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Description

Nouvelles remarques sur les fresques guillaumiennes
de l’église de Santa Maria di Casaluce
(province de Caserta, près d’Aversa, Campanie)

Alice M. Colby-Hall

Alice Mary Colby-Hall

Après la parution en 2008 de mon article sur l’iconographie de saint Guillaume de Gellone à l’église de Santa Maria di Casaluce, on m’a signalé un livre intitulé Casaluce : un ciclo trecentesco in terra angioina, publié en 2007 par Tommaso Strinati en collaboration avec Francesca Larcinese, Adele Leccia, Riccardo Prencipe et Maria Tamajo Contarini. N’ayant pas en vue un travail définitif, les auteurs de cet ouvrage sur les fresques du XIVe siècle à Casaluce en terre angevine ne visent qu’à inciter les spécialistes à faire des études plus approfondies sur le château et l’église de cette petite ville. Certaines fresques sont toujours visibles in situ à Casaluce tandis que les autres, dispersées à la suite de déposes, se trouvent à Naples dans la Chapelle Palatine (ou Cappella Major) du Castel Nuovo et dans les dépôts du Museo Nazionale della Certosa di San Martino. Ce nouveau livre a le mérite de nous faire connaître l’ensemble des peintures murales de Casaluce avec force illustrations en couleurs.

Après la parution en 2008 de mon article sur l’iconographie de saint Guillaume de Gellone à l’église de Santa Maria di Casaluce, on m’a signalé un livre intitulé Casaluce : un ciclo trecentesco in terra angioina, publié en 2007 par Tommaso Strinati en collaboration avec Francesca Larcinese, Adele Leccia, Riccardo Prencipe et Maria Tamajo Contarini. N’ayant pas en vue un travail définitif, les auteurs de cet ouvrage sur les fresques du XIVe siècle à Casaluce en terre angevine ne visent qu’à inciter les spécialistes à faire des études plus approfondies sur le château et l’église de cette petite ville. Certaines fresques sont toujours visibles in situ à Casaluce tandis que les autres, dispersées à la suite de déposes, se trouvent à Naples dans la Chapelle Palatine (ou Cappella Major) du Castel Nuovo et dans les dépôts du Museo Nazionale della Certosa di San Martino. Ce nouveau livre a le mérite de nous faire connaître l’ensemble des peintures murales de Casaluce avec force illustrations en couleurs.

Se fondant sur un acte de vente cité par le père Donato di Siderno, abbé du monastère de Casaluce au début du XVIIe siècle, Riccardo Prencipe nous apprend qu’en 1359, Raimond de Baux, comte de Soleto, acheta le Casale de Casaluce à Roberto d’Ariano, un chevalier napolitain, afin de fonder un monastère à l’intérieur du château et d’y conserver l’icône byzantine que l’on appelle la Vierge de Casaluce et deux hydries en albâtre que le Christ avait utilisées, selon la tradition, pour le changement de l’eau en vin aux noces de Cana. Prencipe nous signale aussi que l’église du monastère de célestins fut fondée et donnée à la Vierge par Raimond et son épouse, Isabelle d’Apia, comme l’indique une inscription latine en hexamètres dans le pronaos de l’édifice (Fig. 1). L’icône et les hydries sont conservées actuellement dans la septième chapelle latérale de l’église (Fig. 1). Après avoir remis le château aux carmes en 1362 et puis aux célestins en 1364, les donateurs y résidèrent jusqu’à leur mort en 1375. Dès 1367, l’église abbatiale, construite dans l’angle sud-est du château (Fig. 2) entre 1359 et 1362, était aussi un santuario, autrement dit, une église de pèlerinage, parce que les pèlerins s’y rendaient pour vénérer l’icône byzantine qui représentait la Vierge et l’Enfant Jésus et que l’on attribuait à saint Luc bien qu’elle date, selon toute probabilité, des alentours du XIe siècle, mais l’abbatiale devint une église paroissiale en 1807, au moment de la suppression des ordres religieux dans le royaume de Naples. Les pèlerinages n’ont pas cessé, et la cinquième chapelle (Fig. 1) est pleine d’ex-voto.

Dans la deuxième chapelle latérale de l’église (Fig. 1) se trouvaient autrefois les fresques guillaumiennes du peintre florentin, Niccolò di Tommaso. Francesca Larcinese consacre un chapitre à ces peintures murales qui, à l’exception d’une seule fresque, sont exposées actuellement dans la Chapelle Palatine du Castel Nuovo. Persuadée que ces fresques ne concernent que saint Guillaume de Gellone, connu sous le nom de Guillaume d’Orange dans les chansons de geste, Larcinese ne tient pas compte du rôle qu’ont joué les biographies de saint Guillaume de Maleval et de Guillaume X, duc d’Aquitaine, dans la représentation du saint gellonais à Casaluce. Sur une de ces fresques, selon Larcinese, Guillaume plie le genou devant Charlemagne, assis sur un trône, parce que le peintre s’inspire de l’histoire du couronnement de Louis le Pieux que raconte Andrea da Barberino dans les Storie nerbonesi. Or, dans les Storie, qui datent de 1410 plutôt que du XIVe siècle comme elle l’affirme, Charlemagne, malade et moribond, est assis sur une civière dans le chœur d’une église à Arles et adresse la parole à ses barons, qui se sont réunis autour de lui. Puisque la partie supérieure de la fresque de Casaluce a disparu, on ne voit plus que les longs plis droits de la robe blanche du prétendu Charlemagne, qui est debout sur le pas d’une porte, et à sa droite, on aperçoit un morceau de l’un des montants de la porte. Plus bas, sur la troisième marche du perron, le personnage en robe blanche est flanqué de moines en robes sombres, et Guillaume s’agrippe à la partie inférieure d’un bâton qui doit être la crosse que tient ce personnage, le célèbre abbé cistercien saint Bernard de Clairvaux, car, selon toute vraisemblance, le suppliant est Guillaume X, duc d’Aquitaine, en train de se réconcilier avec saint Bernard à l’église de Parthenay-le-Vieux en se repentant d’avoir pris le parti de l’antipape Anaclet II contre Innocent II. Il s’ensuit que l’une des fresques que Larcinese n’a pas réussi à expliquer représente, selon toute probabilité, Guillaume X en train de chasser des alliés d’Innocent II et derrière Guillaume, dans un autre panneau, des personnes qui souffrent des persécutions infligées par les partisans schismatiques d’Anaclet II.

Informations complémentaires

Année de publication

2010

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Alice Mary COLBY-HALL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf