser aussi pour T(itus) Iulius Paternus dont le sceau a été mis au jour à proximité de Pézenas 39. Il demeure donc nécessaire de tenir compte du fait qu’à l’arrière-plan, malaisée à définir, se place la question des modes de gestion des biens domaniaux.

NOTES

1. Olive, Christian, Ugolini, Daniela, « Béziers III- La ville romaine », dans Ugolini, Daniela, Olive, Christian, avec la collaboration de Gomez, Élian, Béziers- 34/4 (Carte archéologique de la Gaule), Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2012, p. 142.

2. Ugolini, Daniela, « Béziers et les routes », dans Ugolini, Daniela, Olive, Christian, op. cit., 2012, p. 145-146.

3. Clavel, Monique, Béziers et son territoire dans l’Antiquité, Paris, Les Belles-Lettres, 1970, p. 629-636.

4. Christol, Michel, « Index épigraphique », dans Ugolini, Daniela, Olive, Christian, op. cit., 2012, p. 376.

5. En 36 av. J.-C. vraisemblablement : Clavel, Monique, op. cit., 1970, p. 161-167 ; Christol, Michel, « Béziers en sa province », dans Clavel-Lévêque, Monique, Plana-Mallart, Rosa, Cité et territoire (Colloque européen, Béziers 14-16 octobre 1994), Besançon-Paris, Les Belles-Lettres, 1995, p. 101-124.

6. Brunt, Peter, « The Army and the Land in the Roman Revolution », Journal of Roman Studies, 52, 1962, p. 69-86.

7. Clavel, Monique, op. cit., 1970, p. 205-232 ; Gayraud, Michel, « Diocèse de Saint-Pons et cité antique de Narbonne », dans Béziers et le Biterrois. Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, XLVIIIe congrès (Béziers, 1970), Montpellier, 1971, p. 41-50 ; Christol, Michel, « L’épigraphie de Béziers et de sa région », dans Ugolini, Daniela, Olive, Christian, op. cit., 2012, p. 150-152.

8. Clavel, Monique, op. cit., 1970, p. 207-209, p. 216-218 ; Gayraud, Michel, art. cit., 1971, p. 46-49.

9. C’est vraisemblablement le cas de l’inscription se trouvant dans l’église de Cazedarnes : CIL, XII, 4243 (enregistrée dans l’épigraphie de Béziers) = HGL, XV, 498 (enregistrée à Narbonne) ; Christol, Michel, art. cit., dans Ugolini Daniela, Olive, Christian, op. cit., 2012, p. 151.

10. Nous renverrons à une étude en cours de l’un de nous (G. F.).

11. Laubenheimer, Fanette La production des amphores en Gaule Narbonnaise, Paris, Les Belles-Lettres, 1985, notamment fig. 201, n°28 et 34.

12. Voir Cahiers Fédière, 20, p. 91 et p. 100 (ce travail, déposé au fur et à mesure de l’achèvement de ses parties dans les archives du SRA de Languedoc-Roussillon, récapitule l’activité de recherche sur le terrain).

13. Voir Cahiers Fédière, 10, p. 129.

14. Voir Cahiers Fédière, 25, p. 156.

15. Il y a quelques années J.-D. Bergasse avait donné à l’un de nous (G. F.) toutes les facilités pour l’étudier, avec tout le matériel archéologique détenu par la société.

16. Sur ces marques digitales, Fédière, Gilbert et Paule, « Marques et autres empreintes sur matériaux de terre cuite en Roussillon (Antiquité romaine) », dans Martzluff, Michel (éd.), Roches ornées, roches dressées. Actes du colloque en hommage à Jean Abelanet, Perpignan, Presses Universitaires, 2005, p. 406-407.

17. Voir Cahiers Fédière, 20, p. 103.

18. On ne peut pas vérifier le fait automatiquement. Le cas de Troilus montre d’ailleurs que parfois existent des écarts par rapport à la norme méthodologique, mais ils ne sauraient conduire à renverser celle-ci et à l’annuler. Le Troilus, rhéteur grec, connu à Cadix (CIL, II, 1738), est issu de Grèce (province d’Achaïe, selon toute vraisemblance) ; le magistrat municipal C. Cornelius Troilus, de Locres Epizéphyrienne, en Italie du Sud, (CIL, X, 20), est peut-être né libre, mais les usages onomastiques se sont maintenus dans cette cité qui était d’origine grecque.

19. Grimal, Pierre, Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, PUF, 1951 (7e éd. Paris, 1982), p. 464, cf. p. 178, p. 328 et 393 ; A. Kossatz Diessmann, sv. Troilos dans Lexicon Iconographicon Mythologiae Classicae (LIMC), VIII, Zürich-Düsseldorf, Artemis Verlag, 1997, 1, p. 91-94 et 2, p. 69-71.

20. Virg., Enéide, I, 474-478.

21. Pape, W., Benseler, G., Worterbuch der griechischen Eigennamen, Braunschweig, 1911 (réimpr. Graz, Akademische Druck -u. Verlagsantalt, 1959), II, p. 1561 ; Fraser, P.M., Matthews, E., A Lexicon of Greek Names, II, Oxford, Clarendon, 1994, p. 436 (3 ex. à Athènes et en Attique) ; IV, Oxford, Clarendon, 2005, p. 336 (3 autres attestations) ; Corsten, Thomas, ibid., V A, Oxford, Clarendon, 2010, p. 438 (3 autres attestations) ; l’exemple provenant de Locres Epizéphyrienne, cité ci-dessus (CIL, X, 20) figure dans Fraser, P.M., Matthews, E., ibid., III A, Oxford, Clarendon, 1997, p. 437 parce que, quoique se trouvant dans une inscriptions latine, il apparaît dans une cité grecque d’Italie du Sud.

22. Comme le montre la consultation de la base épigraphique Clauss-Slaby. Solin, Heikki, Die Stadtrömischen Sklavennamen, II. Grieschichen Namen, Stuttgart, Franz Steiner, 1996, p. 345-346, recense 10 attestations. On ajoutera la forme Troelus dans CIL, XV, 1176 (également sur une marque de tegula, à Rome : C•HELVACI / MALLI•TROELI), voir Bloch, Herbert, The Roman Brick Stamps not published in vol. XV, 1 of the C.I.L., Rome, American Academy, 1967, p. 70, n° 317.

23. En Occident on relève trois attestations en péninsule ibérique.

24. Troilus entre ainsi dans la catégorie des noms issus du monde mythologique, dans les classifications de Solin, Heikki, op. cit., 1996, II, p. 345-346. On note en particulier, à une date assez haute, qu’il entre dans la dénomination d’un affranchi d’Agrippa (CIL, VI, 18269) et dans celle d’un affranchi de Livie, épouse d’Auguste (CIL, VI, 27637).

25. CIL, XII, 4246 = HGL, XV, 1535 ; Clavel, Monique, op. cit., 1970, p. 590, cf. la notice de la carte archéologique (Ugolini, Daniela, Olive Christian, op. cit., 2012, p. 286, notice 242*). Narcisse était fils du dieu du fleuve Céphise et de la nymphe Liriopé. Ce jeune homme au beau visage se noya en se contemplant, et sur le lieu poussa une fleur, à laquelle on attribua son nom : Grimal, Pierre, op. cit., 1951, p. 308-309, cf. p. 133 et 459 ; B. Rafn, sv. Narcissos, dans LIMC, VI, Zürich-Munich, Artemis Verlag, 1990, 1, p. 703-711 et 2, p. 415-420. Sur les emplois comme nom d’esclave : Solin, Heikki, op. cit., 1996, II, p. 521, qui classe ce nom mythologique parmi les noms de végétaux (« Pflanzennamen »).

26. Il s’agit de la relecture de CIL, XII, 4397 = HGL, XV, 1605. On peut lire le texte suivant : ex testam[ento, arbitratu] / Inach[i liberti] (« …, d’après son testament, au soin d’Inachus, son affranchi »), ce qui correspond à des formules usuelles sur les tombeaux de l’époque augustéenne ou du début de l’époque julio-claudienne : Christol, Michel, « Notes d’épigraphie, 13-16 », Cahiers du Centre Glotz, 23, 2012, p. 302-306. Inachus est un nom servile ou un surnom d’affranchi. Il rappelle le nom d’un fleuve d’Argolide, provenant d’un roi mythique du pays : Grimal, Pierre, op. cit., 1951, p. 230, cf. p. 365 et 391 ; S.E. Katakis, sv. Inachos, dans LIMC, V, Zürich-Munich, Artemis Verlag, 1990, 1, p. 653-654. Il est surtout fréquent à Rome, ainsi qu’en Italie. On peut relever également son caractère servile : Solin, Heikki, op. cit., 1996, II, p. 384, qui classe ce nom mythologique parmi les noms géographiques (« geographischen Namen »).

27. La mention de L(ucius) Fanius Agatho sur un cachet d’oculiste (Sainte-Colombe, en face de Vienne) n’a pas la même valeur : CIL, XII, 6032, 1.

28. Contrairement au point de vue exprimé par Solin, Heikki, Salomies, Olli, Repertorium nominum gentilium et cognominum Latinorum, 2e éd., Hildesheim – Zürich – New York, Olms–Weidmann, 1994, p. 77, il semble préférable de distinguer les deux gentilices Fanius et Fannius.

29. CIL, XII, 4394 = HGL, XV, 129 : Fannia T(iti) l(iberta) Cel[—] / sibi et G(aio) Trebonio Abundo / viro suo / (se)(viro) Aug(ustali) N(arbone) M(artio). L’inscription date du Ier siècle ap. J.-C. Elle provient de la démolition du bastion Montmorency (Dellong, Eric, avec la collaboration de Dominique Moulis et de Josy Farré, Narbonne et le Narbonnais- 11/1 (Carte archéologique de la Gaule), Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2002, p. 256, notice 11*, inscription 3). Gayraud, Michel, Narbonne antique, des origines à la fin du IIIe siècle, Paris, Les Belles-Lettres, 1981, p. 430, relève l’origine italienne du nom de famille, mais considère qu’elle ferait partie de l’immigration italienne du Ier s. ap. J.-C. Il est préférable d’envisager une installation plus ancienne.

30. C’est la même problématique qui se dégage de l’examen des noms dans l’inscription de Cébazan : Christol, Michel, « Notes d’épigraphie narbonnaise. III. Inscription de Cébazan », Études sur l’Hérault, 15, 1984, 3, p. 17-20.

31. Feugère, Michel, Mauné, Stéphane, « Les signacula de bronze en Gaule Narbonnaise », RAN, 38-39, 2005-2006, p. 437-458 (cf. p. 450, pl. 9, n° 30, et p. 457, n° 30). Il est localisé au lieu-dit Sainte-Eulalie, qui se trouve dans la partie méridionale du territoire communal, et l’on ajoute qu’il a été vu en 1985, au Musée de Nissan-lès-Ensérune, organisé par l’abbé Giry. L’objet a été aussi mentionné par Giry, Jean, Le Biterrois-Narbonnais de la préhistoire à nos jours, Octon, Esméralda éditions, 2001, p. 264, n° 1 (voir aussi la carte de la p. 262, qui localise les sites mentionnés). L’auteur précise que les initiales T•F•P ont été répétées sur l’anneau de préhension, ce qui se retrouve fréquemment dans la documentation rassemblée par Feugère, Michel, Mauné, Stéphane, art. cit., 2005-2006, p. 450-451 (pl. 9 et 10).

32. Les planches de Feugère, Michel, Mauné, Stéphane, art. cit., 2005-2006, permettent de constater que ce mode d’enjolivement des points séparatifs est fréquent sur ces sceaux.

33. Kajanto, Iiro, The Latin cognomina, Helsinki, Societas scientiarum Fennica, 1964, p. 295-296 : si Postumus est assez bien attesté, le diminutif Postuminus est plutôt rare.

34. Voir déjà, dans un cadre géographique voisin, à Narbonne : Christol, Michel, Fédière, Gilbert, « La présence italienne dans l’arrière-pays de Narbonne : le dossier des Usuleni. Épigraphie de l’instrumentum domesticum et épigraphie lapidaire », Dialogues d’histoire ancienne, 25, 1999, p. 81-99.

35. Conformément à une problématique, engagée depuis plusieurs décennies, et illustrée récemment par Leveau, Philippe, « Villas et aristocraties municipales dans les cités d’Arles, de Glanum, d’Aix et de Marseille », dans Fiches, Jean-Luc, Plana-Mallart, Rosa, Revilla Calvo, Vicente (éd.), Paysages ruraux et territoires dans les cités de l’Occident romain, Gallia et Hispania (Actes du colloque international AGER IX, Barcelone, 25-27 mars 2010), Montpellier, Presses Universitaires de la Méditerranée (Université Paul-Valéry), 2012, p. 269-280.

36. Il manque toutefois le repérage du lieu de fabrication lui-même (pas de mise au jour de dépotoir contenant de ratés de cuisson).

37. Comme le montre, sur ce plan quantitatif, la documentation se rapportant à quelques marques bien répandues en Roussillon : Fédière, Gilbert, « Marques sur tuiles et sur briques d’époque romaine en Roussillon », dans Ruscino. Château-Roussillon, Perpignan (Pyrénées-Orientales), I. État des travaux et recherches en 1975 (Perpignan, 1975), Paris, Les Belles-Lettres, 1980, p. 327-335 ; Fédière, Gilbert et Paule, art. cit., 2005, p. 393-415. On pourrait aussi se référer, entre autres, afin de relever d’autres cas comparables, à Fédière, Gilbert, « Estampilles et autres matériaux de construction en terre cuite », dans Sabrié, Maryse et Raymond (dir.), Le Clos de la Lombarde à Narbonne, Espaces publics et privés du secteur Nord-Ouest, Montagnac, Éd. Mergoil, 2004, p. 241-259 ; Id., « Estampilles et matériaux de construction en terre cuite », dans Sabrié, Maryse et Raymond (dir.), La maison au grand triclinium du Clos de la Lombarde à Narbonne, Montagnac, Éd. Mergoil, 2011, p. 266-285.

38. Les capacités du maître à recourir aux services d’un esclave, à qui était confiée une responsabilité (une praepositio) sont encore plus grandes : ce phénomène est illustré dans la cité de Béziers par le cachet d’Onesiphorus (Onesiphori / Naturiorum) : Feugère, Michel, Mauné, Stéphane, art. cit., 2005-2006, p. 440 avec fig. 2, n° 6 ; sur le sujet, Aubert, Jean-Jacques, Business Managers in Ancient Rome. A Social and Economic Study of Institores, 200 BC – 250 AD, Leiden-New York-Köln, E.J. Brill, 1996.

39. Feugère, Michel, Mauné, Stéphane, art. cit., 2005-2006, p. 437-439.