Cahiers du Haut-Vidourle N° 33 – janvier 2021
Les Amis de Clio
Cahiers du Haut Vidourle N° 33 - janvier 2021
Histoire et Ethnologie
en Piémont Cévenol
84 pages
Avant-propos
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?"
Ces vers célèbres de Lamartine ont bercé des générations d’écoliers et ils reviennent à l’esprit lorsque l’on évoque comme dans ces Cahiers du Haut-Vidourle une porte ou une écuelle. La porte n’a pas bougé de « sa terre natale » depuis trois ou quatre siècles, l’écuelle est partie à New York dans les bagages d’une amatrice d’art et Guillaume Gras et Bernard Schira leur prêtent leurs voix.
Nous restons dans la civilisation matérielle et de consommation avec la grande histoire de l’octroi, pourvoyeur des finances municipales, qui permet à Odon Abbal d’étudier au kilo près la consommation des Cigalois au XIXe siècle. La richesse des archives municipales de Saint-Hippolyte-du-Fort, que les amis de Clio ont entrepris d’inventorier et de classer en 2019, lui permet d’entamer une étude qui nous entraînera sur quelques numéros dans la vie quotidienne de la ville et de ses habitants.
Autres objets qui se soucient de nos âmes, les églises.Deux édifices se sont succédés à Saint-Hippolyte, tous les deux sous le vocable d’Hippolyte qui a donné son nom à la ville, peut-être un jour trouverons-nous pourquoi : une église primitive, au bien nommé faubourg de l’église, ressuscitée par Thierry Ribaldone et l’édifice actuel, monument de circonstance comme le montrent Odon Abbal et Sylvie Crégut.
Nous avons commencé par Lamartine, nous terminons avec Alphonse Daudet, dont Monique Degrave nous présente l’importance des liens qui l’attache aux Cévennes.
En ces temps de pandémie, nos recherches ont pu utilisersans modération les ressources de l’Internet. Saluons, au-delà des sites internationaux de Wikimedia (wikimedia.org), nationaux de la Bibliothèque Nationale de France, Gallica (gallica.bnf.fr) et Retronews (pourquoi utiliser du mauvais patois pseudo britannique ? – retronews.fr), départementaux des archives du Gard (archives.gard.fr, qui devient enfin un site efficace de travail et de recherche), des archives de l’Hérault (archives-pierresvives.fr, le doyen modèle), le site contributif régional de Brozer (brozer.fr/telearchives), géré depuis Congénies. Et tant d’autres que nous citons en note de bas de page chaque fois que nous les avons consultés.
D’ailleurs, notre propre site est appelé à s’étoffer et incessamment, les plus anciens numéros et articles des Cahiers du Haut-Vidourle seront en ligne.
Vive le XXIe siècle des historiennes et des historiens !
Sommaire
L’octroi de Saint-Hippolyte, premier épisode
Les deux dernières décennies du XIXe sont des années importantes dans l’histoire de France. Pour l’historien Jacques Chastenet c’est la période de la République des républicains puis de la République triomphante. Pour Jean-Pierre Azema et Michel Winock, les années 1880-1914 constituent l’âge d’or du régime. Pour Maurice Agulhon, 1880-1906 couvre le temps de la construction de la République, les années suivantes étant celles de la Belle Époque, période heureuse où l’unification de la France s’achève. Tous les auteurs relèvent les mêmes tendances, bonheur, unification, hausse du niveau de vie. […]
La première église de Saint-Hippolyte-de-la-Roquefourcade
L’église actuelle fut bâtie au lendemain de la Révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV (1685), après qu’un arrêt du Conseil du Roi du 24 mai 1681 avait supprimé l’exercice de la Religion prétendue réformée (la RPR) à Saint-Hippolyte et ordonné la démolition du temple dont les dalles paveront le nouveau sanctuaire. Le souvenir de la première église est perpétué par le Faubourg de l’Église, situé au sud de la commune, sur la route de Pompignan. Un vocable qui a succédé au « mas de l’Église psse [paroisse] de St-Hippolyte-de-Roquefourcade », cité en 1386 dans une cession datée du jour de la « fête de la St-Barthélémy », au « Bourg de l’Église psse de St-Hippolyte », mentionné dans un bail du 5 septembre de la même année, et au « village de léglise, paroisse de St-Hippolyte-de-Roquefourcade », dans une donation actée le 2 décembre 1539. […]
L’Église de Saint-Hippolyte-du-Fort
Document transcrit & commenté par Sylvie CRÉGUT & Odon ABBAL
Thierry Ribaldone a retracé l’histoire de la première église de Saint-Hippolyte-du-Fort. La décision de construire une nouvelle église a été actée le 12 avril 1686 jour de l’adjudication faite en ladite commune. Le contrat qui a été signé ce jour-là a été conservé ce qui permet de connaître les personnes auxquelles la construction a été confiée, le prix des travaux et le plan imposé. Pour mémoire, les actions menées en 1686 résultent de la Révocation de l’Édit de Nantes de l’année précédente. Ce geste voulu et ordonné par Louis XIV ouvre une nouvelle ère de persécutions pour les populations huguenotes cévenoles, et ravive quelque peu l’espoir d’une minorité catholique qui vivait sous l’éteignoir. […]
Une écuelle gardoise à New York
Catherine Denkman Wentworth (1865-1948) est née à Rock Island, Illinois, de Frederick Denkmann et de Catherine Bloedel. Elle était l’un des sept enfants nés de cette famille influente. Son père multimillionnaire était président de Weyerhaeuser & Denkmann Company, entreprise de bois qui a fait fortune lors de la création des chemins de fer aux États-Unis au XIXe siècle. Ayant une fibre artistique, elle a étudié à Wellesley et à l’Art Institute of Chicago, puis a déménagé en Europe pour étudier avec plusieurs artistes aux Pays-Bas, à Munich et à Paris. […]
Autopsie d’une porte cévenole
Une simple porte au premier étage d’une simple maison des Montèzes … que peut-elle nous révéler ? […]
Alphonse Daudet & les Cévennes
Le Gard est une région riche d’écrivains célèbres comme André Gide, André Chamson, Jean-Pierre Chabrol et tant d’autres. Parmi eux, Alphonse Daudet, qui est de tous les auteurs du XIXe siècle, l’écrivain qui a été le plus traduit dans le monde, en Russie, Roumanie, en Amérique, Espagne, Italie, Allemagne, et au Japon. Zola aimait dire de Daudet : « Il a été ce qu’il y a de plus rare, de plus charmant, de plus immortel dans la littérature ». De son vivant il était apprécié de ses contemporains : Flaubert, Guy de Maupassant, Edmond de Goncourt, Tourgueniev. À travers la saga Daudet, c’est tout un pan de notre histoire de France qui se révèle : littérature, politique, moeurs et vie de la société au XIXe siècle. […]