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Description

Aux origines des Guilhems de Montpellier (Xe-XIe siècle).
Questions généalogiques et retour à l’historiographie

Petite villa autour de 980, en moins de deux siècles Montpellier passa au rang de grande ville sous la ferme direction des Guilhems, entreprise exceptionnelle si l’on considère les autres agglomérations qui l’entouraient vers 1170, cités nées du processus urbain antique et abritant en tant que telles les incarnations de l’ancienne puissance publique : l’évêque et le comte ou le vicomte. L’exemple s’écarte tant du modèle environnant qu’il serait particulièrement intéressant de remonter aux sources du pouvoir pour en comprendre les ressorts. Le problème serait sans doute déjà résolu si une piste généalogique ouverte au début de notre siècle par l’abbé Guichard, n’avait été brouillée, ce « découvreur » fertile n’ayant pas été pris au sérieux par ses contemporains et la plupart de ses successeurs. Pourquoi un discrédit quasi général ? Sans doute parce que la démarche déconcertait… trop labyrinthique, s’appuyant sur des sources très diversifiées, reprenant à son compte des assertions anciennes, hasardeuses ou insoutenables, et innovant tout à la fois… Ainsi pour la plupart d’entre nous, à de rares exceptions près, l’édifice fut- il taxé d’incurie.

Les premiers titres concernant explicitement la bourgade et ses maîtres, actes qui ouvrent une belle série documentaire dont le Liber Instrum entorum Memorialium – dit Cartulaire des Guillems – est la pièce maîtresse, sont datés du troisième tiers du XIe siècle seulement. Si l’on veut comprendre la genèse et la logique de développement du lignage avant les années 1070, une double démarche paraît donc nécessaire. La première pousse à rechercher les traces des premiers Guilhems, comme l’a fait l’abbé Guichard lui-même, ailleurs que dans ces textes tardifs. La seconde, que je proposerai pour ma part, est de s’arracher à l’illusion que procurent ces documents : rédigés alors que l’agglomération prenait consistance, ils donnent l’impression que son embryon se trouvait déjà au cœur du patrimoine au seuil du siècle. Or vers 1000, la villa de Montpellier était à la périphérie des possessions des Guilhems, dont le premier centre de gravité semble avoir occupé la vallée moyenne de l’Hérault, hypothèse que les deux auteurs d’une étude sur Montpellier, conduite dans la longue durée, m’ont offert d’exposer dans le chapitre qu’ils ont consacré au processus de formation urbaine avant 1103.

La place m’étant ici moins comptée pour étayer, par l’enquête de parenté, la thèse des déplacements successifs de l’axe patrimonial jusqu’ à la future ville, je reviendrai plus longuement sur la question des origines du lignage fondateur, partant de Guilhem « fils d’Ermengarde », sorti de l’ombre vers 1076, et qui offre à la reconstitution un point d’ancrage puisque les textes qui s’y rapportent livrent les noms des géniteurs et de l’aïeul paternel en les associant à la seigneurie urbaine ; d’autres sources témoignent de l’existence de leurs prédécesseurs au cours de la période séparant la « donation » de 985, acte qui, comme chacun le sait, livre pour la première fois le nom de Montpellier, et le troisième tiers du XIe siècle. Je poserai donc une fois de plus la question épineuse et si controversée de l’identification des individus constituant la tête de lignage en me frayant un chemin dans le maquis des affirmations contradictoires et parfois mal fondées, d’où ce détour par l’historiographie annoncée en ouverture, renouvelée pour notre plu s grand profit par la solide étude qu’Henri Vidal vient de consacrer à la donation de 985. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1992

Nombre de pages

21

Auteur(s)

Claudie DUHAMEL-AMADO

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf