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Description

Structures du militantisme en Languedoc au XIXe siècle :
le quarante-huitard Eugene Relin (1807-1878)

Le 26 mai 1850, la police arrêtait quatre démocrates biterrois prévenus d’appartenance à une société secrète et de complot contre les institutions, Nicolas Eugène Relin, horloger à Béziers, Louis Chalon, fondeur, Pierre Marie Buard, propriétaire, Pierre Benjamin Vié, cordonnier. Dans les jours qui suivirent, six autres démocrates complétèrent cette fournée. Eugène Relin, le principal accusé, a apporté au mouvement démocratique héraultais et gardois une contribution appréciable, reconnue lors de son décès et peu après sa mort, mais ensuite tombée dans l’oubli E. Relin ne figure pas dans le Dictionnaire du Mouvement ouvrier français de Jean Maitron. Rompre ce silence nous a paru nécessaire. Militant durement frappé dans sa vie personnelle pour ses opinions et son action politique, Relin mérite cet hommage. Mais au-delà, nous voudrions montrer comment, à travers cette biographie, se dessinent les structures du militantisme au cœur du XIXe siècle. Que les structures ne soient rien sans les hommes qui les recréent et les construisent constamment, les historiens n’en doutent pas. Mais on oppose parfois à tort le biographique, l’individuel et les structures. Montrer comment ces deux réalités s’interpénètrent, tel est le but de cette étude.

26 mai 1850, la date a son importance. Si l’appareil répressif entre en action, c’est que la fermentation est intense dans les milieux démocratiques de l’Hérault. L’Assemblée législative élue en 1849 et dominée par le parti de l’ordre est, en effet, en train d’élaborer une loi électorale (finalement votée le 31 mai) qui retire le droit de suffrage à trois millions d’électeurs sur 9 millions environ. Empêcher le vote de cette loi, telle est la préoccupation majeure des démocrates. Deux tactiques s’affrontent, l’une pacifique, celle des pétitions, recommandée par les députés républicains de l’Assemblée un membre du comité démocrate socialiste de la Seine, Thiébaud, écrivait à Relin le 19 mai :

« En face des choses qui s’accomplissent, vous n’avez, vous, départements, qu’à protester par la voie légale et pacifique. Pétitionnez vivement contre l’usurpation du pouvoir sur la souveraineté du peuple… Courage et espoir. »

Mais d’autres estiment que, le vote étant pratiquement acquis, seul un soulèvement populaire peut sauver le suffrage universel. Relin est de cet avis. Il s’en explique clairement dans une lettre à un correspondant parisien :

« Si la loi électorale passe, que fera le peuple de Paris par exemple ? Se contentera-t-il de protester ou, armé de son droit, le défendra-t-il comme nous l’espérons, même par les armes ? Les provinces sont admirablement disposées, elles suivront avec entrainement un mouvement qui ne peut être excité sans mettre la République à découvert. Je vous le répète le suffrage universel ne peut être touché impunément ; ne pas le défendre par tous les moyens possibles est une lâcheté. Le peuple abdiquerait pour toujours. Là où le droit est aussi clair, il n’y a pas à choisir… Je puis vous dire que jamais le peuple des provinces ne sera mieux disposé, car le peuple, s’il ne se lève pas pour défendre le suffrage universel, ne se lèvera plus. Si on enchaîne sa bonne volonté, il se croira trahi et vous perdrez l’occasion unique de l’affranchir. C’est le moment, plus tard, il sera trop tard. Vous lui ôterez la conscience de son droit, la défiance naîtra de tout côté. Quand vous voudrez l’appeler pour vous défendre, il ne sera plus temps, car vous n’aurez pas compris lorsqu’il attendait de vous une généreuse initiative pour sauver ses droits que vous aurez laissé mutiler ; vous aurez des insurrections partielles qui découvriront […]

Informations complémentaires

Année de publication

1981

Nombre de pages

12

Auteur(s)

Raymond HUARD

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf