Cahiers du Haut-Vidourle N° 32 bis – novembre 2020

Au fil des numéros des Cahiers du Haut-Vidourle consacrés à la production et à la transformation de la soie dans les Cévennes, nous avons vu l’importance, depuis les origines, de la main d’œuvre féminine dans cette activité.

Aujourd’hui encore, les ateliers qui perpétuent cette tradition, et nous avions oublié Éminence à Sauve dans notre énumération du numéro 32, ont une majorité d’employées.

Les articles de ce numéro, et en particulier celui deSylvie Carteirac-Crégut sur les fileuses, détaillent les rudes conditions de vie de ces femmes, et des hommes aussi bien sûr. Ils décrivent à la fois une activité omniprésente et son lent dépérissement au XX^e siècle.

Dans la mémoire collective, cette époque est pourtant évoquée comme une période prospère, et même joyeuse. Odon Abbal donne des indications pour comprendre comment ce mythe d’un âge d’or fut construit : le pays de la soie n’était pas un pays de cocagne !

Nous sommes loin d’avoir épuisé le sujet mais nous espérons que le lecteur de ces trois numéros de notre revue, qu’il soit d’une famille qui a connu cette époque ou qu’il ait découvert cette tradition en arrivant dans les Cévennes, pourra mieux comprendre pourquoi les vestiges agricoles et industriels de la soie sont si nombreux ici et pourquoi cette histoire hante tout notre passé.

Les Cahiers du Haut-Vidourle, comme ils l‘ont fait à l’occasion pour l’histoire religieuse, essaient de présenter une Histoire entièrement appuyée sur des documents, qui veut certes s’appuyer également sur la Mémoire, mais sans jamais confondre les deux. C’est justement le respect de cette mémoire qui permet à l’historien d’en discerner l’origine, les tenants et les aboutissants, en construisant le récit historique au plus près de ce qu’ont pu vivre les habitants de notre région. Trop souvent l’oubli de cette histoire apporte la reproduction de malentendus ou même de conflits, au lieu de permettre une analyse sereine du présent, voire de l’avenir.