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Description

La part du territoire dans la colonie romaine de Béziers

* Professeur émérite à l’université de Paris-I (Panthéon-Sorbonne) ;
2, rue de la Division-Leclerc, 94250 Gentilly.
** Archéologue ; 20, rue Charles-Gounod, 34500 Béziers.

Dans une cité telle que Béziers, la connaissance de la société à l’époque romaine repose beaucoup sur l’utilisation des inscriptions. Mais elles sont assez peu nombreuses, comparativement à Narbonne ou à Nîmes. De surcroît elles sont souvent incomplètes. En effet, les blocs inscrits, qui ont été recueillis ou préservés, proviennent pour beaucoup d’entre eux du démantèlement des murailles de la ville, dans lesquelles ils avaient été réutilisés comme matériaux de construction, selon un processus courant, attesté par exemple à Narbonne, mais selon des modalités différentes qui résultaient de l’histoire propre des villes. Ce sont des remplois…, et même parfois des blocs remployés à leur tour réutilisés…, ce qui aurait pu provoquer en particulier des déplacements complexes par rapport aux lieux d’origine. Déterminer une provenance devient problématique et, sauf heureux hasard, les recherches de localisation dans le paysage ancien sont souvent infructueuses. Néanmoins on peut constater que ces blocs avaient très souvent été pris dans les nécropoles, qui bordaient la ville ou qui s’étalaient le long des grandes voies, notamment le long de la voie Domitienne, en direction de Saint-Thibéry. Dispersés après démantèlement des monuments, ils n’apportent alors que des textes fragmentaires ; car les textes étaient initialement gravés sur le bâti une fois celui-ci réalisé, et les inscriptions pouvaient alors courir sur plusieurs blocs jointifs que le démantèlement dispersait. On ne peut donc pas toujours extraire de ce qui nous reste des renseignements très détaillés : les mots, les phrases sont souvent interrompus par les cassures. En particulier, en ce qui concerne les dénominations de personnes, souvent la part de l’inconnu ou de l’incertain est importante.

Le catalogue des personnages attestés dans la documentation a été dressé en 1970 par Monique Clavel ; il conserve une grande valeur, car il tente d’apporter une vision globale de la société. Dans le volume de la carte archéologique qui vient d’être récemment publié, un index épigraphique réunit aussi tous les témoignages sur les personnages repérés, en tenant compte des améliorations que la révision des textes a permis d’effectuer. Mais il ne concerne que les personnages connus par les inscriptions lapidaires de la ville de Béziers, laissant à une publication complémentaire le soin d’étendre l’examen de la documentation à la partie rurale. Or, colonie romaine, Béziers vivait au rythme des relations entre la ville et la campagne, d’autant que la récompense des vétérans de la Septième Légion, qui furent établis durant l’époque triumvirale par Octavien, résidait pour l’essentiel dans l’octroi de terres ; les lots avaient une superficie convenable, car ils étaient destinés à donner l’aisance aux paysans italiens qui avaient été enrôlés dans les légions. Il est donc nécessaire pour cette raison de tenir compte des inscriptions du territoire dépendant de la ville cheflieu, même si la délimitation de cet espace administratif, étroitement contrôlé par l’action des magistrats, est quelque peu malaisée dans le cas de Béziers. Mais dans le cas des terroirs des communes de Cazouls-lès-Béziers et de Prades-sur-Vernazobre, où l’on va poser les pas, la question ne se pose nullement : ils appartiennent sans aucun doute à la colonie de Béziers, même si, postérieurement à l’époque romaine, l’inclusion dans le diocèse de Narbonne a fait parvenir dans quelques lieux de cette partie occidentale du territoire colonial des inscriptions provenant de l’autre grande ville voisine. Toutefois l’attention portée aux campagnes donne plus facilement l’accès à d’autres sources que les documents épigraphiques les plus courants : elle conduit à s’intéresser à des sources complémentaires de l’épigraphie lapidaire. L’archéologie, par la fouille ou par la prospection, apporte d’autres connaissances. Mais lorsque les documents auxquels elle s’intéresse comportent des indications écrites, il est naturel que l’on fasse le lien avec ceux de l’épigraphie courante, les inscriptions publiques, religieuses ou funéraires, car les personnages mentionnés appartiennent à la même société. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2014

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Gilbert FÉDIÈRE, Michel CHRISTOL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf