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Description

Médecine des campagnes et thérapeutiques savantes au XVIIIe siècle

Faut-il opposer par principe la médecine populaire et la médecine savante dans les façons de soigner au XVIIIe siècle ? Le savoir paysan est fait de convictions nées de l’empirisme ou de la superstition et véhiculées par la tradition orale ; la science universitaire est apprise dans des livres et sur des corps humains : sont-ils étrangers l’un à l’autre ? C’est un domaine de recherche assez nouveau aujourd’hui dans la mesure où l’histoire de la médecine a été jusqu’à présent plus l’histoire du savoir théorique que celle des maladies. Il faut travailler sur les vieux livres de santé et les observations médicales d’autrefois avec des médecins et des naturalistes et s’appuyer sur leur compétence pour faire une lecture nouvelle des manières anciennes de soigner.

Cette note rapide n’est donc qu’une porte ouverte. Elle aura pour cadre la seconde moitié du XVIIIe siècle les médecins français ont à cette période beaucoup écrit. Elle prendra ses exemples dans le monde rural languedocien en général où, comme ailleurs, se transmettent de génération en génération les secrets des remèdes.

I. – Le malade entre son milieu de vie et la médecine étrangère

L’art de soigner est à la fois très populaire et très élaboré. Par réaction, contre ses propres misères, l’homme invente un contrepoison à tous ses maux. Formes spontanées de soins, dont les femmes sont en général les dépositaires, elles qui ont pour tâches traditionnelles la nourriture et les soins du corps. Ce sont les agents privilégiés de la tradition orale, jalouses de leurs recettes et donc préservant des secrets. La médecine populaire est largement féminine et souvent occulte. Les bonnes femmes, à la campagne, c’est toutes les femmes. Certaines jouissent de plus de respect : ce sont les rebouteuses et les matrones. Mais l’ensemble des femmes d’une communauté paraît détenteur de certitudes matérielles, connaissances empiriques dont on ne connaît pas l’origine et que le manque d’efficacité, souvent, ne remet pas en question. La plupart des hommes ne s’en mêlent point. Certains, néanmoins, qui ont prouvé leur compétence, inspirent le respect et sont consultés en premier : guérisseurs, sorciers, curés, qui cultivent les plantes à soigner dans les jardins des presbytères. On connaît aujourd’hui un large éventail de croyances et de remèdes par les travaux des ethnologues : travaux de Marcelle Bouteiller sur la médecine populaire, de Françoise Loux sur le corps de l’enfant ; livre de Jalby sur la médecine et la sorcellerie en Languedoc, articles de Madame Durand-Tullou sur les végétaux des Causses et des Cévennes. Les ethnologues ont l’immense mérite de recueillir des coutumes anciennes que la dernière génération vivante peut encore leur livrer. Nous atteignons aujourd’hui les temps limites de transmission de pratiques et de croyances des sociétés rurales anciennes. L’exode, l’influence de la ville, les médias, compromettent largement la mémoire de ce patrimoine s’il n’est pas consigné par écrit quelque part.

Face à la maladie, par ailleurs, un homme de science, le médecin : un savant, un notable, un urbain. Ce qu’il a acquis par étude et que le paysan ne possède pas, c’est la connaissance de l’anatomie. Il reconnaît le membre ou le viscère malade, il le palpe. Son art est très influencé par les systèmes médicaux anciens ; ceux de l’Antiquité, ceux des Arabes. Montpellier est demeurée un haut lieu de la médecine hippocratique. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1980

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Mireille LAGET

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf