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Description

Un village languedocien face au Coup d’État de 1851

L’historien d’aujourd’hui, comme celui d’hier, traque son gibier dans les dépôts d’archives. L’historien de demain devra-t-il fréquenter les antiquaires, brocanteurs et autres vendeurs de marchés aux puces auprès de qui sont dispersées chaque année de multiples pièces d’archives privées ? Telle est la question que l’on peut se poser après l’acquisition récente par cette voie, de la part de collectionneurs ou d’historiens, d’un certain nombre de documents relatifs à l’histoire régionale moderne et contemporaine. Parmi ceux-ci le « Livre de sept transportés politiques de 1852 » acheté en 1972 au marché aux Puces de Perpignan par Jean Catala, alors professeur de philosophie au lycée Arago de cette ville.

Ce document est un cahier d’écolier de 24 pages dont deux feuillets (les pages 10-11 et 14-15) ont été perdus et qui relate l’arrestation, l’emprisonnement et la déportation de plusieurs républicains de Saint-Thibéry quelques mois après le coup d’état de décembre 1851. Certes ce n’est pas la première fois que de tels documents sur le coup d’état de 51 et ses suites dans l’Hérault donnent lieu à publication mais il nous est apparu que ce témoignage provenant d’un homme du peuple (l’auteur, Jean-Pierre Singla, est marchand de bois et de charbon), outre sa valeur intrinsèque, permettait d’apporter d’utiles compléments à la connaissance d’un événement qui a profondément marqué l’histoire du département de l’Hérault. Par la résistance qu’il a suscitée, par la répression qui l’a suivi, le 2 décembre 1851 définit pour longtemps l’orientation politique de nombreuses communes du département. Jusqu’en plein XXe siècle, des militants ouvriers ou radicaux proclament avec fierté leur qualité de descendants de « transportés » du 2 décembre.

Après une longue éclipse sous l’Empire et surtout sous la Restauration le mouvement républicain héraultais se manifeste avec force à l’annonce de la Révolution parisienne de 1830 et en liaison avec l’apparition de difficultés économiques. Partisans des libertés politiques, du suffrage universel, de l’égalité civile et sociale, se voulant les héritiers de Robespierre et de Saint Just, ces républicains se groupent en sociétés. Il y a chez eux une aile droite modérée souvent bourgeoise et une aile gauche, les montagnards, plus proche des revendications des travailleurs. De 1830 à 1834, le républicanisme progresse avec le développement des affrontements de classe (grèves urbaines et mouvements ruraux). C’est là une constante du mouvement républicain héraultais au XIXe siècle.

A partir de 1834, les lois de répression sur les associations et la presse, l’échec de l’insurrection de Lyon et la reprise économique expliquent une baisse certaine de l’activité publique républicaine. Les associations républicaines doivent se transformer en sociétés secrètes tandis que les grèves urbaines (dans le textile surtout) se font plus nombreuses et que les premières coalitions ouvrières surviennent dans l’agriculture. Puis la révolution de février 1848, comme l’avait fait celle de juillet 1830, révèle à nouveau la force du républicanisme dans le département. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1981

Nombre de pages

31

Auteur(s)

Jean SAGNES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf