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Description
François-Xavier Bon de Saint-Hilaire
et le globe céleste de Vincenzo Coronelli
Doctorante en histoire de l’art moderne, Université de Lille
P. 171 à 180
Président de la Société royale des sciences de Montpellier, dont il est l’un des membres fondateurs, François-Xavier Bon de Saint-Hilaire est également le propriétaire d’une importante collection d’antiquités et d’instruments scientifiques, parmi lesquels une sphère céleste réalisée par le Vénitien Vincenzo Maria Coronelli (1650-1713), dont il fait don à la Société. Cosmographe de la République Sérénissime de Venise, Coronelli est principalement reconnu pour son activité de fabrication de globes, qu’il développe à la suite de la commande des deux grands globes de Marly passée par le cardinal d’Estrées en 1680, actuellement conservés à la Bibliothèque nationale de France, et qui ont fait sa renommée à l’échelle européenne grâce à la production qu’il dirige à l’Académie des Argonautes à Venise. C’est donc sur le modèle des globes de Marly que Coronelli réalise la sphère de la Société archéologique de Montpellier, exposée au Musée Fabre en 2020, et dont la méthode de fabrication est scrupuleusement indiquée par Coronelli lui-même dans l’Epitome Cosmographica qu’il publie en 1693. La sphère constitue une illustration en trois dimensions de la voûte céleste, représentant les constellations et corps célestes selon le système géocentrique ptolémaïque, ignorant donc la théorie héliocentrique de Copernic, admise depuis le XVIe siècle. Le globe de Coronelli constitue donc un objet didactique et esthétique prisé des collectionneurs de curiosités au XVIIe siècle, ainsi qu’une somme des connaissances astronomiques acquises depuis l’Antiquité, qui s’inscrit dans la tradition classique de la représentation artistique du cosmos.
Mots-clés : Bon de Saint-Hilaire, globe, Société royale des sciences, Vincenzo Coronelli, Société archéologique
President of the Royal Society of Sciences of Montpellier, of which he is one of the founding members, François-Xavier Bon de Saint-Hilaire is also the owner of an important collection of antiquities and scientific instruments, including a sphere celestial made by the Venetian Vincenzo Maria Coronelli (1650-1713), which he donated to the Society. Cosmographer of the Serenissima Republic of Venice, Coronelli is mainly recognized for his activity of manufacturing globes, which he developed following the order of the two large globes of Marly placed by Cardinal d’Estrées in 1680, currently kept at the National Library of France, and which have made him famous on a European scale thanks to the production he directs at the Academy of the Argonauts in Venice. It is therefore on the model of the globes of Marly that Coronelli creates the sphere of the Archaeological Society of Montpellier, exhibited at the Fabre Museum in 2020, and whose manufacturing method is scrupulously indicated by Coronelli himself in the Epitome Cosmographica that he published in 1693. The sphere constitutes a three-dimensional illustration of the celestial vault, representing the constellations and celestial bodies according to the Ptolemaic geocentric system, thus ignoring the heliocentric theory of Copernicus, accepted since the 16th century. Coronelli’s globe is therefore a didactic and aesthetic object prized by collectors of curiosities in the 17th century, as well as a sum of astronomical knowledge acquired since Antiquity, which is part of the classical tradition of the artistic representation of the cosmos.
Key words: Bon de Saint-Hilaire, globe, Royal Society of Sciences, Vincenzo Coronelli, Archaeological Society
President de la Societat reiala de las sciéncias de Montpelhièr, dont es l’un dels membres fondators, François-Xavier Bon de Sent Ilari es egalament lo proprietari d’una importanta colleccion d’antiquitats e d’instruments scientifics, demest los quals una esfèra celèsta realizada pel venician Vincenzo Maria Coronelli (1650-1713), dont fa don a la Societat. Cosmograf de la Republica Serenissima de Venècia, Coronelli es principalament reconegut per son activitat de fabricacion de glòbs, que desvolopa en seguida de la comanda dels dos grands glòbs de Marly passada pel cardinal d’Estrées en 1680, actualament conservats a la Bibliotèca nacionala de França, e qu’an fach sa reputacion a l’escala europèa gràcias a la produccion que dirigís a l’Acadèmia dels Argonautas a Venècia. Es donc sul modèl dels glòbs de Marly que Coronelli realiza l’esfèra de la Societat arqueologica de Montpelhièr, expausada al Musèu Fabre en 2020, e dont lo metòde de fabricacion es escrupulosament indicat per Coronelli el meteis dins l’Epitome Cosmographica que publica en 1693. L’esfèra constituís una illustracion en tres dimensions de la vòuta celèsta, representant las constellacions e còsses celèstes segon lo sistèma geocentric ptolémaïque, ignorant donc la teoria eliocentrica de Copernic, admesa dempuèi lo sègle XVI. Lo glòb de Coronelli constituís donc un objècte didactic e estetic presat dels colleccionaires de curiositats al sègle XVII, aital coma una soma de las coneissenças astronomicas aqueridas dempuèi l’Antiquitat, que s’inscriu dins la tradicion classica de la representacion artistica del còsmos.
Noms-claus : Bon de Sent Ilari, glòb, Societat reiala de las sciéncias, Vincenzo Coronelli, Societat arqueologica
Les premières représentations de la voûte céleste sous forme de sphère apparaissent dès l’Antiquité. Leur production atteint son apogée en Occident pendant la Renaissance, avec l’apparition de nombreux ateliers dans les villes européennes 1. L’usage des globes comme support de réflexion et d’enseignement se diffuse alors parmi une clientèle constituée de savants amateurs, tel que pouvait l’être François-Xavier Bon de Saint-Hilaire.
Le présent article propose une analyse historique, technique et artistique de la sphère céleste conservée dans les collections de la Société archéologique de Montpellier 2 (fig. 1), dont le siège se trouve au Palais Jacques Cœur, 5 rue des Trésoriers de France. Réalisée par le fabricant de globes vénitien Vincenzo Coronelli, celle-ci est restée cachée au grand public jusqu’à ce qu’elle quitte temporairement les collections de la Société archéologique à l’occasion de l’exposition consacrée au peintre montpelliérain Jean Ranc qui s’est tenue au Musée Fabre en 2020 3. Elle permet d’apprécier la place des collections scientifiques dans l’histoire de la ville de Montpellier, alors « pôle méridional de la science française » 4 qui doit son attractivité à la présence d’institutions scientifiques anciennes, notamment constituées autour de la faculté de médecine du XIIIe siècle 5. La notice du catalogue de l’exposition consacrée au globe de Coronelli 6 propose une description non exhaustive de cet objet de curiosité, en s’attachant davantage à dépeindre la vie et la carrière de son propriétaire d’un temps, François-Xavier Bon de Saint-Hilaire.
Informations complémentaires
Auteur | Enola PELLEGRINI |
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Année de publication | 2023 |
Nombre de pages | 10 |